L’apogée de ces enjeux a été immortalisé devant le monde entier en 1966 lors de la grande course française des 24h du Mans alors que trois Ford GT 40 passaient la ligne au même moment ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que pendant 2h33 nous avons été collé à notre siège en affichant notre plus beau sourire ! En voiture Simone ! A 55 ans, nous ne pouvons que constater la carrière prolifique et éclectique du réalisateur de « Identity », « 3h10 pour Yuma », « Logan » ou encore « Walk The Line ». Touchant avec succès à tous les styles, James Mangold nous revient cette année avec un film de courses automobiles qui marquera assurément les esprits à l’image de l’excellent « Rush » de Ron Howard (2013) avec qui il partage de nombreux points communs. « Vous avais-je déjà parlé de mon grand-père » ? Commençant sur les chapeaux de roues, le film a l’intelligence d’ancrer son propos dans une époque formidablement bien reconstituée. Celle des années 60 où de grands noms se côtoient. Alors que Carroll Shelby dépose ses gants de pilote pour cause de déficiences cardiaques et s’atèle à son travail de préparateur, Ken Miles sévit sur les circuits où ses compétences au volant et en dehors en tant que mécanicien feront la gloire de Ford. D’ailleurs, le boss de la marque –Henry Ford II- et petit-fils d’Henry Ford a été piqué à vif par le refus d’Enzo Ferrari de s’associer à sa marque pour briller en course automobile. A l’époque, Ford était encore associé aux voitures « grand public » mais les lignes commencèrent à bouger. Lee Iacocca, cadre chez Ford, caressait depuis longtemps l’envie de proposer aux jeunes américains actifs une voiture qui ne serait pas celle de papa ; la Mustang est ainsi née ! Dans « Le Mans 66 », nous assistons aux interactions de tout ce joli monde et nous adoptons leurs points de vue et leurs visions de l’industrie automobile des années 60. James Mangold s’en donne d’ailleurs à cœur joie en nous livrant des dialogues croustillants clamés par de sacrés bons acteurs ! Alors que Matt Damon prête ses traits à Carroll Shelby, Christian Bale devient Ken Miles. Tous deux sont excellents dans leurs rôles et procurent aux spectateurs de belles émotions. Plus qu’un film de courses, « Le Mans 66 » est avant tout un film centré sur l’humain et les ambitions qui permettent de lancer (et tenir) des défis fous ! Quel plaisir d’assister à la rencontre entre Lee Iacocca (parfait Jon Bernthal) et Enzo Ferrari (Remo Girone). Ces rencontres, et d’autres présentes dans le film, ont été déterminantes pour comprendre les alliances que nous connaissons aujourd’hui. Petite leçon de conduite…et de cinéma ! Que serait un film d’époque sans les costumes, décors et voitures qui vont avec ? Dans le cas présent, le chef décorateur François Audouy a dû prendre un réel plaisir ! Il est parvenu à recréer des endroits réels comme le siège social de Ford à Dearborn dans le Michigan, les ateliers de la Shelby American Inc. à Venice Beach en Californie ou encore la réplique du bureau d’Enzo Ferrari ! Nous avons la très agréable impression de voyager dans le temps sans trop de recours au numérique ! Le réalisateur dit d’ailleurs à ce propos : "Aujourd’hui, l’action au cinéma se veut généralement spectaculaire et renforcée par des effets numériques. J’ai voulu au contraire quelque chose de profondément analogique, de réel et de brut. Je désirais montrer ce qu’il y a de séduisant dans ces bolides, la mécanique, les moteurs, le danger. Ces hommes roulaient à plus de 300 km/h coincés dans une fine coquille d’aluminium autour d’une piste. C’était un vrai miracle qu’ils aient une telle audace, un miracle qu’ils survivent dans de telles conditions. Et je voulais que les spectateurs puissent le ressentir aussi." Mais reconstituer une époque ne peut se faire sans l’aide d’un sacré directeur de la photographie dont le rôle est de nous immerger le plus fidèlement possible. James Mangold retrouve Phedon Papamichael qui avait déjà apporté son expertise sur cinq films dont « Walk The Line », « 3h10 Pour Yuma » et « Night And Day ». Ensemble, ils ont tenu à s’inspirer de grands classiques tels que le « Grand Prix » de 1966 avec Yves Montand et « Le Mans » datant de 1971 avec Steve McQueen. Autant dire d’excellentes références pour nourrir un film qui se veut plus authentique qu’un énième « Fast and Furious » par exemple. Quand « Le Mans 66 » rencontre Michel Vaillant… Pendant la projection du film, nous nous sommes demandé ce que donnerait l’adaptation sur grand écran de Michel Vaillant entre les mains de James Mangold ? Car, à y regarder de plus près, nous y retrouvons quelques points communs. Outre la rivalité entre deux hommes (Ford et Ferrari) et deux visions du secteur automobile, le film nous parle aussi d’amitié vraie (entre Shelby et Miles), mais pas que… Les courses sont filmées avec une maestria que nous avons rarement vue au cinéma (il faut remonter à "Rush"). Mais ici, le réalisateur parvient selon nous, à dépasser la vision de Ron Howard avec des scènes ultra-réalistes et belles qui fascinent le spectateur. Ainsi, la scène finale offre une reconstitution exceptionnelle de la course des 24 Heures du Mans de 1966 ! Pendant quarante minutes, c’est avec le cœur serré que nous avons accompagné Miles dans son cockpit ! La pluie nous a effrayé et nous avons ressenti le doute du pilote. C’est bien simple, nous étions tassé dans l‘habitacle pour vivre intensément la course. Le film offre la possibilité de ressentir la fatigue de son pilote mais aussi son excitation. Quant aux paysages de campagne filmés, ils ressemblent à ceux de la vallée de la Loire. On s’y croirait ! De par son ampleur, l’ancrage dans une époque chérie, les relations qui unissent des personnages qui ont marqué l’histoire du sport automobile et les émotions délivrées aux spectateurs, « Le Mans 66 » fait déjà l’objet de statut de film culte pour nous ! Alors accrochez votre ceinture car le voyage en vaut la chandelle !
Le réalisateur James Mangold enchaine avec « Mettre en scène la rivalité » (5’) et nous éclaire sur sa volonté, depuis des années, de porter sur grand écran cet épisode fameux où une écurie américaine a mis fin à la domination des européens. On mesure le talent du réalisateur et le soin qu’il a apporté à son film, tout comme son écoute sincère vis-à-vis des comédiens qui ont pu donner le meilleur d’eux-mêmes ! Avec « Le véritable Ken Miles » (12’) nous touchons sans doute à un des extras le plus intéressant tant nous en apprenons mieux que la personnalité si authentique du pilote et mécanicien anglais Ken Miles. Christian Bale a mené des recherches et à rencontré le fils du pilote afin de s’approprier au mieux ce personnage haut en couleur ! Tout comme l’excellent bonus précédent, « Le véritable Carroll Shelby » (9’) nous fait découvrir l’homme qui se cache derrière la célèbre marque. C’est aussi l’occasion de remarquer les approches diamétralement opposées choisies par Matt Damon et Christian Bale où l’un est plus méthodique lorsque le second est davantage porté sur les émotions. Eclairant ! Amoureux de belles mécaniques, « La véritable Ford GT40 » (5’) risque de vous plaire tant la mécanique et l’esthétique de ce bolide semblent intemporelles ! Dans le même ordre d’idée, « Ce qui fait une bonne voiture de cinéma » (9’) renvoie à la volonté pour toute l’équipe technique d’être crédible et de récréer un grand nombre de voitures de légende ! Le souci du détail apporte beaucoup de réalisme au film ! Authenticité et beauté étaient au centre de toutes les préoccupations ! Enfin, la séquence se termine en soulevant l’aspect technique des prises de vue. A une époque où le fond vert devient la norme, le recours aux méthodes traditionnelles semble être le meilleur moyen de transcrire au mieux la réalité ! Afin de créer un film réaliste et authentique, le réalisateur James Mangold en appelle à la spécificité de la réalité. Il fallait donc absolument poser la caméra dans des endroits éloignés les uns des autres (Le Mans, Maranello, La Floride, la Californie ou le Michigan sont à l’honneur) entre 1962 et 1966 car ils faisaient partie de l’histoire de la course automobile avec des ambiances très différentes parfaitement retranscrites à l’écran ! L’illusion est parfaite, et c’est précisément ce que nous donne à voir cette très belle « Création d’une époque » (13’) Enfin, les derniers mots sur cette belle amitié reviennent au réalisateur et aux acteurs dans l’« Epilogue : fraternité » (2’30) Genre : Biopic, drame Durée du film : 2h33 Bonus: Un grand bonus d'une heure chapitré en multiples coulisses
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