Compétition 1ère œuvre de fiction – 28 septembre 2019 (par Véronique) Résumé du film : Mylia, une enfant timide et farouche de 12 ans, s’apprête à quitter sa campagne natale pour la grande école. À la recherche de repères dans ce milieu qui lui semble hostile, elle apprendra à mieux se connaître à travers la rencontre de Jimmy, un jeune autochtone marginal de la réserve voisine. Mylia avancera comme elle peut, parfois maladroitement, en se frottant à l’absurdité de l’adolescence, à ses malaises et à ses petites victoires. Avis : « Une colonie » de Geneviève Dulude-De Celles n’est pas un énième film sur l’adolescence. C’est un long-métrage qui prend le temps, une œuvre contemplative et presque documentaire sur les bouleversements intérieurs d’une adolescente en quête de soi, une jeune femme pour qui trouver sa place au sein d’une nouvelle communauté n’est pas aisée. Un film sur l’importance de trouver chez ses pairs des valeurs communes et la difficulté de se trouver en dehors d’un cercle, d’un cadre avec lequel on partage peu de choses et dans lequel on devrait cependant se retrouver. Lauréat du Grand Prix du Jury et du Prix du public du Festival du film de Québec, « Une colonie » a de quoi séduire son public. A commencer par sa rigueur, sa justesse de ton et son incroyable authenticité. Durant plus d’une heure trente, la réalisatrice canadienne Geneviève Dulude-De Celles nous entraîne dans les méandres de l’adolescence, dans la vie de Mylia et de sa famille dysfonctionnelle mais aussi dans son nouvel univers scolaire. Un monde surpeuplé où se côtoient des jeunes de son village, d’autres adolescents de la ville, sa cousine mais aussi Jimmy, un jeune Abénaki qui vit sur la réserve voisine. Aussi bruyant que chez elle, le collègue qui l’accueille à la fin de l’été est un environnement hostile pour la jeune Mylia pour qui chaque trajet entre son village natal et ce microcosme sociétal l’éloigne un peu plus de qui elle est vraiment. Discrète, timide mais très observatrice, Mylia (excellente Emile Bierre) n’a pas les mêmes préoccupations que la plupart des filles de son âge. Sortir et séduire ne font pas partie de son programme, elle qui aime passer du temps avec sa jeune sœur Camille, arpenter les rues de son village, danser dans le salon familial et refaire le monde avec l’intriguant Jimmy. Marginale, l’adolescente a toujours aimé la liberté de penser et d’agir, refusant coûte que coûte d’entrer dans les cases où on voudrait la ranger. Mais à l’aube d’une nouvelle étape de sa vie, Mylia ne doit-elle pas délaisser la naïveté de l’enfance et s’affranchir dans son adolescence ? En posant un regard à hauteur de jeunes filles, Geneviève Dulude-De Celles illustre à merveille les tourments de l’adolescence, un changement amplifié par une vie de famille disloquée et des nouvelles amitiés. Son extrême justesse et son aspect presque documentaire font de son premier long-métrage de fiction un exercice plutôt réussi, porté avec brio par un duo de petites comédiennes épatantes (Irlande Côté – « Camille » - mériterait même un prix d’interprétation tant elle nous bluffe de bout en bout), un film contemplatif qui se mérite et nous entraîne dans une deuxième partie plus riche en thématiques. Evoquant à la fois la difficulté d’exister dans une communauté ou celle de ne pas se fondre dans un moule préformaté, « Une Colonie » évoque aussi en substance les jugements hâtifs portés sur les natifs et les préjugés dont souffrent aujourd’hui encore les peuples colonisés. En marge d’une société qui leur a finalement tout pris, les Abénakis semblent toujours relayés au rang de primitifs alors qu’ils possèdent, au contraire de leurs voisins railleurs, une large ouverture d’esprit. Présenté à la 69ème édition de la Berlinale et au Festival International du Film Francophone de Namur, « Une colonie » est un film pertinent sur l’adolescence, l’appartenance, l’errance. Un long-métrage d’un réalisme appréciable qui trace agilement les traits d’un âge ingrat où exister aux yeux des autres sans se mentir à soi-même n’est pas aisé. Un film à voir et à apprécier, pour sa justesse de ton mais aussi pour son casting de qualité ! Projection durant le festival : le 28 septembre à 18h15 et le 2 octobre 13h à Delta Durée du film : 1h42 Genre : Drame Date de sortie en France : 6 novembre 2019
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Compétition 1ère oeuvre de fiction - 28 septembre 2019 (par Véronique)
Résumé du film : Adrien est un Peter Pan des temps modernes. Il a beau approcher la trentaine, il vit encore comme un enfant. Petit il a connu le succès en tant qu’acteur mais c’était il y a plus de dix ans et aujourd’hui Adrien n’a plus un sou. Il retourne ainsi vivre chez ses parents et tente de redonner un coup de fouet à sa vie. Entre la possibilité d’une histoire d’amour et celle d’un retour qu’il s’imagine triomphant en tant qu’acteur, le chemin d’Adrien sera semé d’embûches. Avis : Sélectionné pour La Mostra de Venise, « Mes jours de gloire » d’Antoine De Bary se fait une petite place dans divers festivals où le public se déplace en masse, notamment pour la présence de quelques figures françaises bien connues de tous : Vincent Lacoste, Christophe Lambert et Emmanuelle Devos en tête. Mais on le sait pour l’avoir déjà vérifié, un bon casting ne fait pas forcément un bon film. Le premier long-métrage du jeune Antoine De Bary ne fait pas mentir l’adage et on s’étonnerait presque de le voir débarquer dans nos salles… Mes jours de débandade Bien plus maigre qu’annoncée dans son pitch, l’intrigue de « Mes jours de gloire » se résume en deux mots : grosse débandade. En effet, l’histoire originale de son réalisateur (co-écrit avec Elias Belkeddar), n’a rien de bien excitant et, en plus de tourner très vite en rond, nous donne l’impression d’avoir été écrite par deux adolescents en cruel manque d’inspiration. Etiré au possible, ce scénario bancal pourrait presque se déchirer tels les jeans troués dans nos prépubères et finir dans le bac à linge des fausses bonnes idées. Mais sa trame n’est pas la seule à poser problème dans ces jours de gloire… La présence nonchalante de Vincent Lacoste, revenu à ses mauvaises habitudes et à un jeu plus plat que la campine y est probablement pour beaucoup. Son regard de chien battu, ses phrases marmonnées et presqu’inaudibles, son manque de crédibilité et ses pieds trop souvent traînés nous horripilent un peu plus à chaque plan. Et ce ne sont pas Christophe Lambert et Emmanuelle Devos qui vont sauver les meubles. Se réfugiant dans les combles ou un cabinet extriqué, les deux personnages sont presqu’inexistants et les comédiens aussi absents que la créativité cinématographique. Si Adrien est un « Peter Pan des temps modernes », ce n’est pas de la poudre d’étoiles que Antoine De Bary nous jette aux yeux mais un sable irritant. Convenu, sans relief, lent, son premier long-métrage « Mes jours de gloire » ne semble pas être une prédiction, que du contraire. Il s’avère plutôt être un film ennuyeux où chacun semble se demander ce qu’il est venu faire dans ce casting, un essai non transformé que l’on se passerait bien de (re)voir. Projection durant le festival : le 28 septembre à 21h et le 29 septembre 13h à Delta, Date de sortie en salles : Janvier 2020 Durée du film: 1h38 Genre : Comédie dramatique Place au doc belge! - 28 septembre 2019 (par Véronique)
Résumé du film : 1991 – Burundi. Ils étaient six enfants des rues africains, j’étais un jeune cinéaste européen. Je leur ai promis de les filmer toute la vie, jusqu’à ce qu’on soit tous morts. Aujourd’hui, les survivants ont 40 ans. Chacun de nous a vieilli, à sa manière… Qu’est-ce qui donne de la valeur à la vie d’un homme ? Avis : « Chez nous, on raconte que quand la mère donne naissant à son enfant, il se met à pleurer parce qu’il comprend qu’il est arrivé au mauvais endroit ». Cette phrase, c’est la première que confie l’un des témoins de « In another life », le dernier documentaire de Philippe de Pierpont, un enfant rencontré en 1991 dans les rues du Burundi et qui depuis, a bien grandi. Cette citation fait non seulement écho à toutes les thématiques que le cinéaste nous a livré au fil de son travail commun entreprit à plusieurs reprises avec Assouman, Etu, Innocent, Philibert, Jean-Marie durant une vingtaine d’années mais c'est aussi le crédo de leur meneur, Zorito, qui n’a jamais cessé de croire que le meilleur était à venir. Retour vers le futur Il y a 27 ans, Philippe de Pierpont, jeune cinéaste amateur, prenait sa caméra pour filmer des gamins de la rue de Bujumbura, des gosses qui s’amusaient à lui montrer leur quotidien, prenaient le micro pour chanter leurs aventures et le conduisaient sur les chemins de leur débrouille. Aujourd’hui, ce sont trois d’entre eux que nous retrouvons sur les toits de la ville, trois témoins d’une situation qui n’a pas vraiment évolué malgré la succession de politiques, un trio d’adultes qui confie à la caméra leurs états d’esprits, leurs souvenirs mais aussi leurs envies. Des emplois précaires aux rencontres amoureuses, de la naissance de leurs enfants au retour dans les rues de l’ancienne capitale économique burundaise, ces trois adultes que la vie n’a jamais gâtés évoquent leurs joies et leurs désillusions, leur quête d’identité et leur seule préoccupation nécessaire, celle de trouver à manger. Leurs regards sur leur passé, leur confiance en l’avenir, Philippe de Pierpont les a cristallisés dans un film vérité où la parole occupe une place de choix et où l’amitié fidèle n’a jamais cessé d’exister. Devenus des ombres, des êtres en errance sans autre encrage que leur complicité datant de l'enfance, ces hommes se rencontrent autour d’un petit écran, à la tombée de la nuit et retrouvent avec une connivence évidente celui qui leur a promis de les filmer jusqu’au dernier souffle de leur (première) vie. Etat des lieux d’une misère qui n’a jamais disparu des rues, « In another life » n’a pas la prétention de faire bouger les lignes ni de faire culpabiliser les politiques mises en place. Il est simplement la concrétisation d'un bâton de parole confié à des enfants déterminés il y a des dizaines d'années et relayé une nouvelle fois dans leurs mains plus matures mais toujours salies par la terre et la saleté de leur dortoir précaire et à ciel ouvert, un lieu qu'ils n'ont jamais su ou pu quitter... Projection durant le festival : le 28 septembre à 18h15 au Caméo 3 Date de sortie en Belgique : novembre 2019 Durée du film: 1h15 Genre : Documentaire Compétition officielle- 28 septembre 2019 (par Véronique) Résumé du film : Basé sur des témoignages réels, le film hybride raconte le destin de Tania, une adolescente contrainte à se prostituer dans la région des mines d'or du Pérou. Après s’être laissé piéger par de fausses promesses de travail, Tania se remémore son enlèvement et se souvient de la perte progressive de son identité. En partageant son histoire avec un policier, elle égrène ses souvenirs et la caméra nous emmène de la jungle à la région minière, jusqu’aux bars au coeur de son exploitation sexuelle. Les paysages de l’Amazonie, la vie dans les bidonvilles immergés contrastent avec le caractère sombre de son histoire. Et bien qu’elle soit aujourd’hui en sécurité, là où brillaient autrefois sa dignité et sa jeunesse, Tania exprime une connaissance de soi plus profonde et plus amère. La ruée fébrile vers l’or combinée à la destruction de l’environnement résonne comme une allégorie de la vie sacrifiée sur l’autel du capitalisme Avis : Après avoir parcouru les routes de nombreux festivals et récolté quelques prix internationaux, « By the name of Tania » parvient dans nos salles belges et délivre son message poignant à qui veut/peut l’entendre. Car c’est à travers la voix de Tania, personnification de nombreux témoignages récoltés par ses deux réalisatrices (Bénédicte Liénard et Mary Jiménez) que l’on découvre l’histoire d’une descente en enfer, celle qui mène vers la prostitution et la séquestration de jeunes femmes péruviennes dont les rêves ont été anéantis. « Ce n’est plus mon corps, ce n’est plus moi. Qu’importe, je me suis habituée à tout ». Ce sont sur ces paroles fébriles que s’ouvre le documentaire poignant consacré à des femmes qui, par détresse financière ou humaine, se sont enrôlées dans une activité aux apparences lucratives mais bien plus insidieuse en définitive. Chronique dramatique qui mènera son héroïne aux milles voix des bidonvilles sur pilotis à des chambres/cellules aux murs décrépis, « By the name of Tania » nous prend à témoin des mésaventures et désillusions de jeunes filles à qui la vie n’a jamais vraiment souri. Parmi elles, Tania adolescente péruvienne sans le sou, jeune téméraire qui accepte de danser et faire boire des clients dans le but de pouvoir gagner quelques soles et ensevelir sa grand-mère (seul parent à l’avoir aimée dans sa dureté) dignement. Par son récit murmuré entre deux images de ce Pérou sauvage ou au contraire très précarisé, notre narratrice nous conte son histoire de manière chronologique, de ses rencontres opportunes à sa traversée du fleuve qui, tel le Styx, l’emmènera tout droit en enfer. Un cauchemar qui s’ouvre sous ses pieds et marquera à jamais sa mémoire, son corps, son âme, avalée par le démon Chuya Chaki qui n’est pas sorti de sa jungle que lors d’un carnaval où tout le monde rit… Douce et discrète, cette voix nous guide à travers des flashbacks pudiques où seuls les mots et l’imagination permettent au public d’imaginer le pire. Lent, contemplatif, ce récit nous permet de garder une distance tant en mesurant la dangerosité d’un piège qui se referme peu à peu, une embuscade dont personne ne s’échappe si ce n’est au péril de sa vie. En posant un regard direct et sincère sur les personnages rencontrés, en se faisant messagères des drames de femmes violentées, abusées, brisées, Bénédicte Liénard et Mary Jiménez nous conscientisent à une dure réalité, celle où pépites d’or et vie de misère se côtoient dans des régions aurifères. Témoignage vivant d’une destruction psychologique et physique, véritable travail de et sur la mémoire, « By the name of Tania » réussit le pari difficile de rendre universelle une multitude de déclarations hétéroclites, illustrée ici à travers un récit unique. Projections durant le festival : le 28 septembre à 21h au Caméo 4 et le 1 octobre à 15h15 à Delta salle Tambour Date de sortie en Belgique : 16 octobre 2019 Durée du film: 1h25 Genre : Documentaire Film d'ouverture et compétition officielle- 27 septembre 2019 (par Thomas) Résumé du film: Après que son mari ait découvert une liaison qu’elle entretient avec un homme plus jeune qu’elle, Maria décide de quitter le domicile conjugal. Une nuit, elle part s’installer dans la chambre 212 de l’hôtel d’en face. De là, elle a une vue plongeante sur son appartement, son mari, son mariage. Elle se demande si elle a pris la bonne décision… Avis: Présenté et remarqué en marge de la compétition cannoise, ce nouveau film de Christophe Honoré a, cela est vrai, de quoi intriguer. Le réalisateur des Bien-aimés et de Métamorphoses retrouve pour la sixième fois Chiara Mastroianni à qui il offre le rôle central de cette histoire très curieuse où passé, présent et futur vont se côtoyer de manière déroutante. Les amateurs de cinéma absurde et d’un certain style cher à Bertrand Blier seront comblés par cette fiction tandis que les autres, plus terre à terre, risquent de ne pas du tout apprécier cet univers dans lequel nous plonge avec surprise Christophe Honoré. Après que son mari Richard (Benjamin Biolay) ait découvert le pot aux roses, Maria (Chiara Mastroianni) va s’enfermer dans une chambre d’hôtel où elle va se retrouver confrontée à son passé. Après Plaire, aimer et courir vite, Vincent Lacoste tourne à nouveau sous la direction de Christophe Honoré. Il joue le rôle de Richard jeune dont on apprend qu’il avait laissé tomber 20 ans plus tôt Irène (Camille Cottin) pour se mettre en ménage avec Maria. Irène se rappelle au bon souvenir de Maria dans la même chambre sans avoir pris une seule ride…On vous aura prévenus, il faut s’accrocher ! D’autant plus qu’après une bonne heure dans un huis clos étouffant, Maria et Irène prendront l’air de la mer où elles seront confrontées à l’actuelle Irène, personnifiée par Carole Bouquet. Ajoutons à cela un bébé tantôt humain tantôt pantin représentant l’enfant hypothétique de Richard, un soi-disant « faux sosie » de Charles Aznavour incarnant la conscience de Maria et quelques chansons nostalgiques. Cette intrigue ne tient pas vraiment la route si ce n’est sous l’aspect métaphorique de l’espace-temps personnifié. Quelques prises de vue en mode aérien nous rappellent que l’on n’est absolument pas dans une facture classique. Malgré l’originalité du sujet et de son traitement, on reste dubitatif quant au Prix d'interprétation attribué à Chiara Mastroianni pour ce film au Festival de Cannes (dans la section Un certain regard). Si le jeu de l’actrice est plus que correct, il n’est en rien transcendant. Quant à Vincent Lacoste, on le trouve bien meilleur dans des films un peu moins « intellos » où il ne donne pas l’impression de réciter son texte. Chef d’œuvre pour certains, film tout à fait dispensable pour d’autres, "Chambre 212" ne laissera certainement pas le spectateur indifférent. Projections durant le festival : le 27 septembre à 20h (Gala d’ouverture) au Caméo 1 et 4, à 21h à Delta Grande Salle et Tambour et le 28 septembre à 11h au Caméo 3 Date de sortie en Belgique : 9 octobre 2019 Durée : 1h27 Genre : comédie dramatique |