Avis : Si on ne présente plus le réalisateur Christopher Nolan- tant sa filmographie parle pour lui (The Dark Knight, Tenet, Dunkerque sont de belles cartes de visite) - il parvient toujours, après tant de succès, à nous surprendre ! Et c'est une fois de plus le cas avec son "Oppenheimer", film qui relate une portion de la vie du grand scientifique qui est à l’origine de la bombe nucléaire Ici, nous le retrouvons déjà à l’âge adulte obnubilé par son grand projet et sa fascination de l’infiniment petit et plus particulièrement de la physique quantique qui n’était pas prise au sérieux à l’époque (du moins aux Etats-Unis). Et si ce film est fascinant, c’est parce qu’en plus d’une très jolie reconstitution, il nous permet d’assister à certaines rencontres entre les plus grands scientifiques de notre temps ! Quel plaisir d’être les témoins des échanges entre Niels Bohr et Oppenheimer (Oppie pour ses partisans) ou entre ce dernier et Albert Einstein ! Bien sûr, tous ces génies ont une place dans la construction de l’Histoire, telle qu’elle nous est parvenue. Mais surtout, tous appartiennent à un courant de pensée qui parfois s’oppose aux autres. En effet, au début du 20e siècle, les scientifiques avaient dans leurs cursus des cours de philosophie qui façonnaient leurs visions du monde. Et même si la vérité historique est toujours difficile à établir, on sent que Christopher Nolan a potassé son sujet pour nous proposer un récit extrêmement réaliste. Fidèle à lui-même, le réalisateur propose une œuvre extrêmement léchée car très esthétique. Les débris, les (nano)particules, les flammes et les étoiles s’animent dans les yeux d’Oppie, comme autant de traces de la passion du monde visible et invisible qui l’habite. On a souvent reproché au réalisateur de regarder son nombril en montrant sa capacité à réaliser de manière ostentatoire et même souvent démonstrative. Il n’en est rien ici : il est pleinement au service de son sujet et ne cherche pas à en mettre plein la vue. Bien sûr, une grande attention a été portée sur la forme mais heureusement, le fond n’est pas en reste. Et à ce niveau, une solide brochette d’acteurs exceptionnels se donnent la réplique et habitent totalement leur personnage respectif. Notre plaisir s’en retrouve décuplé tant ils prennent plaisir à jouer, c’est évident ! Outre le possédé (par son propre rôle) Cillian Murphy, ses partenaires illuminent l’écran. Jugez par vous-même : Emily Blunt, Matt Damon, Robert Downey Jr, Florence Pugh, Josh Hartnett, Casey Affleck, Rami Malek, Kenneth Branagh et Jason Clarke se retrouvent dans ce carrefour de l’Histoire et le mimétisme avec certaines figures emblématiques n’est pas laissé au hasard ! Et, bien que durant 3h, jamais nous n’avons regardé notre montre tant les motivations des personnages mais surtout le cours de l’Histoire sont captivants à suivre. Tout au plus, nous déplorons le fait que le réalisateur ait tenu à inclure deux parties au sein de son film. Alors que la première (et plus importante partie) voit le cheminement de toutes ces éminences scientifiques converger vers la réalisation de la bombe (oui, Oppenheimer, en plus d’un génie est un leader positif qui rassemble les talents), la seconde partie voit la déchéance d’un héros évoluant dans les Etats-Unis des années 50 en proie au maccarthysme. N’oublions pas en effet, que les convictions d’Oppie étaient de gauche (idéologiquement, il s’est d’ailleurs opposé au général Franco et soutenait les révolutionnaires espagnols). Mais les Etats-Unis de cette époque ne connaissaient pas la nuance, et si vous étiez de gauche, vous finissiez par être catalogué comme communiste et ennemi de l’Etat, la notion de socialisme si chère à l’Europe disparaissant derrière certaines appréhensions. Hélas, cette partie, bien qu’intéressante, se montre plus compliquée à suivre devant le nombre important de noms évoqués et l’on se dit qu’il est dommageable de suivre deux films dans le film car la fin n’évite pas les longueurs dispensables… Au final, « Oppenheimer » est une nouvelle réussite éclatante pour Christopher Nolan qui s’empare de l’Histoire pour nous la faire revivre de manière pédagogique. Malgré un thème d’une extrême noirceur- Nagasaki et Hiroshima sont évoqués- le film s’en tient aux relations entre grands scientifiques de notre temps et une intrigue politique intéressante, bien que trop abondante !
Côté son, le réalisateur n’a pas voulu proposer de Dolby Atmos et de DTS:X. Pour autant, il existe une vraie richesse tridimensionnelle des effets sonores tantôt tonitruants pour les explosions, tantôt harmonieux pour la restitution fine de la musique. Un sans-faute qui s’applique aussi à la BO. Et bien que non HD, la VF ne démérite pas ! ► Les bonus Tout simplement incroyables, les bonus d’Oppenheimer permettent d’en apprendre tellement plus sur le sujet !Et pour cause, ils durent près de 3 heures !! Les festivités s’ouvrent avec le Making of d’Oppenheimer : l’Histoire de notre époque (73’). Ce dernier permet de s’immiscer dans les coulisses du film et d’en apprendre plus sur les secrets du tournage. Découpés en séquences thématiques, les informations données balaient large et permettent de se rendre compte de la dimension folle du projet ! Nous trouvons ainsi : « Je suis la mort », Christopher Nolan, les acteurs et l’équipe du film se livrent à propos du projet (7’17”). Il est intéressant de voir et d’entendre les acteurs se livrer sur leurs personnages. C’est justement ce que permet de faire « Les Sommités », les acteurs à propos de leurs personnages (11’27”). Bien sûr les effets spéciaux réalisés de façon « artisanale » ne sont pas en reste. Et c’est là que l’on se rend compte de toute l’ingéniosité du réalisateur. C’est à découvrir dans « Le Projet Manhattan », les effets spéciaux sans images de synthèse (16’41”). Et si les effets spéciaux participent à cette dimension folle, les décors ne sont pas en reste. Comme l’atteste « Le Diable se cache dans les détails », la recréation de Los Alamos par Ruth De Jong et son équipe (17’21”) montre la minutie opérée ! En toute logique, « Les Costumes et maquillage » (6’28”) prennent la suite des opérations avant de consacrer une séquence à la dimension sonore dans « Entends-tu la musique ? ». La collaboration entre Christopher Nolan et Ludwig Göransson (6’48”) fait des merveilles pour nos oreilles délicates. Enfin, cette partie se clôture d’une bien belle manière avec « Ce miracle est possible », l’innovation cinématographique induite par Christopher Nolan (6’49”). Dans la même logique, nous continuons d’en apprendre plus sur les effets spéciaux crées à l’ancienne et en 65mm s’il vous plait ! C’est ce que vous proposent les innovations cinématographiques : tourner Oppenheimer en 65mm noir et blanc (8’). Et quoi de mieux pour prolonger le plaisir de la découverte que d’assister à la rencontre entre l’équipe du film et les journalistes lors d’une table ronde (35’). Chuck Todd anime cet échange avec Christopher Nolan, Kai Bird, Kip Thorne, Thom Mason et Carlo Rovelli (34’46”). Et, selon-nous le plat de résistance vient avecbce portrait ultra complet de l’inventeur de la bombe atomique. Ainsi, le documentaire dédié à Robert Oppenheimer livre les secrets de cet éminent scientifique. Sobrement intitulé Mettre fin à une guerre : Oppenheimer & la bombe atomique (88’), a hâte de vous livrer tous ses secrets !
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