* Film en compétition officielle – jeudi 20 octobre 2016 Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Berlin 1934. L’ambitieuse et jeune actrice tchèque Lida Baarová est sur le point de lancer sa carrière allemande aux Studios Babelsberg de Berlin. Mais combien ce rêve durera-t-il lorsqu’elle décide de devenir la maîtresse de Joseph Goebbels ? Avis : Personnage méconnu de l’histoire européenne, Lida Baarová a pourtant marqué son époque. La jeune actrice tchèque, qui a connu la gloire, l’amour et la descente aux enfers en l’espace de quelques années, est au centre du film historique de Filip Renc, réalisateur praguois (qui a mis près de quatorze ans pour préparer son long-métrage). Ce n’est pas seulement sa fulgurante carrière cinématographique (boostée par un passage dans les studios allemands de l’Universum Film AG de Berlin) qui est présentée ici mais aussi et surtout son amour et sa dévotion pour le ministre de la propagande nazie, Joseph Goebbels. La mère de la jeune comédienne, appâtée par l’argent et la notoriété, l’a toujours poussée vers la réussite. Quand sa fille est appelée en l’Allemagne pour porter des rôles phares dans des films tels que « Barcarole » ou « Verräter », elle voit l’opportunité d’accéder enfin à la gloire. Mais le talent de la jeune femme ne va pas que lui apporter la reconnaissance de ses pairs, il va également attirer l’attention d’Hitler et de son ministre Goebbels. Son accession vers le succès et la reconnaissance qui l’attend, vont faire vivre à Lida les plus beaux moments de sa vie. Lorsqu’elle devient la maîtresse d’un des plus grands comédiens de l’époque, Gustav Fröhlich, la jeune tchèque côtoie les hautes sphères et des personnalités politiques de renom. Certaines amitiés dérangent et le charisme de Goebbels aura raison de l’amour qu’elle portait pour son bel acteur allemand. « Il n’y a pas plus beau que Frölich, pas plus intelligent que Goebbels ». Voilà ce que Lida ne cesse de répéter à ses copines praguoises. L’amour et l’admiration seront plus forts que la raison et ses choix personnels, qui l’empêcheront de faire une belle carrière hollywoodienne, vont très vite lui porter préjudice. Ses fréquentations houleuses à l’époque du IIIème Reich vont venir ternir le destin florissant qui l’attendait et marquer à jamais l’avenir de sa famille toute entière. Le film tchèque, en plus d’être très beau visuellement, est véritablement instructif. Filip Renc (que nous ne connaissions pas jusqu’ici) a opté pour un choix de réalisation judicieux, nous faisant faire des va-et-vient entre les années 90 et les années 30. Pour se faire, il met en scène une étudiante en journalisme, venue interviewé Lida Baarová, âgée de 80 ans, pour les besoins de son travail de fin d’étude. Ce prétexte sera l’occasion pour l’actrice de se replonger dans les souvenirs qui ont marqué toute une époque de sa vie et d’expliquer comment elle s’est faite séduire par Goebbels et les conséquences dramatiques que cette aventure lui a coûtée. La réalité qu’elle a vécu dans sa jeunesse la dépasse et ce n’est que bien tard qu’elle comprendra les enjeux de la montée du nazisme. En plus de nous servir une biographie maîtrisée, le réalisateur fait appel à certaines scènes allégoriques pour sublimer les émotions ressenties par la comédienne de façon subtile et apporter une lecture plus intimiste des sentiments de Lida Baarová Le film veut-il réhabiliter la comédienne tchécoslovaque ? On pourrait le penser. Néanmoins, le metteur en scène laisse une porte entrouverte sur l’implication qu’elle a pu avoir à l’époque et la naïveté relative dont elle a fait preuve entre les années 1934 et 1938. Cette époque est d’ailleurs admirablement retranscrite sur l’écran : la photographie est superbe, les costumes et les décors grandioses (prenons l’exemple des plateaux de tournage des studios de cinéma allemands). En plus de nous immerger visuellement dans l’univers des années 30 de l’Allemagne nazie, nous suivons de près l’évolution de cette politique controversée (à juste titre) et inquiétante pour les pays européens qui l’entourent. La musique, qui prend une part importante dans le film, vient ponctuer et accentuer les relations de chaque protagoniste ou ajouter une profondeur à la scène qui se joue sous nos yeux. La réussite du long-métrage vient aussi de son casting admirable. La jeune actrice Tána (Tatiana) Pauhofová incarne une Lida Baarová excessivement convaincante. Difficile de ne pas tomber sous le charme de la jolie trentenaire qui assure dans le rôle délicat de la maîtresse de Goebbels. Méconnue chez nous, elle gagne à être découverte, au même titre que compagnon de tournage Gedeon Burkhard (Gustav Frölich dans le film et que l’on a pu apercevoir dans « Inglourious Basterds»). L’autre figure emblématique du film, c’est bien évidemment Joseph Goebbels. L’ Autrichien Karl Markovics revêt le costume peu évident de ce ministre de propagande tant redouté à l’époque. Loin d’être le personnage peu commode et très autoritaire que l’on connaît, il est présenté ici comme un amoureux transi charismatique et prêt à tout pour séduire la jeune femme de dix sept ans sa cadette. Un petit bémol est à déplorer : le doublage allemand étonnant, qui vient ôter une part négligeable de la performance des acteurs (on en veut pour preuve la colère d’Hitler devenue presque risible) Bien réalisé, intéressant et justement interprété, « Lida Baarova, the devil’s mistress » n’est a priori pas un film sur lequel nous nous serions attardés… et c’est regrettable car le savoir-faire des pays de l’Est vaut véritablement la peine que l’on s’y arrête quelques instants si l’on veut faire de jolies découvertes. Durée du film : 1h50 Genre : Biopic / Drame Titre original : Lída Baarová
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* Film en compétition officielle – Samedi 22 octobre 2016 Avis par Véronique. Résumé du film : En 1938, le Consul Chinois à Vienne Ho, aide des Juifs à sortir du pays en réalisant des Visas de sortie contre l’instruction de ses supérieurs. Ensemble avec Fannia et Bruce, ils doivent quitter Vienne alors que la Gestapo les poursuit pour récupérer les Juifs et une peinture d’Hitler. Ils apprennent à se battre contre les Nazis : un bon nazi est un nazi mort. Avis : Projeté dans le cadre de la « Compétition Officielle » du WaHFF, « Exodus to Shanghai » a pourtant dû être retiré des potentiels lauréats. En effet, sur les cinq fichiers fournis par la maison de distribution, l’un d’entre eux (le deuxième) était endommagé. Impossible donc de voir le film dans son entièreté. Dès lors, les membres des deux jurys présents ont décidé, de commun accord, de ne pas juger le film sur la vingtaine de minutes vues. Néanmoins, cette première partie était l’occasion pour nous de nous faire une petite idée du ton, de l’angle choisi par le réalisateur britannique Anthony Hickox. Si on se renseigne sur sa filmographie (« Waxwork », « Hellraiser III », « Contamination »), on peut aisément supposer ce que nous réserverait « Exodus to Shanghai ». Mais nous étions loin du compte. Cette grosse caricature de l’époque, cette comédie absurde sur le thème dramatique qu’est l’arrivée des nazis en Autriche nous fait rire non pas par sa drôlerie mais par la gêne qu’il nous procure… Les comédiens, peu convaincants, en font des tonnes, tombent dans les stéréotypes grossiers sans aucune fidélité des normes de l’époque. L’homosexualité, le travestissement sont étalés sur la place publique sans retenue (alors qu’on sait combien il était de mauvais ton de l’évoquer dans les années 90), les tenues (et les coiffures) bien trop modernes… tout sonne faux dans ce long-métrage! Bien évidemment, nous nous doutons que c’est volontaire de la part de Hickox de proposer une sorte de série B sur le sujet mais était-ce judicieux ? La scène de Kung Fu dans les rues de Vienne accentue un peu plus le côté risible de la réalisation : trop, c’est trop. Le problème technique a sans doute soulagé plus d’un spectateur, resté coi face à ce drôle d’Exode. Intrigués par le choix de la sélection de ce film dans la compétition, il est difficile pour nous de défendre ne fût-ce qu’un tantinet cette "comédie" trop édulcorée et presque écoeurante. Durée du film : 1h19 Genre : Drame/Action * Film en compétition officielle – jeudi 20 octobre 2016 Note du film : 8/10 (par Sally) Résumé du film : « Colonia » nous raconte le coup d’Etat Chilien de 1973 contre Allende. La foule est dans la rue et proteste contre le général Pinochet. Parmi eux, Daniel et Lena, un jeune couple d’Allemands qui est arrêté par les milices. Daniel est envoyé à la mystérieuse Colonia Dignidad, dirigée par l’ancien nazi Paul Schaffer. Lena décide alors d’infiltrer cet enfer sur terre pour sauver Daniel. Avis : « Colonia », le dernier thriller historique de Florian Gallenberger marquera à coup sûr tous ses spectateurs. Par son sujet, méconnu et ô combien choquant, mais aussi par la maîtrise dont fait preuve toute l’équipe du film. Haletant, stressant, étonnant, le long-métrage de l’Allemand ne laissera pas indifférent. Distribué en France en juillet dernier, « Colonia » n’avait malheureusement pas trouvé sa place dans nos programmations belges. A regret car le film de Gallenberger vaut véritablement la peine d’être vu, notamment pour son casting d’exception mené de main de maître par un Daniel Brühl au sommet de son art. L’acteur allemand est un des acteurs contemporains sur lesquels les réalisateurs peuvent s’appuyer en toute confiance. Jamais à côté de son rôle, le comédien excelle quelques soient les difficultés rencontrées. Qu’il incarne un coureur de F1 blessé (Niki Lauda dans « Rush »), un adulescent prévenant à l’égard d’une mère déstabilisée (« Goodbye Lenin ! »), un soldat de Tarantino (« Inglourious Basterds ») ou un avocat investi (« La femme au tableau »), Daniel Brühl n’a jamais déçu, que du contraire ! Il a cette capacité de muer et d’entrer dans la peau de ses personnages avec conviction. Ici encore, il incarne Daniel, un résistant contre le régime de Pinochet, défenseur de la politique d’Allende, en proie à de terribles représailles. Son personnage, qui « mute » lui-même dans le fil de l’histoire, laisse la possibilité au comédien de montrer un peu plus l’étendue de son extraordinaire talent. Pour lui donner la réplique, Emma Watson. Cantonnée dans son rôle d’Hermione Granger depuis des années, la jeune anglaise sait pourtant tenir des rôles plus denses, la preuve ici encore. Dans « Colonia », la comédienne incarne Lena, une jeune hôtesse de l’air amoureuse de Daniel. Lorsque celui-ci se fait embarquer par les milices de Pinochet, elle n’a qu’une obsession : le retrouver. D’une bravoure admirable, elle entrera dans la secte « Colonia Dignidad » au péril de sa propre vie. Avec ce personnage, elle prouve une fois encore sa capacité d’interpréter des rôles compliqués, nécessitant de marquer son âme pour que cela transparaisse à l’écran. Déjà pleine de promesses dans son rôle d’Angela (abusée sexuellement par son père dans « Regression » d’Amenabar), elle poursuit sur la voie des rôles dramatiques qui la révèlent véritablement. Enfin, il y a le glaçant Michael Nyqvist. Le Suédois, connu notamment pour son rôle de Mikael Blomkvist dans la trilogie « Millenium », à la gueule du méchant. Et ça tombe plutôt bien car ici, le comédien incarne le Mal personnifié : Pius. Ce « prédicateur », Paul Schäfer, a véritablement existé, de même que sa condamnable colonie. Durant près de 40 ans, ce lieu bénéficia de la protection du dictateur Pinochet, et servait, entre autres choses, de lieu d'emprisonnement et de torture d'opposants politiques. Incroyablement terrifiant dans son rôle de Pius (surnom de Schäfer), Michael Nyqvist impressionne par son charisme et son jeu plus vrai que nature. Si le casting du film est un véritable point fort, il n’est pas le seul. Le scénario de Florian Gallenberger et Torsten Wenzel est bien pensé, l’ambiance angoissante incroyablement plantée (on s’y croit vraiment), le rythme parfaitement étudié au point de ne jamais lâcher notre attention. Et que dire de la réalisation ? Basé sur des faits réels, « Colonia » est un tout grand film, qui instruit (et met en lumière un pan de l’histoire chilienne relativement peu connue) et qui bouleverse. Où sont les limites de la perversité humaine ? Quels choix peut-on faire par amour ? La survie est-elle innée et comment peut-elle être supplantée ? Le film fait réfléchir et montre que les horreurs, qui se pratiquent dans certains coins de la planète, peuvent souvent être étouffée par le jeu des politiques, alors qu’au lieu de fermer les yeux, il serait plus judicieux de les ouvrir…et de combattre pour la juste cause et pour la liberté ! Durée du film : 1h50 Genre : Thriller Film en panorama - 21 octobre 2016
La section "Panorama", c'est l'occasion de découvrir des films encore inédits en Belgique. Qu'il s'agisse de productions indépendantes, d’œuvres à petits budgets ou de cinématographies moins distribuées, cette catégorie ravira tous les cinéphiles. « Madame Bovary » est l’adaptation évidente du célèbre roman de Gustave Flaubert. Cependant, Sophie Barthes, la réalisatrice a préféré présenter une partie de la vie d’Emma Bovary, jeune mariée et récemment installée à Yonville. Si quelques « détails » ont été omis, c’est sans doute pour centrer l’attention sur le mal-être d’Emma, sa perte du goût de vivre et observer sa chute jusqu’à l’issue fatale qu’on lui connaît. Alors qu’elle rêvait d’une vie de luxe, de romantisme et d’aventures, elle ne vivra que d’ennui, déceptions, dettes et abandons. Notre avis est disponible ici : http://www.ecran-et-toile.com/deauville-2015/madame-bovary * Film en compétition officielle - vendredi 21 octobre 2016
Qui ne connaît pas la célèbre expérience de Milgram ? Abordée dans les cours de sociologie, sciences sociales ou en psychologie, ses résultats étonnants n’ont laissé personne indifférent. « Experimenter » nous parle de cette étude sociale, mais aussi de l’homme qui se trouve derrière ce projet : on aborde sa vie personnelle, ses différentes expériences, l’époque dans laquelle il évolue. Bref, on devient un observateur critique d’une société de moins en moins responsable. Notre avis est disponible ici : http://www.ecran-et-toile.com/janvier-2016/experimenter |
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