Résumé du film : Dans ce dernier volet de l’épopée « Le Labyrinthe », Thomas et les Blocards s’engagent dans une ultime mission, plus dangereuse que jamais. Afin de sauver leurs amis, ils devront pénétrer dans la légendaire et sinueuse Dernière Ville contrôlée par la terrible organisation WICKED. Une cité qui pourrait s’avérer être le plus redoutable des labyrinthes. Seuls les Blocards qui parviendront à en sortir vivants auront une chance d’obtenir les réponses tant recherchées depuis leur réveil au cœur du Labyrinthe. Note du film : 6/10 (par François) Avis : L’année 2014 était riche en adaptations cinématographiques issues des romans de la jeunesse. Constatez par vous-même : «Divergente », « Hunger Games » et le « Labyrinthe » déboulaient alors en salle pour le plus grand plaisir d’un jeune public en quête d’aventures ! A l’époque, « The Maze Runner » (« Le Labyrinthe » chez nous) créa la surprise. Tout d’abord parce qu’il cultivait beaucoup de mystères. Qui étaient ces jeunes piégés dans le labyrinthe ? Par qui l’ont-ils été ? Et surtout, pourquoi ? Le rythme était bien dosé et les scènes d’action suffisaient à entretenir notre attention. Bien sûr, certaines questions que nous nous posions ont obtenues quelques réponses dans le deuxième épisode mais beaucoup restaient en suspens. Cet épisode n’était pas parvenu, selon nous, à restituer ce qui faisait le sel du premier film. La faute à une prise de distance du huis clos haletant pour évoluer dans un monde post-apocalyptique fait de terres de désolation et de zombies psychopathes tout droit sorti de « World War Z » ou de « 28 jours plus tard » (c’est selon vos goûts). En fait, ce que le deuxième épisode perdait en identité propre et en originalité, il le gagnait en spectacle visuel rendu possible par une réalisation de haute volée. Alors ? Quelle orientation a été prise par le réalisateur (et responsable de la trilogie) Wes Ball pour ce troisième volet ? Disons-le sans ombrage, de l’action pure en ligne droite du film précédent. Adieu, le mystère et d’éventuelles subtilités scénaristiques, place à un « action movie » mélodramatique ! Si si, vous avez bien lu… Il n’y a qu’à lire le titre du film pour se rendre compte qu’on ne va pas s’aventurer vers des contrées sereines. « Le Labyrinthe : le remède mortel » (sic) se déroule six mois après le film précédent. Nous retrouvons la bande de copains emmenée par le héros Thomas (Dylan O’Brien), et suivis de Newt (Thomas Brodie-Sang), Fry (Dexter Darden) et accompagnés depuis le deuxième volet par Brenda (très convaincante Rosa Salazar et son fidèle complice Jorge (amusant Giancarlo Esposito). Ensemble, ils devront délivrer Minho (Ki Hong Lee) des griffes de l’organisation WICKED qui le retient ainsi que beaucoup d’autres jeunes à des fins expérimentales en vue d’endiguer la pandémie mondiale. Dans le rôle de l’éminence grise en blouse blanche, nous retrouvons une Patricia Clarkson que l’on connaissait plus inspirée dans son rôle d’Ava Paige. C’est un peu comme si son rôle perdait en importance au détriment de celui tenu par Kaya Scodelario (Teresa). Par contre, rien à dire du salopard de service incarné à la perfection par le comédien Aidan Gillen ! Mais si ! L’infâme Petyr Baelish « Littlefinger » de la série Game of Thrones, c’était encore lui ! Comme nous le pensions au vu de l’orientation prise dès le deuxième film, ce dernier volet n’est en fait qu’une succession de scènes d’action parfaitement réalisées et interprétées. Ici, les scénaristes ne s’embarrassent pas trop d’explications qui pourtant auraient pu éclairer les points d’ombre liés à l’histoire ou aux personnages. D’ailleurs, certains choix douteux ne seront même pas expliqués aux spectateurs. La preuve d’une volonté d’aller vite de l’avant, sans trop se retourner… mais à quel prix ? Les personnages sont constamment en mouvement et toute la dimension introspective qu’on appréciait dans le premier film semble désormais très éloignée. De l’audace et du mystère initial des débuts, il ne restera qu’un solide film d’action porté par de bons comédiens et fort bien réalisé par Wes Ball. Le réalisateur nous offre donc un vrai spectacle techniquement maitrisé, sur toute la durée du film, mais dont l’audace originale s’évanouit en un mélo ultra convenu dans sa dernière partie. Le clap de fin retentit donc sur une promesse pas tout à fait tenue. Date de sortie en Belgique : 31 janvier 2018 Date de sortie en France: 7 février 2018 Durée du film : 2h22 Genre : Science Fiction Titre original : Maze runner : the death cure
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Résumé du film : Juin 1944, la France est toujours sous l’Occupation allemande. L’écrivain Robert Antelme, figure majeure de la Résistance, est arrêté et déporté. Sa jeune épouse Marguerite, écrivain et résistante, est tiraillée par l'angoisse de ne pas avoir de ses nouvelles et sa liaison secrète avec son camarade Dyonis. Elle rencontre un agent français de la Gestapo, Rabier, et, prête à tout pour retrouver son mari, se met à l’épreuve d’une relation ambiguë avec cet homme trouble, seul à pouvoir l’aider. La fin de la guerre et le retour des camps annoncent à Marguerite le début d’une insoutenable attente, une agonie lente et silencieuse au milieu du chaos de la Libération de Paris. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Basé sur le récit en partie biographique de Marguerite Dumas, « La douleur » d’Emmanuel Finkiel nous montre comment la célèbre écrivaine a vécu l’Occupation allemande de Paris, l’arrestation de son mari et l’interminable attente de son retour. Ainsi, durant plus de deux heures, nous découvrons un Paris occupé et meurtri où les règles ont changé et où des familles entières survivent et attentent inlassablement les prisonniers de guerre. Cet univers désolé, c’est au travers les yeux et la plume de Marguerite Duras que nous le percevons. La voix off reprenant des pans entiers de ses écrits sont d’ailleurs là pour appuyer les sentiments profonds, l’angoisse, l’espoir ou le désespoir de la jeune femme. Au même titre que l’image de Finkiel qui se brouille lorsque les idées de Marguerite se confondent. Le flou dont il use nous rappelle constamment que malgré toute la volonté dont elle fait preuve, la jeune Duras est aussi perdue qu’accrochée à l’espoir de voir son univers écroulé, se reconstruire un jour. Les jours et les semaines passent et Marguerite s’accroche à un coup de fil ou un retentissement de sonnette qui annoncerait le retour de son mari, Robert Antlme, résistant français. Mais l’attente est longue, très longue, l’appartement désespérément vide et les bras de son amant, Dionys (Benjamin Biolay qui assume son rôle tout en gardant une certaine retenue), ne suffisent pas à combler la douleur de l’absence. Cette femme déterminée, c’est la fabuleuse Mélanie Thierry qui la porte du bout de ses bras frêles et pourtant si tenaces. L’actrice nous donne ici une belle leçon de cinéma, assurant haut la main dans ce rôle profond aux multiples facettes. Ses regards durs, son visage (et son corps) marqués par le temps qui passe, ses audaces, son port de tête donnent un charisme certain à sa Marguerite Duras plus vraie que nature. La ressemblance physique est loin d’être évidente mais qu’importe… ce qui compte, c’est l’intention donnée à son personnage et la prestation exemplaire dont elle fait preuve de bout en bout. Articulé en deux temps, le film de Finkiel nous présente dans un premier temps, les démarches entreprises par Marguerite Duras pour découvrir ce qui est arrivé à son époux, arrêté à Paris, déporté à Fresnes et peut-être même dans un camp de concentration. Sur son chemin, elle rencontre Pierre Rabier (le glacial Benoît Magimel), un agent français de la Gestapo, responsable de l’arrestation de son Robert. Persuadée qu’il pourra l’éclairer sur la destinée de son mari, Marguerite accepte de le rencontrer à de nombreuses reprises, dans les plus prestigieux restaurants de Paris où dînent des agents, des militaires allemands et des collabos. Mais traîner avec un policier de la gestapo quand on est active au cœur de la Résistance parisienne s’avère vite dangereux. Manipulations, chantages s’installent insidieusement entre Rabier et Duras dont la relation semble changer au fil des rencontres… Dans la deuxième partie, on assiste, impuissants, à la décadence de Marguerite Duras, faible et de moins en moins encline à trouver de l’espoir au fond d’elle. Pour combler et soulager son attente, Marguerite imagine tantôt l’annonce de la mort de son mari, tantôt son retour. Ses réactions sont multiples : accueil, fuite, joie ou tristesse… Elle ne sait plus à quel sentiment se vouer. Errant hagarde dans son bel appartement, la célèbre écrivaine attend, encore et encore, tout comme les spectateurs installés au plus proche d’elle. Jamais pesant, « La douleur » fait de nous les témoins privilégiés d’un moment douloureux de la vie de Duras. Marguerite, une femme forte, aux traits marqués, maniant la plume et remplissant des cahiers entiers, faute de pouvoir fêter la libération de sa ville et de son pays avec les autres parisiens. Une héroïne charismatique et admirable pour son sang froid, sa ténacité malgré l’abattement qui la ronge. Plus qu’un énième biopic d’écrivain ou film de guerre, « La douleur » est un drame intimiste fort, porté par une Mélanie Thierry bluffante et charismatique. Un film intéressant qui place le spectateur au cœur de son intrigue et qui le sollicite tant dans la puissance de ses images que dans celle de ses mots. Une œuvre parfois longue, parfois lente, à l’image de l’attente désespérée de son personnage central. Date de sortie en Belgique : 31 janvier 2018 Date de sortie en France : 24 janvier 2018 Durée du film : 2h07 Genre : Drame Résumé du film : Ady a 13 ans et n’écoute plus son père qui l’élève seul. Ce dernier, à bout de ressources, décide de confier Ady à son oncle Amadou le temps d’un été. L’oncle Amadou et sa famille habitent de l’autre côté de la Méditerranée… au Burkina Faso ! Là-bas, à 13 ans, on se doit de devenir un homme mais Ady, persuadé de partir en vacances, ne l’entend pas de cette oreille… Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Andy, 13 ans, est un adolescent plein de ressources quand il s’agit de faire du business dans la cité française où il a pris ses quartiers. Dépassé par ce petit insolent, son père décide de l’envoyer dans sa famille restée au pays : le Burkina Faso. Voilà donc qu’en quelques heures à peine, notre petit crâneur se retrouve face à la réalité de la vie africaine. Fini de rouler des mécaniques, personne n’est impressionné par ce « petit blanc » qui la ramène un peu trop. Dans le village natal de son père, Andy va apprendre à travailler, à mériter sa place et à grandir. Rempli de tendresse et d’humour, le film de Berni Goldblat renvoie au choc des cultures ou plutôt, à sa complémentarité. En découvrant ses racines et les traditions qui régissent le quotidien de sa famille, Ady approche aussi des valeurs telles que l’humilité, le respect et le courage. Habitué à un certain confort et à vivre sa vie comme il l’entend, l’adolescent se retrouve à présent confronté au manque d’électricité (du moins en journée), à l’absence d’Internet, à un seau d’eau quotidien pour se doucher, à la bouillie ou au lait écaillé et aux décisions de ses aînés auprès desquels il doit constamment s’excuser. Rien ne sera simple sur ces terres d’Afrique et encore moins quand son oncle Amadou, peu loquace et intransigeant, décide de lui confisquer son passeport jusqu’à ce qu’il assume ses bêtises passées. Heureusement, le petit roublard peut compter sur son « cousin » Jean et sa grand-mère pour apporter un peu de douceur dans l’univers rude où il commencera à travailler. Entre colère et dépassement de soi, Ady apprend vite. Le touchant Makan Nathan Diarra n’a pas son pareil pour faire vivre son personnage. On prend d’ailleurs un certain plaisir à l’entendre râler et remettre en cause les décisions de son oncle avant de nous apitoyer sur son sort et à l’accompagner dans un voyage initiatique entrepris bien malgré lui. « On est plus le fils d’une époque que le fils de son père » résume finalement assez bien l’intention du réalisateur helvético burkinabé. La réalisation impeccable et les musiques exotiques aux airs de vacances accompagnent ce récit positif à merveille. « Wallay », malheureusement peu distribué, est une petite douceur d’une heure vingt qui parlera autant aux jeunes qu’aux moins jeunes et qui les fera voyager au cœur des traditions et des valeurs dans ce qu’elles sont de plus pur. Date de sortie en Belgique : 31 janvier 2018 Date de sortie en France : 28 juin 2017 Durée du film : 1h21 Genre : Drame Résumé du film : Comme tous les jours après son travail, Michael MacCauley prend le train de banlieue qui le ramène chez lui. Mais aujourd’hui, son trajet quotidien va prendre une toute autre tournure. Après une entrevue avec une mystérieuse inconnue, il est forcé d’identifier un passager caché dans le train, avant le dernier arrêt. Alors qu’il se bat contre la montre pour résoudre cette énigme, il se retrouve pris dans un terrible engrenage. Une conspiration qui devient une question de vie ou de mort, pour lui ainsi que pour tous les autres passagers ! Note du film : 5/10 (par François) Avis : Entre Liam Neeson et le cinéma d’action, c’est une véritable histoire d’amour ! Jugez plutôt : « Night Run », « Balade entre les tombes », « Non-Stop » et « Sans identité » (du même réalisateur), « Taken 1-2-3 » et nous préférons nous arrêter là car cette liste est aussi longue que le bras ! Même s’il remplit toujours bien son contrat, nous avons l’impression que ce bon vieux Liam risque de s’enfermer dans un genre dont il maitrise les codes mais qui ne parvient pas à se renouveler. Et ce n’est pas « The passenger » qui viendra changer la donne. Pour autant, ce « passager » parvient à insuffler ne serait-ce qu’un élément de surprise ? Pas vraiment. Rien de nouveau sous le soleil donc mais pire encore que ce constat devenu habituel, nous sommes face à un film certes rythmé est très efficace mais aussi extrêmement poussif ! C’est bien simple, nous avons eu envie de quitter ce train avant son arrivée en gare ! Explications. L’intention de Jaume Collet-Serra, le réalisateur, est louable : proposer un film d’action dont il a le secret avec un acteur qu’il connait bien. Nous le disions, Liam Neeson avait déjà tourné dans trois de ses films. Ici, l’angle d’attaque est le suivant : suivre la vie ordinaire d’un père de famille avec ses petites habitudes et son quotidien réglé comme une horloge. Sauf que voilà, à force de vouloir sacrifier la scène d’exposition sur l’autel du rythme, nous avons une répétition maladroite des réveils du héros, de ses petits déjeuners et autres tracas/joies du quotidien familial qui filent à la vitesse de l’éclair ! Nous avons eu l’impression de revivre le film « Un jour sans fin » avec Bill Murray. Et cela continue lorsqu’il entre en gare et côtoie les passagers. Avec quel résultat pour le spectateur ? A aucun moment, nous ne parvenons à nous attacher aux personnages. Ils semblent tous évoluer beaucoup trop vite pour qu’on s’intéresse à eux et cela représente un gros problème selon nous. Et pourtant le casting est soigné : outre Liam Neeson, nous retrouvons le couple « Warren » du film d’horreur «Conjuring » avec Vera Farmiga et Patrick Wilson ainsi que les toujours excellents Sam Neill (« Jurassic Park ») et Jonathan Banks (« Better call Saul »). Alors oui, tout ce joli monde concoure à apporter son lot de « belles gueules » à l’écran mais nous aurions aimé les connaitre davantage. Pour le reste, malgré un rythme trépidant « The passenger » finit par dérailler en cours de route. La faute à des invraisemblances qui ne se comptent plus, des effets spéciaux numériques très (trop ?) visibles dans ce déluge ferroviaire apocalyptique (dans sa dernière partie) mais aussi à cette fin assez prévisible. Pour toutes ces raisons, le feu reste au rouge. Vous l’aurez compris, sauf si vous êtes en manque de gros films d’action, que la forme importe plus que le fond et que vous pouvez mettre en « veille » votre cerveau pendant 1h44, on ne saurait trop vous conseiller de préférer un voyage en taxi plutôt qu’à bord de ce train. Date de sortie en Belgique/France : 24 janvier 2017 Durée du film : 1h44 Genre : Action/Thriller Titre original : The commuter Résumé du film : Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence morne et solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres… Note du film : 9/10 (par Véronique) Avis : Poétique, extraordinaire, original et troublant, les mots ne manquent pas pour décrire le dernier film de Guillermo del Toro : « La forme de l’eau ». Créant la surprise lors des nominations aux Oscars, son dernier long métrage concoure dans treize catégories, un chiffre qui lui portera peut-être chance. C’est que ce « Shape of water » recèle tout ce qu’on aime dans le cinéma du réalisateur mexicain populaire. Aussi magnifique que son affiche, le film marquera assurément ses spectateurs et restera un petit temps dans leur cœur. Avec « La forme de l’eau », Guillermo del Toro démontre une fois de plus qu’il est un formidable conteur. Sa nouvelle fable fabuleuse, mêlant mythologie et découverte scientifique, est un bel exemple du savoir-faire de ce génie créatif. Celui qui a marqué une génération complète de cinéphiles revient en force et nous livre une petite pépite cinématographique qui se savoure de la première à la dernière minute. Celui qui devait réaliser l’adaptation de « La Belle et la Bête » parvient finalement à le faire de façon plus touchante encore à travers cette excellente romance originale. Des décors fabuleux, une musique jazz enivrante (merci Alexandre Desplat) un casting épatant, il n’en faut pas plus pour que la magie de l’univers de Del Toro opère. Comme toujours, la minutie qu’il distille dans chacun des petits détails, fait de ce puzzle aux mille pièces une œuvre magistrale qui plaira aux inconditionnels du maître fantastique. Une fois de plus, le réalisateur et scénariste montre que la monstruosité ne réside pas dans l’apparence que l’on dégage mais dans les actions que l’on peut commettre. Qui de la bête ou de l’humain à une noirceur d’âme plus grande ? Sur fond de Guerre froide et de course à la Lune, on assiste à une nouvelle lecture de la compétition que se livrent depuis toujours les Américains et les Russes. Loin d’être pompeux, ce sujet est relégué au second plan mais est assez présent pour qu’il se fraie un chemin dans une intrigue simple mais efficace où monstre et humains se lient d’une belle amitié. Elisa, employée dans un laboratoire austère, est intriguée par la nouvelle créature qui a pris ses quartiers dans une pièce hautement sécurisée. La curieuse jeune femme, n’a pas son pareil pour détourner l’attention et approcher de près cet être aux apparences repoussantes. Sa singularité lui permettra d’ailleurs de communiquer avec une bête amphibie, elle aussi meurtrie. Sally Hawkins, impeccable comme toujours, monte d’un cran son niveau d’interprétation en incarnant l’attachante Elisa. Ses expressions, ses silences (contraints), son langage des signes sont autant de moyens de communiquer avec son entourage et les spectateurs. La formidable actrice (déjà bluffante dans « Maudie ») démontre une fois de plus l’étendue de son immense talent et force le respect. L’originalité de son personnage est sans aucun doute mise en avant grâce à la complicité de son amie de serpillière, la toute aussi formidable Octavia Spencer. Les deux (seuls) personnages féminins sont savoureux et l’on prend un immense plaisir à évoluer à leurs côtés, riant parfois de bon cœur à leurs taquineries et petites bêtises. Et que dire du personnage détestable de Richard Strickland, interprété merveilleusement par le grand, l’immense Michael Shannon ? Ce responsable de sécurité intraitable et irascible nous glace, nous écoeure et nous fait trembler dans notre fauteuil à tel point que l’on se retiendra de réserver une standing ovation à cet incroyable acteur. Et puis, il y a le comédien fidèle à Del Toro, Doug Jones, (forcément méconnaissable) qui prête ses traits à la créature mystérieuse ou encore le vieillissant mais touchant Richard Jenkins. Tout ce microcosme, aussi extra ordinaire soit-il, s’accorde à faire vivre une fable magique, sombre et positive à la fois où rêve et réalité se confondent. Oui, le film à quelques défauts mineurs et quelques longueurs dispensables mais ne nous sommes-nous pas laissés emporter dans la féerie de « La forme de l’eau » ? N’avons-nous pas craint pour la vie de cette bête étrange ? N’avons-nous pas tremblé devant le visage fermé de Michael Shannon ? Nous y avons cru et surtout, nous avons trouvé ce que nous étions venus chercher : un peu de magie dans un quotidien terne et gris, une ode à la fantaisie dans un univers toujours aussi précis. Véritable orfèvre du 7ème art, Guillermo del Toro forge une œuvre singulière dont lui seul a le secret et nous offre un film poétique qui parlera à qui saura laisser vibrer son âme et ouvrir les portes de son cœur… Un pur bonheur ! Date de sortie en Belgique : 31 janvier 2018 Date de sortie en France : 21 février 2018 Durée du film : 2h03 Genre : Fantastique Titre original : « The shape of water » Résumé du film : En 1971 éclate aux Etats-Unis l'affaire des "Pentangon Papers", vaste fuite de renseignements liés à la Guerre du Vietnam. Les documents rendus publics par le Washington Post éclaboussent alors la classe politique US de l'époque. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : L’arrivée d’un nouveau Spielberg crée toujours un petit émoi dans la communauté cinéphile. Cette semaine encore, tout le monde n’a que ces mots à la bouche « The post », le titre original de son dernier long-métrage. Traitant de l’affaire des « Pentagon Papers », son film met en scène deux acteurs de renom : Meryl Streep et Tom Hanks. Il n’en fallait pas plus pour décider les spectateurs de découvrir son dernier ouvrage. Hélas, alors que l’on s’attendait à un film de génie, nos attentes n’ont pas (toutes) été comblées. « The Post » est un bon film mais est loin d’être l’incontournable de ce mois de janvier… « L’information est l’ébauche de l’Histoire » – Phil Graham Avant d’évoquer les forces et les faiblesses du film, intéressons-nous un petit instant à l’affaire « Pentagon Papers ». En 1971, le New York Times reçoit des informations classées défense mettant à mal les agissements et décisions du gouvernement américain dans le conflit qui le lie au Vietnam. La guerre semble perdue d’avance mais les Présidents qui se succèdent continuent malgré tout d’envoyer des hommes au front… Lorsque le New York Times balance l’information et se voit interdit de publier quelque article que ce soit (et donc muselé par le cher Président Nixon), le « Washington Post », petit journal local fraîchement arrivé en Bourse, convoque son conseil rédactionnel. Et si le quotidien publiait à son tour ce fameux rapport accablant ? Au centre des décisions, quelques personnes emblématiques: Katherine Graham, propriétaire du journal et première femme à occuper un poste de cette taille, Ben Bradlee le rédacteur en chef du journal et Fritz (Frederick) Beebe, le Président du conseil d’administration du Post. Faut-il publier et défendre le premier amendement (et la liberté de la presse) et risquer des poursuites ? Ou au contraire, faut-il profiter de la chute du New York Times pour faire sa petite place dans le monde journalistique ? Le film de Spielberg a l’intelligence d’exploiter plusieurs sujets. Le poids d’un héritage familial et l’envie de garder une ligne rédactionnelle installée par des années auparavant ; la difficulté d’être une femme et d’être considérée comme un vrai chef d’entreprise dans un monde exclusivement masculin (de nombreuses scènes soulignent l’admiration qu’ont les femmes pour Katherine Graham) ; la défense de la liberté d’expression ; la protection des sources (valeur phare au « Washington Post ») et la quête de vérité… Avec toutes ces thématiques, on s’attendait à ce que Steven Spielberg jette un pavé dans la mare… mais avec « Pentagon Papers », il lance tout au plus un petit caillou pour faire de jolis ricochets. Ses personnages et son histoire sont audacieuses, pas le résultat final… Dommage ! Peu subtil, le film ne constitue finalement qu’une ouverture vers un dossier tout aussi houleux mais tellement mieux (re)présenté dans le monde du 7ème art : le Watergate. Un casting éblouissant et une réalisation tirée au cordeau. Fort heureusement, les grandes forces du film résident dans le savoir-faire de l’équipe entière, le casting de choix en tête. Une fois de plus, le tandem Spielberg/Hanks fait des étincelles. Tom Hanks, ultra crédible en rédacteur en chef peu commode, reprend du service dans un rôle qui lui sied à merveille. Véritable chef d’équipe, il est la tête de l’hydre composée de nombreux journalistes entreprenants. Le Post voulait des sujets de qualité : avec l’affaire des « Pentagon Papers » il ne l’a pas seulement prouvé… il a su sublimer le travail de rédaction fait autour de ce dossier sensible et a mis en avant le courage et la ténacité d’une poignée de ses rédacteurs : Ben Bagdikian (le toujours impeccable et savoureux Bob Odenkirk) en tête. Et face à ce rédacteur intraitable, il y a Katherine Graham, interprétée par la formidable Meryl Streep. L’actrice donne le change de façon épatante et incarne une femme forte mais tourmentée à la perfection. Le duo Hanks/Streep est sans aucun doute l’atout principal du film. Tout comme leur combat commun, qui n’a lieu que pour démontrer que, malgré leurs accointances avec certains politiques hauts placés, les journaux doivent être au service des dirigés, pas des dirigeants. Cela n’a jamais été aussi vrai à l’heure où un certain Trump dirige une des nations les plus puissantes au monde… Et puis, il y a cette intrigue, installée posément dans la première demi-heure du film et qui prend peu à peu de l’ampleur pour nous entraîner dans une deuxième partie plus accrocheuse. A l’heure où l’information file à une vitesse folle, on se remémore qu’à l’époque, les scoops en étaient réellement et que la pression pour sortir un papier dans des délais ultra courts était réelle. Les images de la linotype et de l’imprimerie du Washington Post sont sublimes et renforcent cette idée de course vers l’information… et la vérité. Ce n’est d’ailleurs pas la seule reconstitution que l’on peut apprécier : les plateaux du service rédaction, l’atmosphère des années 70 transpirent à l’écran. Nous sommes littéralement plongés au cœur d’une époque pas si lointaine que cela, avec délice… La photographie de Janusz Kamiński vient d’ailleurs appuyer ce souhait de présenter un film contemporain aux petits airs rétros : on aime ! Ce « Pentagon Papers » en vaut-il donc la peine ? Oui, pour tous les adeptes du cinéma spielbergien qui apprécieront le petit intermède politique en attendant la grosse sortie de ce printemps : « Ready Player One ». Agréable, le film est à voir (mais peut-être pas à revoir) pour son casting, sa réalisation intéressante et ses sujets distillés en filigrane. Sa dynamique inconstante et ses airs de déjà vus ternissent un peu le spectacle d’un film qu’on imaginait bien plus engagé. Là où « Lincoln », « Munich » ou « Amistad » nous offraient un regard neuf d’un pan de l’Histoire, « The Post » survole une histoire qui aurait mérité un peu plus de densité. Au dernier film de Spielberg, nous préférons largement des réalisations assumées telles que « Spotlight » ou encore « Les Hommes du Président » bien que quiconque pousserait la porte de sa salle en cette fin de mois de janvier, en aura pour son argent. Date de sortie en Belgique/France : 24 janvier 2018 Durée du film : 1h55 Genre : Drame/Thriller Titre original : The post Résumé du film : La BBC vous emmène durant une journée dans un magnifique voyage visuel à travers notre splendide planète en vous montrant d’innombrables animaux d’une manière inédite. Le recours aux technologies les plus récentes (caméras de nuit, caméras sous-marines, enregistrements image par image fascinants) fait de ce film une authentique fête visuelle. Les animaux sont montrés de si près que le spectateur est véritablement plongé dans leur monde, révélant ainsi leurs instincts et leur stratégie de chasse. Note du film : 8/10 (par Véronique) Avis : « On pourrait l’appeler la planète chance car, grâce à l’alternance de la nuit et la lumière, elle permet la vie : la Terre ! » Ce sont sur ces très belles paroles que s’ouvre le nouveau documentaire dédié à la faune et la flore de notre planète. D’une toute grande beauté, ce long métrage estampillé BBC nous fait voyager, des zones polaires à la forêt équatoriale pour (re)découvrir un écosystème riche où chaque être vivant tient une place de choix. Du lever du soleil, et son accueil par les animaux diurnes (et nocturnes), à la nuit avancée où dansent des aurores boréales, nous suivons un cycle solaire qui rythme la vie d’une multitude d’espères animales extraordinaires : zèbre, panda, narval, ours brun, cachalot, paresseux nain, manchot, iguane marin, colibri pour n’en citer que quelques-uns. Devenus les vedettes d’un documentaire coloré, ces animaux évoluent sous nos yeux de témoins privilégiés. Durant une bonne heure trente, nous voilà plongés au coeur d’une nature qui se régule et s’équilibre par le temps qui passe, la chaîne alimentaire ou le cycle de la vie. Les mouvements de ralentis ou au contraire, des accélérations temporelles sublimes mettent en scène la vie de petits ou grands êtres vivants. Le suspense des scènes de chasse ou celui des luttes pour s’approprier un territoire (parfois hostile), la tendresse d’une maternité animale ou au contraire, l’amusement de découvrir des comportements pour le moins surprenants raviront la famille entière. Commentées par Patrick Ridremont (ou Robert Redfort dans la version originale), les images défilent sous nos yeux grands ouverts et émerveillés dans une mise en scène classique mais rythmée. Et que dire des musiques qui subliment ces instantanés de vie captés au quatre coins de notre planète ? Elles sont tout simplement grandioses, à l’image du spectacle qui s’anime sous nos yeux. Richard Dale, Lixin Fan et Peter Webber ont mis des années à filmer cette nature parfois capricieuse et nous offrent un documentaire de grande qualité. Si le sentiment de déjà vu pourrait surprendre certains spectateurs, le trio de réalisateurs a su prendre un angle original et nous tend un vrai fil conducteur : la lumière du jour. Tantôt salvateurs (surtout dans les régions polaires), tantôt énergétiques, les rayons du soleil ne sont pas perçus de la même manière dans le grand Nord ou dans les régions arides. Si la nature toute entière a su s’organiser autour de ce rythme temporel, le documentaire nous rappelle aussi que sa débrouillardise n’empêche pas de la rendre chaque jour un peu plus fragile. Notre planète chance a permis à des multitudes d’espèces de vivre. A nous de leur permettre de continuer à s’épanouir. Date de sortie en Belgique : 24 janvier 2018 Date de sortie en France : 5 septembre 2018 Durée du film : 1h33 Genre : Documentaire Titre original : Earth: One Amazing Day Résumé du film : Après Charlie et la Chocolaterie, une nouvelle adaptation d’un livre de Roald Dahl par les producteurs du Gruffalo et Monsieur Bout-de-Bois ! Comment réinventer les contes de fées avec humour et intelligence... Imaginons que Le Petit Chaperon Rouge et Blanche-Neige soient de vieilles copines... Elles feraient alliance pour se débarrasser de prédateurs affamés ou d’une belle-mère meurtrière. Et que ferait Jacques (celui du haricot magique) s’il avait Cendrillon pour charmante voisine ? Un loup aux allures de dandy nous raconte… Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Amateurs des courts métrages pour enfants (certains étant de véritables pépites) c’est en toute confiance que nous avons abordé ces «contes » revisités et mis en scène de façon efficace par Jakob Schuh, Jan Lachauer et Bin-Han To. Mais notre enthousiasme n’a pas été aussi important que pour les autres programmes proposés par « Le parc distribution ». Le rythme, le sujet et le découpage ne nous ont pas autant touché qu’espérer. Il n’empêche, l’imagerie, l’humour et les saynètes présentées amuseront sans aucun doute les petites têtes blondes qui découvriront ces contes pas comme les autres. « Charlie et la chocolaterie », le « Bon Gros Géant » « Matilda », « Fantastic Mr Fox » ou encore « Les sorcières », nombreuses sont les adaptations cinématographiques des œuvres de Roald Dahl. « Un conte peut en cacher un autre » manquait à l’appel mais c’est à présent chose faite. Avec leur film d’animation d’une petite heure, Schuh, Lachauer et To rendent hommage au récit du célèbre écrivain britannique. Publié en 1982 chez Gallimard-jeunesse, « Un conte peut en cacher un autre » détourne les contes populaires et leur donne une toute autre direction. Ainsi, Cendrillon est la voisine de Jack (et le haricot magique), le Petit Chaperon rouge traque les loups et est la meilleure amie de Blanche- Neige… Mais les histoires ne sont pas les seules à avoir une identité particulière : le récit est entièrement écrit en vers. Ces caractéristiques, on les retrouve toutes dans le métrage d’animation. Un loup vient raconter l’histoire de ses trois neveux, « injustement » tués et espère se venger du Petit Chaperon Rouge, responsable de leurs morts… Avouez que l’angle est singulier… Très beau visuellement, le récit est découpé en deux parties distinctes, d’une petite demi-heure chacune. L’esprit fidèle au bouquin et l’exercice de style assez réussi mais il manque cependant un petit quelque chose pour nous passionner réellement. Sympathique, « Un conte peut en cacher un autre » est malgré tout est un cran en dessous ce qu’on a l’habitude de voir. Les cinéphiles en herbe seront sans doute moins exigeants que nous et apprécieront certainement les récits contés par le loup. Adapté aux enfants de plus de six ans, le film est, comme souvent, l’occasion de vivre un beau moment ciné en famille. Date de sortie en Belgique : 24 janvier 2018 Date de sortie en France : 11 octobre 2017 Durée du film : 1h01 Genre : Animation Résumé du film : Dans le tout nouveau film d’aventures « Jumanji : bienvenue dans la jungle », le destin de quatre lycéens en retenue bascule lorsqu’ils sont aspirés dans le monde de Jumanji et transformés en avatars avec des compétences particulières. Pour revenir dans le monde réel, il va leur falloir affronter les pires dangers et triompher de l’ultime aventure. Sinon, ils resteront à jamais prisonniers de Jumanji… Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Après une belle série d’avant-premières organisée depuis quelques semaines dans les grands complexes cinés, « Jumanji : bienvenue dans la jungle » s’offre au grand public, déjà venu découvrir en masse la version 2.0 du célèbre film sorti… en 1995 ! A l’époque, Joe Johnson avait frappé fort avec son adaptation du roman pour enfants, à tel point que vingt ans plus tard, la résonance de quelques tambours et la découverte du plateau de jeu font vibrer les jeunes cinéphiles devenus un peu plus grands. Qu’en est-il alors de ce Jumanji 2 ? Etonnamment, alors que nous nous attendions à un nouvel opus décevant voire complètement raté, nous nous sommes prêtés au jeu de cette pseudo suite et avons pris pour argent comptant ce que Jake Kasdan (« Orange County », « Sex Tape » ou « Bad teacher ») avait à nous offrir. En effet, si quelques références au film initial se révèlent çà et là, ce deuxième volet est un long-métrage totalement à part où aventure, humour et action sont bien au rendez-vous. Le film s’ouvre d’ailleurs en 1996, avec la disparition d’un certain Alex Vreeke, adepte de jeu vidéo super Nes. Vingt ans plus tard, une bande de lycéens se retrouvent collés et contraints à nettoyer le sous-sol de leur école. Mais alors qu’ils découvrent une vieille console de jeux, les voilà aspirés et parachutés dans le jeu « Jumanji » qu’ils venaient d’essayer. Commence alors leur incroyable aventure au cœur d’une jungle hostile et peuplées d’étranges créatures. Jack Black, Dwayne Johson, Kevin Hart et Karen Gillan sont les avatars de cette bande d’adolescents, très stéréotypés, prisonniers du célèbre jeu. Un geek, une intello, un sportif costaud et une addict des réseaux sociaux, il n'en fallait pas plus pour que chaque jeune spectateur s’identifie à un héros. Sauf que Spencer, Martha, Fridge et Bethany n’ont plus leurs corps d’adolescents et sont devenus des experts- aventuriers aux capacités bien particulières. C’est dans cette idée que résident tout l’intérêt et le potentiel comique du film. Leurs avatars révéleront une part de leur personnalité enfuie mais n'occulteront pas totalement leurs inquiétudes et attitudes d’avant. Jack Black et Dwayne Johson assurent d'ailleurs dans leur rôles et font (sou)rire la salle à de nombreuses reprises. Malgré tout, si on s’amuse des quiproquos et situations rocambolesques des héros, le côté poussif de certaines situations vient gâcher une partie du plaisir. Le film aurait gagné à faire preuve d’un peu plus de sobriété et... d’originalité. Si les codes du jeu vidéo sont respectés (et on apprécie d’ailleurs leur mise en scène et les petites trouvailles du scénario), les aventures de la bande un peu foireuse ont un petit air de déjà vu et ne révolutionne absolument pas le genre. Même la musique semble tout droit sortie du registre du grand John Williams. L’intrigue est totalement convenue, les facilités se succèdent… le divertissement est présent mais il manque un petit brin d’audace pour que le film nous parle réellement. Malgré tout, on admet que le jeu des acteurs (« petits » ou grands), l’humour du personnage de Kevin Hart (Mouse) et l’intégration des effets spéciaux font mouche. Même le dégoûtant méchant (interprété brillamment par Bobby Cannavale) trouve sa place dans cette histoire romanesque que l'on suit sans rechigner. Que retenir alors de ce fameux « Jumanji 2 »? Que le film n’est pas réellement une suite mais un petit hommage au film de notre enfance/adolescence mais aussi et surtout au monde des jeux vidéo. Qu'il divertira assurément les familles venues découvrir les aventures des adolescents intrépides et allie gentiment humour et action. Bref, un long-métrage qui vaut finalement la peine d’être vu malgré toutes les réticences que nous pouvions avoir à la vue de sa bande annonce. La preuve est faite qu’il ne faut pas toujours se fier aux apparences et que l’on peut encore être surpris… C'est dit. Date de sortie en Belgique : 31 janvier 2018 Date de sortie en France : 20 décembre 2017 Durée du film : 1h59 Genre : Aventure Titre original : Jumanji : welcome to the jungle. Résumé du film : Moonee a 6 ans et un sacré caractère. Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney world, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents. Ses incartades ne semblent pas trop inquiéter Halley, sa très jeune mère. En situation précaire comme tous les habitants du motel, celle-ci est en effet trop concentrée sur des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien… Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Il y a des films qui présentent l’Amérique dans tout ce qu’elle a de brut, d’authentique, où l’American Dream est absent et qui nous montre le quotidien déplorable d’une tranche de la population oubliée (ou reniée). « The Florida Project » en fait partie. Dans son dernier film, Sean Baker, évoque la vie de ces familles (ou mères célibataires) qui triment pour survivre dans des motels, des habitats précaires (et espérons-le temporaires) devenus des micro-ghettos où les exclus de la société trouvent un refuge, un toit, aussi exigu soit-il. Durant près de deux heures, Sean Baker nous montre qu’à deux pas de Disney World, la réalité ne fait pas toujours rêver… Lauréat du Prix du Jury du festival du cinéma américain de Deauville pour son film « Tangerine », Sean Baker a su démontrer que le cinéma de genre a encore une place de choix dans le cinéma outre-atlantique. Après un premier film entièrement réalisé avec son smartphone, le jeune réalisateur révolutionne un peu plus le cinéma indépendant en présentant un sujet d’envergure. Cette fois, il nous plonge dans le quotidien d’une partie de l’Amérique paupérisée où repères et éducation peinent à s’installer. Presque documentarisé, « The florida project » nous fait découvrir, par l’œil de sa caméra, un microcosme particulier où enfants, familles, mères célibataires et touristes de passage se cotoient et co-habitent des nuits, des jours ou des mois durant. Ainsi, le spectateur fait rapidement la rencontre de Moonee, une fillette de 6 ans mais aussi de ses camarades de jeux et de sa maman Halley (la convaincante Bria Vinaite). Livrés à eux-même pendant que leurs parents s’adonnent à des activités professionnelles (plus ou moins légales), la gamine et sa bande n’ont d’autres idées que passer leur temps à accomplir de nombreuses bêtises (anodines ou bien plus graves). De quelques crachats sur le pare-brise d’une voiture à l’incendie d’une maison abandonnée, nombreuses sont les péripéties de ces petits délinquants en devenir. Mais peut-on vraiment les blâmer ? Moonee n’a aucun repère éducatif, sa jeune maman étant tout aussi immature qu’elle. Et on le sait, un enfant qui s’embête peut être capable des pires bêtises. Si les frasques de ce gang en culotte courte est au centre de son film, Sean Baker dépeint aussi (et surtout), une Amérique à deux vitesses (ou plutôt à deux revenus), où les uns s’amusent dans le parc d’attraction du coin pendant que d’autres peinent à recourir à leurs besoins. Le soleil, les couleurs flash du Magic Castle Motel, le calme de l’été contrastent avec la misère des ces familles de passage. Mais heureusement, celles en perte de repères peuvent compter sur la présence de Bobby (excellent et touchant Willem Dafoe), le responsable du motel. S’il n’excuse aucun des actes des petits (ou grands pensionnaires), il veille à leur sécurité et à leur rappeler les règles qui régissent notre société. On comprend dès lors que, lorsque la nation délaisse les plus nantis, on peut compter sur des citoyens modestes pour les sortir peu à peu de la situation précaire dans laquelle certains se sont enlisés. Sujet intéressant, réalisation exemplaire, il semblerait que « The florida project » soit un film totalement abouti… Pas vraiment. Si le casting de base est performant, on regrette le jeu excessif des enfants qui peuvent par moments énerver une bonne partie des spectateurs. Les actions inexcusables, la minimisation des faits par les parents, le manque d’éducation et de conscientisation de tous ces actes peuvent heurter. Mais rappelons-le, notre modèle éducatif et notre mode de vie ne sont pas universels… chacun fait ce qu’il peut avec les moyens qu’il a. Sean Baker nous le présente d’ailleurs avec maestria. Date de sortie en Belgique : 17 janvier 2018 Date de sortie en France : 20 décembre 2017 Durée du film : 1h51 Genre : Comédie dramatique Résumé du film : Au cours d’un sommet rassemblant l’ensemble des chefs d’état latino-américains dans un hôtel isolé de la Cordillère des Andes, Hernán Blanco, le président argentin, est rattrapé par une affaire de corruption impliquant sa fille. Alors qu’il se démène pour échapper au scandale qui menace sa carrière et sa famille, il doit aussi se battre pour des intérêts politiques et économiques à l’échelle d’un continent. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Film politique où faux-semblants et stratégies abondent, « El presidente » de Santiago Mitre joue sur plusieurs tableaux. Entre histoire de famille, scandale et tactique politique, le dernier long métrage du réalisateur argentin surfe sur un récit fictif teinté de touches réalistes. Durant près de deux heures, nous suivons le Président argentin Hernán Blanco dans un sommet de grande envergure où les représentants des pays d’Amérique latine doivent décider si une alliance internationale peut voir le jour autour d’une ressource capitale : le pétrole. Bien sûr, chaque pays a son idée sur les intérêts qu’il peut tirer d’une telle union et c’est ainsi que les (tentatives de) corruptions, pressions, tactiques et négociation se mettent en place dans cet hôtel isolé dans la Cordillère des Andes. Nous voilà au cœur du pouvoir, assis aux côtés des plus hauts dignitaires latinos, à attendre le vote ultime, dans un suspense dont seul le Santiago Mitre a le secret. Il faut dire que ce genre de thématique n’a pas souvent été exploité au cinéma et l’Argentin le fait ici d’une bien belle façon. Mais à côté de cet aspect purement politique, on découvre la personnalité du Président Blanco, fraîchement arrivé dans un poste à haute responsabilité après quelques mandats régionaux. Attentif, calme et réfléchi, Hernán doit faire face à la pression des négociations mais aussi et surtout à quelques déboires familiaux touchant de près sa fille Marina. Instable psychologiquement, la jeune femme est d’ailleurs conviée auprès de son père, afin que la lumière soit faite sur les faits qui lui sont reprochés. Mais la fille du Président n’a pas un caractère facile et ses démons intérieurs se révèlent chaque jour un peu plus inquiétant. Pour interpréter Hernán Blanco, le fameux Président, on peut compter sur un Ricardo Darin sans faille. Le comédien (vu dans le film « Dans ses yeux ») fait preuve d’une assurance remarquable et confère une stature appréciable à son personnage taillé sur mesure. Dolores Fonzi convainc elle aussi dans le rôle de Marina, cette jeune femme en perte totale de repères. Le duo père/fille fonctionne même si les relations qui les unissent sont branlantes. Dans les seconds rôles, notons la présence de Christian Slater en vil négociateur américain aussi crédible que le reste du casting qui frôle le sans faute. Mais, s’il est intéressant à découvrir, le film n’est cependant pas exempt de défauts. Malgré son atmosphère bien plantée et ses enjeux clairement identifiés, on ne peut s’empêcher de décrocher à quelques reprises ou de regarder notre montre en se demandant quand viendra le dénouement de l’histoire. Un peu trop éparses, les intrigues auraient gagné à être plus condensées et équilibrées pour que notre attention soit totale. Cela étant dit, « El Presidente » vaut le détour pour la prestation irréprochable de ses acteurs et l’audace de présenter un film sur les coulisses d’un pouvoir où malgré les apparences, la transparence n’a pas encore totalement sa place. Date de sortie en Belgique : 17 janvier 2018 Date de sortie en France : 3 janvier 2018 Durée du film : 1h55 Genre : thriller politique Titre original : La cordillera Résumé du film : Travis Conrad est un tueur à gage solitaire au service d’une agence secrète. Lorsqu’il meurt au cours d’une mission dangereuse, les docteurs de l’agence réussissent à le ramener brièvement à la vie pour obtenir des informations cruciales de Travis. Travis se rend compte qu’il n’a plus que 24 heures à vivre et il décide, au cours de cette période, de venger la mort de sa femme et de son petit enfant. Mais il croise alors la route d’un super espion chinois qui l’a tué auparavant… Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Parmi les films de janvier qui divisent, on trouve « 24h limit » de Brian Smrz. Son film d’action ne révolutionne en effet pas le genre et ne marquera pas 2018 de son empreinte. Néanmoins, les adeptes de gunfight, de courses poursuites et de trahisons pourraient y trouver un certain intérêt. Le nôtre résidait dans la façon dont Ethan Hawke allait aborder ce rôle… et on se doit de le dire, pour notre part, nous n’avons pas trouvé cela aussi mauvais qu’on ne le pensait. En effet, « 24h limit » remplit une bonne partie du cahier des charges et s’aligne sans souci dans le répertoire des films de genre thriller/action saupoudrée d’un chouïa de science-fiction. Si on regrette le manque de densité de certains personnages, les absences de surprise, les verbiages et les raccourcis scénaristiques, on ne crache pas pour autant dans la soupe et prenons la prochaine lampée sans rechigner. Ethan Hawke ne signe pas sa meilleure performance (sa fabuleuse interprétation dans « Maudie » reste encore gravée dans nos mémoires) c’est certain, mais il ne démérite pas et fait le job avec ce qu’il faut de ténacité, d’efforts physiques et de conviction. Nous le suivons dans ses pérégrinations avec confiance et abordons son destin, presque tragique, sereins. Par contre, quel ne fut pas notre étonnement de constater que le pitch du film et l’intrigue présentée n’étaient pas totalement raccords : aucun super espion chinois à l’horizon ni histoire de vengeance familiale… juste une agent d’Interpol originaire de Hong Kong et un deuil difficile à faire… Remettons donc l’église au milieu du village : Travis est un ancien agent volontairement mis en retraite temporaire suite à la perte tragique de sa femme et son fils. Alcoolisé et soulagé par un petit snif de poudre blanche de temps à autre, notre ancien agent spécial coule des jours malheureux en Floride, aux côtés de son beau père bienveillant (Rutger Hauer). Jusqu’à ce que l’agence qui l’employait lui demande de réaliser un dernier contrat juteux. Si on ne comprend pas exactement pourquoi son employeur s’obstine à le remettre en selle, on sait par contre que Travis Conrad n’a pas totalement rouillé durant sa mise à pied volontaire. Le voilà donc parachuté en Afrique du Sud, à la recherche d’un témoin gênant qu’il doit éliminer coûte que coûte. Sur sa route, il croise Lin Bissett (l’inconstante mais pas inconsistance Xu Qing) et son ex-compagnon d’armes le Major Jim Morrow (Paul Anderson - connu notamment pour son rôle de Arthur Shelby dans « Peaky Blinders » - qui en fait parfois trop). Prévisibles, les histoires croisées de ces trois personnages principaux s’accordent pour donner un film punchy, court et respectable. « 24h limit » n’est pas beaucoup distribué dans nos salles belges et nous ne regrettons pas que ça ne soit pas plus le cas. Les tirs, les cascades, les traits d’humour et les renversements de situation en font un bon film d’action. Si c’est bien un Ethan qui tient le haut de l’affiche, il n’a rien de commun avec un certain Ethan Hunt et pour cause, ils ne jouent pas dans la même cour. « 24 Hours to live » (titre original bien mieux adapté à la thématique du film) est à prendre pour ce qu’il est : un divertissement correct sans prétention que l’on regarde sans détourner notre attention. Date de sortie en Belgique/France: 17 janvier 2018 Durée du film : 1h33 Genre : Action/thriller Titre original : 24 hours to live Résumé du film: Homme politique brillant et plein d’esprit, Winston Churchill est un des piliers du Parlement du Royaume-Uni, mais à 65 ans déjà, il est un candidat improbable au poste de Premier Ministre. Il y est cependant nommé d’urgence le 10 mai 1940, après la démission de Neville Chamberlain, et dans un contexte européen dramatique marqué par les défaites successives des Alliés face aux troupes nazies et par l’armée britannique dans l’incapacité d’être évacuée de Dunkerque. Alors que plane la menace d’une invasion du Royaume- Uni par Hitler et que 200 000 soldats britanniques sont piégés à Dunkerque, Churchill découvre que son propre parti complote contre lui et que même son roi, George VI, se montre fort sceptique quant à son aptitude à assurer la lourde tâche qui lui incombe. Churchill doit prendre une décision fatidique : négocier un traité de paix avec l’Allemagne nazie et épargner à ce terrible prix le peuple britannique ou mobiliser le pays et se battre envers et contre tout. Note du film : 8/10 (par François) Avis: Après le très réussi “Dunkerque” de Christopher Nolan, “Les heures sombres” du Britannique Joe Wright se veut résolument complémentaire puisqu'il met en lumière Winston Churchill. Celui-là même qui a tenu tête aux dignitaires (Chamberlain - très bon Ronald Pickup - et le vicomte de Halifax -tout aussi convaincant Stephen Dillane- en tête) et aux hauts gradés pour sortir les soldats anglais de la plage française. Le vieux lion, qui nous apparaît fatigué au début du film, reprendra très vite du poil de la bête pour notre plus grand plaisir, et ce, sous le poids de ses responsabilités ! Gary Oldman, déjà primé aux Golden Globes en ce début d’année, nous livre une performance ahurissante! Grimé (3 heures de maquillage étaient nécessaire pour créer le personnage), il cristallisera l’écran à chacune de ses apparitions. Cela tombe bien car il est de presque tous les plans ! Jamais nous ne voyons l’immense acteur mais bien un vieux monsieur grincheux qui retrouvera toute son autorité à mesure qu’il accomplit sa tâche! Prodigieux ! Aux côtés de tout grand homme se trouve une femme et ce n'est pas ce biopic qui inversera la tendance. Dans le rôle de Clémentine, l'épouse de Winston depuis 31 ans, nous retrouvons la toujours très juste Kristin Scott Thomas. Ensemble, ils se battront pour défendre le pays des griffes du nazisme. Et face à la violence déversée en Europe, Winston ne pourra compter que sur le pouvoir des mots pour raviver la flamme qui brûle en chacun de ses concitoyens. Sa secrétaire, Elisabeth Layton (Lilly James) lui sera d’une grande aide dans ces heures sombres de notre histoire. Le film montrera bien sûr l'homme, mais aussi ses doutes, ses tourments, mais aussi, son addiction pour l'alcool désormais de notoriété publique. En cela le film n’est pas trop lisse puisqu’il égratigne son héros et ce n’est que tant mieux ! La réalisation de fort belle facture est très classique voire académique dans sa forme même si les mouvements de caméra rendront le tout parfaitement dynamique. Un bon point tant le film est verbal. Des moments de stress, de tension et de réflexion aliment le film. Au fil des heures, on prend conscience que la vie de millions d’hommes ne dépend que de la décision d’un seul. Les enjeux sont énormes, leur présentation réussie : les coulisses du pouvoir s’offrent aux spectateurs avec une certaine accessibilité à tel point qu’on ne voit pas le temps passer. Avec « Les heures sombres », Joe Wright nous livre un biopic de grande qualité. A la fois dynamique dans sa réalisation et classique dans son approche, il entrainera le spectateur au cœur des opérations du vieux lion en lui permettant d’être le témoin privilégié des décisions critiquées à l’époque par une large frange des parlementaires, mais qui sauveront l’Europe d’un naufrage certain ! Instructif, parfaitement joué et réalisé, il donc fascinant ! Date de sortie en Belgique : 17 janvier 2018 Date de sortie en France : 3 janvier 2018 Durée du film : 2h06 Genre : Biopic, film historique Titre original : Darkest hour Résumé du film : Pour lutter contre la surpopulation, des scientifiques mettent au point un processus permettant de réduire les humains à une taille d’environ 12 cm : le "downsizing". Chacun réalise que réduire sa taille est surtout une bonne occasion d’augmenter de façon considérable son niveau de vie. Cette promesse d’un avenir meilleur décide Paul Safranek et sa femme à abandonner le stress de leur quotidien à Omaha (Nebraska), pour se lancer dans une aventure qui changera leur vie pour toujours. Note du film : 8/10 (par François) Avis : Véritable bouffée d’air frais dans l’actualité cinématographique, « Downsizing », le nouveau film d’Alexander Payne (réalisateur des géniaux « Sideways » et « Nebraska ») se veut résolument ambitieux ! Et pour cause, la miniaturisation au cinéma est toujours l’occasion de nous en mettre plein les yeux ! Jugez plutôt : « Chérie, j'ai rétréci les gosses », « L’aventure intérieure » et bien sûr le récent « Ant-Man » sont autant d’exemples qui ont marqué nos mémoires. Pour autant, que vaut celui-ci ? Prêt pour le grand voyage ? Alors, enlevez tous vos objets métalliques et lorsque vous vous réveillerez, n’espérez pas dépasser 12 cm. C’est alors tout un nouveau monde qui vous sera donné à voir. Si le film d’Alexander Payne est aussi prometteur sur le papier, c’est parce qu’il se propose d’aborder beaucoup de thématiques intéressantes parmi lesquelles : le niveau, le genre et l’idéal de vie, l’écologie, ou encore le gaspillage… Globalement, tout ce qui découle de notre mode de vie effréné ! Dans les faits, même si ces sujets sont abordés, ils sont surtout effleurés et c’est là où le bât blesse : on sent que le spectacle visuel aurait aussi pu être un beau spectacle…réflexif. Néanmoins d’excellentes idées sont traitées avec beaucoup d’adresse comme ces scènes qui témoignent que, dans toute nouvelle société utopiste, la reproduction des inégalités n’est jamais bien loin. Comme pour montrer qu’il y a toujours un envers du décor… Intelligent ! Cependant, dans sa seconde partie, le film semble développer une seconde intrigue plus conventionnelle et assez éloignée de l’idée de base. Dommage. Quant à Alexander Payne, il aime ses comédiens et nous le montre à chaque instant ! Sa caméra se pose sur eux avec beaucoup de bienveillance. D’ailleurs, le spectacle est assuré haut la main par le comédien principal : Matt Damon. Nous croyons en son rôle et sa performance est très convaincante. Il en va de même pour sa partenaire à l’écran Kristen Wiig. Quant aux autres protagonistes, ils donneront tout le sel de cette très belle aventure miniature : le savoureux polyglotte Christoph Waltz (Dusan Mirkovic) cabotine toujours pour notre plus grand plaisir et son acolyte Udo Kier (Konrad) remplit également fort bien son contrat. Aussi, quand des guests font leur apparition, cela nous amuse fortement : Neil Patrick Harris et Laura Dern en tête ! Mais la véritable révélation du film reste Hong Chau qui nous livre une performance extrêmement forte. Saluons le fait qu’il ne s’agisse que de son deuxième film. Et pourtant, quel jeu ! Son rôle de militante révolutionnaire est on ne peut plus touchant ! Pour son nouveau film, le réalisateur intègre à merveille le numérique si bien que jamais nous ne doutons de l’existence de ce microcosme utopique ! C’est un bon point pour la technique qui est ici totalement au service de l’intrigue et non un faire-valoir comme bien trop souvent au cinéma ! Pour toutes ces raisons, « Downsizing » nous apparaît comme étant un film extrêmement agréable. Sorte de plaisir coupable qui se savoure aisément, l’intrigue aurait cependant mérité d’être davantage développée. Et vous ? Ferez-vous ce voyage un peu fou aux côtés de ces personnages attachants ? Date de sortie en Belgique : 17 janvier 2018 Date de sortie en France : 10 janvier 2018 Durée du film : 2h16 Genre : Comédie Résumé du film : La Méditerranée, l'été: une mer d'azur, un soleil de plomb... et 250 kilos d'or volés par Rhino et sa bande! Ils ont trouvé la planque idéale: un village abandonné, coupé de tout, investi par une artiste en manque d'inspiration. Hélas, quelques invités surprises et deux flics vont contrecarrer leur plan: ce lieu paradisiaque, autrefois théâtre d'orgies et de happenings sauvages, va se transformer en un véritable champ de bataille... impitoyable et hallucinatoire! Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Hélène Cattet et Bruno Forzani ont déjà marqué le paysage cinématographique de leur empreinte artistique avec « Amer » et « L’étrange couleur des larmes de ton corps », deux films du genre giallo déconcertants mais extrêmement maîtrisés. Avec « Laissez bronzer les cadavres », le duo de réalisateurs réussit à relever un nouveau défi en proposant un thriller/western pas piqué des vers. Si l’histoire semble convenue, vue et revue, sa réalisation et son atmosphère presque psychédélique font de leur troisième long-métrage un ovni dont on sort la tête à l’envers, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Il faut dire que le travail technique réalisé sur le film en pré et post-production est conséquent : du montage au son, tout se calque avec une précision d’horloger sur des images très travaillées, oscillant entre mythe et réalité. Les plans larges ou rapprochés en 16 mm sont de toute beauté et certains chapitres illusoires enivrent presque la salle par leur sensualité… Le crissement du cuir des tenues des gendarmes fraîchement arrivés, les explosions et tirs à foison, le cliquetis des lingots d’or claquent dans nos oreilles entre deux musiques issue de la bande originale du film « La route de Salina » écrite par un certain…. Christophe ! L’immersion est totale, le show assumé et le spectateur happé dans une heure trente d’expérience ciné presque inédite. Mais sans compter sur ces « gueules » qui accompagnent une intrigue très découpée. Bernie Bonvoisin (« Gros », un personnage tragi-comique malgré lui), Stéphane Ferrara (en chef de bande détestable), Elina Löwensohn (dans toute sa superbe) ou encore les Belges Pierre Nisse et Michelangelo Marchese se mettent au pas d’une prouesse d’acting exigeante et ça marche ! Lancés dans une sorte de paintball géant (mais à balles réelles), leurs personnages s’affrontent, s’allient et se trahissent dans un jeu de dupes qui prend aux tripes (dans tous les sens du terme). « Laissez bronzer les cadavres », c’est une œuvre d’art (résolument) moderne qui se donne à voir et se livre généreusement. Un tableau animé auquel chacun donnera du sens, selon son approche ou ses références. Très structuré (le découpage horaire l’atteste dans une bonne partie du film) cet exercice de style marque ses spectateurs sortis presque hagards de cette petite gunfight sous le cagnard. S’il aurait gagné à être présenté sur une forme de moyen métrage, le film (adapté du roman éponyme de Jean-Patrick Manchette et Jean-Pierre Bastid ) a une patte et une intelligence indéniables. Véritable expérience sensorielle, le film d’Hélène Cattet et Bruno Forzani s’adresse à un public de cinéphiles avertis et démontre qu’un cinéma de genre osé, assumé et barré peut encore avoir sa place alors qu’on pensait que tout avait déjà été tenté. Ce serait bien mal connaître le duo intrépide de jeunes réalisateurs visionnaires et aventureux, qui, on en est certain, nous réserve encore quelques belles surprises. Date de sortie en Belgique : 10 janvier 2017 Date de sortie en France : 18 octobre 2017 Durée du film : 1h30 Genre : Western / thriller Résumé du film : Daphne a 31 ans, trop jeune pour s’établir, trop âgée pour vivre comme elle vit, sans but. Les longues nuits, l’alcool et les différents amants sont une distraction bienvenue pour la question : qu’est-ce que je veux ? Un événement imprévu la force lentement mais sûrement à faire face à sa vie. La confrontation avec elle-même est inévitable. Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Avis : Daphné est une jeune femme comme une autre. Elle travaille dans un restaurant le jour, sort en boite la nuit, séduit pas son physique avantageux mais ne ressent pas de sentiment amoureux. Evoluant dans la ville de Londres comme une ombre, la jeune femme est aussi discrète que tranchante dans ses réponses. Bref, Daphné est à la fois singulière et étrangement familière. Blasée, la toute jeune trentenaire ne semble pas (ou plus) trouver d’étincelle dans sa vie. Ses changements récurrents d’amants, ses soirées arrosées et ses lignes de coke sont autant de tentatives de réanimation, en vain… Si elle aime philosopher sur l’amour (avec un grand ou un petit "a"), Daphné le cherche toujours. Inconsciente de son mal-être, la jolie rousse recevra cependant un véritable électrochoc, lorsqu’une nuit des plus ordinaires, elle assiste au braquage violent d’une épicerie de quartier. La distance qu’elle gardait entre ses sentiments se réduit considérablement et c’est un travail sur elle-même qui débute inévitablement. Cette jeune femme au caractère bien trempé, qui aime lire Zizek (un philosophe slovène), manger indien, élever un serpent dans son appartement et envoyer balader sa mère se voit confrontée à tout ce qu’elle a refusé de voir jusqu’ici : la triste banalité de sa vie. La force du (premier) film de Peter Mackie Burns ne réside pas tant dans son histoire qui, il faut l’avouer, n’a rien d’exceptionnel. Ce qui en fait un métrage digne d’intérêt, c’est assurément la prestation impeccable de son interprète principale : Emily Beecham. Au contraire de son héroïne, qui évolue dans un univers superficiel, la comédienne a bien les pieds sur terre et assure sa performance sans bémol, avec une justesse et un cynisme qui impressionnent. Emily Beecham a cerné les traits de caractère de son personnage et nous le démontre dans chacune de ses scènes. A n’en pas douter, l’actrice britannique démarre ici une belle carrière prolifique. Quant à la réalisation, elle n’a rien d’excentrique et reste même plutôt classique. Le détachement qu’à la caméra sur le personnage de Daphné crée un vide, une distance entre le spectateur et l’héroïne, à l’image des sentiments qui l’habitent. Le rapprochement visuel n’a d’ailleurs lieu que dans une des dernières scènes de confidence (faite à son psy), où la réconciliation avec son entourage et elle-même semble être en marche. Les petits flottements dont fait preuve film s’effacent petit à petit, laissant la place à un humour grinçant et on pourrait s’en étonner, à une sorte d’attachement pour le personnage, aussi antipathique puisse-t-il être au départ. Peut-être parce que Daphne n’est pas sans nous rappeler des personnes croisées sur nos routes, ou parfois même un petit reflet de ce qu’on a été. Résolument moderne, cette femme libérée nous montre combien l’indépendance financière, familiale ou sentimentale est loin d’être une finalité. Elle questionne, ouvre des portes, sans pour autant les enfoncer. « Daphne » est un premier film concluant mais loin d’être bouleversant, qui se laisse voir pour la prestation efficace de son actrice principale : Emily Beecham ! Date de sortie en Belgique : 10 janvier 2018 Durée du film : 1h27 Genre : Drame Résumé du film : Après des mois sans que l'enquête sur la mort de sa fille ait avancé, Mildred Hayes prend les choses en main, affichant un message controversé visant le très respecté chef de la police sur trois grands panneaux à l'entrée de leur ville. Note du film : 9/10 (par François) Avis : Dernier film de Martin McDonagh (on lui doit l’excellent « L’Irlandais », le très moyen « 7 psychopathes », mais aussi le surprenant « Bons baisers de Bruges ») ; « 3 billboards : les panneaux de la vengeance » est un film plein de promesses ! D’ailleurs il ne passa pas inaperçu à la dernière Mostra puisqu’il remporta le Prix du meilleur scénario. Certains voient dans ce film la patte des frères Coen et ils n’auront pas tort ! Un combat pour la vérité… D’entrée de jeu, nous arpentons la route secondaire menant à la petite ville d’Ebbing aux côté de l’héroïne Mildred Hayes (l’ultra convaincante Frances McDormand, véritable mère courage). Soudain, nos yeux et surtout ceux de Mildred se posent sur trois panneaux routiers. Trois panneaux laissés depuis de nombreuses années à l’abandon mais synonymes d’espérance. En effet, quel déchirement plus grand encore qu’une vie qui continue inexorablement sans son enfant ? Cela fait neuf mois que la fille de Mildred a été violée puis tuée sans que rien ne bouge. Alors oui, ces panneaux, l’espace d’un instant, représentent l’espoir de faire avancer une enquête qui piétine.
Vous l’aurez compris, cette histoire retrace d’une bien belle façon le « combat » d’une mère dans sa quête de vérité. Car désormais pour elle, sans éclaircissement sur cette affaire, aucun deuil ne sera possible ni même envisageable. Un beau film à la douce folie… Si le film marque les esprits, c’est aussi parce que le réalisateur parvient à saupoudrer le tout d’un ton délicieusement sarcastique qui reflète de façon très pertinente une certaine mentalité qui subsiste encore dans le sud des Etats-Unis. D’ailleurs la figure qui représente le mieux cet état de pensée est interprété à l’écran par l’excellentissime Sam Rockwell (« Moon », « Les associés », « Bienvenue à Collinwood » ou encore « Confessions d’un homme dangereux »). Qui mieux que lui peut incarner le flic/Redneck Jason Dixon? A travers lui, c’est la mentalité sudiste qui vire à la drôlerie confondante tant cela nous apparait grossier ! De plus, le réalisateur parvient à dépeindre ce que l’on retrouve parfois dans les villages : une mentalité parfois très (trop ?) étroite, faite de copinages, de préjugés, de rumeurs et même de médisances. C’est alors l’occasion pour le réalisateur de nous faire rire de l’absurdité de certaines situations. Les protagonistes sont délicieusement croqués et les situations dans lesquelles ils évoluent sont souvent jubilatoires ! Bien évidemment le casting rend cela possible ! Tous les comédiens font un formidable travail et apportent tellement à l’intrigue et au rythme du récit ! Citons par exemple le très sollicité Peter Dinklage (Tyrion Lannister de « Game of Thrones », « Joyeuses funérailles ») ; John Hawkes (« Everest ») ; Lucas Hedges (« Manchester by the sea ») ou encore Caleb Landry Jones ayant eu une actualité ciné de 2017 bien chargée, jugez plutôt : « Barry Seal : American Traffic », « Get Out » ou encore « The Florida Project ». Martin McDonagh signe avec « 3 billboards les panneaux de la vengeance » un film un peu fou, un peu barré mais traversé de fulgurances et techniquement maîtrisé. Au-delà de l’intrigue très prenante, le réalisateur filme avec brio ses acteurs et sa ville pour nous donner à voir cette Amérique profonde rongée par ses travers et ses dérives. Heureusement, dans les tourments de cette histoire, des protagonistes finissent par se dresser afin de s’accomplir un peu plus, et de trouver ou de retrouver en eux-mêmes un peu de leur être. Date de sortie en Belgique : 10 janvier 2018 Date de sortie en France : 17 janvier 2018 Durée du film : 1h56 Genre : Comédie dramatique Titre original : Three Billboards Outside Ebbing, Missouri Résumé du film : Les créateurs de la série à succès « Insidious » reviennent avec « Insidious : la dernière clé ». Dans ce nouveau film d'horreur, la brillante parapsychologue Dr. Elise Rainier vit sa plus terrifiante expérience paranormale. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Dans la continuité des trois premiers opus mis en place par James Wan et Leigh Whannell , « Insidisous : la dernière clé » est le quatrième (et dernier ?) film de la saga horrifique mettant en scène les aventures d’Elise Rainier. Si la médium a déjà affronté d’impressionnantes entités et s’est sacrifiée pour les combattre dans le Lointain, la quête qui l’attend est toute autre. En effet, la célèbre voyante devra faire face aux démons de son passé et retrouver la maison familiale qu’elle a volontairement quitté à la fin de son adolescence. Un voyage douloureux qu’elle n’est pas prête d’oublier… La série de films « Insidious » a su surprendre son public (amateur de films d’horreur) avec son premier volet sorti sur nos écrans en 2010. Les deux suivants, toujours dans la même veine, perpétuaient la tradition, en appuyant un peu plus sur le curseur de l’horreur… mais de façon presque trop mécanique. Ce quatrième film ne déroge pas à la règle. S’il est stressant à souhait, « La dernière clé » ne renouvelle pourtant pas le genre, reprenant les éléments qui fonctionnaient dans leurs autres métrages, les mélangeant et les servant à qui veut/peut se plonger dans l’atmosphère de cette maison abandonnée. Situé bien avant les événements du premier film de la saga, ce nouveau prequel est l’occasion de comprendre comment Elise, la démonologue la plus célèbre du 7ème art, a développé son don, il y a très longtemps déjà. Mêlant toujours horreur et humour, « Insidious », nous livre donc les clés pour comprendre qui est vraiment Elise Rainier (Lin Shaye) et quelles sont les fêlures de son passé violent. Déterminée à combattre le démon qu’elle a libéré durant son enfance (l’impressionnant Key Face), elle se rend au Nouveau Mexique, dans la petite ville de Five Keys, accompagnée de Tucker (Angus Sampson) et Specs (le scénariste et créateur de la saga Leight Whannell) pour mater le mal sur son propre terrain de jeu. Mais la mission ne semble pas si aisée et la médium retrouvera le chemin du Lointain où sommeillent les pires démons. Comme toujours, l’équipe du film a planté ses caméras dans un lieu prétendument hanté (et situé… en Californie !). Les décors de 1954, figés dans le temps, sont de toute beauté. Une fois de plus, les équipes techniques ont tout mis en œuvre pour que l’immersion soit totale et cela fonctionne ! Il faut dire que la demeure, située sur un ancien site pétrolier, est inquiétante de prime abord. Leight Whannell (Specs) dira d’ailleurs : « l’atmosphère y était glaçante. Elle était envahie par les chauves-souris, si bien qu’il arrivait qu’on soit assis quelque part et que l’une d’entre elles nous passe au-dessus de la tête sans prévenir. Je me souviens aussi être entré dans une pièce où toute l’équipe était rassemblée en train de discuter. Comme je me sentais en sécurité, j’ai poursuivi mon exploration de la maison de mon côté. J’ai alors pénétré dans une pièce vide et j’ai soudain été parcouru par un étrange frisson. Cela ne s’était jamais produit sur les précédents films de la franchise. » Pas étonnant que le moindre craquement fasse tressaillir le spectateur avide de sensations fortes. Si l’idée de nous faire découvrir les origines de la licence est intéressante, on peine cependant à adhérer totalement à ce nouveau volet d’Insidious. Lin Shaye, très présente dans de multiples films d’horreur, ne nous transmet que peu d’émotions. Tantôt placide, tantôt exagérément affolée, la comédienne de 74 ans assure mais ne transcende pas non plus son personnage malgré une histoire personnelle très appuyée. Le scénario, un peu confus par moments, n’a somme toute pas grand-chose d’original, exception faite des explications apportées sur le passé houleux de la jeune Elise. Oui, Key Face est inquiétant mais l’histoire, peu creusée, ne lui donne finalement que peu d’importance… Dommage ! James Wan et Leigh Whannell ont laissé leur place à Adam Robitel (le réalisateur du film « L’étrange cas de Déborah Logan ») pour réaliser ce quatrième film. Cela s’en ressent-il ? Pas vraiment. Sa réalisation, fidèle aux trois autres métrages, plaira très certainement aux fans de la première heure, heureux de trouver Elise Rainier dans une nouvelle (més)aventure, sans que la surprise ou l’innovation ne soient au rendez-vous. Le concept ne s’essouffle-t-il pas ? C’est la question que l’on peut se poser même si, en toute honnêteté, « Insidious : la dernière clé », n’est ni bon, ni mauvais… Date de sortie en Belgique : 10 janvier 2018 Date de sortie en France : 3 janvier 2018 Durée du film : 1h44 Genre : Horreur Titre original : Insidious: The Last Key Résumé du film : Lors d'une fête étudiante, Mariam, jeune Tunisienne, croise le regard de Youssef. Quelques heures plus tard, Mariam erre dans la rue en état de choc. Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité. Mais comment peut-on obtenir justice quand celle-ci se trouve du côté des bourreaux ? Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Inspirée de l’histoire vraie de Myriam qui avait donné naissance à l’autobiographie « Coupable d’avoir été violée », « La belle et la meute » ne peut laisser personne indifférent. Le film bouleversant de Kaouther Ben Hania avait déjà reçu de longs applaudissements lors de sa présentation au Festival de Cannes en mai dernier. Il y a de fortes chances pour que cette semaine, le public namurois frappe longuement dans ses mains après avoir eu la gorge nouée. « La belle et la meute » est un film dur, brut, montrant une société tunisienne où le crime semble pouvoir rester impuni. Violée par des policiers lors d’un contrôle nocturne, Mariam n’a qu’un seul souhait : porter plainte contre ses bourreaux et obtenir justice. D’hôpitaux en postes de police, la jeune femme erre, le regard hagard, ses blessures toujours vives pour se faire entendre et obtenir la preuve de son agression. Plus que le viol physique dont elle est la victime, c’est l’humiliation, les regards jugeants et l’inhumanité qu’elle va croiser qui brutaliseront la jeune tunisienne. Accompagnée de Youssef (le très juste Ghanem Zrelli), Mariam ne baisse pas les bras et avance, la tête haute pour mener son combat jusqu’au bout. Mais cette nuit-là, rien ne sera facile pour la victime. « Vous avez pris mon corps, ma dignité, ça, vous ne pouvez pas me le prendre ». Ce cri déchirant, rempli de douleurs nous transperce le cœur. Alors qu’elle veut déposer une plainte contre ses agresseurs, Mariam se confronte à une « justice » qui n’en porte que le nom. Moquée, rabaissée, menacée, la jeune femme semble n’avoir aucune issue à son malheur. Des policiers l’ont agressée ? Comment peut-elle espérer un peu de compassion de la part de leurs confrères ?
Si la scène choquante du viol n’apparaît pas dans le film (fort heureusement !), tout ce qui suit est tout aussi insupportable. Doublement victime, Mariam doit livrer son corps et sa dignité à de parfaits étrangers. Le réalisme dont fait preuve le film nous glace, au même titre que le manque de compassion à l’égard de la jeune femme. Légèrement vêtue, elle est méprisée, jugée et peu écoutée. A la recherche d’une quelconque aide, d’une frêle épaule sur laquelle s’appuyer, Mariam continue d’avancer, ses talons vissés aux pieds. Son foulard entourant son corps meurtri est seul bouclier mais il deviendra aussi son étendard, sa cape d’héroïne au terme d’un chemin de croix qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Mariam Al Ferjani tient d’ailleurs ce rôle très délicat avec beaucoup de conviction. Son regard transperce l’écran, sa détresse nous prend aux tripes. Certes, le film, découpé en 9 chapitres, peu paraître long par moments, bancal ou trop étiré mais cette réalité pesante n’a pas droit à des raccourcis elle non plus. A l’heure où les populations demandent de plus en plus de libertés (d’expression ou personnelle), on se rend compte que certaines régions du monde ont encore du chemin à parcourir pour que cela soit réel. Choquant et intense « La belle et la meute » donne matière à réfléchir et marque indéniablement son public. Sa réalité brute (et presque crue) semble inimaginable et pourtant… Pour son traitement, son angle affûté et le message qu’il veut nous communiquer, le film de Kaouther Ben Hania mérite tout notre respect. Après avoir été assommé, anesthésié par cette histoire (réelle) que nous venons de suivre, nous n’avons qu’un souhait : éveiller les consciences sur la triste réalité subie aujourd’hui encore par de jeunes filles des quatre coins du monde, des victimes honteusement traitées que la justice devrait beaucoup mieux protéger. Date de sortie en Belgique : 10 janvier 2018 Date de sortie en France : 18 octobre 2017 Durée du film : 1h40 Genre : Drame Titre original : Aala Kaf Ifrit Résumé du film : En 2004, la jeune Molly Bloom débarque à Los Angeles. Simple assistante, elle épaule son patron qui réunit toutes les semaines des joueurs de poker autour de parties clandestines. Virée sans ménagement, elle décide de monter son propre cercle : la mise d’entrée sera de 250 000 $ ! Très vite, les stars hollywoodiennes, les millionnaires et les grands sportifs accourent. Le succès est immédiat et vertigineux. Acculée par les agents du FBI décidés à la faire tomber, menacée par la mafia russe décidée à faire main basse sur son activité, et harcelée par des célébrités inquiètes qu’elle ne les trahisse, Molly Bloom se retrouve prise entre tous les feux… Note du film : 8/10 (par Véronique) Avis : Si vous avez aimé l’excellent « Miss Sloane » de John Madden, il y a de fortes chances pour que « Le grand jeu » vous passionne tout autant. Car au-delà de son rythme et son histoire captivante, le long-métrage recèle un point commun avec celui de Madden: une actrice de grand talent nommée Jessica Chastain. Avec son premier long-métrage, Aaron Sorkin, le scénariste de « The social network », « Des hommes d’honneur » ou encore du fabuleux « Steve Jobs », nous passionne de bout en bout. Dynamique, son intrigue distille des éléments clés de la vie son héroïne, nous bluffant, nous intriguant et nous enthousiasmant tour à tour. Ses flash-backs nous permettent d’ailleurs de comprendre d’où Molly Bloom tient son caractère bien trempé. Perfectionniste, brillante et intelligente, elle a su se démarquer, faire sa place dans l’univers machiste du poker. Confidente, muse ou maîtresse de jeu, Molly est tout à la fois. Attachante, elle garde toute son intégrité et sa ligne de conduite, même dans les coups durs. Ce qui se passe autour de sa table au tapis vert reste confidentiel, même si sa liberté et ses économies sont mises en jeu. « Si tu baisses les yeux, tu chutes ». Molly Brown a pourtant toujours su se relever, en gardant sa loyauté et ce, malgré de nombreuses difficultés. Mais ce que nous montre « Le grand jeu », c’est un pan de la vie de cette femme d’« affaires » jugée pour l’organisation de jeu illégal. En tout cas, c’est la partie immergée de l’iceberg qui est, dans un premier temps, mise en lumière car on comprend vite ce n’est pas tant ce délit qui intéresse la justice mais les relations qu’entretenaient certains de ses joueurs, dont parmi eux, quelques mafieux.
Les face-à-face entre Jessica Chastain et lui sont d’ailleurs exquis tant leurs joutes verbales impressionnent… C’est un réel plaisir de passer ce moment en compagnie de ce tandem d’acteur de haut niveau. Jessica Chastain est d’ailleurs l’une des favorites dans la course au Golden Globe (et Oscar ?) du meilleur rôle féminin. Et on comprend pourquoi : ce petit bout de femme (d’un mètre soixante trois) a une vraie carrure, une prestance qui s’impose à nous, sans qu’elle n’en fasse des tonnes. Il n’y a pas à dire, elle assure ! Et ce n’est pourtant pas la première fois : il est vrai que depuis quelques années la belle rousse de 40 ans envoie du très (très) lourd, en terme d’action, de finesse ou de détermination. Ici encore, elle comédienne nous bluffe, dans tous les sens du terme (mais n’est-ce pas normal pour un film tournant autour du monde du poker ?) et ne déroge pas à la règle en séduisant tous les spectateurs. Dans les autres bonnes surprises du casting, on note la présence de Kevin Costner, que l’on retrouve avec un plaisir non dissimulé après quelques brefs passages au cinéma ces dernières années. Pourquoi un acteur de sa trempe se fait-il si rare ? Le rôle de ce papa psychothérapeute et coach exigeant envers sa fille lui sied à merveille. On croit à l’histoire familiale, particulièrement bien amenée et livrée par petites touches éparpillées. Côté mise en scène, Sorkin n’a pas à rougir car le scénariste montre qu’il maîtrise les codes du 7ème art et propose une réalisation impeccable, faisant défiler les 2h20 de film sans que l’ennui ne s’installe une seule seconde. D’ailleurs, « Le grand jeu » est assurément un des grands films de 2018… Oui, cette année démarre fort et pour vous en rendre compte, nous vous conseillons vivement de prendre votre billet pour faire un petit tour dans la vie passionnante (et authentique) de Molly. Les paris sont pris que vous l’aimerez ? Date de sortie en Belgique/France : 3 janvier 2018 Durée du film : 2h20 Genre : Drame/ Biopic Titre original : Molly’s game Résumé du film : Les années ont passé, mais l'amour qui unit Ella et John Spencer est resté intact. Un matin, déterminés à échapper à l'hospitalisation qui les guette, ils prennent la route à bord de leur vieux camping-car et mettent le cap sur Key West. Ils découvrent alors une Amérique qu'ils ne reconnaissent plus… et se remémorent des souvenirs communs, mêlés de passion et d’émotions. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : « L’échappée belle », c’est le nom du motorhome a bord duquel nous embarquons. C’est aussi une virée sur les nationales américaines aux côtés de Helen Mirren et Donald Sutherland. Mais c’est aussi et surtout une merveilleuse bouffée d’air frais dans le paysage cinématographique de ce début d’année. Un road movie touchant dont on ne sort pas indemne ! Adapté du roman « The Leisure Seeker » de Michael Zadoorian, le long métrage se savoure tant pour son histoire que pour le duo formidable Mirren/Sutherland. Ella est une femme déterminée, au caractère bien trempé et très attachée à son mari. John adore Hemingway, perd la mémoire mais pas son élégance et son humour délicieux. A deux, ils décident de prendre la route et de gagner la Floride, afin d’échapper à la maladie qui les guette. Bien décidés à se remémorer le passé, ils profitent de la vie à deux, laissant leurs tracas de côté. Mais le film de Paolo Virzì, dans lequel on se plonge dès les premières minutes est aussi l’occasion de voir comment le couple aborde le changement (de l’Amérique profonde mais aussi de leurs corps), la vieillesse à deux avec tout ce que cela engendre. Heureux, ils refont la route des vacances passées avec leurs enfants et ravivent leurs mémoires en visionnant des diapositives et en vivant de folles aventures. Si on peut craindre d’avoir le moral en berne à la vision du film, il n’en est rien. Le film est rempli d’espoir, de lumière, de joie et de (sou)rires. Cet instantané de vie, où s’ajoutent quelques mésaventures, est d’un bel optimisme et teinté d’un humour appréciable. Parfois prévisible, « L’échappée belle » n’est pas un tout grand film mais une petite douceur qui se savoure et qui s’adresse directement au cœur des spectateurs. Sa réussite est indéniablement due à la crédibilité qui se détache du tandem formé par deux comédiens de grande envergure. Sans qu’ils n’en fassent des tonnes, Helen Mirren et Donald Sutherland leur donnent vie à leurs personnages avec douceur et pudeur. Attachants, John et Ella, pourraient être nos parents ou nos grands-parents et suivre leur folle virée est un petit plaisir qu’on est ravi de partager. Feel good (road) movie, « L’échappée belle » ouvre cette année 2018 d’une bien jolie façon… Un film familial savoureux au casting impeccable : à voir ! Date de sortie en Belgique/France : 3 janvier 2018 Durée du film : 1h53 Genre : Comédie dramatique Titre original : The leisure seeker |
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