C’est finalement ce dernier point qu’aborde le dernier film de Paul Thomas Anderson. Un métrage d’une grande beauté, d’une photographie magnifique et aux décors troublant tant ils sont ancrés dans la réalité des 70’S. Un film séduit dans sa forme, probablement moins dans son fond. En effet, les différents points de vue de ses deux héros d’une même situation, les diverses étapes traversées conjointement ou séparément et les aventures qu’ils vivront au fil des mois étirent l’arc narratif jusqu’à le tendre dans une longueur qui ferait fléchir bon nombre de spectateurs. L’association et la succession des récits et de ces étapes de vie permettent de nous donner une vue d’ensemble sur leur histoire d’amour naissante, leur changement de cap, d’envies et d’avenir mais la mosaïque est trop riche que pour cerner véritablement l’intensité de certaines scènes et éléments du récit. Chantage affectif, jalousies, disputes et réconciliations s’enchaînent dans deux heures de film presque épuisantes tant le matériau proposé est dense. Mais la finalité reste simple et aurait pu se régler dans un métrage monté différemment ou raccourci d’une bonne demi-heure tant l’intrigue se veut lente par instants. Histoire de famille devant et derrière l’écran, (Paul Thomas Anderson tourne avec Cooper Hoffman, le fils de Philippe Seymour avec qui il a collaboré sur plusieurs films mais aussi avec les sœurs et parents de Alana Haim), « Licorice Pizza » a un grain admirable et une atmosphère 70’S des plus appréciables. On le contemple avec grand plaisir et on attend avec impatience l’apparition de Sean Penn, Ben(ny) Safdie et Bradley Cooper, on s’amuse des crossovers réalisés entre fiction et réalité (Gary et Alana croisent la route de Lucille Ball, Jon Peter ou William Holden, on évoque la crise pétrolière, la guerre du Vietnam ou la disparition de Sharon Tate) mais on garde malgré tout ce petit goût de trop peu dans son scénario décimé par tant de sujets évoqués et mis bout à bout sans réelle ingéniosité. Si on lui préfère nettement « Phantom Thread » qui faisait la route inverse et montrait la passion d’une jeune femme pour un homme plus âgé, « Licorice Pizza » reste néanmoins un métrage intéressant sur le plan artistique notamment.
Fausse publicité crée par l’entreprise de Gary et Alana, « La pub Fat Bernie’s » est le petit bonbon acidulé de ces add-on, une « réclame » animée d’une minute dans le ton du film alors que « Les coulisses du tournage », copieux bonus de dix minutes fait la part belle, lui, aux photographies (sublimes !) du tournage, des clichés en couleurs ou noir et blanc espacés par des coulisses, répétitions, prises de vue avec silhouettes ou installation des fabuleux décors. Bref, une boucle bouclée avec le même intérêt artistique que le métrage en lui-même. Un album à feuilleter avec délice une fois la vision du film terminée.
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