Résumé du film : En 1971 éclate aux Etats-Unis l'affaire des "Pentangon Papers", vaste fuite de renseignements liés à la Guerre du Vietnam. Les documents rendus publics par le Washington Post éclaboussent alors la classe politique US de l'époque. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : L’arrivée d’un nouveau Spielberg crée toujours un petit émoi dans la communauté cinéphile. Cette semaine encore, tout le monde n’a que ces mots à la bouche « The post », le titre original de son dernier long-métrage. Traitant de l’affaire des « Pentagon Papers », son film met en scène deux acteurs de renom : Meryl Streep et Tom Hanks. Il n’en fallait pas plus pour décider les spectateurs de découvrir son dernier ouvrage. Hélas, alors que l’on s’attendait à un film de génie, nos attentes n’ont pas (toutes) été comblées. « The Post » est un bon film mais est loin d’être l’incontournable de ce mois de janvier… « L’information est l’ébauche de l’Histoire » – Phil Graham Avant d’évoquer les forces et les faiblesses du film, intéressons-nous un petit instant à l’affaire « Pentagon Papers ». En 1971, le New York Times reçoit des informations classées défense mettant à mal les agissements et décisions du gouvernement américain dans le conflit qui le lie au Vietnam. La guerre semble perdue d’avance mais les Présidents qui se succèdent continuent malgré tout d’envoyer des hommes au front… Lorsque le New York Times balance l’information et se voit interdit de publier quelque article que ce soit (et donc muselé par le cher Président Nixon), le « Washington Post », petit journal local fraîchement arrivé en Bourse, convoque son conseil rédactionnel. Et si le quotidien publiait à son tour ce fameux rapport accablant ? Au centre des décisions, quelques personnes emblématiques: Katherine Graham, propriétaire du journal et première femme à occuper un poste de cette taille, Ben Bradlee le rédacteur en chef du journal et Fritz (Frederick) Beebe, le Président du conseil d’administration du Post. Faut-il publier et défendre le premier amendement (et la liberté de la presse) et risquer des poursuites ? Ou au contraire, faut-il profiter de la chute du New York Times pour faire sa petite place dans le monde journalistique ? Le film de Spielberg a l’intelligence d’exploiter plusieurs sujets. Le poids d’un héritage familial et l’envie de garder une ligne rédactionnelle installée par des années auparavant ; la difficulté d’être une femme et d’être considérée comme un vrai chef d’entreprise dans un monde exclusivement masculin (de nombreuses scènes soulignent l’admiration qu’ont les femmes pour Katherine Graham) ; la défense de la liberté d’expression ; la protection des sources (valeur phare au « Washington Post ») et la quête de vérité… Avec toutes ces thématiques, on s’attendait à ce que Steven Spielberg jette un pavé dans la mare… mais avec « Pentagon Papers », il lance tout au plus un petit caillou pour faire de jolis ricochets. Ses personnages et son histoire sont audacieuses, pas le résultat final… Dommage ! Peu subtil, le film ne constitue finalement qu’une ouverture vers un dossier tout aussi houleux mais tellement mieux (re)présenté dans le monde du 7ème art : le Watergate. Un casting éblouissant et une réalisation tirée au cordeau. Fort heureusement, les grandes forces du film résident dans le savoir-faire de l’équipe entière, le casting de choix en tête. Une fois de plus, le tandem Spielberg/Hanks fait des étincelles. Tom Hanks, ultra crédible en rédacteur en chef peu commode, reprend du service dans un rôle qui lui sied à merveille. Véritable chef d’équipe, il est la tête de l’hydre composée de nombreux journalistes entreprenants. Le Post voulait des sujets de qualité : avec l’affaire des « Pentagon Papers » il ne l’a pas seulement prouvé… il a su sublimer le travail de rédaction fait autour de ce dossier sensible et a mis en avant le courage et la ténacité d’une poignée de ses rédacteurs : Ben Bagdikian (le toujours impeccable et savoureux Bob Odenkirk) en tête. Et face à ce rédacteur intraitable, il y a Katherine Graham, interprétée par la formidable Meryl Streep. L’actrice donne le change de façon épatante et incarne une femme forte mais tourmentée à la perfection. Le duo Hanks/Streep est sans aucun doute l’atout principal du film. Tout comme leur combat commun, qui n’a lieu que pour démontrer que, malgré leurs accointances avec certains politiques hauts placés, les journaux doivent être au service des dirigés, pas des dirigeants. Cela n’a jamais été aussi vrai à l’heure où un certain Trump dirige une des nations les plus puissantes au monde… Et puis, il y a cette intrigue, installée posément dans la première demi-heure du film et qui prend peu à peu de l’ampleur pour nous entraîner dans une deuxième partie plus accrocheuse. A l’heure où l’information file à une vitesse folle, on se remémore qu’à l’époque, les scoops en étaient réellement et que la pression pour sortir un papier dans des délais ultra courts était réelle. Les images de la linotype et de l’imprimerie du Washington Post sont sublimes et renforcent cette idée de course vers l’information… et la vérité. Ce n’est d’ailleurs pas la seule reconstitution que l’on peut apprécier : les plateaux du service rédaction, l’atmosphère des années 70 transpirent à l’écran. Nous sommes littéralement plongés au cœur d’une époque pas si lointaine que cela, avec délice… La photographie de Janusz Kamiński vient d’ailleurs appuyer ce souhait de présenter un film contemporain aux petits airs rétros : on aime ! Ce « Pentagon Papers » en vaut-il donc la peine ? Oui, pour tous les adeptes du cinéma spielbergien qui apprécieront le petit intermède politique en attendant la grosse sortie de ce printemps : « Ready Player One ». Agréable, le film est à voir (mais peut-être pas à revoir) pour son casting, sa réalisation intéressante et ses sujets distillés en filigrane. Sa dynamique inconstante et ses airs de déjà vus ternissent un peu le spectacle d’un film qu’on imaginait bien plus engagé. Là où « Lincoln », « Munich » ou « Amistad » nous offraient un regard neuf d’un pan de l’Histoire, « The Post » survole une histoire qui aurait mérité un peu plus de densité. Au dernier film de Spielberg, nous préférons largement des réalisations assumées telles que « Spotlight » ou encore « Les Hommes du Président » bien que quiconque pousserait la porte de sa salle en cette fin de mois de janvier, en aura pour son argent. Date de sortie en Belgique/France : 24 janvier 2018 Durée du film : 1h55 Genre : Drame/Thriller Titre original : The post
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