Note du film : 8,5/10 (par François) Avant-première du Festival du Film Américain de Deauville - 12 septembre 2015 - Résumé du film: Nouveau Mexique, une équipe des forces spéciales américaines du FBI pénètre dans une maison banale située en plein quartier résidentiel. A l'intérieur, la team ne s'imaginait pas découvrir l'horreur. En effet, une vingtaine de corps meurtris sont emmurés dans les cloisons de la maison. Peu de temps après, une déflagration se fait entendre. Le garage était piégé. Une partie de l'équipe est décimée et une véritable chasse à l'homme commence alors. L'ennemi ? Les trafiquants de drogue du cartel de Juárez qui ont transformé la région frontalière avec le Mexique en zone de non-droit. Avis : Après ce démarrage en trombe, nous suivons le personnage de Kate Macy (excellente Emily Blunt) rescapée de l'attentat, agent du FBI entièrement dévouée à son métier depuis son divorce. Chaque jour qui passe, elle risque sa vie au sein de l'unité d’élite dans les opérations de libération d’otages sur la région de Phoenix. Convoquée par ses supérieurs suite à l'explosion, ils lui offrent la possibilité d'intégrer une équipe regroupant des personnes de tous horizons afin de traquer les criminels responsables de l'attentat. Denis Villeneuve nous livre avec Sicario un film choral superbement réalisé et très nerveux par moments mais qui saura aussi prendre le temps de retranscrire l'enquête. Parfois lent, il ne sera cependant jamais long. Par sa thématique déjà exploitée au cinéma, le scénario a l'intelligence de se focaliser sur le système mis en place par plusieurs personnages s’attaquant par tous les moyens possibles au chef du cartel de Juárez. Vous l'aurez compris, pour réaliser cette mission, ils n'hésiteront pas à intervenir de façon clandestine au Mexique. On sent que la frontière de la « légalité » est déjà floue. Et ce n'est que le commencement... Benicio Del Toro illumine ce long métrage par sa seule présence en incarnant Alejandro, un ancien procureur au passé trouble. Mystérieux, implacable, peu loquace et pourtant tellement détaché, le personnage fascine. Il évoluera dans les méandres de cette enquête tel un loup affamé de justice..ou de vengeance ? L'acteur déclare à propos de son personnage : "Cela fait-il de lui un homme mauvais ? Je n’en sais rien. Il n’a pas réellement fait de mauvais choix pour en arriver là où il en est aujourd’hui ; ce sont des circonstances contrôlées par d’autres qui l’y ont conduit. On lui a assigné cette mission, devenir un tueur pour le compte du gouvernement américain, et il évolue désormais dans un monde glauque, un monde de sang. Il est volontaire, pour des raisons qui lui sont propres, mais peut-il revenir parmi les gens ordinaires en étant l’homme qu’il est à présent ?" Tout le propos du film est là : à quoi bon servir la loi puisque l'on traque des hors la loi ? Pourquoi mener une enquête « transparente » lorsqu'on sous-entend dans les plus hautes sphères qu'ici la fin justifie les moyens ? Tout aussi obscur, Matt (incarné à l'écran par un Josh Brolin en demi-teinte) semble de mèche avec Alejandro pour défaire le cartel et balader l’héroïne en ne lui disant que ce dont elle a besoin de savoir. Kate sera ainsi totalement sous-exploitée par ses chefs contrairement au rôle de la comédienne qui l'interprétera avec beaucoup de conviction. Dans ce monde trouble où toutes ses certitudes finiront par s'envoler, elle ne pourra véritablement compter que sur son coéquipier Reggie (très bon Daniel Kaluuya). Autre actrice à part entière, la musique du film ! Celle-ci insuffle véritablement une tension progressive qui nous clouera sur place quand il le faudra. Elle agira crescendo pour atteindre des pics de virtuosité ! Chapeau bas Jóhann Jóhannsson pour cette très jolie contribution. Fermez les yeux et laissez vous envahir par les premières notes : https://www.youtube.com/watch?v=q5Xu1Zo34k8 Vous l'aurez compris, ce long métrage a l'intelligence de nous immiscer dans cette véritable taupière, où, lorsqu'on dynamite une entrée, la violence présente ressortira ailleurs, autrement, avec des nouveaux dirigeants qu'il faudra de nouveau identifier. Au final nous sommes les témoins d'un film brut, implacable, nerveux et sans concession..à l'image de la réalité. Durée du film: 2h01 Date de sortie en Belgique: 14 octobre 2015 Date de sortie en France: 7 octobre 2015 Genre: Thriller/Policier
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Note du film : 6/10 (par Véronique) Avant-première du Festival du Film Américain de Deauville - 11 septembre 2015 - Résumé du film : Helen Matthew, médecin reconnue, vient de perdre son mari. En plein deuil difficile, elle décide de se rendre dans leur résidence secondaire, située sur une petite île isolée de tout. Un soir de tempête, alors qu’elle est coupée du reste du monde, elle découvre un jeune homme blessé dans son chalet familial. Après l’avoir soigné, Helen se rend compte que cet inconnu est traqué et qu’il traîne derrière lui un secret qui pourrait la mettre elle-même en danger… Avis : Projeté lors de la venue de la comédienne principale Patricia Clarkson au 41e Festival du film américain de Deauville, « October Gale » est un thriller correct. Le scénario est un peu mince mais le casting assume une performance remarquée : on se doute que cela ne sera pas un long métrage incontournable et qu’il ne marquera malheureusement pas les esprits. Si la bande annonce présente un film au suspense évident, la réalité n’est pas aussi dense qu’on pourrait le croire. En effet, même si l’atmosphère mise en place par Ruba Nadda est inquiétante, l’intrigue reste lente et ne permet pas de ressentir la détresse de nos deux protagonistes. On reste pris au piège de ce chalet sans jamais vraiment entrer dans la tourmente qui les préoccupe. Heureusement pour lui, « October Gale » est servi par une interprétation impeccable des comédiens. Et plus particulièrement par celle de Patricia Clarkson ! Lumineuse et pétillante dans la vie, la comédienne arbore ici un visage fermé durant l’entièreté du film et pour cause : récemment veuve et emprunte de souvenirs douloureux, elle peine à faire son deuil lorsque surgit par surprise un jeune blessé. Autant dire que cela n’aidera pas vraiment notre héroïne à trouver la tranquillité qu’elle était venue chercher. L’actrice habite réellement son personnage et offre une prestation de qualité ! Preuve que l’américaine de 55 ans n’a rien à envier à d’autres grandes dames de sa génération. Trop souvent mise au second plan, elle prouve ici que son jeu offre une palette infinie d’émotions et qu’Hollywood ferait bien de lui confier davantage de premiers rôles. La réalisatrice canadienne d’ « Octobre Gale » lui avait déjà confié un rôle d’envergure dans « Coup de Foudre au Caire » et réitère sa confiance ici… à raison ! Scott Speedman (« Captives », « Barefoot », « Le monde de Barney »), le jeune traqué, est lui aussi brillant. Déclencheur événements inattendus, il créera une alchimie plaisante avec notre héroïne, tout en gardant une distance pudique qui sied au personnage. Enfin, Aidan Devine et l’excellent Tim Roth, seront les poursuivants malintentionnés. Tim Roth (« Lie to me », «Grace de Monaco » et prochainement à l’affiche des « Huit Salopards » de Tarantino) offre d’ailleurs une courte prestation glaciale qu’on aime tant. L’acteur britannique a encore de belles heures devant lui et ajoute sa petite touche talentueuse dans ce huit clos légèrement prenant. Projeté en séance unique au festival du film américain de Deauville 2015, nous ne connaissons pas encore la date de sortie du dernier long-métrage de « October Gale ». Il n’empêche que nous aurons passé un bon moment de divertissement en compagnie de tout ce petit monde sans en garder non plus un souvenir impérissable. Dommage ! Durée du film : 1h31 Genre : Thriller / Drame Note du film : 7,5/10 (par Véronique) Film en compétition au Festival du Film Américain de Deauville - 8 septembre 2015 – Résumé du film: Le groupe de musique punk « The Ain’t Rights » peine a trouver des dates pour se produire sur scène. Le hasard les fait atterrir dans un bar du fin fond des USA où ils donnent un concert devant un public on ne peut plus particulier. Lorsqu’ils rejoignent leur loge, nos jeunes artistes y découvrent le corps d’une jeune fille et sont pris de panique. Très vite, ils comprennent que les néo-nazis devant lesquels ils ont joué quelques minutes plus tôt, sont prêts à les accuser du meurtre. Les voilà pris dans un piège dont la seule issue se trouve gardée par un groupe de jeunes hommes violents aux lacets rouges et dirigés par un propriétaire des lieux désireux de faire disparaître toutes les traces de l’homicide. Parviendront-ils à sortir de ce guet-apens ? Vous le saurez en regardant le très stressant « Green Room ». Avis: Il était étonnant de découvrir que le Festival du Film Américain de Deauville 2015 avait sélectionné un film d’horreur pour sa compétition officielle. Si de primes abords, la thématique ne semble pas si effroyable que cela, détrompez-vous car « Green Room » recèle quelques scènes trash mémorables et de nombreuses situations stressantes qui feront battre le cœur de tous ses spectateurs. Tout d’abord parce que l’atmosphère est pesante. Les lumières, le lieu, les musiques et les bruitages utilisés nous immergent dans un huit clos hyper angoissant vécu par nos héros. La pression psychologique est intense et les intentions du groupe de néo-nazis on ne peut plus claire… On sait que tous nos protagonistes sont exposés à une morte certaine mais on souhaite de tout cœur les voir survivre à une situation qu’ils étaient bien loin d’imaginer. Ensuite, parce que le casting porte à bras le corps une intrigue alarmante avec un talent incommensurable. Certains sont d’ailleurs des habitués des comédies romantiques et présentent ici une nouvelle facette de leur potentiel dramatique : Anton Yelchin ou Alia Shawkat en sont deux beaux exemples. D’autres assumeront complètement le rôle qu’on leur a confié: tantôt victime, tantôt traqueur, ils jongleront avec les émotions avec beaucoup de conviction : Callum Turner, Mark Webber, Joe Cole, Imogen Poots, Macon Blair ne sont que quelques-uns de ces brillants acteurs aux côtés desquels nous prendrons place durant plus d’une heure trente… En effet, le réalisateur a eu l’intelligence de filmer les scènes de telle façon qu’on ne peut qu’être impliqué dans l’histoire qui défile sous nos yeux. Autre belle surprise du film, le jeu hallucinant de Patrick Stewart (« Star Trek », Professeur Xavier dans « X-Men ») qui nous glace le sang par ses intentions malsaines et sa froideur. Il n’y a pas à dire, nous ne le verrons plus jamais de la même façon ! Quel acteur ! Entouré lui aussi de comédiens les plus flippants les uns que les autres, il saura mettre un place un jeu du chat et de la souris prenant et oppressant. Jeremy Saulnier signe ici un troisième long métrage intense. Certes dérangeant, le film offre une expérience cinématographique inédite. Même si le sujet abordé est loin de faire l’unanimité, il faut admettre que la réalisation est impeccable et qu’hormis le sujet traité, nous n’avons pas grand-chose à reprocher à « Green Room ». Espérons qu’il sera distribué chez nous pour permettre aux amateurs du genre d’assouvir leur intérêt et d’entrer dans l’univers préoccupant du jeune réalisateur américain. Durée du film : 1h35 Genre : Thriller/Horreur Note du film : 9/10 (par François) Avant-première du Festival du Film Américain de Deauville - 6 septembre 2015 - Résumé du film: Au firmament de la Guerre Froide opposant les USA à l'URSS, la propagande des superpuissances se joue à la fois sur l'échiquier mondial et sur le célèbre damier : explications. Bobby Fischer est un jeune prodige américain des échecs. Dans le « Prodige », nous suivons sa progression fulgurante qui le mènera à sa victoire à Reykjavík en 1972 lors du match du siècle l'opposant au champion de l'Empire soviétique : Boris Spassky. Battre les Russes sera la véritable obsession de cet homme tourmenté dont les névroses se transformeront en véritable paranoïa. Échec et mat ! Avis: Il n'est pas toujours facile de parler d'un sujet aussi complexe que sont les échecs sans perdre les spectateurs non initiés. Et pourtant, ce biopic d'Edward Zwick y parvient pour notre plus grand plaisir ! En 1949, c'est dans le quartier de Brooklyn (New-York) que nous retrouvons le jeune Robert James Fischer (Bobby) incarné à l'écran par un Tobey Maguire- totalement habité par son personnage- et découvrant l'univers des échecs en lisant le manuel d'instruction offert par sa sœur. Quelle interprétation ! Ses colères, par exemple, nous ont foudroyé dans notre siège : preuve que son jeu est grandiose ! Très vite, l'ambition de notre héros sera de domestiquer « le roi des jeux » et de devenir, à 15 ans, le plus jeune grand maître de l'histoire. Peu à peu, il passera tous les obstacles se dressant devant lui pour enfin se mesurer au champion russe Boris Spasski -joué par le grand Liev Schreiber- lors du championnat du monde retransmit à la télé. Ce film retranscrit avec brio les tribulations de ce joueur, véritable icône dont le traitement médiatique fait penser à celui d'une rock star. L'intrigue ne serait pas aussi plaisante à suivre si le champion américain était on ne peut plus ordinaire. Ici, c'est tout le contraire : complètement paranoïaque, Bobby s'enferme dans une théorie du complot mondiale où les juifs et les communistes sont pointés du doigt. Souffrant également d'une phobie des médias, il les fuira comme la peste. Heureusement, afin de l'aider dans sa quête, on lui adjoindra les services de Paul Marshall (Michael Stuhlbarg ), l'avocat de Bobby qui aura bien du mal à exercer son rôle lié aux relations publiques. William James Lombardy (génial Peter Sarsgaard ), grand maître américain du jeu d'échecs et prêtre catholique tentera d'apporter un peu de sérénité à Bobby et de lui prodiguer ses conseils toujours avisés. Quel plaisir d'être au plus près de cette équipe gagnante dont le leader perd totalement la tête ! Ses réactions disproportionnées et le soutien inconditionnel de ses proches apportent beaucoup au film ! On en redemande ! La gente féminine n'est pas en reste. Nous soulignerons le jeu de la sœur de Bobby : Joan Fischer (Lily Rabe) vue précédemment dans la « Voleuse de livres » et toujours aussi talentueuse. Le réalisateur Edward Zwick nous entraînera dans cette ronde temporelle colorée, élaborée sur fond de tension palpable entre les deux superpuissances. Jamais nous ne remarquons le poids de la caméra. C'est bien simple, nous sommes aux États-Unis dans les années 70 et avons même la chance d'être le quatrième membre de la team ! Les presque deux heures de ce long métrage (1h56) paraissent quelques minutes tant ce voyage cinématographique est agréable. Nous sortons comblés de la projection, conscients d'avoir assistés à une très belle confrontation psychologique entre deux génies du jeu s'élevant pour l'amour de celui-ci au dessus de l'hypocrisie de la guerre. Le très perturbé Bobby Fischer a atteint les étoiles de cet art et nous a emmené dans son sillage. Et c'est alors, pour reprendre le titre du livre de Kasparov, que : « (...) le fou devint roi » Durée du film : 1h54 Date de sortie en Belgique : 25 novembre 2015 Date de sortie en France : 16 septembre 2015 Genre : Biopic Titre original : Pawn Sacrifice Note du film : 9/10 (par Véronique) Avant-première du Festival du Film Américain de Deauville - 12 septembre 2015 - Résumé du film : Amy est une jeune journaliste désinhibée et totalement décalée. Assumant son corps de rêve, elle collectionne les hommes et refuse de s’y attacher. Chaque jour lui apporte le lot de folie qu’elle ne trouve plus dans son boulot. Lorsqu’on lui confie l’écriture sur la médecine du sport, Amy rencontre un charmant médecin on ne peut plus classique. Mais en croisant la route d’Aaron, Amy va revoir tous ses codes et entreprendra une relation des plus sérieuses, enfin presque… Avis : Envie d’une bonne grosse comédie barrée ? Nous vous conseillons vivement « Crazy Amy » car avec le dernier long métrage de Judd Apatow, les rires sont garantis ! Affublés de clichés et de gags aucunement grossiers, le film, parfois un peu too much, a juste ce qu’il faut pour être politiquement incorrect sans jamais tomber dans la vulgarité. Les spectateurs ne pourront qu’être ravis de ce film rempli de bonne humeur : c’est un pur bonheur !! Le film s’ouvre sur un scène où l’on voit Amy et sa sœur toutes jeunes et faces à un père au discours on ne peut plus étonnant mais truculent. Les premières minutes donnent déjà le ton: on rigole de bon cœur et cela ne cessera durant plus de deux heures. Deux heures vraiment ? Le film est tellement bien réalisé et l’histoire si drôle qu’on ne voit pas passer le temps ! « Crazy Amy » est LA comédie américaine de ces derniers temps ! Et pour cause… Amy Schumer est une actrice génialissime ! Non contente d’endosser le rôle de l’héroïne éponyme, elle est aussi la scénariste du film ! Inspirée (en partie) de sa vie, l’histoire qu’elle nous conte est d’une folie douce hilarante mais aussi touchante. Amy Schumer n’en est pas à son premier coup d’essai : « Inside Amy Schumer » est en effet une série américaine diffusée sur Comedy Central et mettant en scène la comédienne dans une série d’épisodes humoristiques… qu’elle a elle-même écrit. Judd Apatow a déjà réalisé quelques bonnes comédies potaches telles que « 40 ans, toujours puceau », « En cloque, mode d’emploi », « 40 ans, mode d’emploi »… Avec « Crazy Amy », il ajoute une très belle pièce à sa collection et monte réellement d’un niveau ! S’il a fait confiance à Amy Schumer pour l’écriture du scénario, il a également eu la bonne idée d’insérer des gags visuels savoureux, placer quelques références culturelles de nos standards actuels, intégrer des dialogues légers mais intelligents (ce qui n’est pas simple dans ce genre de comédie où l’humour peut vite devenir cliché), une bande originale dynamique et très tendance, … bref, de diriger une machine bien huilée et sacrément plaisante à regarder ! Même les personnages secondaires, qui n’en sont pas vraiment, sont plus exquis les uns que les autres : Bill Hader est un petit ami attentionné et à l’opposé de ceux qu’Amy à l’habitude de fréquenter, Vanessa Boyer une collègue et amie au sourire crispé totalement déjantée, Tilda Swinton une patronne peu conventionnelle, Colin Quinn un père déluré et peu diplomate, Brie Larson, sa sœur coincée et à l'antinomie de la joie de vivre d’Amy… Cerise sur le gâteau, LeBron James viendra jouer son propre rôle pour notre plus grand plaisir ! Tout ce petit monde s’articule avec aisance autour de notre héroïne et assure une prestation délicieuse et mémorable. Dans la même lignée que « Bridget Jones », « Amy Crazy » surpasserait presque la réalisation de Sharon Maguire, si si ! En tout cas, il saura séduire tous les fans du genre… Merci Deauville pour cette première de qualité et toutes ces crampes aux zygomatiques qu’on ne risque pas d’oublier! Durée du film : 2h05 Date de sortie en France : 18 novembre 2015 Genre : Comédie Titre original : Trainweck Note du film 8/10 (par Véronique) Film en compétition au Festival du Film Américain de Deauville - 9 septembre 2015 - Résumé : Quelques mois après la perte de son père, James White, la vingtaine, se voit à nouveau confronté à la maladie de sa mère. Alors qu’il mène une vie dissolue pour fuir son quotidien pesant et très responsabilisant, il doit assumer son rôle plus que jamais et aider sa mère à suivre les soins palliatifs qui l’attendent chaque jour. Par son dernier long métrage, Josh Mond offre un film touchant et bouleversant qui pourra difficilement laisser indifférent. Avis : « James White » a reçu le prix de la Révélation Kiehl's au 41ème Festival du film américain de Deauville. Intrigués, nous nous sommes offerts une séance de rattrapage le dernier jour du Festival et à la sortie de la projection, nous ne pouvions que comprendre le choix réalisé par les membres du jury. Josh Mond (« Martha Marcy May Marlène ») nous présente un sujet très sensible au travers sa dernière réalisation: celui de la fin de vie d’un être cher. Parfaitement filmé, pudiquement amené, l’histoire de James et Gail White est d’un réalisme déconcertant. L’atmosphère est pesante mais contrairement à notre héros, nous pourrons sortir de cette expérience « indemne » pour prendre une bonne bouffée d’air frais. La thématique n’est pas sans rappeler deux autres grands films traitant du même sujet : « La gueule ouverte » de Maurice Pialat ou encore « Cris et chuchotements » d’Ingmar Bergman, en un peu moins impressionnant bien que…. Même si les exemples cités restent des chefs d’œuvre du cinéma européen, il y a fort à parier que « James White » rejoindra le club très sélect des films intimistes… en version US. Christopher Abbott habite le personnage de James White avec un talent déconcertant. Nous le suivons dans les méandres des fêtes, de l’alcool, dans sa peine, son impuissance comme si nous le connaissions bien avant de mettre le pied dans notre salle ciné. Le comédien de tout juste 30 ans à une maturité évidente et un professionnalisme probant. La barbe épaisse, l’hygiène négligée et la vie peu cadrée, notre héros tentera de tout mettre en oeuvre pour prendre soin de sa mère jusqu’à son dernier souffle au détriment de sa propre vie sociale. Pour l’aider dans cette étape difficile de sa vie, il pourra compter sur son ami d’enfance gay et sa petite amie lycéenne récemment rencontrée. Et pour interpréter son pote de toujours : Kid Cudi, le célèbre rappeur américain devenu acteur. Remarquable dans son rôle, il garde un jeu sobre mais intéressant, preuve que les clivages ne sont pas toujours justifiés. Enfin, parlons de Gail White, la mère de James. Cynthia Nixon a la lourde tâche d’incarner une femme rongée par le cancer, perdue et en fin de vie. Alors qu’elle pourrait opter pour un surjeu gênant, la comédienne (célèbre Miranda Hobbes de « Sex and The City ») assume sa prestation avec pudeur et austérité. A plusieurs reprises, elle nous émouvra et crèvera l’écran par quelques scènes mémorables très justement interprétées. La relation fils - mère mise en place par les deux acteurs principaux est donc grandiose et offre une réalité qui claque. « James White » vaut le détour ne fut-ce que pour leur jeu. Néanmoins, nous regrettons quelques longueurs et scènes dispensables au film… mais gardons en mémoire cette jolie histoire dramatique qui aura fait battre notre cœur durant plus d’une heure. Durée du film : 1h28 Genre : Drame Note du film : 9/10 (par Stanley) Lauréat du Prix du public au dernier Festival du film américain de Deauville, Dope nous est apparu comme une grosse bouffée d'air frais dans un paysage saturé de productions finissant par se ressembler toutes un peu...Place à une mise en lumière humoristique de la culture afro-américaine. Here Comes The Hammer! Résumé du Film : Avec « Dope », nous suivons les folles péripéties de trois amis geeks évoluant à Inglewood, le quartier chaud de Los Angeles. Parmi eux, Malcolm, vouant un culte à la hip-hop des années 90 faite de Mc Hammer et de Coolio ! Il sera secondé par ses amis : Diggy et Jibs. Leur quotidien ? Écouter et jouer de la musique, celle qui sent bon l'âge d'or du hip hop. Mais aussi fantasmer sur les filles et subir jour après jour la « jungle » que représente le lycée. Le rêve de Malcom ? Entrer à l'université de Harvard mais pour cela, il devra se distinguer des autres et trouver sa voie. L'invitation à la soirée d'un chef de gang va entraîner, bien malgré eux, nos trois amis dans une aventure complètement folle et barrée. Par sa véritable quête identitaire et son entrée non-conventionnelle dans l'âge adulte, Malcom nous éblouit à chaque instant. Attention, this is showtime ! Avis : « Dope » est assurément un film qui fera beaucoup parler de lui. Tout d'abord parce qu'il renoue avec audace et intelligence au cinéma que nous avons aimé étant adolescent. Ensuite parce qu'il nous fait rire, beaucoup même ! Enfin, parce que son propos est intelligent et est au service d'une esthétique que nous ne croyions plus revoir au cinéma. Explications. Il y a un peu du « Prince de Bel air » dans cette œuvre, mais aussi du cinéma de John Hugues ! Excusez du peu ! On pense notamment à « Breakfast Club » ou encore « La Folle Journée de Ferris Bueller » (ici, en version black totalement déjantée). On sent l'inspiration ou devrait-on dire ici, l'hommage. Véritable ode à la culture black des 90's grâce aux nombreuses références culturelles, ce film totalement surréaliste est pourtant bien ancré dans le présent se veut le témoin « décalé » de notre époque. Son personnage principal, Malcolm, cherche sa place et revendique un passé pas si lointain qui représente pour lui la véritable liberté. Un temps où la culture noire possédait une identité forte sans les dérives qu'elle connaîtra ensuite. Nous le percevons certes naïf mais tellement « vrai » et guidé par sa vision idéologique de la culture afro-américaine. Nous ressortons de cette heure quarante heureux d'avoir pu goûter à une expérience cinématographique réussie emprunte à la fois de nostalgie, d'authenticité et de modernité. Tout dans ce film concourt à planter un décor détaillé et plaisant à regarder : les tenues vestimentaires du héros, sa coupe afro, ses goûts musicaux. Autant d’éléments qui se savourent tel un bonbon acidulé et qui nous rappelleront les saveurs de notre adolescence que l’on prend plaisir à retrouver. De plus, le long métrage est truffé de références. Parmi celle-ci une drogue de type « hallucinogène » qui frappe les jeunes du film. Et celle-ci est nommée (avec beaucoup de justesse selon nous) « Molly », très certainement en référence à Molly Ringwald, la muse de John Hugues dans « Breakfast Club », « Rose bonbon » ou encore « Seize bougies pour Sam » qui a ensorcelé bon nombre d’adolescents (quelques soient leurs origines d'ailleurs) dès la seconde moitié des années 80. La drogue évoquée dans le film fait néanmoins moins de ravage que la rousse incendiaire dans le cœur des jeunes de l'époque. Il est jubilatoire de constater que les héros de ce film connaissent parfaitement les « codes » et règles de notre société, tout comme la technologie et les utilise à bon escient, ou du moins, afin de mener à bien leur projet et braver les inégalités dues à leurs origines ethniques et socio-culturelles. Brillant ! Nous ne pouvons taire la qualité du casting ! Brelan d'as pour celui- ci avec en tête Shameik Moore dans le rôle de « Malcolm ». Mais aussi Kiersey Clemons dans celui de « Diggy » et Tony Revolori dans le rôle de « Jib ». Le long métrage compte également Zoë Kravitz (Nakia) qui, comme dans Good Kill crève littéralement l'écran. Tous les personnages rencontrés par notre trio de choc ont leur petit ou grand grain de folie (c’est selon) et créeront des situations improbables dont on se délecte sans modération. N’oublions pas Forest Whitaker, narrateur génial qui a eu la clairvoyance de produire ce petit bijou ! Et au rayon de la musique ? Après tout, celle-ci est une actrice à part entière et confère à l'ensemble une dimension bientôt mythique (en tout cas nous l'espérons!) Pharrell Williams est le magicien appelé pour porter ce beau projet et lâcher un peu de « happiness » dans la salle de ciné et cela s'entend ! Nos oreilles nous disent merci ! Et ce, même si le R'n B n'est pas notre tasse de thé, c'est dire ! Un vent de fraîcheur nous vous disions ! Vous l'aurez compris, le réalisateur Rick Famuyiwa nous offre un spectacle haut en couleurs parfaitement maîtrisé et cadré, fait d'énergie, d'un alliage de nostalgie et de modernité (et oui c'est possible!), d'une touche de naïveté qui sent bon l'adolescence et de beaucoup d'humour ! Dope nous rend accro et on en redemande ! Durée du film : 1h45 Date de sortie en France : 4 novembre 2015 Genre : Comédie Note du film : 7,5/10 (par Sally) Film en compétition au Festival du Film Américain de Deauville – 10 septembre 2015 – Résumé du film : « Madame Bovary » est l’adaptation évidente du célèbre roman de Gustave Flaubert. Cependant, Sophie Barthes, la réalisatrice a préféré présenter une partie de la vie d’Emma Bovary, jeune mariée et récemment installée à Yonville. Si quelques « détails » ont été omis, c’est sans doute pour centrer l’attention sur le mal-être d’Emma, sa perte du goût de vivre et observer sa chute jusqu’à l’issue fatale qu’on lui connaît. Alors qu’elle rêvait d’une vie de luxe, de romantisme et d’aventures, elle ne vivra que d’ennui, déceptions, dettes et abandons. Avis : Sophie Barthes, réalisatrice française de 41 ans, relève le délicat défi d’adapter à l’écran une grande œuvre de la littérature française bien connue de tous… mais avec un casting américain ! Si elle s’est permise quelques libertés, c’est sans aucun doute pour que le spectateur ressente intensément les sentiments qui habitent Emma Bovary : son ennui, ses déceptions, sa perte du goût de vivre. Pour mener à bien sa mission, elle omet quelques éléments importants de l’œuvre de Flaubert, ce qui, admettons-le, est assez déstabilisant. Ainsi, aucune trace de sa fille Berthe qu’elle a mise au monde au début de son mariage, aucune évocation de la mort de Charles suite à son suicide, pas de trace du libertin Rodolphe Boulanger. En deux heures de film, il faut aller à l’essentiel et Sophie Barthes le fait relativement bien. Pour servir au mieux cette histoire exceptionnelle, il fallait envoyer du lourd côté comédiens et là aussi, c’est plutôt réussi. Et en tête de cette jolie file d’acteurs de talent : Mia Wasikowska (la « Alice » de Tim Burton) qui interprète Emma Bovary avec grandiloquence. Le rôle n’est pas évident mais elle réalise la lourde tâche de nous entraîner dans ses retranchements, sa détresse et son désespoir. La scène finale (qui est d’ailleurs également les premières minutes du film) ne laissera d’ailleurs pas le spectateur indifférent. Ce qui la précipitera dans sa perte, c’est bien évident le rejet qu’elle subit de la part des hommes qu’elle a aimé: le marquis d’Andervilliers et Léon Dupuis, qui prennent forme sous les traits de Logan Marshall-Green et la nouvelle coqueluche hollywoodienne Ezra Miller (« We want to talk about Kevin » ou encore « Crazy Amy » présenté également à Deauville cette année) Tous les personnages importants de Flaubert (ou enfin presque), on prit vie dans ce film. Parmi eux, Monsieur Homais, le pharmacien et complice de Charles Bovary, joué par Paul Giamatti (tiens tiens, n’aurait-il pas déjà tourné avec la réalisatrice pour « Ames en stock » ?), Monsieur Lheureux, homme d’affaires et vendeur de produits de luxe sans scrupule, interprété magistralement par Rhys Ifan (vu dernièrement dans l’excellent « Broadway Therapy » et ancien coloc de Hugh Grant dans « Coup de Foudre à Notting Hill »), Charles Bovary, le mari aimant mais absent d’Emma, incarné par Henry Lloyd-Hugues, Henriette la fidèle servante du couple Bovary jouée par Laura Carmichael (Edith Crawley de « Dowton Abbey ») ... Même le curé Bournisien trouve sa place dans le petit monde de Sophie Barthes. Et pour finir, un petit cocorico pour Olivier Gourmet, grand comédien belge qui apparaît dans le rôle du père d’Emma et dont le discours en anglais lors du mariage de sa fille marquera peut-être certaines mémoires… Bref, tous valent vraiment la peine d’être applaudi car ils viennent ajouter avec délicatesse leur petite touche à l’univers de Flaubert. Dans la lignée des bonnes adaptations cinématographiques comme « Les liaisons dangereuses » de Stephen Frears, « Madame Bovary » démontre qu’il est possible de s’immerger dans notre culture littéraire et réaliser des films de qualité sans trop dénaturer les intentions de ces grands auteurs européens que l’on chérit tant. Hormis quelques longueurs nécessaires pour dépeindre une atmosphère particulière, le dernier long métrage de Sophie Barthes vaut la peine d’être vu par tous ceux et celles (surtout ?) qui apprécient les classiques, les reconstitutions d’époques passées, les jolis costumes et les histoires de vie vraies et authentiques. Durée du film : 1h58 Date de sortie en France : 5 novembre 2015 Genre : Drame Note du film : 9/10 (par Véronique et François) Film en compétition au Festival du Film Américain de Deauville - 5 septembre 2015 – Résumé du film : Dennis Nash, jeune père de famille et ouvrier dans le bâtiment, accumule les dettes depuis trop longtemps. Lorsque qu’il est exproprié de sa propriété, il décide de se battre et de tout faire pour récupérer sa maison familiale. Alors, quand l’agent immobilier véreux qui l’a expulsé quelques jours plus tôt lui propose de travailler pour lui, il n’hésite pas une seule seconde : Dennis entrevoit une possibilité de sortir la tête de l’eau et entre dans un système d’exploitation dont il ne soupçonnait même pas l’existence… Avis : Ramin Bahrani nous présente un «99 Homes » haletant au sujet trop actuel et particulièrement délicat à traiter. Basé sur un système économique réel mis en place aux USA après la crise des subprimes, les faits se déroulent en 2010 et évoquent une machine financière qui broie tout sur son passage, n’hésitant pas à déshumaniser les plus démunis. Michael Shannon (« Take Shelter », film récompensé lors du 37ème Festival du film américain de Deauville) joue un Rick Carver écoeurant, préférant abuser du système et en faire partie plutôt que de rester sur le bas côté et passer à côté des sommes mirobolantes qui circulent entre les banques et les agences immobilières. Le quarantenaire a un charisme, une prestance, une gueule qui ne laissent pas indifférent. Son rôle est interprété avec tellement de justesse qu’on adore le détester ! Andrew Garfield (“The amazing Spiderman”, “The social network”) incarne le jeune père désabusé par le système. Pour survivre, il n’a qu’une solution : entrer dans le jeu des puissances financières. Non content de sortir la tête de l’eau, il deviendra un gros poisson appâté par l’envie de posséder toujours plus. Au détriment des autres ? Pas vraiment … En effet, contrairement à son employeur, il garde une certaine morale et tente de partager les bénéfices de son nouveau job avec ses fidèles camarades. Les banques nous dépouillent ? N’hésitons pas à notre tour à prendre notre part du gâteau... voilà ce qui animera notre ancien endetté amer de ce que devient la société américaine moderne. Dans le casting secondaire, nous retrouvons Laura Dern, actrice de « Jurassic Parc ».Vieillissante mais touchante, elle tient un rôle difficile et incarnera la conscience et les valeurs que délaisse notre duo opportuniste. Ramin Bahrani, réalisateur américain de 40 ans signe un film engagé, dont le sujet sensible est intelligemment abordé. Sans faire preuve de pathos exacerbé, il y présente une société nécrosée, avide de richesse au détriment des plus petits. En un rien de temps, tout ce que possédaient des familles américaines modestes est balayé d’un coup de pelle sans scrupule ou remord. Qui a dit que l’ « American Way of Life » était toujours d’actualité ? A la vue de ce long-métrage, on est saisi d’une forte culpabilité que ne semblent pas avoir les protagonistes. Nous ne sommes pas responsables de la situation mais on ne peut que se sentir impliqué dans ce sujet malheureusement actuel de l’autre côté de l’Atlantique. On méprise le système et on condamne l’agissement des financiers. Jusqu’où est-on prêt à aller pour reprendre sa vie en main ou récupérer ses biens ? Les lois peuvent être profondément injustes et servent les intérêts des plus grands. Quel sort la société réserve-t-elle à ceux qui se battent honnêtement pour survivre au quotidien ? Comment trouver sa place dans un monde de corruption et d’inégalités sans délaisser ses valeurs ? Ce sont autant de questions que le film « 99 homes » soulèvera et autant d’actes immoraux (et pourtant parfaitement légaux) qu’il dénoncera. Premier film de la compétition présenté au Festival du film américain de Deauville, il a été l’objet d’une standing ovation suite à sa diffusion. Certaines membres du jury n’ont également pas hésité à se lever pour applaudir longuement le réalisateur tout comme une bonne partie de la salle: preuve que quidam comme professionnel y trouvent des interpellations qui ne peuvent pas nous laisser insensibles. Présage d'une jolie récompense puisqu'il a remporté le Grand Prix du Festival, à juste titre! Durée du film : 1h52 Genre : Drame/ Thriller Note du film : 9/10 (par Véronique) Film en compétition au Festival du Film Américain de Deauville - 6 septembre 2015 - Résumé du film: Laney a tout pour être heureuse : un mari aimant, deux adorables enfants, un rythme de vie confortable, une maison de rêve, un amant attentionné. Pourtant, la jeune mère de famille ne parvient pas à entrevoir le bonheur qui est le sien et ne parvient pas à vivre sa vie et à s’épanouir: victime de sa propre descente aux enfers, elle comblera son mal-être dans l’alcool et la drogue. Lorsqu’elle dérape et va trop loin, elle a devant elle la possibilité de se reprendre en main mais sa volonté sera-t-elle plus forte que son « besoin » d’autodestruction ? Avis: “I smile back” est le genre de film qui pourrait passer totalement inaperçu lors de sa sortie dans nos salles. Et pourtant, ce type de long-métrage a une qualité énorme : nous donner une fameuse claque et soulever une tonne d’émotions chez chacun d’entre nous. Au point d’avoir beaucoup de mal à en parler une fois le générique terminé, c’est dire ! Il aurait été réellement dommage de passer à côté mais heureusement pour nous, le Festival du film américain de Deauville a eu la brillante idée de nous le proposer ! Sarah Silverman mériterait vraiment un oscar pour son interprétation magistrale ! Habituée à jouer dans des comédies comme « Albert à l’Ouest » ou « Rock Academy », elle réalise ici une performance sans faute et présente une détresse plus vraie que nature. Malheureusement, le film ne sera pas assez « bancable » pour concourir et remporter la précieuse statuette dorée mais croyez-le, elle offre une prestation inoubliable ! A tel point qu’on ne peut que croire qu’elle vit elle-même la situation qu’elle doit incarner tant cela paraît être sa réalité ! Comment peut-on se préparer à un pareil rôle ? Comment sortir indemne de ce tournage? C’est le genre de questions qu’on aurait envie de lui poser. Josh Carles (« The Goodwife »), son mari dans le film, n’est pas en reste. Il assiste impuissant à la détresse de sa femme qu’il ne parvient pas à sauver d’elle-même. Pas besoin d’user de mots pour faire part de la déception qui est là sienne, un regard suffit et le sien fait passer des messages extrêmement forts ! Les deux enfants de la famille souffriront aussi de la situation que vit leur mère. Interprétés par les très jeunes Shayne Coleman et Skylar Gaertner, ils ne comprendront pas toujours la réalité qui leur fait face et auront parfois des questionnements douloureux et assisteront à des scènes marquantes pour des enfants de cet âge. Et en parlant de scènes, beaucoup d’entre elles sont mémorables et marquantes ! L’équipe a confié avoir eu beaucoup de mal à tourner certaines d’entre-elles et on le comprend ! Le film est dense, le sujet hypersensible et le jeu des comédiens ajoutent un ton dramatique de grande intensité. En voyant « I Smile Back », on ne peut qu’éprouver de l’empathie pour notre héroïne, souffrir pour elle, souhaiter la voir sortir la tête de l’eau sans que l’on ne puisse rien faire pour elle. L’immersion dans sa vie est telle que nous garderons une boule dans la gorge jusqu’aux dernières secondes du film et nous retiendrons péniblement nos larmes. L’auteure du roman sur lequel le film est basé n’est autre qu’Amy Koppelman. Impliquée dans le projet, elle est également la co-scénariste d’Adam Salky. Ce dernier signe avec « I Smile Back » la réalisation de son deuxième long-métrage (le premier étant « Entre vous deux », sorti en 2009). On doit reconnaître la qualité de son travail et sa propension à présenter un sujet grave et à nous garder attentif tout au long de l’intrigue. Le film est l’occasion de montrer que tout avoir ne suffit pas et que le mal-être peut prendre le dessus sur l’amour que portent nos familles. Il faut être bien avec soi pour pouvoir profiter pleinement de sa vie et ce n’est pas toujours facile, la preuve en est ici ! « I Smile Back » est un film marquant, au sujet sensible. L’interprétation de ses comédiens et l’angle choisit par Adam Salky pour aborder cette thématique difficile, fait de ce film un vrai bijou ! En entrant dans la vie de Laney, vous ne pourrez que vous sentir impuissant face à sa détresse et lorsque vous en ressortirez, vous ne pourrez n’en être que profondément bouleversés ! Il faut vivre le film car les mots seront bien en deçà de ce que vous pourriez ressentir… Durée du film : 1h25 Genre : Drame Note du film : 8/10 (par Véronique) Film en compétition au Festival du Film Américain de Deauville - 6 septembre 2015 - Résumé du film : Travis et Harrison ont 10 ans. Complices, ils décident de fuguer de chez eux et partir loin. En chemin, ils trouvent une voiture de flic abandonnée au milieu de nulle part… L’occasion rêvée pour jouer les policiers durant quelques heures. Les deux jeunes gamins dérobent donc le véhicule et partent à l’aventure. Le hic, c’est que le shérif de la ville n’apprécie pas du tout la plaisanterie et encore moins lorsqu’on sait que le coffre de sa voiture contient un paquet plutôt gênant. Il part donc à la poursuite de deux enfants pour récupérer son précieux bien… Avis : « Cop Car » faisait partie de la sélection du Festival du film américain de Deauville 2015 et était présenté le 6 septembre dernier. Mis en compétition aux côtés d’autres bons films de genres très différents, nous sommes sortis ravis de la projection du dernier film de Jon Watts. Entre comédie, drame et thriller, ce long métrage possède toutes les qualités requises pour tenir ses spectateurs en haleine : l’intrigue est prenante, la longueur juste suffisante, une dynamique inlassable, il présente ponctuellement des traits d’humour finement amenés et des scènes plus stressantes… Bref, un melting-pot d’émotions qui se distille dans le film avec intelligence et maestria. A cette réalisation brillante, on associe un casting irréprochable et on obtient un thriller original et ô combien éloquent. Kevin Bacon, à la moustache rasable et… risible, tient un rôle de grande envergure à l’image de son talent. Les premières images le présentent d’ailleurs dans une interprétation quasi muette mais tellement truculente ! On comprend bien vite que ce shérif véreux va peiner à se dépatouiller de la situation compliquée dans laquelle il s’est mis. Anti-héros par excellence, il montre que les shérifs ne sont pas toujours complaisants et qu’au contraire, ils peuvent être de véritables crapules. Par sa traque, il viendra entacher l’univers naïf des deux enfants qui ne voulaient que sortir d’un quotidien pas très joyeux… Les enfants sont d’ailleurs les deux révélations du film! Quelle interprétation ! James Freedson-Jackson et Hays Wellford : retenez ces noms car ils méritent réellement leur place dans le monde du cinéma américain! Alors qu’ils tiennent tous les deux des rôles difficiles, ils symbolisent à la fois l’innocence et la maturité. Le film tient sur leurs frêles épaules mais les deux jeunes acteurs ne lâcheront rien, que du contraire, ils contribueront grandement à la réussite de cette « course poursuite ». Jon Watts, le réalisateur, n’en est pas à son premier coup d’essai mais il a l’habitude d’œuvrer davantage pour le petit écran : téléfilms, séries ou courts métrages ponctuent sa carrière depuis le début du siècle. Mis à part « Clown », un film d’horreur sorti l’an dernier, il n’avait pas encore réalisé de long métrage notable. Avec « Cop Car », il marquera peut-être un tournant dans sa carrière qu’on lui souhaite prolifique. On chuchote d’ailleurs qu’il serait le réalisateur d’un prochain reboot de « Spiderman »… A suivre… Sorte de "road movie", il est difficile de qualifier le genre de film que nous venons de présenter. Tout ce que l’on peut vous dire, c’est qu’il mérite le détour et nous ne vous laissera jamais au bord de la route. Nous ne connaissons pas encore sa date de sortie en Belgique ou en France, mais nous ne manquerons pas de vous tenir informés afin que vous puissiez satisfaire votre propre curiosité. Durée du film : 1h29 Genre : Thriller Note du film : 7/10 (par Véronique) Avant-première du Festival du Film Américain de Deauville - 5 septembre 2015 - Résumé du film : Evan Webber est un architecte de talent et un père de famille exemplaire. Lorsque sa femme et ses enfants partent passer un week-end à la mer, il est bien loin d’imaginer que sa vie va prendre un nouveau tournant. En effet, en ouvrant la porte à deux jolies jeunes filles trempées par la pluie, il ne sait pas qu’il s’apprête à rencontrer la folie et la perversité. Car lorsque Genesis et Bel pénètrent dans la maison, elles sont animées des plus mauvaises intentions. Evan va être la victime de deux déséquilibrées que rien (ou presque) ne semble pouvoir arrêter… Avis : Eli Roth est un pro en matière de suspense : il a déjà pu nous le démontrer avec ses deux épisodes d’ « Hostel ». Présent au Festival du film américain de Deauville pour présenter « Knock Knock » et « The Green Inferno » il montre combien il maîtrise les codes de l’horreur et nous plonge dans une atmosphère tendue à la « Funny Games ». Avec « Knock Knock », il nous livre un thriller psychologique intense d’où personne ne sortira indemne… « Knock Knock » est le remake avoué de « Death Game » sorti en 1977. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Colleen Camp est au générique du dernier long métrage d’Eli Roth alors qu’elle apparaissait déjà dans la première version originale. Le sujet est exactement le même, c'est-à-dire malsain ! N’oublions pas que nous assistons davantage à un film d’horreur (mais pas gore !) qu’à un thriller à proprement parler. Si les images paraissent lisses et le pitch peu trash, la réalisation, impeccable et hyper bien maîtrisée, nous prouveront qu'au contraire, une vie peut basculer en l’espace d’un instant sans que l’on ne puisse être maître de son destin. Dans le rôle délicat des deux harceleuses, Ana de Armas et Lorenza Izzo, deux jeunes comédiennes. Quasiment inconnues de l’horizon cinématographique, elles sont pourtant terriblement efficaces ! Les deux actrices sont non seulement très sensuelles mais excessivement justes dans leur interprétation. Cela en fait froid dans le dos tant on croit que la folie les habite ! Lorenza Izzo, la jeune compagne d’Eli Roth, affiche un visage fermé et une insensibilité qui fait frissonner. Quant à Ana de Armas, son attitude irrationnelle et son absence de pitié ne pourront que vous faire trembler. Le casting fait de ce film une réussite incontestable ! Mais qui dit harceleuses dit forcément harcelé. Ici, il s’agit de Keanu Reeves. Ce père de famille fringant et bienveillant est victime bien malgré lui d’un jeu pervers qui bouleversera sa vie. Le comédien de 51 ans ne lésinera pas sur les émotions pour nous transmettre sa peur, sa colère et sa détresse. On assiste impuissant à sa torture physique et psychologique et on voudrait tant lui venir en aide…en vain ! Les incursions musicales dans le long métrage donnent une impulsion supplémentaire à l’intrigue et y a légitimement toute sa place. Une preuve de plus que tout s’imbrique à la perfection et fait de « Knock Knock » un film de qualité dont on va longtemps parler. Vous l’aurez compris, Eli Roth a réussi son défi et vous fera vivre un cauchemar durant plus d’une heure trente. Nous conseillons d’ailleurs aux plus sensibles d’entre vous de bien réfléchir avant de frapper à la porte de votre salle de cinéma car il y a de fortes chances pour que le film vous poursuive un certain temps… Date de sortie en Belgique : 28 octobre 2015 Date de sortie en France : 23 septembre 2015 Durée du film : 1h39 Genre : Horreur/ Thriller psychologique Note du film : 06/10 (par Véronique) Avant-première du Festival du Film Américain de Deauville - 5 septembre 2015 - Résumé du film : Dennis Stock est photographe. Il travaille pour de grands journaux américains et notamment pour le magazine « Life ». Le hasard lui fera croiser la route d’un jeune comédien débutant… James Dean ! « Life », le dernier film d’Anton Corbijn raconte la rencontre de ses deux hommes à l’aube d’une carrière naissante. Avis : Il y a un an, Anton Corbijn nous proposait un thriller d’exception mettant une dernière fois en lumière Philip Seymour Hoffman dans «Un homme très recherché». Avec « Life », il change radicalement d’univers et nous propose un drame biographique des années 50 moins emballant. Le sujet du film tient en quelques lignes : James Dean s’apprête à tourner dans « A l’est d’Eden » lorsqu’il rencontre Dennis Stock, photographe en free lance. Ce dernier est prêt à lui consacrer un reportage photo pour « Life » et veut tout mettre en œuvre pour lui décrocher la une. L’un comme l’autre pensent que cette collaboration pourrait aboutir au démarrage d’une carrière importante mais rien ne se passera comme prévu. Si l’intrigue paraît mince, il faut reconnaître qu’Anton Corbijn nous immerge dans l’univers médiatique des 50’s avec indiscrétion et délectation. Par contre, si l’idée de base paraissait sympa, le film ne tient pas ses promesses et offre quelques longueurs assommantes : dommage ! Le casting est sans doute en partie responsable. Dane DeHaan interprète brillamment un James Dean nonchalant, il n’y a rien à redire. Bientôt en tournage avec Luc Besson, il fait preuve ici d’implication, montrant les failles et la force de caractère qui animaient James Dean à l’époque. Le presque trentenaire Robert Pattinson, lui, peine à dynamiser le film malgré son implication certaine dans son rôle. Peu charismatique, son personnage est trop lisse et faiblard. Le duo manque d’alchimie et peine à nous embarquer à leur côté malgré leurs efforts consentis. Cette apathie est-elle un choix volontaire de la part du réalisateur ? Heureusement, Ben Kingsley vient apportera un peu de punch dans le fil de l’histoire par ses quelques apparitions et incarne un Monsieur Warner exigeant mais confiant. La BO qui accompagne le film apporte le peps qui manque au scénario car, nous le signalions précédemment, le gros souci du film est son rythme lent, trop lent ! Bien que l’on connaisse l’issue dramatique de la vie de James Dean, on appréciera avoir pu côtoyer l’espace d’un instant l’homme à la Fureur de Vivre. Si le sujet du film est minimaliste, « Life » n'en reste pas moins une tranche de vie plaisante mais peu marquante. Les fans de l’acteur et les amateurs de film « Il était une fois James Dean » (avec James Franco) devraient apprécier, les autres ne se sentiront peut-être pas concernés par cette sortie ciné. Date de sortie en Belgique : 23 septembre 2015 Date de sortie en France : 9 septembre 2015 Durée du film : 1h51 Genre : Drame biographique |