Résumé du film : 1915. A la ferme du Paridier, les femmes ont pris la relève des hommes partis au front. Travaillant sans relâche, leur vie est rythmée entre le dur labeur et le retour des hommes en permission. Hortense, la doyenne, engage une jeune fille de l'assistance publique pour les seconder. Francine croit avoir enfin trouvé une famille. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Véritable hommage au monde rural et aux femmes de la terre qui ont gardé la tête haute et les mains dans les sillons lors de la Grande Guerre, « Les Gardiennes » de Xavier Beauvois est une fresque cinématographique aux petits airs des tableaux de Millet. Librement adapté du roman d’Ernest Perochon (écrit en 1924), le film de Beauvois (« Des Hommes et des dieux », « Le petit lieutenant ») est esthétiquement irréprochable. La photographie de Caroline Champetier capte les atmosphères de chacune des saisons avec une douceur et une beauté remarquables. La ferme et les terres de Haute Vienne où évolue le microcosme féminin est d’ailleurs un personnage à part entière, évoluant au gré des événements et des découvertes mécaniques révolutionnaires. Porté par un casting de femmes fortes, lumineuses et déterminées, « Les gardiennes » pourrait prétendre à entrer dans la valse des films césarisables tant l’interprétation de ses comédiennes marquent et montrent l’étendue de leur talent. A commencer par Iris Bry qui crève l’écran dans ce premier rôle de jeune ouvrière efficace, courageuse, entreprenante et aimante. Francine, son personnage, entre dans la famille Paridier par la porte de service mais prend vite une place de choix dans le cœur de Georges (Cyril Descours), fils envoyé au front et revenu au pays pour une courte permission. On retrouve aussi, en tête d’affiche, un duo de mère et fille : Laura Smet et Nathalie Baye, aux traits rudes et on ne peut plus naturels, assumant la tenue de la ferme avec une poigne de fer. Si la libération n’est plus très loin, et la guerre insidieuse mais peu présente, c’est bel et bien un quotidien que l’on suit durant près de 2h15. Une vie de tous les jours qui s’égraine lentement. La sensation de longueur est dès lors inévitable et les intrigues secondaires, noyées dans cette lenteur, peu perceptibles. Minimaliste et fort à la fois, le film oscille entre intérêt pour la vie de l’époque et ennui. N’aurait-il pas gagné à être recentré sur un pan plus important du roman ? La beauté de ses paysages et l’interprétation de ses actrices sont les points forts du film. Le reste semble relayé au second plan et s’oublie comme une graine jetée dans les fossés creusés de l’arrière pays. « Les gardiennes », c’est un portrait de femmes fortes, restées au pays, attendant inlassablement le retour d’un mari, d’un père, d’un frère ; l’histoire d’une terre qui, saison après saison, nourrit les hommes à défaut de nourrir l’espoir d’une fin de guerre. C’est le témoin du bouleversement de la vie rurale avec l’apparition de la mécanisation, celle qui soulage les reins de ces femmes courbées sur les sillons. Produit par Sylvie Pialat, le film touchera les adeptes du genre (et les amateurs du cinéma du grand Maurice) mais peut-être moins un large public avide d’intrigues et d’action. Date de sortie en Belgique/France : 6 décembre 2017 Durée du film : 2h14 Genre : Drame
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Résumé du film : Rien ne va plus à l'approche du réveillon : les 92 000 lutins chargés de fabriquer les cadeaux des enfants tombent tous malades en même temps ! C'est un coup dur pour Santa (Claus), plus connu sous le nom de Père Noël... il n'a pas le choix : il doit se rendre d'urgence sur Terre avec ses rennes pour chercher un remède. À son arrivée, il devra trouver des alliés pour l'aider à sauver la magie de Noël. Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Avis : A l’approche des fêtes, les films familiaux fleurissent peu à peu sur les devantures de nos salles de cinéma. Parmi eux, « Santa et cie » de et avec Alain Chabat, une comédie dont seul l’ex-Nul a le secret et qui redore son blason de réalisateur. Après le décevant « Sur la piste du Marsupilami », Chabat revient plus fort et plus drôle que jamais et nous présente une histoire désopilante où lutins, Père Noël, rennes, enfants et parents se rencontrent pour le rire et le meilleur. Quiproquos, touches d’humour, répliques délicieuses s’enchaînent dans une première partie savoureuse digne des films de Noël américains qui ont accompagné notre enfance. Mais dans sa deuxième partie, le film part dans un récit plus alambiqué où mission de sauvetage et oubli des traditions menacent de faire disparaître Noël… Les petites longueurs dont il fait alors preuve laisseront finalement place à un happy end magique qui feront briller une dernière fois nos yeux d’enfants. L’ascenseur émotionnel est enclenché, le public se laissera-t-il emporter ? Pour notre part, c’est à peu près gagné. Les décors de la fabrique du Grand Nord, qui pourraient faire pâlir de jalousie Luc Besson, nous plongent dès les premières minutes dans un monde enfantin et coloré comme on aime les traverser. Et puis, il y a l’arrivée du Petit Chabat Noël sur terre, seul et perdu dans notre monde de stress à quelques jours du réveillon de Noël, en quête d’un remède pour sauver ses lutins. Son innocence et sa naïveté rencontrent l’incrédulité et les moqueries de nombreux passants jusqu’à ce que sa route croise celle de Thomas, un jeune père de famille attentif à sa mission. Thomas, c’est l’impeccable Pio Marmaï, que l’on prend plaisir à retrouver ici dans un premier rôle d’envergure. Son épouse, la touchante Amélie, est interprétée par la belle iranienne Golshifteh Farahani (vue dernièrement dans « Paterson » et bientôt à l’affiche d’ « Intouchables » version US). Le duo de parents fonctionne à l’écran et l’attachement est réel. Mais les vraies révélations sont hautes comme trois pommes et ont moins de dix ans. Il s’agit de Tara Lugassy et Simon Aouizerate, des jeunes acteurs comiques en puissance dont les expressions exagérées sont délicieuses ! Tout comme Alain Chabat d’ailleurs, qui nous sert son meilleur jeu et donne vie à Santa Claus d’une bien jolie façon. L’humour dont fait preuve « Santa et cie » est associé à de jolies émotions et à des valeurs humaines qu’il est bon de remettre en avant en ces temps d’individualisme. C’est sans doute là le point fort du film. Plus qu’une comédie potache, la dernière réalisation de Chabat pétille et amuse son public tout au long de cette heure trente sans oublier d’y mettre un joli message, une petite dose de rêverie et quelques clins d’œil à l’univers des Nuls qui nous feront décocher quelques sourires (nostalgiques). Néanmoins, s’il est très sympathique et agréable à regarder, « Santa et cie » n’est pas non plus LE film de Noël par excellence. Bon petit divertissement amusant, il se perdra peut-être entre les grandes sorties de ce mois de décembre bien plus audacieuses. Très décontracté et heureux de présenter son film, Alain Chabat nous a confié, lors de l’avant-première bruxelloise, être très fan du Père Noël et de la magie associée à sa venue. D’ailleurs, il se serait fortement documenté sur la vie de Santa Claus afin de nous livrer un film plus proche du documentaire que de la fiction… Plaisanterie faite, on peut dire que « Santa et cie » fait la part belle à toute l’imagerie des films de Noël et constitue un divertissement agréable et drôle qui amusera toute la famille. Date de sortie en Belgique/France: 6 décembre 2017 Durée du film : 1h35 Genre : Comédie Résumé du film : Le luxe et le calme d’un voyage en Orient Express est soudainement bouleversé par un meurtre. Les 13 passagers sont tous suspects et le fameux détective Hercule Poirot se lance dans une course contre la montre pour identifier l’assassin, avant qu’il ne frappe à nouveau. Note du film : 9/10 (par Véronique et François) Avis : Après avoir adapté de nombreuses histoires célèbres telles que « Frankenstein », « Cendrillon », « Hamlet » ou encore « Beaucoup de bruit pour rien », Kenneth Branagh s’attaque avec maestria à un nouveau monument de la littérature anglaise. En effet, « Le Crime de l'Orient-Express » occupe la 41e place au classement des cent meilleurs livres policiers de tous les temps établi par l'association des Mystery Writers of America en 1995. C’est dire si cette nouvelle adaptation d’Agatha Christie était attendue au tournant. De cet exercice périlleux, le comédien s’en sort avec les honneurs et parvient à maitriser de bout en bout cet ambitieux projet ! Et les raisons de cette réussite sont multiples. Tout d’abord, le film a assurément un côté très théâtral. De part son huis-clos mais aussi par la mise en scène et la présentation de ses personnages, ses enchaînements et l'absence d'une rupture de rythme en passant par la valse des personnages de seconds plans qui viennent ensuite à l’avant ( se relayant dans les discours et les passages sans aucun temps mort) tout se coordonne pour que le spectateur reste au plus près de cette passionnante intrigue policière ! Ensuite, le film fait la part belle aux longs plans séquences extraordinaires, à l’image de cette entrée dans le célèbre train où nous voyons défiler tous les protagonistes alors que nous restons à quai. Le réalisateur maitrise véritablement les codes du cinéma et parvient à opérer les meilleurs choix possibles pour rendre compte des richesses offertes par le film. Nous voyageons véritablement et voyons des paysages grandioses : la ville de Jérusalem et les rivages d’Istanbul par exemple, sont sublimes. Un soin tout particulier a été apporté à la reconstitution de l’époque, à tel point que l’on se croirait tout droit retourné dans le début des années 1930. Et tout comme pour les décors, la minutie se retrouve également dans les réactions des protagonistes ou dans de simples détails qui auront plus tard une importance... Visuellement, il n’y a rien à dire, c’est un sans faute ! Bien sûr, nous ne pouvons passer sous silence le formidable travail de Kenneth Branagh, tout simplement prodigieux ! L’acteur britannique a réalisé un incroyable travail sur son accent. Pour obtenir ce surprenant résultat, l’acteur/réalisateur a dû déconstruire son anglais parfait pour parler comme le ferait un non britannique... C’est qu’Hercule Poirot est belge ! D’ailleurs, il n’est pas le seul à réaliser une vraie performance, tout le casting porte les personnages avec audace et éloquence. Du plus petit rôle au plus grand, on prend un vrai plaisir à les découvrir et les retrouver, les croiser et les soupçonner. Des grands noms du cinéma côtoient ceux du petit écran, les uns n’effaçant jamais le talent des autres. Ils forment une véritable équipe au service d’un projet plus grand qu’eux ! On ne présentera plus les grands noms qui figurent dans ce casting cinq étoiles. Outre Johnny Depp au jeu étonnement épuré depuis le dernier « Pirates des Caraïbes », nous retrouvons Michelle Pfeiffer (vue dernièrement dans « The Wizard Of Lies »), le toujours très convaincant Willem Dafoe (« Seven Sisters »), Pénelope Cruz, Judi Dench (« Skyfall »), Daisy Ridley (« Star Wars : le Réveil de la Force »), Olivia Colman (« Broadchurch ») et bien d’autres acteurs tout aussi doués ! Branagh est un véritable artiste, capable de mobiliser des équipes performantes et faire vivre le célèbre roman avec authenticité. Ne s’octroyant finalement que quelques petites libertés, l’acteur/réalisateur reste plutôt fidèle à l’intrigue, ne la trahissant jamais, la sublimant toujours. Sa lenteur des débuts, nécessaire à l’installation du contexte, fait très vite place à une enquête complexe dont on connaît l’issue mais que l’on prend plaisir à (re)découvrir. Jeu de dupes, mensonges sont au rendez-vous, mais Poirot n’est pas facile à berner et ça, tout le monde le sait ! La psychologie des personnages, leurs caractéristiques, la rigueur de la préparation se trouve dans les moindres détails, qui n’en sont plus lorsque l’on admire la fresque dans son ensemble. Le travail d’horloger réalisé autour du film est à saluer et c’est ce qui en fait sans doute, l’intérêt principal. Pour toutes ces raisons, préparez votre billet et entrez à bord de l’Orient Express. Installez-vous confortablement dans votre siège, laissez-vous guider et surtout ne paniquez pas car le détective Hercule Poirot veille ! Date de sortie en Belgique : 6 décembre 2017 Date de sortie en France : 13 décembre 2017 Durée du film : 1h54 Genre : Policier Titre original : Murder on the Orient Express Résumé du film : Alors que Frank Valken réalise un casse fabuleux, un commando de tueursentre en action et exécute tous les témoins. On relève parmi les cadavres celui de la magistrate qui enquête sur l’affaire des Tireurs fous. Trente ans plus tard, ils semblent être de retour. Arrêté en flagrant délit et face à la pression médiatique, Frank n’a d’autre choix que de s’évader pour tenter de prouver son innocence. Note du film : 7,5/10 (par Véronique) Avis : « Tueurs » est un véritable phénomène cinématographique déferlant dans nos médias depuis quelques semaines. Impossible dès lors de passer à côté du film événement de François Troukens et Jean-François Hensgens. Et pour cause, avec son casting 100% belge, sa réalisation tirée au cordeau et son scénario cohérent, le long métrage a de quoi faire parler de lui. Un polar à l’américaine estampillé noir jaune rouge ? C’est possible, la preuve ! D’avant-premières en émissions spéciales, François Troukens et son équipe ne lésinent pas sur les confidences et anecdotes de tournage, des premiers pas à leur présentation du film à la célèbre Mostra. C’est que ce projet, ils l’ont porté à bout de bras, des mois et même des années durant… François Troukens un peu plus que les autres d’ailleurs. Après avoir proposé un premier scénario en 2012 (qui a d’emblée convaincu ses producteurs, les frères Bonckart), l’ancien gangster repasse par la case prison sans pouvoir concrétiser son rêve de réalisation. Qu’à cela ne tienne, ces sept mois d’enfermement sont l’occasion de peaufiner son récit et de proposer une histoire forte dont le personnage central n’est pas sans nous rappeler quelques similitudes avec son auteur. La lecture de son roman graphique « Forban » (illustré par Alain Bardet) et de son autobiographie « Armé de résilience » (que l’on vous recommande vivement !) l’attestent vraiment. Si chaque écrivain distille un peu de lui dans ses histoires, le scénariste n’a pas hésité à se servir de son expérience pour nourrir son projet, ses personnages et son histoire. Pari réussi : à aucun moment la tension ne lâche et on se laisse emporter dans ce « Heat » belgo-belge sans regarder sa montre une seule seconde. Sans doute grâce à une maîtrise des équipes techniques qui ont répondu présents dès les premiers instants. Jean-François Hensgens en tête. Chef opérateur sur les plateaux des frères Dardenne et directeur de la photographie sur « Dikkenek », Hensgens a de la bouteille et met son expérience au service de « Tueurs » d’une bien belle façon. Tout comme cette fabuleuse brochette d’acteurs, aussi exceptionnels les uns que les autres. En haut de l’affiche, on trouve d’ailleurs un Olivier Gourmet, plus impressionnant que jamais, dans le rôle d’un braqueur de fourgon (au grand cœur). Avide de voler les banques sans recourir à la violence, le bandit en passe d’une retraite dorée, se voit accuser d’un meurtre qu’il n’a pas commis… Difficile de demander justice quand celle-ci vous a déjà condamné à plusieurs reprises. Pour l’incarner, on peut compter sur la juge Véronique Pirotte (Natacha Régnier) et le Procureur Lemoine (Johan Leyson), aidés par une équipe de police efficiente, dirigée par Lucie Tesla (Lubna Azabal) et Dany Bouvy (Bouli Lanners). Chargés de faire toute la lumière sur des affaires criminelles du passé, ils voient en la réapparition de ce gang de braqueurs, l’occasion rêvée de mettre la main sur les resquilleurs bien planqués. Bouli Lanners (qu’on ne présente plus) et la formidable Lubna Azabal assurent haut la main les rôles qui leur sont confiés, donnant le change à un Olivier Gourmet au sommet de sa forme. Oui, on les aime nos comédiens belges et on ne peut qu’apprécier une si belle mise en valeur de leur talent ! Kevin Janssens (vu récemment dans « Les Ardennes ») est d’ailleurs une des révélations du film au même titre que Bérénice Baoo qui manie le volant aussi bien que Paul Walker. Chaque membre du casting s’est investi dans ce thriller détonnant et le résultat est plus que probant. L’autre bonne idée de « Tueurs » est d’être un film relativement court, évitant les discussions à n’en plus finir et longueurs ennuyantes. Sa petite heure trente suffit à nous divertir et à nous emmener dans une aventure crédible où de nombreux rebondissements ponctuent le récit. Mais qui dit timing court dit intrigue simplifiée. On regrette ainsi les quelques facilités utilisées çà et là et les faux effets de surprise bien trop prévisibles. Néanmoins, on se doit de le dire, le polar réussit à tenir ses spectateurs en haleine et évite de nous servir des clichés maintes fois présentés : c’est simple mais efficace. Minutieux jusque dans les moindres détails, François Troukens a veillé à ce que tout soit parfaitement mis en place, des prises de vue urbaines sublimes aux sons et musiques originales de Clément Dumoulin (alias Animalsons). Une compile musicale reprenant les compositions de nombreux rappeurs de chez nous (ou d’ailleurs) accompagne ainsi la sortie du film : Damso, Hamza, Roméo Elvis et bien d’autres y signent 12 titres inédits qui devraient parler à nos jeunes adeptes de musique rap. Des cascades, des rafales de balles, des courses-poursuites, des interrogatoires, des trahisons et des coups de main de fidèles compagnons, tout est réuni pour faire de « Tueurs » un divertissement honorable. Et quand on nous offre en plus un casting belge performant sur un plateau d’argent, il serait dommage de refuser l’invitation… Date de sortie en Belgique : 6 décembre 2017 Durée du film : 1h26 Genre : Thriller |
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