Evoquant les blessures de l’âme, l’errance dans la vie (et dont on ne voit plus les petits plaisirs infinis), le dernier film signé Disney/Pixar est drôle, philosophique, tendre et extrêmement empathique. Vers l’infini de l’Au-delà… S’il y a indéniablement un peu de « Vice et Versa » sublimé dans ce « Soul », c’est parce que l’on retrouve Pete Docter aux manettes. Hyper introspective, cette nouvelle création sortie des studios de Emeryville parvient à mélanger humour, nostalgie, pulsions de vie et quête de soi dans un métrage où premier et second degrés se croisent et se mêlent avec une évidente légèreté. Résolument positif, le film co-écrit et réalisé avec Kemp Powers nous entraîne dans le New York hétéroclite et dans la communauté afro-américaine où le jazz insuffle depuis toujours de notes délicieuses dans les vies de ses amateurs qu'ils soient musiciens ou auditeurs... En suivant les pas de Joe Gardner (dont la voix est empruntée à Jamie Foxx en version originale et à Omar Sy pour les francophiles), c’est une série de mondes parallèles qui se révèlent à nous : celui de la musique, de la passion, de la vie après la mort (car oui, le pauvre Joe fait une mauvaise chute le jour à sa vie prend un nouveau tournant) et de l’avant-vie (si si !). Illustrant à merveille ce qui nous fait vibrer, la part d’inné et d’acquis mais aussi combien les choix peuvent largement nous influencer, « Soul » ne fait pas que sonder nos âmes, il cherche à faire vibrer notre corde sensible et y parvient de façon subtile et appréciable… pour peu qu’on se laisse porter par son fabuleux discours et ses jolies représentations. En effet, là où d’autres métrages Pixar/Disney parvenaient à s’adresser à un très large public grâce, notamment, à leurs nombreuses clés de lecture, « Soul » a lui plutôt tendance à s’adresser à un public plus mature, délaissant par moments les plus jeunes spectateurs qui ne cerneraient la beauté de son message et de sa portée, faute d’expériences et de sensibilité. Ses petits twists et son univers créatif époustouflant (on apprécie autant le réalisme de la ville de New York que le surréalisme des Jerry/Michel à la sauce Picasso), sa profondeur scénaristique et sa quête de sens ou de pulsions de vie, rendent ce « Soul » métaphysique et ludique et le hisse très probablement dans le top des films issus de la création sans limite estampillée Emeryville.
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Opinion : Que faut-il penser du début de la saison 2 de « The Mandalorian » ?
Après tout, les qualités très inégales des derniers films sortis en salle ont fini par avoir eu raison d’une bonne frange des spectateurs, pourtant acquis à la cause Jedi. Mais trop, c’est trop ! Nous avions, pour notre part, plutôt bien accueilli cette première saison qui permettait de développer un autre pan de l’histoire, peut-être plus légère, grâce aux différents running gags de Baby Yoda et de son désormais célèbre protecteur Mando. Car oui, nous devons l’écrire, bien que Boba et Jango Fett soient entrés dans la légende, on ne peut pas dire qu’ils aient marqué les esprits par leurs aptitudes au combat. Ici, le Mandalorien est un vrai chef guerrier fidèle à sa parole et à ses engagements. Son côté laconique, son armure et son masque impénétrable participent à la construction d’un véritable personnage charismatique. Bien plus que ses ainés. De plus, nous avions apprécié découvrir ce qu’il est advenu d’un Empire chancelant, profondément marqué par les événements présents dans le « Retour du Jedi ». Mais finalement, qu’apportent ces premiers épisodes de la saison 2 ? Ironiquement, nous serions tenté de répondre « pas grand-chose » tant les premiers épisodes suivent la trame développée précédemment. Bien sûr, le premier de cette nouvelle série en ravira beaucoup puisqu’un bon clin d’œil à un personnage emblématique sera adressé avec beaucoup de justesse. Hélas, dès le deuxième épisode, nous retombons dans de regrettables travers: beaucoup trop de remplissage, un rythme inconstant et des enjeux trop légers. Pour concrétiser la quête principale, nous devons nous farcir énormément de quêtes annexes assez discutables qui gâchent le plaisir de l’ensemble. Pour le moment, nous avons cette fâcheuse impression de faire un solide pas en avant et deux pas en arrière… Et puis, nous le disions, cet Empire livré à lui-même dans la première saison semble, d’un seul coup, revenir en force pour apparaitre comme étant inquiétant dans l’univers et c’est bien dommage ! Cette accélération des choses faite sous l’impulsion de Moff Gideon (Giancarlo Esposito) sans que le temps n’ait coulé porte préjudice à la cohérence. A l’heure où vous pourriez lire ces lignes, l’épisode 5 devrait arriver sur la plateforme et espérons qu’il remette un petit coup de boost dans le développement scénaristique qui manque jusqu’ici…
Réalisée par Erica Milsom et Tony Kaplan, la série documentaire nous permet ainsi de croiser la route de Kemp Powers, le co-scénariste et co-réalisateur de « Soul », la prochaine sortie Disney/Pixar, de Deanna Marsigliese, directrice artistique extravagante du département « personnages », de Steven Hunter, auteur et réalisateur du court métrage « Out », de Jessica Heidt, scripte et lauréate d’un prix remis par Pixar et de Dan Scanlon, le réalisateur de « Monstres Academy » et « En Avant », cinq figures représentatives des différents départements de la société d’animation et guides parfaits qui nous entraînent au cœur de leurs valeurs propres et personnelles mais aussi de celles qu’ils partagent avec la formidable équipe de Pixar/Disney. En nous offrant de très joli portait de faiseurs de rêve, de créateurs, penseurs et passionnés, Disney + nous permet de comprendre l’atmosphère qui règne au sein de cette entreprise atypique, de découvrir qui se cache derrière de nombreux succès que l’on connait mais aussi de mesurer l’importance de chaque détail, de chaque histoire, de chaque participation à ces projets colossaux qui finissent par aboutir sur nos petits et grands écrans. Courts et denses à la fois, ces cinq épisodes d’environ quinze minutes chacun nous brosse le portrait de réalisateurs s’inspirant de leurs propres vécus, leurs propres histoires familiales pour donner du corps et de l’épaisseur à des personnages hauts en couleur.
A quelques semaines de la sortie de « Soul », c’est avec un plaisir certain que nous avons suivi cette petite incursion dans le monde de Luxo et fait un petit tour du propriétaire aussi plaisant que ludique dont on sort plus riches d’anecdotes estampillées Pixar et avec une envie viscérale, celle de nous replonger dans toutes ces créations originales.
Connaissiez-vous l’existence de ces gigantesques foires aux baskets présentes aux Etats-Unis où des modèles « collectors » s’arrachent à plusieurs dizaines de milliers de dollars ? Saviez-vous que la ville de Détroit, jadis berceau de l’industrie de l’automobile, était en train de renaitre de ses cendres grâce à la pratique du vélo ? Et que la conception de vélos ultra perfectionnés était plus technique que la production d’une voiture ? Vous l’aurez compris, la force de la série consiste à s’emparer des objets les plus ordinaires de notre quotidien pour développer une voie vers l’inconnu et la surprise !
Jeff Goldblum se veut pour l’occasion pédagogue et explique ces phénomènes certes simples mais à la portée peut-être un peu plus complexe qu’il n’y parait… L’approche excentrique de l’interprète de Ian Malcom dans « Jurassic Park », David Levinson dans « Independance Day » ou de Seth Brundle dans « La Mouche » rend la série très amusante à regarder tant il y a de malice dans les yeux de ce personnage haut en couelur….Assez en tout cas pour ressentir le potentiel comique des différentes situations ! Douze épisodes d’une demi-heure (environ) constituent cette découverte (extra)ordinaire de nos objets et pratiques culturelles. De ces échanges naissent des questions parfois plus profondes qu’il n’y parait et celles-ci sont toujours traitées avec justesse et bienveillance. Outre un format accessible, la dimension ludique et pédagogique de l’ensemble permet assurément d’intéresser petits et grands !
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