Note du film : 8/10 (par Véronique) Résumé du film : Portrait d’une femme à quatre âges de sa vie. Petite fille de la campagne, prise dans une tragique partie de cache-cache. Adolescente ballottée de fugue en fugue, d’homme en homme, puisque tout vaut mieux que le triste foyer familial. Jeune provinciale qui monte à Paris et frôle la catastrophe. Femme accomplie enfin, qui se croyait à l’abri de son passé. Quatre actrices différentes incarnent une seule et même héroïne. Avis : S’il y a un bien un film qui a fait parler de lui ces derniers jours, c’est « Orpheline », d’Arnaud des Pallières. Créant une fausse (?) polémique sur la perception de la femme, le film a également divisé la critique par sa forme choisie. Qu’on aime ou qu’on n’apprécie pas le dernier film du réalisateur français, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a forcément frappé bon nombre d’esprits cinéphiles ! Pour nous, « Orpheline » est une vraie claque cinématographique et on comprend aisément pourquoi le film a été récompensé du Bayard d’Or lors du dernier Festival International du Film Francophone de Namur. Grâce à son traitement impeccable, le film, maîtrisé de bout en bout, permet à un casting incroyable d’évoluer dans une antichronologie étonnante mais franchement peu dérangeante. Novateur, le regard que porte le cinéaste sur le parcours de son héroïne a, il est vrai, de quoi interpeller. En effet, ce qui pourrait décontenancer certains spectateurs, c’est la succession inhabituelle de différents épisodes de la vie d’une même et seule jeune femme, interprétée par quatre actrices distinctes. Les scènes se mêlent et se démêlent, dans un ordre presqu’aléatoire permettant de comprendre comment Karine/Renée est devenue celle que l’on découvre dès les premières minutes du film. Pour donner vie à son personnage principal, Arnaud des Pallières a fait appel à quatre jeunes femmes, aux traits différents, certes, mais aux regards azurs pénétrants. Il y Renée, 27 ans, interprétée par Adèle Haenel (« La fille inconnue »), actrice qui montre toute l’étendue de son talent dans ce rôle (preuve qu’une bonne direction d’acteurs peut faire sortir le meilleur d’eux-mêmes). Sandra, 20 ans, est campée par la fameuse Adèle Exarchopoulos alors que Karine, 13 ans, se fond sous les traits de Solène Rigot (du film « Puppy Love »). Et puis, il y a Kiki, la toute jeune Véga Cuzytek qui nous bluffe par son interprétation tellement juste. Karine ? Sandra ? Kiki ? Renée ? Peu importe le nom qu’elle porte. Cette jeune femme, à quatre visages, n’est qu’une seule et même personne et les deux heures de film sont l’occasion pour nous de le comprendre à travers les prismes des souvenirs qui se révèlent petit à petit. Ce cheminement, même s’il n’est pas linéaire, permet de mieux cerner Renée/Karine et de savoir comment elle s’est forgée son caractère si dur et si distant. Cette jeune femme passe sa vie à aller d’homme en homme à défaut de savoir où aller elle-même. Les rencontres qu’elle fait la protègent ou au contraire, l’entraînent dans des situations dont il est difficile de sortir indemne. Débrouillarde, elle tente de fuir son passé, qui la rattrape à chaque fois. Ces hommes, ce sont Sergi López, Jalil Lespert, Nicolas Duvauchelle ou encore Robert Hunger-Bühler, des rôles relayés au second plan et pourtant tellement importants dans le façonnement de l’identité de Renée. Et puis il y a Tara, la sublime Gemma Arterton qui vient ponctuellement s’inviter dans la vie de notre protagoniste… Quel que soit l’épisode de sa vie ou la comédienne qui interprète Karine, la justesse est toujours là. Pas étonnant dès lors, que le Bayard de la meilleure comédienne ait été attribué conjointement à Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot et Vega Cuzytek au FIFF 2016. Pour porter son héroïne, le Français a su faire le choix de comédiennes qui n’ont pas peur d’assumer et d’interpréter un personnage fort. Arnaud des Pallières les filme de près, pour qu’on accroche à leur regard, leur détresse mais à leur courage aussi. Et pour exprimer les sentiments de la jeune femme, la musique prend une part importante dans le film et notamment via celle du générique qui le clôt de façon émouvante. Oui, « Orpheline » propose un concept original voire déstabilisant mais il est pourtant totalement maîtrisé et ne risque pas de vous embrumer ! Si son sujet et son traitement font polémique, le film vaut véritablement la peine d’être vu. Pour son interprétation et pour son audace très certainement ! Que pouvons-nous reprocher à Arnaud des Pallières sinon de nous offrir une certaine authenticité ? Son histoire, remplie de noirceur et de détresse, est portée à l’écran avec maestria et montre qu’à l’heure où l’on pense que tout a déjà été fait dans le monde du cinéma, il y a encore de la place pour les réalisateurs éclairés que certains ne sont peut-être pas prêts d’accepter. Date de sortie en Belgique : 5 avril 2017 Date de sortie en France : 29 mars 2017 Durée du film : 1h51 Genre : Drame
0 Commentaires
Laisser un réponse. |
|