Note du film : 7,5 /10 (par Stanley) Pan ! T'es mort au box office US ! En effet, le dernier film de Joe Wright avec Hugh Jackman en « Barbe noire » et Levi Miller en « Peter Pan », a rapporté 15,5 millions de dollars de recettes lors de ses trois premiers jours d'exploitation. Quand on sait que la production a coûté 150 millions de dollars et que les critiques sont globalement négatives, nous avons eu peur de monter à bord d'un bateau qui prend l'eau ! Néanmoins, est-ce une raison suffisante pour bouder notre plaisir ? Non, certainement pas ! Alors larguez les amarres moussaillons et embarquez avec Pan et les autres enfants pour le Pays Imaginaire ! Résumé du film : Nouvelle version de l'histoire écrite en 1911 par J.M. Barrie, l’œuvre du réalisateur Joe Wright relate l'histoire du kidnapping de Peter- un orphelin- par Barbe Noire. C'est alors qu'après une voyage des plus délirants , il travaillera avec d'autres orphelins provenant de tous lieux et de toutes époques confondues dans les mines afin de rechercher le « pixel », poussière de fée si chère à Barbe Noire. De là suivra une aventure féerique emprunte de dangers et de rencontres décisives dans laquelle Peter bravera maints dangers pour découvrir son destin : devenir le héros du Pays Imaginaire. Avis : Cela fait quelques années maintenant que certains projets ambitieux se sont ramassés au box office. Parmi ceux-ci, citons : « Les Quatre Fantastiques », « Sin City 2 », « John Carter », « The Lone Ranger » ou encore « RIPD : Brigade fantôme » (là par contre, tout était écrit dans le titre..). Et pourtant, Pan surfe sur la vague des « prequels » et autres reboot/spin off à dimension familiale qui fonctionnent traditionnellement bien (Vous avez dit « Blanche Neige »?) Quelles sont les raisons qui pourraient expliquer cet échec ? Tout d'abord, le scénario ! En effet, n'allez pas voir Pan pour celui-ci ! Il pourrait tenir sur la moitié de votre ticket que cinéma ! Vous avez lu le roman ? Vous risquez une crise cardiaque ! En regardant ce long métrage, on se rend assez vite compte que Joe Wright est un réalisateur visuel ! C'est ambitieux, souvent très beau et la succession des images apportent un certain dynamisme au détriment des personnages, et c'est là le gros point noir du film ! Le paradoxe vient du fait que l'on retrouve de nombreuses références à Peter Pan : les crocodiles, les sirènes, les indiens, mais que le réalisateur ne parvient pas à les développer suffisamment. En effet, ce film était aussi l'occasion de présenter l'origine de plusieurs personnages qui se retrouvent dans l’œuvre de J.M Barrie (Crochet bien sûr mais aussi Lilly la Tigresse et la fée Clochette)… On aurait aimé trouver une densité au niveau de la construction narrative de leurs personnages, en vain. Hélas, les rapports humains pourtant d'une grande richesse lorsqu'on évoque l'histoire de Peter Pan sont ici totalement réduits à une peau de chagrin. Dès lors, on suit les personnages mais on ne parvient pas à être ému. Exception faite de la prestation impeccable de Hugh Jackman qui nous livre une très belle performance ! Nous sommes conquis par le talent de ce comédien ! Il parvient à passer du rire aux larmes en un battement de cils. Il incarne un Barbe Noire déterminé, sans morale et terriblement fascinant. Nous le disions, cette œuvre rend justice à Neverland. Le réalisateur aux idées débordantes parvient à les transposer à l'écran dans un rythme effréné. Le recours aux effets spéciaux, bien que colossaux, flattent particulièrement bien la rétine et laissera une image colorée où la verticalité de ce monde prédomine. C'est bien simple, nous sommes émerveillés par tant de créativité à l'écran. Ici les lois de la physique ne s'appliquent pas et nous avons le sentiment d'évoluer dans un univers, vaste, sans entrave. Souvent, notre esprit cartésien entre en résistance...Pan respire normalement dans l'espace, sans casque ? Préparez votre cerveau à se mettre en veille. Après tout, nous sommes à Nerverland et tout est désormais possible. Néanmoins, toutes les idées avancées dans le film ne sont pas les bienvenues. Comme ce combat sur un trampoline, ou ce chant sur fond d'un tube de Nirvana ...mais passons. Nous n'arrivons pas à en tenir rigueur à Joe pour cet élan mal placé de spontanéité. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce film est généreux. Du rythme à la dimension visuelle de l'ensemble (la beauté de la scène de fin qui ressemble à la Forteresse de la Solitude, faite de cristal dans Superman ; des corps qui explosent en poudre colorée), des monstres étranges...la liste est longue. Alors bien sûr on attendait beaucoup des personnages et des rencontres entre Peter et Crochet… Mais le scénario nous prive de toute tension dramatique entre les deux protagonistes. Nous avons au mieux des taquineries. C'est d'autant plus dommage qu'ils sont parfaitement interprétés par Garrett Hedlund en Crochet et le jeune Levi Miller pour Pan. Même Rooney Mara se montre très juste en Lilly la Tigresse. Un deuxième opus pourrait mettre tout le monde d'accord et permettrait d'explorer tout le relief de ces relations pourtant prometteuses. Mais ici encore, le public en décidera. De ces 111 minutes, nous garderons en mémoire un blockbuster injustement boudé. Ambitieux, techniquement maîtrisé et doté d'une identité forte, Pan pêche par un scénario faiblard ne laissant pas les personnages envahir tout l'espace qu'ils avaient à disposition. Date de sortie en Belgique : 14 octobre 2015 Durée du film : 1h51 Genre : Fantastique
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Note du film : 8/10 (par Sally) Résumé du film : Edith est une jeune romancière au caractère bien trempé. Un soir, elle fait la rencontre d’un jeune britannique ambitieux : Thomas Sharpe. Après en être tombée amoureuse, elle quitte tout pour le suivre dans sa campagne anglaise. Mais lorsqu’Edith, récemment mariée arrive dans le manoir familial, elle se rend compte que celui-ci est peuplé de fantômes. Quelle relation son mari entretient-il avec sa sœur ? Et quel lourd secret cache sa nouvelle demeure ? Pour le savoir, il faudra vous rendre à « Crimson Peak » Avis : Soyons honnêtes avec vous. Dès le départ, nous partions confiants (et excités) vers notre salle de cinéma car nous attendions avec impatience un nouveau rendez-vous avec Guillermo Del Toro que nous aimons tant. Malgré tout, nous avons tenté de garder un tant soit peu de recul pour évoquer ce film qui, reconnaissons-le, est une vraie réussite. Bien sûr, on peut trouver quelques petites failles - comme certaines longueurs, quelques dialogues à l’eau de rose dispensables - mais pour le reste, nous avons réellement pris notre pied ! En effet, c’est une chance que le réalisateur mexicain revienne avec ce qu’il sait faire de mieux : le fantastique. Toujours à la limite de l’horreur sans jamais tomber dans le gore, il sait présenter un univers inquiétant sans que cela ne devienne pesant. A la vue de « Crimson Peak », on peut dire que son petit détour par le blockbuster « Pacific Rim » n’a rien enlevé à son talent. Les nostalgiques trouveront même quelques petits clins d’œil à d’autres de ses œuvres, notamment grâce à une scène finale où la photographie rappelle celle de « l’Echine du Diable ». A l’image du mémorable « Labyrinthe de Pan » on renoue avec un univers remarquable, dont il est une fois de plus le réalisateur, l’auteur, le penseur, le dessinateur... Il continue de prouver que c’est un grand faiseur de films et celui-ci rejoint, pour nous, le top 3 de ses meilleures réalisations. Pour l’aider à écrire son scénario, Del Toro a de nouveau fait appel à Matthew Robbins, avec qui il avait déjà travaillé sur « Mimic ». L’écriture à plusieurs mains nous livre un scénario impeccable, en plusieurs temps, où chaque scène future est mécaniquement pensée. S’il tarde à nous emmener à Crimson Peak, lieu inquiétant où se jouera l’essentiel de l’intrigue, la première partie ne gâche pas notre plaisir. Soigneux comme à son habitude, Guillermo Del Toro présente un univers à couper le souffle et nous fait entrer dans la vie et la psychologie de chacun de ses personnages. Certains sont énigmatiques, inquiétants et d’autres sont attachants. Tous ont des traits de caractère bien identifiables et un passif qui ont fait d’eux ce qu’ils sont aujourd’hui. Pour les incarner, un casting de choix : Notre héroïne, Edith, n’est autre que Mia Wasikowska , la « Alice » de Tim Burton (et qui sera à l’affiche de la suite… sans que le maître n’en soit aux commandes) ou encore la très juste « Mme Bovary » dont on vous parlait dernièrement. Sublime dont son rôle, brillante comme toujours, la prolifique comédienne de 26 ans endosse son rôle avec brio ! Son amoureux étrange n’est autre que Tom Hiddleson (Scott Fitzgerald dans « midnight in Paris », Loki dans « Thor »). Affectueux mais secret, il est sans doute le personnage le plus sincère malgré ses multiples mensonges. Peu charismatique mais pourtant séduisant, il saura faire chavirer le cœur d’Edith au grand dam de son entourage… The last but not least, Jessica Chastain qui est remarquable durant toute la durée du film! Toujours à l’affiche de « Seul sur Mars », elle interprète ici un personnage à l’opposé de ce qu’on donnait d’elle : froide, distante, inquiétante, malveillante, sa seule présence fait frissonner car, dans ce film, ce sont les êtres vivants qui sont menaçants … pas les morts ! La série de seconds rôles est tout aussi notable que les comédiens principaux : Charlie Hunnam, Jim Beaver, Leslie Hope, Burn Gorman sont quelques-uns de ceux-là. Si certaines scènes sont impressionnantes, voire parfois dégoûtantes, elles n’en sont pas pour autant angoissantes pour les spectateurs amateurs de frissons. Cependant, il est tout de même déconseillé au jeune public de visionner le film, même en compagnie d’adultes aguerris. « Crimson Peak » est donc une très bonne occasion de renouer avec le cinéma du réalisateur dans toute sa superbe. Parfois lent, un peu prévisible, le spectacle demeure néanmoins total. L’univers de Guillermo Del Toro est inimitable et continue de nous emporter dans des chimères sombres dont lui seul à le secret. Joliment réalisé, son dernier long-métrage mérite vraiment le voyage. Date de sortie en Belgique : 21 octobre 2015 Durée du film: 1h59 Genre: Fantastique / Horreur Note du film : 6/10 (par Sally) Résumé du film : David, marié et heureux père d’un petit garçon, vit depuis 5 ans dans une maison de maître impressionnante. Archiviste pour la ville, il reçoit une vidéo d’actualité datant de 1902 et se rend compte que sa maison a été le lieu d’un crime épouvantable. En effet, le propriétaire a égorgé sa femme avant de se noyer avec ses enfants. Troublé par les images, il décide d’en parler à son épouse. Mais celle-ci semble bien occupée par son travail et passe beaucoup de temps en compagnie d’un client, devenu son amant. Choqué par la nouvelle, déstabilisé par les derniers évènements de sa vie, David semble perdre pied. Mais le pire n’est pas encore arrivé…. Avis : « The canal » a la particularité de ne pas être sorti dans nos salles mais sur la chaîne « Netflix » début du mois d’octobre. Dès lors, il était facile de se programmer une petite soirée « angoisse » à la maison. Mais a-t-il rempli sa mission ? Pas tout à fait. Le film d’horreur irlandais avait tout pour attirer le spectateur en quête de frissons mais bien vite, nous comprenons que le sujet du film est davantage la folie que l’horreur. Le scénario est simple mais efficace. Facilement devinable, le cœur de l’intrigue reste néanmoins bien maîtrisé et offre un final quelque peu surprenant, et encore… On constate à nouveau, que l’étiquette « film d’horreur » est un peu vite attribuée par les distributeurs. A mi-chemin entre l’angoisse et le fantastique, entre le thriller et le drame, « The canal » n’a rien de véritablement effrayant ou écoeurant. Que du contraire, c’est la psychologie du personnage central qui est mis en avant, tout comme dans « Enemy », que nous vous aviez présenté il y a peu de temps dans notre rubrique DVD/ Blu-Ray. Là où le réalisateur Ivan Kanavagh fait fort, c’est qu’il nous propose une photographie intéressante et particulièrement originale, et parvient à créer un style novateur. Son univers sombre et pesant est palpable à travers l’image bien plus qu’à travers le scénario. Rupert Evans (que l’on a découvert dernièrement dans la mini série « The secrets »,) est très convaincant. L’acteur britannique parvient à nous embarquer dans sa paranoïa et ira presque jusqu’à nous faire douter de la réalité. En permanence au centre du film, il nous fait évoluer dans son histoire dramatique avec beaucoup de sincérité. Autre acteur remarquable : Calum Heath qui tient le rôle du petit Billy avec beaucoup de talent malgré son bas âge. Spectateur incrédule et témoin privilégié de la folie de son père, il gardera une part de naïveté dans un quotidien devenu instable. Apaisé par sa nounou (Hannah Hoekstra), il fera face à des évènements tragiques et en sortira peut-être lui-même affecté. A côté de ces acteurs principaux, gravite tout un petit monde de personnes réelles ou fantomatiques incarnés par des comédiens efficaces et impliqués dans le bon déroulement du film. S’il n’a pas grand-chose de marquant, « The Canal » attise notre curiosité sans pour autant la piquer au vif. Particulier mais peu efficient, il ne valait en effet pas la peine de se rendre dans nos salles de cinéma. Cela n’empêche que si la folie ou l’instabilité vous fascinent, vous y trouverez peut-être un petit intérêt. Date de sortie en Belgique : 2 octobre 2015 (sur Netflix) Durée du film : 1h32 Genre : Horreur / Thriller Note du film : 8,5/10 (par Sally et Stanley) Résumé du film : L’expédition habitée sur Mars se révèle être une réussite jusqu’à ce qu’une terrible tempête oblige l’équipe à quitter la planète. Dans la précipitation, Mark Watney est blessé et laissé pour mort par ses coéquipiers. Peu de temps après, il se réveille et prend conscience qu’il est à présent seul sur la planète rouge. Sans moyen de contact avec la Terre, il devra faire face à la solitude, au milieu hostile et aux réserves de vivre limitées. Mais heureusement pour lui, la NASA finit par s’apercevoir qu’il n’a pas périt et se prépare à venir le secourir. Avis : On l’attendait avec impatience et nous n’avons pas été déçus. Le dernier film de Ridley Scott se révèle être un excellent film de science fiction mais pas seulement… L’expérience 3D immersive constitue une vraie plus value dans la vision du film. Grâce à cette technologie, on se retrouve réellement sur Mars et on évolue aux coté du héros avec un réalisme saisissant. Pour ceux qui craignaient un étalage scientifique pompeux, rassurez-vous, il n’en est rien. L’équipe s’est attelée à présenter des évènements probables (merci aux consultants de la NASA). Elle attache aussi une réelle importance à utiliser les techniques et modes opératoires propres aux astronautes d’aujourd’hui. Ainsi, Ridley Scott ne tombe jamais dans un futurisme inapproprié… Le réalisateur de presque 80 ans continue de nous surprendre et de nous émerveiller. Avec « Seul sur Mars », il confirme sa maîtrise des films d’anticipation et semble mettre tout le monde d’accord, critiques comme spectateurs lambda. Là, où d’autres réalisateurs auraient été tentés de nous laisser en tête à tête avec le héros et de créer un climax angoissant (nous pensons à « Seul au monde », « Gravity », etc.), Ridley Scott opte pour une histoire constituée d’une mosaïque de lieux et de personnages attachants. Qu’il s’agisse de Houston, de Pasadena, de la Chine ou de la station orbitale Hermès, on entre dans des lieux où se mettent en place toute une série d’aides ou de manœuvres possibles pour sauver l’astronaute américain. Ce choix dynamise le film et apporte des réponses que nous n’aurions pas pu obtenir si nous étions restés dans la station martiale. L’attente de Mark Watney est longue alors que le film se déroule sous nos yeux avec une rapidité étonnante. Nous ne sentirons jamais les presque deux heures trente qui nous occupent. Et en parlant de Mark Watney, il est incarné par un Matt Damon brillant. Ses déconvenues, ses joies, ses découvertes, ses attentes sont réelles. Il habite son personnage de façon impressionnante et révèle un jeu d’acteur plus profond qu’à son habitude. Les autres comédiens ne sont pas en reste : Jeff Daniels, formidable chef de la NASA, Jessica Chastain, commandant d’équipe déterminée et compétente, Chiwetel Ejiofor, haut responsable du programme en cours. Même Sean Bean, directeur des missions « Ares » pour Mars est de la partie... et, ô miracle, restera en vie jusqu’aux dernières minutes du film. L’occasion pour le réalisateur de faire un petit clin amusant et surprenant à l’un de ses grands rôles… Difficile de vanter les talents de tous les comédiens du film, tant ils sont justes et investis dans leurs rôles. Pour alléger le propos du film aux apparences tragiques, les scénaristes ont eu l’excellente idée de glisser des pointes d’humour qui viennent dédramatiser la situation, de présenter un héros décalé et formidablement optimiste et d’adjoindre une bande originale disco en totale adéquation avec ce décalage. Avec sa B.O surprenante, Ridley Scott sort des sentiers battus et esquive les trop entendus standards philharmoniques oppressants et préfère une légèreté de thèmes parlant au grand public. Ainsi, lors d’un moment clé de l’intrigue, il opte pour le titre « Starman » de David Bowie qu’apprécierait très certainement notre héros. « Seul sur Mars » est un film d’anticipation (plus qu’un film de science fiction) parfaitement maîtrisé et sera à coup sûr, une occasion rêvée de sortir de notre réalité et de devenir le pionnier d’un monde qui fait fantasmer. Et pour égayer votre journée, à vous de choisir un des titres de la playlist martienne de Mark Watney : Abba « Waterloo » ou David Bowie « Starman » Date de sortie en Belgique : 7 octobre 2015 Durée du film : 2h24 Genre : Science Fiction Titre original : The Martian Note du film : 9/10 (par Sally) Résumé du film : Cédric a 32 ans et vit toujours ses parents. Alors que sa famille partage un repas des plus ordinaires un soir d’été, sa sœur leur apprend qu’elle attend un enfant. Pour Cédric, c’est le choc. Lui, qui rêve d’un voyage en Autriche aux côtés de son père, il voit son monde trembler sous ses pieds et finit par s’écrouler. Car dans cette famille aux apparences ordinaires, personne ne semble vraiment trouver sa place ni vouloir tomber le masque. La soirée dégénère et le règlement de compte n’est pas loin… Avis : Certains d’entre vous restent peut-être imperméables au cinéma belge et cela peut (parfois) se comprendre. Pour vous réconcilier avec le 7ème art de notre plat pays, nous vous suggérons de vous rendre à la projection de « Préjudice », du jeune réalisateur Antoine Cuypers. Car derrière ce nom presqu’inconnu se cache un cinéaste qui a tout des Grands et qui marquera, à coup sûr, son temps ! Par choix, nous décidons de ne pas trop dévoiler l’intrigue du film. En effet, rien de tel que de vous asseoir vous-même à la table de cette famille aux apparences ordinaires mais qui dans le fond, dysfonctionne totalement. Le temps du film, vous deviendrez des spectateurs privilégiés et impuissants d’une violence latente, de non-dits oppressants et d’un orage relationnel réaliste qui ne pourra que laisser des traces dans le cœur de nos personnages comme dans le nôtre. Parlons de la réalisation. Antoine Cuypers a fait le choix d’un huit clos pour mettre en exergue son scénario, écrit à quatre mains avec l’auteur Antoine Wauters (« Nos Mères » aux éditions Verdier). Le cinéaste parvient à suspendre le temps afin que chacun puisse faire la connaissance de chaque membre de la famille dans un temps presque réel. Il fait battre nos cœurs de stress (au rythme d’une batterie folle qui se déchaîne comme celle de « Birdman ») et joue avec nos émotions. Il offre des images sublimes, comme celle de l’orage qui se déchaîne et qui pourtant se déroule au ralenti. Il filme ses comédiens avec intensité, qu’il s’agisse du regard désolé d’Arno ou le visage fermé de Nathalie Baye. Il parvient à nous mettre mal à l’aise sans que cela ne devienne malsain pour autant… Bref, il nous offre un cinéma intelligent et donne un aperçu d’une réalité insupportable et pourtant vécue par certains d’entre nous car le cinéma, c’est aussi le reflet de la société, avec ce qu’elle a de meilleur… ou ce qu’elle recèle de pire. A cela, ajoutons que, pour avoir eu l’immense plaisir de le côtoyer à la sortie de l’avant-première, on peut attester qu’Antoine Cuypers est rempli d’humilité autant que de talent ! Très à l’écoute, il laisse à chacun la possibilité de trouver dans son film, une clé de lecture personnelle. Très modeste sur sa réalisation, passionné autant que passionnant, il dépasse pourtant de loin certains de ses confrères. Nous lui souhaitons sincèrement le meilleur et une carrière prolifique associée une juste reconnaissance de son travail par le monde (parfois impitoyable) du cinéma. Pour parfaire son œuvre, il a fait confiance à un casting de choix. En tête de liste, l’impressionnant Thomas Blanchard. Quasiment inconnu du grand public, il offre une prestation énorme et mémorable ! Il crève réellement l’écran et fait montre d’un talent incommensurable ! Il n’interprète pas Cédric, il l’est. Différent des autres, conscient de sa situation et incompris, il jongle avec les émotions, passant de la douceur à la colère avec brio. Face à lui, une Nathalie Baye, talentueuse comme toujours. Elle joue une mère fermée, froide, distante, incapable de gérer réellement une situation qui la dépasse. D’apparence solide, elle a tout d’un géant aux pieds d’argile. Arno, le père de famille, n’en est pas à son premier coup d’essai. Chanteur mais aussi acteur (« J’ai toujours rêvé d’être un gangster », « Komma », « Mon papa d’Amérique ») il incarne sans doute celui qui se rapproche le plus du spectateur : impuissant face à la situation, il ne juge pas, ne se prononce pas et observe sans agir la souffrance de sa famille. Son regard est profond, ses émotions sincères, son jeu juste… il est tout simplement parfait ! Là où le réalisateur (et co-scénariste) a été une fois de plus judicieux, c’est qu’il a fait en sorte qu’aucun des personnages ne soit réellement au second plan. Ainsi, Ariane Labed (aux faux airs de Kristen Stewart, le talent en plus !), Eric Caravaca, Cathy Min Jung, Julien Baumgartner et le tout jeune Arthur Bols, ont tous une place prépondérante dans le long-métrage et y ajoutent une implication personnelle remarquable ! Antoine Cuypers nous a d’ailleurs confié que l’équipe de comédiens était réellement soudée et n’a pas hésité à investir du temps dans le tournage du film, même lorsqu’ils n’étaient pas indispensables aux scènes tournées. Preuve en est qu’il a su fédérer des acteurs d’univers différents, qui n’avaient lien entre eux et qui, au final, constitue une vraie famille. S’il a fallu cinq ans au film (de l’écriture du scénario à sa post-production) pour qu’il voie le jour, il faut reconnaître que la patience est la mère de toutes les vertus et que le film présenté est irréprochable. Une chose est certaine, qu’on aime ou qu’on apprécie moins l’expérience cinématographique vécue, on ne sort pas indifférent de la projection de « Préjudice ». C’est un vrai bijou qu’il faut découvrir sans tarder et que nous ne cesserons de recommander ! Date de sortie en Belgique : 7 octobre 2015 Date de sortie en France : 27 janvier 2016 Durée du film : 1h45 Genre : Drame |
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