Note du film : 9/10 (par Véronique) Résumé du film : 1865, Angleterre rurale. Katherine mène une vie malheureuse d’un mariage sans amour avec un Lord qui a deux fois son âge. Un jour, elle tombe amoureuse d’un jeune palefrenier qui travaille sur les terres de son époux et découvre la passion. Habitée par ce puissant sentiment, Katherine est prête aux plus hautes trahisons pour vivre son amour impossible. Avis : Issu du monde du théâtre, le metteur en scène William Oldroyd nous offre, avec « Lady Macbeth », son premier long-métrage. Fort de son expérience des planches, le cinéaste nous plonge dans un huis clos tendu et extrêmement efficace dont personne ne sortira indemne ! Basé sur le roman « Lady MacBeth de Mtsensk » de Nikolai Leskov, le film se trouve à mi-chemin entre le drame et le thriller d’époque. Avec ses petits airs de « Crime et châtiment » ou de « Madame Bovary », le film ne présente pas juste l’histoire de Katherine, jeune femme mariée à un époux absent, mais aussi et surtout la psychologie de son héroïne et l’évolution de ses sentiments aussi divers soient-ils. L’illustration de ceux-ci est d’ailleurs habilement amenée : l’endormissement de la jeune femme dévoile son ennui et sa lassitude, son euphorie celle d’une aisance acquise petit à petit. Devenue la caricature de son mari lorsqu’il s’agit de réprimander quelqu’un, Katherine gagne une assurance inquiétante au fil des jours qui passent et de l’amour qu’elle porte à Sebastian. Mais jusqu’où est-elle prête à aller pour préserver ses acquis? La réussite incontestée du film vient très probablement de l’interprétation magistrale de sa comédienne principale Florence Pugh. A seulement 21 ans, cette actrice, qui a peu d’expérience dans le monde du 7ème art (elle tient ici son deuxième rôle après d’Abigail dans « The falling » de Carol Morley), nous donne une vraie leçon de cinéma dont on se souviendra longtemps encore ! Totalement habitée par son personnage, la jeune anglaise dévoile un charisme et un panel d’émotions que beaucoup peuvent lui envier ! Florence Pugh incarne donc Katherine, une jeune épouse qui, en l’absence de son mari, prend du bon temps avec le palefrenier. Après avoir été « attachée trop longtemps » dans une solitude et un ennui profond, elle prend des libertés dévastatrices pour elle et pour son entourage. Si ses agissements ne restent pas impunis dans un premier temps, Katherine saura prendre le dessus sur les hommes qui l’entourent et imposer sa présence auprès de tous ceux qui la reléguaient dans l’ombre. Au-delà de l’histoire de Katherine, c’est aussi la soumission des femmes et les amours interdits de l’époque qui font le sel du film d’Oldroyd. La retranscription des années 1860 est absolument sublime. La photographie et la réalisation nous plongent réellement dans cette région de Northumberland où la désolation des paysages reflète celle de la vie de Katherine. Le château de Lambton (situé près de Chester) était le lieu idéal pour mettre en scène le drame qui se joue petit à petit sous nos yeux et nous amène vers une fin étonnante, qui nous marquera longtemps encore. La musique de Dan Jones vient d’ailleurs ajouter sa touche subtile de mystère accentuant un peu plus l’inquiétude qui nous habite minute après minute. Plus qu’un bon film, “Lady MacBeth” est aussi et surtout un beau film! La prise de vue des paysages brumeux ou austères, le regard porté par la caméra d’Oldroyd sur les expressions de ses personnages, les costumes d’époque colorés, les décors plus vrais que nature, sont autant d’éléments incontournables qui font la réussite du long-métrage. Et il y a bien évidemment le scénario implacable de Alice Birch qui nous immerge dans cette Angleterre rurale où rien ne se passe comme on l’avait imaginé au départ. Les dialogues et les temps de pause sont écrits au cordeau et donnent une profondeur à chacun des personnages. Le non verbal a lui aussi une part importante dans l’interprétation des comédiens (parmi lesquels on trouve les remarquables Cosmo Jarvis, Paul Hilton, Christopher Fairbank et Naomi Ackie) et Oldroyd nous le présente bien. Prenant et haletant, le scénario nous surprend de bout en bout car malgré les divers plans échafaudés par les uns et les autres, rien ne se passe jamais comme prévu. Dynamique tout en étant lente, l’histoire parvient même à suspendre le temps et à nous emporter sans que l’on ait jamais eu l’envie de décrocher. Intelligent, le film nous questionnera également : la justice des grands n’est-elle pas faite d’injustices ? Quelle limite pouvons-nous donner à l’impunité ? Récompensé doublement au Festival de Valenciennes (par le Grand Prix du Jury et le Prix de la meilleure interprétation féminine pour Florence Pugh), « Lady Macbeth » fait partie des incontournables de ce mois d’avril. Pour son atmosphère, sa réalisation, son histoire et son casting incroyable, le premier film de William Oldroyd relève le pari difficile de donner un regard neuf sur une histoire aux apparences de déjà vu. Le metteur en scène britannique marque de son empreinte de génie le cinéma d’époque et pose les jalons d’une carrière cinématographique qu’on lui souhaite prolifique ! Date de sortie en Belgique/France : 12 avril 2017 Durée du film : 1h29 Genre : Drame
1 Commentaire
Anne-Lise & Christian
5/28/2017 06:01:49 pm
Replongés dans les années 1800 où la femme n'a pas encore trouvé sa place, Lady Macbeth se trouve, après un mariage forcé dans la solitude et l'ennui et sous la domination de son beau-père. La rencontre avec un ouvrier du château lui procure une liaison charnelle et de passion derrière son mari toujours absent. Pour nous, cela nous a rappelé le film de "madame Bovary". Les paysages et l'intérieur du château sont d'une belle qualité. La fin du film nous a laissé un peu perplexe. 7/10
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