Note du film : 9/10 (par Sally et Stanley) Résumé du film : À la fin des années 1940 à Hollywood, le scénariste Dalton Trumbo est accusé d'être communiste et se voit fermer les portes de tous les grands studios. Blacklisté, lui et ses camarades défendent à tout prix leur liberté de travail, de pensée et d’expression. Les Dix d’Hollywood vont connaître bien des heurts dans leurs carrières et leur vies personnelles respectives mais garderont néanmoins l’envie de continuer d’exister… Avis : Avec « Dalton Trumbo », Jay Roach nous livre une biographie de qualité et un film d’époque impeccable ! Avec un scénario haletant et une photographie magnifique, les cinéphiles en auront vraiment pour leur argent. Les dialogues caustiques et truculents, l’époque sublimée par une réalisation « à l’ancienne », n’ont rien à envier à l’ « Ave Cesar » des frères Cohen qu’il surpasse largement. S’ils abordent tous deux l’envers du décor de l’Hollywood de la première moitié du XXème Siècle, ils n’ont rien de comparable. L’un évoque l’ambiance sur les plateaux, la folie et les aléas des grandes maisons de production alors que l’autre présente la fracture politique de l’époque et l’arrivée du maccarthysme. Là où l’on reprochait aux frères Cohen de faire un beau film creux, on encense Jay Roach de nous servir un beau film documenté et consistant. Ce qui fait son succès, c’est notamment l’interprétation magistrale de Bryan Cranston. C’est avec un plaisir non dissimulé que l’on retrouve Walter White de « Breaking Bad ». A 52 ans, la carrière du comédien prend un tournant fulgurant lorsqu’il incarne le célèbre professeur de chimie atteint d’un cancer du poumon. Récompensé par quatre Emmy Awards et un Golden Globe pour son rôle dans la série, l’acteur n’a jamais déçu. Ici non plus. Dans chacun de ses plans, l’acteur semble habiter son personnage au point de ne jamais le quitter : tous ses sourires, ses regards, ses combats, tous ses gestes concourent à la construction d’un scénariste de génie qu’il est et n’interprète plus. Cranson est dans la peau de Trumbo, parle comme lui, vit comme lui et se fond dans ce rôle comme un caméléon. Le dilemme de son personnage renvoie à l’image d’un homme prisonnier d’une oppression politique infondée : faut nourrir sa famille ou à défendre ses idées au détriment de celle-ci ? Peut-on tout perdre sous prétexte que nos écrits sont dangereux et divulguent des idées inacceptables par une classe politique intolérante ? Cette désolation, Bryan Cranston l’incarne comme personne ! Diane Lane (« Indian Summer », « Sous le soleil de Toscane ») et Helen Mirren (« Les recettes du bonheur », « La femme au tableau ») qui partagent l’affiche avec l’acteur principal, ont tout à fait leur place dans ce biopic majeur. L’une joue l’épouse dévouée du scénariste, empathique et terre à terre alors que la seconde tient le rôle de l’intransigeante Hedda Hopper, ancienne actrice et chroniqueuse redoutée de l’époque. Si Diane Lane est lumineuse et crève l’écran par ses regards complices, Helen Mirren nous offre à nouveau un jeu impressionnant et se montre d’une férocité qui fera trembler tous les grands de l’Hollywood des années 50. On aime la détester et c’est bien la preuve qu’elle tient son rôle d’une poigne de fer authentique et ô combien bien maîtrisée. Au casting secondaire, une troupe de comédiens tout aussi talentueux que ceux que l’on trouve en haut de l’affiche. John Goodman en tête. Après le tout bon « 10 Cloverfield Lane », Goodman rempile dans un nouveau rôle adapté à son envergure et nous régale de ce nouveau personnage. Pareil pour Louis C.K. (Scénariste et acteur de la série « Louie ») qui tient le rôle de Arlen Hird, seul personnage fictif du film. A leurs côtés, des sosies presque parfaits des scénaristes ou producteurs de l’époque incarnés par : John Getz, Christian Berkel, Michael Stuhlbarg, Alan Tudyk, Roger Bart ou encore Stephen Root. Côté révélation, Dean O'Gorman (Fili dans « Le Hobbit ») incarne un Kirk Douglas plus vrai que nature. Autant David James Elliott qui interprète John Wayne n’est pas très ressemblant, autant ce premier est véritablement le Spartacus des années 60’… Jay Roach, le réalisateur de « Mon beau-père et moi » ou des différents opus de « Austin Powers » nous livre ici un film dense, intelligent et parfaitement maîtrisé. La reconstitution d’époque, les dialogues, tout est soigné et fait de son dernier long-métrage, un petit chef d’oeuvre ! Et ce, du début jusqu’à la fin. Aucun temps mort, aucune lassitude ne transparaissent durant les deux heures de film. On suit l’intrigue avec le même engouement qu’un thriller palpitant. Même le clap de fin et ses images d’archives parviennent à garder notre intérêt intact et à nous scotcher à notre siège quelques minutes encore… C’est dire ! Pour structurer son film et lui donner ce ton mordant qu’on lui adore, le metteur en scène a fait appel au scénariste John McNamara (le concepteur et scénariste de la série « Aquarius » avec David Duchovny). Aidé dans son travail par Nikola et Mitzi Trumbo, les filles de Dalton Trumbo, McNamara s’est appuyé sur un ouvrage déjà consacré au personnage central du film. S’il s’est permis quelques libertés, McNamara a néanmoins réussi le défi de mêler politique et divertissement et en faire un scénario intéressant. Amateurs de blockbusters et films d’action, passez votre chemin. « Dalton Trumbo » présente l’histoire d’un homme rempli de convictions et de courage dans une époque où la « démocratie » ne laisse pas la place aux opinions personnelles et n’a de cesse de museler les intellectuels de son temps par peur de voir les principes sociétaux évoluer. Une jolie claque cinématographique que l’on prend avec plaisir ! Date de sortie en Belgique : 27 avril 2016 Durée du film : 2h04 Genre : Biopic Titre original : Trumbo
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