BIFFF 2024 : les films vus

TIM TRAVERS AND THE TIME TRAVELER'S PARADOX

Résumé du film : Tim Travers est sans nul doute l’homme le plus intelligent du monde. Après avoir volé du plutonium à des terroristes internationaux (bon, ça c’était un peu con, on vous l’accorde. Mais on y reviendra), Tim a réussi à créer une machine à remonter le temps. D’une minute exactement, pour tester une version extrême du paradoxe du grand-père. Grosso modo, tuer son jeune moi signifie que le vieux moi ne peut pas exister. C’est un paradoxe, et les paradoxes ne peuvent pas exister. Sauf que, dans sa première expérience, Tim bute une trentaine de versions de lui-même sans altérer sa propre existence. Passablement frustré, il change les paramètres de l’expérience, et se retrouve alors avec une tribu entière de « Tim » dans le labo. Pendant ce temps, un tueur à gages débarque en ville pour tuer Tim (vous vous rappelez du plutonium ? Voilà). Il tue Tim, Tim revient avec du café. Le tueur re-tue Tim. Toum-toum, bim ! Mais, tadaaam ! Tim est toujours là, tandis que Tim traque le paradoxe en surveillant Tim qui devient trop intime avec Tim. Au fait, quelqu’un a vu Tim ? 

Plutôt que d’utiliser le voyage temporel comme une métaphore sur la vie, l’amour, et autres fils narratifs classiques, Stimson Snead se braque à 100% sur la théorie elle-même pour la dépiauter jusqu’à l’os. Le résultat est aussi absurde qu’hilarant, avec des recherches de soi devenant des moments cultes d’érotomanie, et des idées scénaristiques absolument géniales pour remonter jusqu’à Dieu ! Est-ce qu’on en redemande ? Évidemment !

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Avis : Série B de science-fiction typique de ce qu’on peut découvrir dans des festivals de films de genre, on sent le côté un peu fauché de la production qui est compensé par une écriture complexe très inventive et un amour évident des films cultes de science-fiction. On peut effectivement voir l’imagination débordante derrière le manque de budget. Ici on nous livre une histoire faite de multiples paradoxes qui filent la migraine si on y réfléchit trop. 

Le ton assumé de la comédie potache désamorce pas mal l’enchaînement loufoque des événements, l’absurde frôlant quand même parfois le grand n’importe quoi (le héros qui prend le mythe de Narcisse un peu trop au pied de la lettre, par exemple). Même si c’est amusant, le principe devient vite répétitif. L’acteur principal, Samuel Dunning avec ses faux airs de Bruce Campbell (The Evil Dead), assure le coup mais tous les acteurs ne sont pas au niveau, ce qui nous renvoie au statut de bis assumé de l’œuvre, au final. À noter un cameo de Danny Trejo.

Durée du film : 103 min.
Genre : Comédie/science-fiction
Passage au BIFFF : 13 avril 2024
De Stimson Snead – Avec Samuel Dunning, Felicia Day, Stimson Snead, Keith David, Joel McHale, Danny Trejo

LE MANGEUR D’ÂMES

Résumé du film : Déjà plusieurs enfants qui ont disparu. Pas la moindre trace, pas une piste, que des culs-de-sac. Obsédé par cette affaire, le gendarme Franck de Rolan reçoit un tuyau concernant une nouvelle disparition qui serait liée aux autres, dans un coin paumé des Vosges. Une fois sur place, il découvre que son affaire est liée à un double meurtre aussi brutal qu’étrange, dont l’enquête a été confiée à la commandante Elisabeth Guardiano. Autant dire que les deux flics ont tout intérêt à bosser ensemble sans trop se marcher sur les pattes, car la police du coin est loin d’être commode, le village franchement hostile, et les habitants un peu trop taiseux à leur goût… Et quand des nouveaux cadavres viennent s’ajouter à la liste, une nouvelle piste surgit : celle d’une légende locale supposée faire peur aux enfants. Mais là, du coup, ce sont tous les adultes qui se mettent à claquer des dents…

Figures incontournables du cinéma de genre hexagonal (A L’INTERIEUR, LIVIDE, AUX YEUX DES VIVANTS), Maury et Bustillo adaptent ici le best-seller éponyme d’Alexis Laipsker, naviguant entre thriller oppressant et fantastique macabre, avec leur savoir-faire toujours aussi redoutable. Au rayon casting, des poids lourds évidemment, tels que Virginie Ledoyen, Sandrine Bonnaire ou encore l’envoûtant Paul Hamy. Et une telle concentration de talents dans le secteur du frisson, ça ne peut pas être un hasard…

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Avis : Le nouveau film du duo Maury et Bustillo qui avait pris tout le monde par surprise en déferlant sur le cinéma gore “made in France” avec À l’intérieur en 2007. Leur nouvelle proposition est l’adaptation d’un roman de Alexis Laipsker sorti en 2021, thriller se passant dans les Vosges autour de la disparition d’enfants. Une enquête policière teintée de mysticisme menée par Virginie Ledoyen et Paul Hamy sur les routes sinueuses d’une bourgade aux allures de ville fantôme. Meurtres violents, secrets glauques et légende locale se mêlent pour au final donner un film rempli de bonnes idées (même si pas mal de “déjà vu” dans le cinéma de type thriller) mais une direction d’acteurs et des dialogues qui minent vraiment le résultat. Si Ledoyen et Sandrine Bonnaire dans un rôle plus secondaire font ce qu’elles peuvent pour faire vivre à l’écran leur personnage respectif, il n’en est malheureusement pas de même pour Hamy qui nous donne l’impression de jouer dans un téléfilm policier du soir sur TF1. C’est d’autant plus dommage que le suspense qui s’installe est loin d’être mauvais et que la réalisation a quelques beaux moments de fulgurance, mais ce n’est malheureusement pas constant et frôle parfois le risible (quelques rires ont d’ailleurs été déclenchés dans la salle, le public du BIFFF ne ratant aucune occasion de plaisanter lorsqu’une réplique ou une réaction semble fausse ou maladroite). Les amateurs des romans de Franck Thilliez ou Maxime Chattam apprécieront peut-être, les cinéphiles s’ennuieront sans doute, une demi-réussite ou un demi-ratage, c’est selon ses propres exigences...

Durée du film : 108 min.
Genre : Thriller/horreur
Passage au BIFFF : 14 avril 2024
De Julien Maury & Alexandre Bustillo – Avec Virginie Ledoyen, Paul Hamy et Sandrine Bonnaire 

YOUR MONSTER

Résumé du film : C’est vers l’âge de 5-6 ans que nous nous inquiétons le plus des monstres qui se cachent sous nos lits. Passé cet âge, les enfants passent généralement à autre chose et se dirigent vers une vie d’adulte avec des préoccupations bien plus importantes, comme l’amour, la carrière ou… le cancer. Ou les trois combinés, comme dans le cas de Laura, promise à une grande carrière à Broadway. Sauf qu’on lui diagnostique un cancer et qu’elle est tout aussi rapidement abandonnée par son ex-copain véreux. Elle surmonte l’épreuve et guérit du crabe – bien ! – mais sa vie amoureuse et sa carrière professionnelle sont réduites à néant – pas bien ! Elle décide alors de se retirer dans la maison vide de ses parents pour pleurer à chaudes larmes sur le lit de son enfance. Ce qui ne manque pas d’énerver le seul autre habitant, le Monstre sous son lit, qui lui dit, voire lui hurle de la fermer !

Caroline Lindy a en effet vécu les mêmes galères que Laura – la carrière florissante, le cancer, le petit ami salaud qui l’abandonne au moment où elle en a le plus besoin – mais elle a tout de même réussi à éviter que son propre ressentiment ne déverse trop d’amertume dans son premier long métrage. Oh, ne vous méprenez pas, YOUR MONSTER ne manque pas de mordant, et même d’un peu de sang, mais ses pattes griffues restent fermement ancrées dans le domaine de la comédie romantique décalée et excentrique. Comme une mise à jour new-yorkaise et hipster – de Disney ou de Jean Cocteau, à vous de choisir – de LA BELLE ET LA BÊTE. 

BIFFFomètre : 3 BIFFF (par Muriel)

Avis : Mon petit coup de cœur des films vus cette année au festival, je ne savais pas à quoi m'attendre, outre le fait que Melissa Barrera (Scream 5 et 6) était au casting. La réalisatrice Caroline Lindy nous propose un joyeux mélange de genres, ça commence comme une comédie romantique qui lorgne du côté de La Belle et la Bête, l’intrigue se déroule dans le milieu de Broadway, donc cela chante (et plutôt bien, Barrera venant du monde de la musique), quelques moments de violence graphique (quoique gentiment suggérée) nous rappellent que nous sommes bien dans un film de monstre, et pour finir un twist vient nous bousculer avec une résolution surprenante qui ajoute encore une couche à un long métrage pas aussi simple qu’il en a l’air au premier abord ! Si vous êtes amateurs de curiosités filmiques, ce petit bonbon acidulé devrait vous emporter dans sa folie.

Durée du film : 102 min.
Genre : Comédie romantique/horreur
Passage au BIFFF : 14 avril 2024
De Caroline Lindy – Avec Melissa Barrera, Tommy Dewey, Meghann Fahy, Edmund Donovan et Kayla Foster

WHEN EVIL LURKS

Résumé du film : Le cauchemar commence avec une série de coups de feu, non loin de la ferme de Pedro et Jimmy. Probablement un puma qui s’est pris un festin de balles par un autre fermier. Dès que le jour se lève, les deux frères partent en expédition sur le domaine et découvrent autre chose qu’un gros matou mort : un cadavre humain coupé en deux, non loin de la cabane de Maria Elena. Chez elle, c’est encore pire… Ils tombent sur ce qui était auparavant son fiston, mais qui n’est plus qu’un amas de pus obèse possédé par un démon. Pas vraiment chauds à l’idée de garder ce monstre comme voisin le plus proche, et pas vraiment aidés par les autorités locales – qui y voient juste une réaction un peu violente aux pesticides, ils décident de balancer la « pourriture » à 300 kilomètres de chez eux. Et c’est là qu’une lecture de « l’exorcisme pour les Nuls » aurait été utile car, l’une des règles élémentaires de la possession, c’est de ne jamais – Ô grand jamais – déplacer le sujet possédé… 

Enfin ! Voilà plus de deux ans que l’on veut absolument vous faire découvrir le nouveau phénomène de terreur absolue signé Demian Rugna (TERRIFIED – BIFFF 2018) ! Entre-temps, ce film a mis la presse mondiale à genoux, tout en choquant un nombre incommensurable de spectateurs, pour le plus grand plaisir de Rugna, dont les intentions sont on ne peut plus claires : « vous ne vous sentirez pas protégés parce que vous ne saurez jamais où je vais aller. Voilà pourquoi je fais des films destinés aux fans d’horreur ». Vous voilà prévenus… 

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Avis : Un film d’horreur argentin bien sanglant et dérangeant, à la trame narrative bien ficelée. Peut-être pas le scénario le plus original du genre si on a l’habitude de voir ce type de films – possession démoniaque, malédiction, antéchrist... des sujets déjà traités maintes fois au cinéma - mais si on est novice en la matière, c’est une bonne entrée dans le genre. Un rythme peut-être un peu lent à mon goût, les choses s’emballent vers la moitié du long métrage, alors que les événements choquants se succèdent sans relâche jusqu’à une fin pessimiste à souhait.

À noter de très bons effets visuels qui ont l’air d’être principalement réalisés sur le plateau à l’aide d’effets pratiques rehaussés à l’écran par des ajouts numériques. Effets qui ajoutent au dégoût provoqué par la violence gore des images qui ne nous épargnent aucun détail. Âmes sensibles s’abstenir !

Durée du film : 99 min.
Genre : Horreur/gore
Passage au BIFFF : 19 avril 2024 - Sortie France : 15 mai 2024
De Demián Rugna – Avec Ezequiel Rodriguez, Demián Salomо́n, Silvina Sabater, Virginia Garofalo, Luis Ziembrowski, Emilio Vodanovich, Marcelo Michinaux et Paula Rubinsztein

European Short Films Competition

Le festival donnait l’occasion de découvrir une trentaine de courts métrages sur plusieurs compétitions (belge, européenne, internationale), souvent en présence des réalisatrices et réalisateurs, voici mon top 3 de la sélection européenne de cette année, un regard féminin mettant en scène des femmes au destin particulier :

I’m not a Robot

Résumé du film : Après plusieurs tentatives infructueuses pour compléter un Captcha, Lara entreprend de répondre à la question troublante de savoir si elle est un robot, et donc achetée par son propre petit ami.

BIFFFomètre : 2 BIFFF (par Muriel)

Avis : Un court métrage nous venant des Pays-Bas mais tourné à Bruxelles, au CBR, immeuble iconique de l’architecture moderne. Une histoire drôle et en même temps qui donne à réfléchir. Si au départ l’héroïne est confrontée à la situation absurde d’un logiciel qui doute de son humanité quand elle ne parvient pas à passer la protection CAPTCHA (vous savez, avec les images de rues où vous devez sélectionner les feux de signalisation ou les ponts, etc.), très vite le malaise s’installe lorsque l’on comprend en même temps qu’elle que toute sa vie est un mensonge. Vingt minutes terriblement bien maitrisées et un jeu d’acteurs impeccable, on a juste envie d’en voir une version longue un jour !

Durée du film : 22 min.
Genre : Comédie/science-fiction
Passage au BIFFF : 14 avril 2024
De Victoria Warmerdam – Avec Ellen Parren, Henry Van Loon, Thekla Reuten

Lullaby

Résumé du film : Une réfugiée se confronte à sa culpabilité. 

BIFFFomètre : 2 BIFFF (par Muriel)

Avis : Une tragédie humaine racontée avec beaucoup de sensibilité - mais pas de sensiblerie – par la réalisatrice et scénariste qui s’est inspirée de son propre passé de réfugiée du Vietnam pour montrer le trauma vécu par toutes ses personnes qui sont prêtes à vivre l’enfer pour rejoindre un monde meilleur. Ici, nous faisons connaissance avec une jeune femme qui a fui son pays et tente de se construire une vie, mais son quotidien est triste et ses nuits sont peuplées d’un cauchemar récurrent dont nous allons comprendre qu’il est une réminiscence de son passé qui la hante.

Durée du film : 14 min.
Genre : Drame/horreur
Passage au BIFFF : 14 avril 2024
De Chi Thai – Avec Jan Le

Mermaid

Résumé du film : Après que l’’héroïne du conte de Hans Christian Andersen s’est transformée en écume, les filles de l’’air lui ont promis de recevoir une âme humaine, en échange de 3000 ans de bonnes actions. Nous assistons à la dernière d’entre elles. 

BIFFFomètre : 3 BIFFF (par Muriel) 

Avis : Visuellement réussi, les effets spéciaux et l’humour permettent à ce petit film de marquer durablement. Porté par l’actrice russe Natalya Pavlenkova, ce conte moderne nous présente une version alternative de la petite sirène qui répond à la question : où serait-elle maintenant si elle n’était pas morte à la fin du conte d’Andersen ? Hé bien, elle serait de nos jours devenue ambulancière dans une métropole russe et ferait de son mieux pour gagner des points en faisant de bonnes actions en attendant d’obtenir son âme humaine ! Quand on a vécu plusieurs millénaires, on est forcément blasé et l’actrice est incroyable dans sa manière de jouer cette femme plus toute jeune qui est coincée parmi les hommes. 14 minutes d’une efficacité folle, la comédie permettant de désamorcer la violence des actes.

Durée du film : 14 min.
Genre : Fantastique/action
Passage au BIFFF : 14 avril 2024
De Darya Nayshuller – Avec Natalya Pavlenkova, Andrei Dvoskin, Svetlana Bondarchuk, Maxim Stoyanov