Film de clôture – Première œuvre de fiction Projections : 6 octobre 2017 : Théâtre de Namur à 21h, Palais des Congrès à 20h45, Caméo 1 à 20h30 et Acinepolis à 21h30 Résumé du film : Sans hésiter, Diane a accepté de porter l'enfant de Thomas et Jacques, ses meilleurs amis. C'est dans ces circonstances, pas vraiment idéales, qu'elle tombe amoureuse de Fabrizio. Avis : Pour clôturer sa 32ème édition, le Festival International du Film Francophone a eu l’excellente idée de programmer « Diane a les épaules » de Fabien Gorgaert, une comédie intelligente et étonnante. Après plusieurs courts métrages, Fabien Gorgaert se lance dans l’aventure du long, armé d’un scénario en béton et d’un casting des plus performants. Dans un rôle taillé sur mesure, Clotile Hesme crève l’écran. Ses répliques cinglantes, son attitude fantaisiste et la complexité de son personnage permettent de montrer toute l’étendue de son talent. C’est que Diane n’est pas du genre facile ! Mère porteuse pour deux amis homosexuels, la jeune femme semble détachée de tout. Occupée à rénover la maison de ses grands-parents, Diane se préoccupe de peu de choses, flirtant avec l’électricien de passage dans le chantier de sa vie. Mais très vite, une histoire naît entre Diane et Fabrizio et complique quelque peu les projets débonnaires de la trentenaire. Vu sous cet angle, d’aucunes diront qu’il n’y a rien de neuf sous le soleil. Sauf que, la grossesse, certes omniprésente, n’est pourtant pas le sujet exclusif du film. Les thèmes divers et variés (comme l’amitié, la maternité ou encore la maturité) se déclinent dans des situations cocasses ou plus terre et terre pour le meilleur et pour le rire. « Diane a les épaules » parvient à nous faire oublier notre position de spectateur et nous fait entrer dans la danse effrénée d’une femme libérée. Fabrizio Rongione, Thomas Suire et Grégory Montel sont les trois hommes de la vie Diane. Amis ou amant, chacun d’entre eux tient une place déterminante dans son quotidien naïf où attachements et détachements rythment les humeurs de notre héroïne. Notre attachement à ce quatuor hors norme grandit à mesure que le ventre de notre Diane prend forme. Neuf mois, ou presque, qui permettent à chacun de trouver sa place, de se faire à l’idée que ce bébé porté prend une place temporaire dans la vie de cette mère « par intérim ». Un sujet actuel abordé en finesse sans jugement de la part de son réalisateur ou de ses spectateurs et dans la bonne humeur. Truculent, le premier film de Fabien Gorgaert vaut vraiment la peine qu’on s’y attarde. Parce qu’il montre que la comédie française à encore des choses à dire. Parce que son univers très travaillé nous offre un film de qualité. Parce que Clotilde Hesme parvient à nous faire vibrer avec une grande subtilité. Date de sortie en Belgique/France : 15 novembre 2017 Durée du film : 1h27 Genre : Comédie
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Compétition officielle longs métrages - Projections : 1 octobre 2017 (Caméo 4 à 18h15) et 5 octobre (Théâtre de Namur à 18h) Résumé du film : Avant 12 jours, les personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement sont présentées en audience, d'un côté un juge, de l'autre un patient, entre eux naît un dialogue sur le sens du mot liberté et de la vie. Avis : « 12 jours » de Raymond Depardon, c’est un peu de l’émission de « Face au juge » mais aussi beaucoup d’humanité. C’est la succession de plusieurs témoignages, de femmes ou d’hommes hospitalisés de force dans une clinique de Lyon. C’est un instantané de vie, des paroles fortes, des sentiments vrais. C’est aussi l’écoute de juges remplis d’humanité, et présents pour légaliser une démarche méconnue. C’est une entrée dans un monde particulier, dont on ne se serait peut-être jamais approché… Intéressant mais assez répétitif, « 12 jours » est rempli de vie(s). Celles de patients, psychologiquement instables, détruits par la société ou par eux-mêmes. Aux grands maux les grands moyens, les voilà hospitalisés sous contrainte avant de pouvoir en discuter, face à un juge impartial mais compatissant. 12 jours… Un temps long pour qui n’a pas choisi de vivre pareille situation. Aussi, pour permettre à chacun d’exprimer son souhait, de sortir ou de continuer son traitement, une audition est mise en place, en présence d’un juge, d’un avocat, d’infirmiers. Sur base de rapports médicaux pointilleux, le représentant de la justice décide si oui ou non, les demandes des patients malgré eux sont acceptables. Espoir, déception, colère, léthargie sont autant de sentiments ressentis par ces témoins privilégiés. C’est que « 12 jours » évolue dans une authenticité indéniable, présentant des histoires vraies. Sur la musique d’Alexandre Desplat, les mots des uns, les silences des autres expriment une douleur, un remerciement, une punition ou un soulagement de se voir pris en charge par des services compétents. Joliment entrecoupé par d’admirables scènes de brumes ou d’extérieurs mélancoliques, le film de Raymond Depardon interpelle. Habitué à offrir des documentaires sociaux, le réalisateur de 75 ans entrouvre une porte sur une triste réalité et une belle humanité. Pas étonnant dès lors qu’il ait été récompensé lors de la 32ème édition du Festival International du Film Francophone de Namur par le Bayard de la meilleure photographie. Date de sortie en France : 29 novembre 2017 Durée du film : 1h30 Genre : Documentaire Regards du Présent – Projection : 4 octobre 2017 (Théâtre de Namur) à 20h45 Résumé du film : Après cinq années d’absence, Antoine revient à Bruxelles, décidé à affronter son passé. Il frappe à la porte de Camille, la femme qu’il a aimée et la mère de leur petite fille Elsa, qu’il n’a jamais rencontrée. Lorsqu’il arrive, Camille est sur le point de partir pour un voyage d’affaires important. Elle attend la baby-sitter qui tarde à arriver. Camille panique et demande à Antoine d’attendre la baby-sitter cinq minutes pour ne pas rater son avion. Pris au dépourvu, Antoine accepte. Il est bien loin de s’imaginer que la baby-sitter n’arrivera jamais et qu’il va se retrouver seul face à sa fille pendant trois journées d’été.
Avis : Thomas Blanchard est un habitué du Festival du Film Francophone de Namur. Après le remarquable « Préjudice » et le truculent « Voyage au Groenland », le comédien nous revient dans un film où tendresse et complicité se conjuguent au (Regard du) présent. Après un départ en demi-teinte où chaque personnage semble s’accorder sur une situation étonnante, le film prend son envol pour nous faire atteindre les sommets de l’émotion et de l’amour que se partagent Antoine et Elsa. Véritable bonbon acidulé qui se savoure avec gourmandise, « Drôle de père » est un véritable feel good movie. La complicité entre la toute jeune et étonnante actrice Lina Doillon (fille de la réalisatrice) et Thomas Blanchard fait indéniablement la force du film. Ce papa tombé du ciel fera le bonheur de la fillette durant trois jours. Sous le regard amusé et attendri de ses spectateurs, Antoine et Elsa croquent la vie à pleines dents, partageant les rires, les histoires du soir et les balades dans le sable. Résolument positif, le film ne s’attarde pas sur les conséquences et les suites de cette garde improvisée. Pas plus que sur le passé mystérieux des parents de la fillette. Sans jamais expliquer la raison de l’absence de son papa durant cinq ans, ni celle de son retour inopiné, la réalisatrice et scénariste Amélie Van Elmbt parvient à nous faire entrer dans la vie d’Elsa par une petite porte discrète qui ne se refermera qu’au son de sa douce voix. La petite heure trente de film passe comme une flèche et nous touche droit au cœur, nous faisant retenir quelques larmes et nous remplissant les yeux de bonheur. Ces petites vacances extraordinaires, nous les avons vécues nous aussi. Nous nous sommes attachés aux membres de cette famille éphémère où chacun trouve sa place (parmi eux, Xavier Seron et Alice De Lencquesaing). Nous avons pris plaisir à pousser la porte de cet appartement magique où les plantes apportent un peu plus de vie dans la routine de ce célibataire passionné par la cuisine et la flore de son père. « Drôle de père », nous a permis de retrouver notre âme d’enfant et de prendre le large l’espace d’un instant. Vous l’aurez compris, Amélie Van Elmbt, qui signe son deuxième long métrage, nous offre un joli moment de cinéma, sans anicroche. Tourné aux quatre coins de notre plat pays, son long métrage nous fait du bien, nous fait oublier notre quotidien et n’a qu’un seul objectif : nous prendre par la main. Date de sortie en Belgique : 22 novembre 2017 Durée du film : 1h26 Genre : Comédie Compétition Première œuvre de fiction - Projections: 3 octobre 2017 (Caméro 1) à 20h45 - 4 octobre 2017 (Caméo 4) à 15h30 Résumé du film : Pierre, la trentaine, est éleveur de vaches laitières. Sa vie s'organise autour de sa ferme, sa soeur vétérinaire et ses parents dont il a repris l'exploitation. Alors que les premiers cas d'une épidémie se déclarent en France, Pierre découvre que l'une de ses bêtes est infectée. Il ne peut se résoudre à perdre ses vaches. Il n'a rien d'autre et ira jusqu'au bout pour les sauver… Avis : Thriller rural étonnant, « Petit paysan » est un film à ne pas manquer tant son histoire, son casting et son atmosphère prenante en font un petit bijou cinématographique utile et marquant. Plus actuel que jamais, le film de Hubert Charuel est une ode aux hommes de la terre, à ces agriculteurs incompris qui se lèvent chaque jour à l’aube pour faire un métier rude où l’erreur n’est pas permise. Pierre, jeune éleveur, ne vit que pour son métier. Son cheptel d’une vingtaine de vaches lui permet d’apporter à chacune d’entre elles, l’attention qu’elle mérite. De vêlages en traites, le fermier noue un lien particulier avec ses bovidés. Inquiet et complice, il les nomme chacune par un nom, oubliant le numéro qui perce leurs oreilles. Ce rythme de vie, Pierre l’a choisi. Du lever au coucher, le petit paysan assume seul la gestion de sa ferme, se coupant d’une vie amoureuse ou sociale qu’il ne semble pas envier. Quand une de ses vaches semble touchée par une maladie incurable, c’est son avenir tout entier qui risque d’être compromis. Mensonges, excuses et pas de côté vont s’enchaîner... et peut-être causer sa perte. Inspiré de l’histoire de ses parents (anciens agriculteurs), le film de Hubert Charuel parvient à nous sensibiliser à une dure réalité : citadins comme ruraux ne pourront que se sentir concernés par l’histoire de Pierre et sortiront marqués au fer rouge de cette heure trente de film parfaitement maîtrisé. Son climax, son scénario savamment ficelé nous tiennent en haleine des premières minutes du film jusqu’à son dénouement émouvant. Sans l’investissement total de Swann Arlaud (Pierre) et de Sara Giraudeau, le film n’aurait sans doute pas eu la même valeur. Le comédien a d’ailleurs fait un énorme travail de préparation pour être au plus proche de gestes de son personnage. Le résultat est tel que l’on pourrait aisément se méprendre et croire que Swann Arlaud est lui-même producteur laitier. Prêt à tout pour sauver son troupeau, Pierre s’enlise dans les mensonges et une angoisse qui lui colle à la peau, entrant dans un cercle vicieux dont il sera difficile de se sortir. Sa sœur, vigilante et compréhensive, parviendra-t-elle à secourir son frère et à sortir sa tête de l’eau ? Les enjeux sont nombreux, les conséquences redoutables… on partage le désespoir du jeune héros et assistons peu à peu à la mort de son métier, impuissants et plus concernés que jamais. Authentique et efficace, « Petit paysan » est assurément l’un de nos coups de cœur de la programmation du Festival International du Film Francophone. Nous espérons d’ailleurs qu’il sera récompensé à sa juste valeur pour son sujet mais aussi pour sa performance d’acteurs mémorable. Avec son premier long métrage, Hubert Charuel parvient à nous impliquer dans une réalité finalement méconnue de beaucoup d’entre nous et à distiller des émotions diverses qui nous marquent au plus profond de nous. Date de sortie en Belgique : 18 octobre 2017 Date de sortie en France : 30 août 2017 Durée du film : 1h30 Genre : Drame Compétition Première œuvre de fiction Projections : 1 octobre 2017 (Caméo 1) à 18h – 4 octobre 2017 (Palais des Congrès) à 21h Résumé du film : Mo est beau, charismatique, et a le goût de l’adrénaline. Il fait des courses clandestines. Lorsqu’il rencontre Lila, jeune fille bègue et timide, c’est le coup de foudre. Il va immédiatement la prendre sous son aile. Mais Lila est loin d’imaginer que Mo porte un secret : il ne sait pas lire. Note du film: 9/10 (par François) Avis : Présenté dans le cadre de la 32e édition du Festival International du Film Francophone de Namur, « M » , le premier film de Sara Forestier concourt en compétition dans la catégorie « Première œuvre de fiction ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour un premier long métrage, la jeune réalisatrice nous livre un film beau, sensible, et nuancé. Nous avons été conquis par cette œuvre que nous n’avons pas vu venir. Et vous ? Etes-vous prêt à vous laisser surprendre ? Dès les premiers instants, nous suivons Lila et Mo, deux écorchés vifs. Ces laissés pour compte, en proie à l’angoisse que leur confère leur quotidien, le rejet des autres et surtout la lutte contre leurs propres démons. Chacun à leur façon, ils semblent inadaptés à la violence du monde qui les entoure parce que les failles qu’ils portent en eux paraissent trop lourdes à porter, tout du moins seul. Cette solitude, ils la vivent chaque soir. Lui, livré à lui-même dans son bus à double étage, parqué en dehors de la ville et rejeté par sa mère. Elle, dans cette petite chambre qu’elle partage avec sa jeune sœur sous le regard méprisant de son père (Jean-Pierre Léaud). Deux marginaux qui ne demandent qu’à s’en sortir… et à être aimés. Qui mieux que la réalisatrice Sara Forestier pouvait incarner à l’écran le rôle de la douce Lila ? Sa performance est un véritable tour de force tant nous croyons en son handicap. À travers ses yeux, c’est toute l’étendue de sa détresse que nous percevons. Par les mouvements saccadés et les tremblements de sa lèvre inférieure, c’est toute sa difficulté à s’exprimer que nous entendons. Avec la fragilité ineffable des traits de son visage, c’est tout son être qui communique et qui crie au monde la rage de son silence. Et puis vient la rencontre, de celle qui changera le cours d’une vie. Lui, c’est Mo, un pilote qui gagne sa vie dans l’ombre des hangars au péril de sa propre vie. Pourtant, ce n’est pas de là que vient sa souffrance mais d’une douleur beaucoup plus sourde, fortement ancrée en lui et pesante : son analphabétisme. Comment avouer qu’à trente ans, il ne sache toujours pas lire ? Par quelle pirouette pourra-t-il éviter toutes ces situations où lire est essentiel ? Et de ses tourments, nous en faisons également notre fardeau. C’est précisément là toute la force de Redouanne Harjane qui parvient à alterner puissance, conviction et émotion dans le rôle de Mo. En une scène, l’acteur est capable de nous secouer, de nous sortir de notre zone de confort pour nous confronter à la dure réalité du quotidien de son personnage. Impressionnant ! Entre elle et lui, c’est un couple improbable qui prend vie sous nos yeux bienveillants. Un instant suspendu de 1h40 filmé à la perfection par la comédienne/réalisatrice ! Nous rions de la cocasserie de certaines situations (la scène de la fausse agression ou du restaurant), nous nous émouvons de la fragilité des ces personnages qui n’ont pas été épargnés par la vie et nous nous mettons à rêver. Avec « M », ce sont deux vies qui s’animent à l’écran, s’aiment et surmontent toutes les épreuves que la vie leur réserve. Oui c’est possible puisque désormais Lila et Mo se sont trouvés et Sara Forestier nous a fait le cadeau de leur rencontre. Date de sortie en Belgique/France : 15 novembre 2017 Durée du film : 1h30 Genre : Drame Compétition Officielle longs métrages - Projections: 1 octobre 2017 (Caméro 4) à 21h - 2 octobre 2017 (Caméo 4) à 15h30 Résumé du film : Chloé, 18 ans, s’enfuit de son appartement de Montréal. En plein hiver, elle fait du pouce jusqu’à Tadoussac, petit village touristique du Québec. En échange d’une chambre, elle travaille à l’auberge de jeunesse de l'endroit, comme beaucoup d'autres jeunes voyageurs. Mais Chloé cherche aussi secrètement à rencontrer quelqu’un. Avis : Présenté en première mondiale au FIFF en ce début de mois d’octobre, « Tadoussac » le second long-métrage de Martin Laroche, entre dans la danse de la compétition officielle et se démarque d’une bien belle façon, notamment par la force de son interprétation. En tête d’affiche, deux femmes exceptionnelles : la jeune Camille Mongeau et l’époustouflante Isabelle Blais. La première incarne Chloé/Fanny, une jeune fille secrète tout fraîchement débarquée à Tadoussac pour un job hivernal dans une auberge de jeunesse. La seconde, est une monitrice de kayak originaire des lieux. Une amitié va peu à peu naître entre elles mais cette affection récente est-elle le seul trait d’union qui les unit ? « Tadoussac » vous en apportera la réponse. Rempli de mystères, le film nous fait évoluer peu à peu dans un scénario maîtrisé, sans jamais nous perdre en chemin, ce qui est finalement peu évident en ces temps de blockbusters et films hyper rythmés. Mais revenons à l’intrigue principale. Installée depuis quelques jours dans le village vidé de ses nombreux touristes estivaux, Chloé semble cacher quelques lourds secrets. Taiseuse, la jeune fille vient de quitter Montréal pour se ressourcer et retrouver quelques membres de la famille de sa mère. En vain… La nouvelle identité derrière laquelle Chloé évolue visage masqué lui permet de collecter de précieux renseignements sans jamais se compromettre. Cette thématique semble chère à Martin Laroche puisque son premier long métrage « Les manèges humains », tournait déjà autour du secret de son héroïne. Ici, ce n’est pas un mais deux mystères que Chloé porte sur ses frêles épaules. Eloignée de sa famille, de ses amis et de son petit ami, la jeune femme s’assume seule et souffre en silence, mais de quoi ? Les longs plans séquences que nous offrent Martin Laroche nous font suivre au plus près, le quotidien de son personnage principal. Imprégnés de son atmosphère particulière, nous évoluons dans une quête dont le but ne nous est pas révélé d’emblée jusqu’à un final pour le moins poignant. « Tadoussac » est donc une vraie bonne surprise et une occasion rêvée de découvrir deux comédiennes de talent, méconnues de l’ancien continent. C’est aussi une balade touchante, bottes de neige vissées aux pieds, dans une région québécoise recluse où la chaleur humaine et l’accueil n’ont finalement que peu de limites. Une belle découverte que l’on vous conseille de faire à votre tour, si le sujet et le cinéma canadien vous attirent un tant soit peu. Date de sortie en Belgique/France : inconnue Durée du film : 1h29 Genre : Drame Compétition Officielle longs métrages - Projections: 2 octobre 2017 (Caméro 1) à 20h45 - 5 octobre 2017 (Caméo 1) à 13h Résumé du film : Maryline a grandi dans un petit village. Ses parents ne recevaient jamais personne et vivaient les volets clos. À 20 ans, elle "monte à Paris" pour devenir comédienne. Mais elle n'a pas les mots pour se défendre. Elle est confrontée à tout ce que ce métier et le monde peuvent avoir d'humiliant mais aussi de bienveillant. C'est l'histoire d'une femme, d'une femme modeste, d'une blessure.
Avis : C’est l’un de nos chouchous de l’édition 2017 du Festival International du Film Francophone. Guillaume Gallienne (de la Comédie Française comme on aime le rappeler) est un acteur/réalisateur incontournable, un fantaisiste au physique particulier, à la diction parfaite et sur lequel nous ne tarissons pas d’éloges. Acquis à sa cause, nous attendions de pieds fermes son deuxième long métrage : « Maryline ». Mais après cette (longue) heure quarante de film, notre constat est sans appel : le génie mis au service du génial « Guillaume et les garçons à table » s’est dissous dans les airs pour faire place à un film beaucoup plus terre à terre… Avec son « Maryline », Guillaume Gallienne a peut-être voulu faire sa petite « Nuit américaine » mais le crépuscule est tombé un peu trop tôt. La fantaisie de son premier long-métrage ne se retrouve ici que dans une scène finale cocasse et touchante… Entre les premières images montrant Maryline à sa première audition et le clap de fin, nous en avons fait du chemin. Mais pourquoi ? Nous n’avons pas la moindre réponse à apporter à cette brève question. Qu’a voulu nous montrer le réalisateur ? Nous ne le savons toujours pas. La lassitude s’installe peu à peu, notre engouement s’étiole jusqu’à devenir une petite peau de chagrin. Pourtant, sur le papier, le film a vraiment de quoi nous intriguer mais le résultat n’est pas à la hauteur des espoirs que nous avions fondé en lui. Dubitatifs, nous sortons de la projection sans savoir réellement pourquoi cela ne fonctionne pas. La faute à un scénario un peu trop léger ? A une histoire trop éparpillée ? Cette histoire, Adeline D’Hermy (ancienne compagne de théâtre de Guillaume Gallienne), l’a fait pourtant vivre d’une bien jolie façon. Juste dans ses émotions, la jeune femme parviendra à nous prendre par la main et à nous convaincre de la suivre tout au long de son chemin périlleux. La Maryline qu’elle incarne n’a pas l’audace et l’aura de son homonyme hollywoodienne, que du contraire. Déterminée à vouloir être comédienne, la jeune femme ne parvient pourtant pas à croire en elle, à son talent et se paralyse par une peur de décevoir. Les mois et les années passent mais Maryline peine à concrétiser son rêve, erre de villes en villes, de bars en bars. Son rêve de succès devient peu à peu son cauchemar. Les opportunités s’enchaînent, les désillusions aussi. Au fil de ces déconvenues, l’actrice en herbe sombre dans l’alcool, enchaînant des petits boulots alimentaires dans lesquels elle se perd. Mais parviendra-t-elle à saisir sa chance avant de toucher le fond ? C’est tout l’enjeu de son histoire. Aux côtés de la concluante Adeline d’Hermy, on retrouve Vanessa Paradis, Xavier Beauvois, Eric Ruf, Lars Edinger ou encore Alice Pol. Tous se mettent au service de cette histoire avec un investissement réel. L’erreur n’est donc pas à chercher auprès du casting. Ecrit, pensé et réalisé par Guillaume Gallienne, « Maryline » ne parvient jamais à nous faire décoller. Les aspirations de son héroïne nous marquent peu, contrairement à son jeu. Fébrile mais insistante, elle est à l’image du film de son metteur en scène à qui on souhaite de vite rebondir et de retrouver cette étincelle créatrice qui nous avait jadis séduite. Date de sortie en Belgique/France : 15 novembre 2017 Durée du film : 1h44 Genre : Drame Compétition Officielle longs métrages - Projections: 30 septembre 2017 (Caméro 3) à 21h - 3 octobre 2017 (Caméo 4) à 21h Résumé du film: Carré 35 est un lieu qui n'a jamais été nommé dans ma famille ; c'est là qu'est enterrée ma soeur aînée, morte à 'âge de trois ans. Cette soeur dont on ne m'a rien dit ou presque, et dont mes parents n'avaient curieusement gardé aucune photographie. C'est pour combler cette absence d'images que j'ai entrepris ce film. Croyant simplement dérouler le fil d'une vie oubliée, j'ai ouvert une porte dérobée sur un vécu que j'ignorais, sur cette mémoire inconsciente qui est en chacun de nous et qui fait ce que nous sommes. Avis: Avec "Maman Colonelle" et "12 jours", "Carré 35" est l'un des documentaires présentés en compétition officielle lors de cette édition 2017. Poignant, le film d'Eric Caravaca nous présente l'histoire dans sa famille, sa quête de vérité sur la naissance, la courte vie et la mort de sa petite soeur qu'il n'a jamais connu. A travers les témoignages de ses parents, le réalisateur assemble peu à peu les pièces d'un puzzle disparate, dont certaines d'entre elles ont été volontairement mises de côté pour qu'une nouvelle vérité soit reconstituée. Qui était Christine? De quoi souffrait-elle? Pourquoi ses parents n'ont-ils gardé aucune trace de son passage dans la vie familiale? Son enquête cinématographique, Eric Caravaca nous la livre avec beaucoup de pudeur durant une petite heure. Dans "Carré 35", le cinéaste ne fait pas que nous livrer sa quête de vérité. Il nous parle de son histoire, de celles de sa famille mais aussi de l'Histoire avec un grand H, celle qui s'invite dans les rues de Casablanca, du Maroc natal de ses parents de leur naissance à leur départ définitif pour la France. Les images d'archives qu'il a précieusement collectées pour les intégrer à son documentaire nous montrent la "vraie" situation marocaine du milieu du siècle dernier, pas celle des actualités. A travers sa caméra, Caravaca capte des moments de vie de Casablanca, à la lueur de la nuit ou dans ses activités diurnes. Sa photographie et la lumière qu'il lui apporte sont d'une toute grande beauté, à l'image de son récit. Les histoires se croisent, les supports varient mais le but reste inchangé: comprendre pourquoi l'absence de sa petite soeur n'a jamais vraiment été évoquée. Aucune photographie, aucun vidéo d'elle, alors que ses parents étaient de férus amateurs de films 8mm. Même la tombe de la petite semble avoir été oubliée... de tous, mais pas de lui. Son documentaire c'est une occasion de redonner un peu de vie à cette Christine oubliée, de la faire exister, de la connaître et se la représenter. Jamais la fillette n'aura été aussi présente au sein de la famille. Mais la réalité est difficile à saisir puisque chacun de ses parents à son propre récit, ses propres souvenirs et son propre déni. Les non-dits et les mystères sont nombreux mais Eric Caravaca ne lâche rien et traverse la Méditerranée pour suivre les traces du passé familial... et obtenir de précieuses réponses. Touchant, le film livre de belles émotions pour peu qu'on lui accorde le temps qu'il mérite. Oui, "Carré 35" est lent, oui, il parait parfois fouillis mais si on se laisse porter par le regard du cinéaste, on prendra plaisir à faire ce voyage dans le temps et dans l'espace et à faire un bout de route à ses côtés. Date de sortie en France: 1 novembre 2017 Durée du film: 1h06 Genre: Documentaire Compétition Officielle longs métrages - Projections: 30 septembre 2017 (Caméro 4) à 18h15 - 1 octobre 2017 (Caméo 4) à 13h Résumé du film : Lors d'une fête étudiante, Mariam, jeune Tunisienne, croise le regard de Youssef. Quelques heures plus tard, Mariam erre dans la rue en état de choc. Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité. Mais comment peut-on obtenir justice quand celle-ci se trouve du côté des bourreaux ? Avis : Inspirée de l’histoire vraie de Myriam qui avait donné naissance à l’autobiographie « Coupable d’avoir été violée », « La belle et la meute » ne peut laisser personne indifférent. Le film bouleversant de Kaouther Ben Hania avait déjà reçu de longs applaudissements lors de sa présentation au Festival de Cannes en mai dernier. Il y a de fortes chances pour que cette semaine, le public namurois frappe longuement dans ses mains après avoir eu la gorge nouée. « La belle et la meute » est un film dur, brut, montrant une société tunisienne où le crime semble pouvoir rester impuni. Violée par des policiers lors d’un contrôle nocturne, Mariam n’a qu’un seul souhait : porter plainte contre ses bourreaux et obtenir justice. D’hôpitaux en postes de police, la jeune femme erre, le regard hagard, ses blessures toujours vives pour se faire entendre et obtenir la preuve de son agression. Plus que le viol physique dont elle est la victime, c’est l’humiliation, les regards jugeants et l’inhumanité qu’elle va croiser qui brutaliseront la jeune tunisienne. Accompagnée de Youssef (le très juste Ghanem Zrelli), Mariam ne baisse pas les bras et avance, la tête haute pour mener son combat jusqu’au bout. Mais cette nuit-là, rien ne sera facile pour la victime. « Vous avez pris mon corps, ma dignité, ça, vous ne pouvez pas me le prendre ». Ce cri déchirant, rempli de douleurs nous transperce le cœur. Alors qu’elle veut déposer une plainte contre ses agresseurs, Mariam se confronte à une « justice » qui n’en porte que le nom. Moquée, rabaissée, menacée, la jeune femme semble n’avoir aucune issue à son malheur. Des policiers l’ont agressée ? Comment peut-elle espérer un peu de compassion de la part de leurs confrères ? Spectateurs de son cheminement pour une quête de justice, nous évoluerons au plus près de l’héroïne admirable qu’est cette jeune femme crédule mais tenace ! Sa caméra vissée à l’épaule, la réalisatrice tunisienne fait de nous des compagnons de fortune, suivant Mariam dans chacune de ses démarches, espérant une issue favorable, jusqu’à ce que de nouveaux événements se passent. Jouant avec nos nerfs (autant qu’avec ceux de son personnage principal), Kaouther Ben Hania nous faire vivre une nuit interminable. Si la scène choquante du viol n’apparaît pas dans le film (fort heureusement !), tout ce qui suit est tout aussi insupportable. Doublement victime, Mariam doit livrer son corps et sa dignité à de parfaits étrangers. Le réalisme dont fait preuve le film nous glace, au même titre que le manque de compassion à l’égard de la jeune femme. Légèrement vêtue, elle est méprisée, jugée et peu écoutée. A la recherche d’une quelconque aide, d’une frêle épaule sur laquelle s’appuyer, Mariam continue d’avancer, ses talons vissés aux pieds. Son foulard entourant son corps meurtri est seul bouclier mais il deviendra aussi son étendard, sa cape d’héroïne au terme d’un chemin de croix qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Mariam Al Ferjani tient d’ailleurs ce rôle très délicat avec beaucoup de conviction. Son regard transperce l’écran, sa détresse nous prend aux tripes. Certes, le film, découpé en 9 chapitres, peu paraître long par moments, bancal ou trop étiré mais cette réalité pesante n’a pas droit à des raccourcis elle non plus. A l’heure où les populations demandent de plus en plus de libertés (d’expression ou personnelle), on se rend compte que certaines régions du monde ont encore du chemin à parcourir pour que cela soit réel. Choquant et intense « La belle et la meute » donne matière à réfléchir et marque indéniablement son public. Sa réalité brute (et presque crue) semble inimaginable et pourtant… Pour son traitement, son angle affûté et le message qu’il veut nous communiquer, le film de Kaouther Ben Hania mérite tout notre respect. Après avoir été assommé, anesthésié par cette histoire (réelle) que nous venons de suivre, nous n’avons qu’un souhait : éveiller les consciences sur la triste réalité subie aujourd’hui encore par de jeunes filles des quatre coins du monde, des victimes honteusement traitées que la justice devrait beaucoup mieux protéger. Date de sortie en Belgique : 6 décembre 2017 Date de sortie en France : 18 octobre 2017 Durée du film : 1h40 Genre : Drame Titre original : Aala Kaf Ifrit Film d’ouverture - Compétition Première œuvre de fiction - Projections: 29 septembre 2017 (Théâtre de Namur à 21h – Palais des Congrès à 20h45 - Acinapolis à 21h15 Caméo 1 à 20h) Résumé du film : Un chat sous le bras, des portes closes, rien dans les poches, voici Paula, de retour à Paris après une longue absence. Au fil des rencontres, la jeune femme est bien décidée à prendre un nouveau départ. Avec panache. Avis : Dès les premières minutes du film, nous sommes happés dans l’histoire de la frêle Paula. Ses yeux vairons fixent la caméra… mais aussi sa vie tumultueuse depuis sa rupture dévastatrice. Enragée de voir la porte de son ancien appartement fermée, elle se cogne la tête jusqu’à se blesser. Cette détresse, Paula aura bien du mal à s’en débarrasser. Et c’est la survie de cette jeune femme désemparée que Léonor Serraille va nous proposer. Vouée à elle-même, Paula erre dans les rues de Paris, en quête d’un logement, d’un emploi, d’un refuge. Elle qui était tout pour son petit ami photographe n’est à présent plus rien. Ce constat déchirant, qu’elle prononce très vite dans cette histoire, elle devra le surmonter pour parvenir à s’imposer dans ce Paris peu accueillant. Rejetée de tous (son attitude asociale n’en est-elle pas en partie responsable ?), Paula vit une vraie descente aux enfers. Sans ressource, sans famille et sans amis, la trentenaire survit tant bien que mal allant d’hôtels à logements de fortune, faisant de nouvelles connaissances fortuites et éphémères. Après de nombreux jours d’errance, son chat sous le bras, Paula trouve enfin quelques petits boulots, qui lui permettent peu à peu de sortir de l’eau. Cash, la jeune femme n’en oublie pas son besoin de liberté et cette nouvelle autonomie acquise, elle en profite sans jamais vraiment penser aux conséquences. Sans cesse sur la tangente, Paula est dans l’attente d’une reconnaissance, d’un appel, d’un avenir qu’elle doit se construire seule. Mais on ne peut trouver de l’aide que si on est ouverte et prête à la recevoir et c’est cette leçon de vie que la jeune femme devra apprendre. Mûrir, entrer dans la vie adulte, avec tout ce que cela implique comme investissement et maturité. De l’investissement, il y en a énormément chez Laetitia Dosch, qui interprète cette Paula aux différents visages. Elle jongle avec les émotions de son personnage avec une extrême habileté. Epatante, la jeune femme tient ici un rôle emblématique dont on se souviendra longtemps encore. Son interprétation nous fait oublier les petits soucis scénaristiques dont souffre le film ainsi que son manque de rigueur. Qu’à cela ne tienne, pour un premier long métrage, on peut dire que Léonor Serraille s’en sort avec les honneurs. Récompensé par la Caméra d’Or lors du dernier Festival de Cannes et du Prix d’Ornano-Valenti au Festival du Cinema américain de Deauville, « Jeune femme » présente aussi la souffrance d’une génération de trentenaires en manque de repères. Perdue au milieu de ce Paris impersonnel, son héroïne s’accroche, s’octroie des libertés et tente de renaître. Témoins privilégiés de ce parcours du combattant, on ne peut qu’applaudir cette audace… une nouvelle réalisatrice prometteuse est née ! Date de sortie en Belgique/ France : 1 novembre 2017 Durée du film : 1h37 Genre : Drame |