« Starship troopers », un film signé Verhoeven
« Starship troopers » est pour moi le meilleur film du réalisateur Paul Verhoeven avec « Total recall ». Sorti en 1996, le long métrage sera à peine rentable et aura un accueil critique assez mitigé. Le message de l’œuvre ne sera pas compris par le public à l’époque et on l’accusera même de faire l’apologie du fascisme, ce qui est un comble car le film en est justement une critique très virulente.
Paul Verhoeven dira plus tard qu’il avait surestimé la capacité des Américains à comprendre une satire. Heureusement le film a été, avec le temps, compris par le public et est aujourd’hui considéré comme un indispensable de la science-fiction.
L’action se déroule durant le XIV siècle, l’humanité s’est lancée dans la conquête de l’espace et est en guerre avec un peuple extraterrestre appelé « les insectes » qui ne veulent pas laisser leur planète être colonisée. Le parti-pris de « Starship troopers » est très fort, car dans ce film, nous sommes les méchants, c’est nous qui attaquons ce peuple extraterrestre qui n’avait rien demandé et qui ne fait, en fait, que se défendre. Le film est très subtil et vicieux car il nous place du côté des humains. Il met en scène des personnages simples, mais extrêmement attachants, on va vouloir les voir réussir, alors qu’on devrait, normalement, souhaiter l’inverse. On veut déstabiliser le spectateur et l’amener à la réflexion, car on le pousse à s’identifier et à souhaiter la victoire du peuple agresseur. |
On va voir, plusieurs fois durant le long métrage, des messages de propagande du réseau fédéral qui font l’apologie du régime, poussent les gens au combat, allant même jusqu’à demander aux enfants de s’engager. On prône ici la détestation de l’ennemi et la supériorité de notre race. Ces messages que l’on voit plusieurs fois tournent en dérision les films de propagande nazies et en utilisent tous les codes. Paul Verhoeven dira s’être inspiré des œuvres de Leni Riefenstahl ( la plus grande réalisatrice nazie) pour mettre en scène cela. On nous plonge, en réalité,dans une société profondément triste.
Les héros que nous suivons sont totalement endoctrinés et ne pensent qu’à gagner la guerre et à tuer l’ennemi. Ils n’ont plus aucune faculté de réflexion par rapport à cela. Cela fait évidemment écho aux soldats allemands qui étaient, eux aussi, persuadés d’être dans le bon camp et de faire grandir leur pays. Les insectes nous sont montrés comme des créatures effrayantes et très différentes de nous.
Les héros que nous suivons sont totalement endoctrinés et ne pensent qu’à gagner la guerre et à tuer l’ennemi. Ils n’ont plus aucune faculté de réflexion par rapport à cela. Cela fait évidemment écho aux soldats allemands qui étaient, eux aussi, persuadés d’être dans le bon camp et de faire grandir leur pays. Les insectes nous sont montrés comme des créatures effrayantes et très différentes de nous.
Pour les héros, ils ne sont que des monstres qui ne méritent pas de vivre, alors qu’il est clairement montré que leur civilisation est intelligente et complexe.
Ici on montre le rejet de la différence et la volonté de l’humanité d’éradiquer ce qu’elle ne comprend pas. Le film est extrêmement violent, mais la violence a un sens, elle sert à nous exposer que le régime ne se gêne pas d’envoyer des centaines de recrues à une mort certaine et sanglante, tant que cela permet de gagner la guerre et de prendre le pouvoir. |
© Touchstone Pictures
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« Starship troopers » est aussi une critique de l’impérialisme américain. Les humains veulent étendre leur pouvoir en se lançant dans la colonisation spatiale. On y dénonce la volonté des États-Unis d’intervenir dans toutes les guerres et d’imposer leur idéologie à tout le monde. On montreque la propagande américaine n’est parfois pas loin de celle des régimes fascistes.
Le film est donc bien loin du divertissement d’action basique qu’il semble être. Vu au premier degré sans se poser de questions, on peut passer à côté de son propos, mais lorsqu’on réfléchit à ce qu’il essaye de nous dire, on est tout de suite frappé par sa force et sa subtilité.
On est même parfois mal à l’aise quand on sait qu’on suit le mauvais camp,car on se sent triste pour ces personnages endoctrinés et ses extraterrestres exterminés sans raison
Le film est donc bien loin du divertissement d’action basique qu’il semble être. Vu au premier degré sans se poser de questions, on peut passer à côté de son propos, mais lorsqu’on réfléchit à ce qu’il essaye de nous dire, on est tout de suite frappé par sa force et sa subtilité.
On est même parfois mal à l’aise quand on sait qu’on suit le mauvais camp,car on se sent triste pour ces personnages endoctrinés et ses extraterrestres exterminés sans raison
© Touchstone Pictures
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Au niveau des effets spéciaux, ils ont légèrement vieilli, mais sont vraiment bluffants pour l’époque et passent encore très bien aujourd’hui.
Les séquences dans l’espace sont très spectaculaires et les scènes de combat avec les insectes sont superbement mise en scènes. Le design des créatures est vraiment très réussi et les plans où on en voit des milliers se mouvoir en même temps sont saisissants. Les acteurs s’en sortent bien en général. Casper Van Dien est très bon dans le rôle du héros Johnny Ricko et interprète un personnage très attachant. |
Au casting on peut retrouver également Dina Meyer, Neil Patrick Harris, Michael ironside, Dean Norris ou encore Clancy Brown. Tous jouent très bien leurs rôles.
Je pourrais reprocher une seule chose à « Starship troopers », la performance de Denise Richards. Elle fait partie des personnages principaux et malheureusement ça ne va pas du tout, elle interprète très mal son rôle selon moi, à aucun moment on n’y croit. Ça ne diminue pas la force du long métrage, mais c’est un petit peu dommage.
On pourrait également regretter la présence d'un triangle amoureux qui ne sert pas à grand chose, mais c’est un très léger détail et ce n’est pas un problème pour moi car il ne prend pas énormément de place dans l’intrigue et il sert à étoffer un peu les personnages.
En conclusion, avec « Starship troopers » Paul Verhoeven réalise un très grand film. Le long métrage était trop en avance sur son temps pour être compris par le public à l’époque. Car « Starship troopers » est bien plus qu’un simple divertissement. Il s’agit d’une brillante satire sur le fascisme, l’impérialisme et la propagande.
On dresse ici un portrait d’une humanité dominée par une idéologie violente et assoiffée de pouvoir. On veut déstabiliser le spectateur et le sortir de sa zone de confort en le poussant à s’attacher et à s’identifier au camp des agresseurs. Une réussite totale !
Je pourrais reprocher une seule chose à « Starship troopers », la performance de Denise Richards. Elle fait partie des personnages principaux et malheureusement ça ne va pas du tout, elle interprète très mal son rôle selon moi, à aucun moment on n’y croit. Ça ne diminue pas la force du long métrage, mais c’est un petit peu dommage.
On pourrait également regretter la présence d'un triangle amoureux qui ne sert pas à grand chose, mais c’est un très léger détail et ce n’est pas un problème pour moi car il ne prend pas énormément de place dans l’intrigue et il sert à étoffer un peu les personnages.
En conclusion, avec « Starship troopers » Paul Verhoeven réalise un très grand film. Le long métrage était trop en avance sur son temps pour être compris par le public à l’époque. Car « Starship troopers » est bien plus qu’un simple divertissement. Il s’agit d’une brillante satire sur le fascisme, l’impérialisme et la propagande.
On dresse ici un portrait d’une humanité dominée par une idéologie violente et assoiffée de pouvoir. On veut déstabiliser le spectateur et le sortir de sa zone de confort en le poussant à s’attacher et à s’identifier au camp des agresseurs. Une réussite totale !