Résumé du film : Marie Madeleine est un portrait authentique et humaniste de l’un des personnages religieux les plus énigmatiques et incompris de l’histoire. Ce biopic biblique raconte l’histoire de Marie, une jeune femme en quête d’un nouveau chemin de vie. Soumise aux mœurs de l’époque, Marie défie les traditions de sa famille pour rejoindre un nouveau mouvement social mené par le charismatique Jésus de Nazareth. Elle trouve rapidement sa place au cœur d’un voyage qui va les conduire à Jérusalem. Note du film : 8/10 (par François) Avis : Déjà en 2017, l’Australien Garth Davis nous montrait l’étendue de son talent avec son « Lion », touchante histoire vraie portée à l’écran. Cette année, c’est dans un projet assez périlleux que nous le retrouvons. Car oui, transposer « Marie Madeleine » à l’écran, c’est s’attaquer à une figure aussi importante que méconnue. Cela relève plus du pari hautement risqué que du film de commande. Tout d’abord, parce que nous en savons très peu sur ce personnage biblique. Disciple fidèle (et spirituelle) de Jésus, les évangiles diront qu’elle fut témoin des épisodes de la Passion et de la Résurrection du Christ. Ensuite, pour toutes les raisons que l’on peut imaginer, filmer la Galilée d’alors n’était pas une mince affaire. Et pourtant, Garth Davis, nous livre avec beaucoup de pudeur et de maestria sa vision de la société au temps de Jésus. Quand l’originalité du point de vue apporte une plus value… Porter la vie de Jésus Christ à l’écran a toujours suscité l’envie de nombreux réalisateurs. Avec plus ou moins de réussite d’ailleurs, de nombreuses adaptations ont défilé sur nos écrans. Citons par exemple la meilleure adaptation à ce jour - car la plus fidèle aux Ecritures- signée Pier Paolo Pasolini (« L’Evangile selon Saint Matthieu » en 1964). Mais nous nous ne pouvons oublier pour autant « La Dernière tentation du Christ » de Scorsese (1988), ou plus récemment la vision polémique de Mel Gibson (« La Passion du Christ en 2014). Ici, le choix du réalisateur se veut singulier et payant : éviter de partir de Jésus mais bien d’un personnage secondaire et féminin pour approcher la figure du Messie. Résolument moderne dans son approche, le réalisateur a voulu dépoussiérer le message biblique. D’ailleurs, les producteurs diront justement : « Chaque génération amène sa relecture des grands mythes sur lesquels est basée notre société. Le cinéma se doit d’adopter une vision contemporaine afin de faire écho aux problèmes actuels et d’être capable d’interpeller et intéresser le public. La relecture de la destinée du Christ à travers le regard d’une femme nous a semblé amener un nouvel éclairage sur le passé tout en faisant écho à des problèmes très actuels". Les premières images dévoilent Marie Madeleine entourée de sa famille dans un petit village de pécheurs. Les dialogues nous permettent de recontextualiser très vite le temps du récit. En effet, nous apprenons que Jean le Baptiste a été tué par Hérode. D’emblée, nous sommes conquis par le choix du casting : Rooney Mara est impressionnante dans ce rôle ! Ses yeux disent tellement, que dans ses silences, nous comprenons l’état psychologique de son personnage ! Toujours juste, elle incarne une Marie Madeleine parfaite dans l’expression de sa foi ! La caméra l’accompagne avec de magnifiques champs/contre-champs et filme des paysages de toute beauté qui font penser à ceux de la Galilée. Souvent, nous nous émerveillons devant les panoramas et le filtre choisi pour sublimer le tout. Pour autant, bien que le repérage du film se soit fait en Israël, beaucoup de scènes ont été tournées dans le sud de l’Italie et en Sicile pour un résultat confondant de réalisme ! Quant aux décors et costumes, un grand souci du détail a été apporté. Casting étoilé pour le Messie et ses compagnons de route Mais si Rooney Mara crève littéralement l’écran dans son rôle de Marie, il en va de même pour Jésus ! Nous ne présenterons plus Joaquin Phoenix tant sa filmographie parle pour lui. Cependant, ici, il parvient à nous surprendre une fois de plus tant sa propension à habiter son personnage est forte. Un peu à l’image du caméléon, il s’efface pour incarner le Fils de l’Homme dans ses tourments, ses doutes, sa colère (la scène du Temple est éloquente) et bien sûr son humanité. Il y a d’ailleurs une dimension bienveillante lorsque l’on observe le jeu de Joaquin Phoenix qui est assez touchante. Mais ses disciples ne sont pas en reste ! Nous avons été conquis par le jeu de Tahar Rahim en Judas. Chacune de ses apparitions témoigne d’une profonde implication. Aussi, nous comprenons les agissements « du plus fidèle » des disciples dont l’Histoire retiendra la traîtrise. Quant à Pierre (convaincant Chiwetel Ejiofor), premier dirigeant des premières communautés, il semble tout comme les autres (à l’exception de Marie Madeleine), ne pas comprendre le véritable dessein de Jésus. En cela, le traitement des disciples est fidèle puisque ces derniers ne perçoivent pas ce qui se joue ou devra se jouer. Croyant que le Royaume est à venir bientôt, Pierre manifeste sa foi dans un présent sincère à l’image de Judas. D’autres grandes « gueules » rejoindront Marie et Jésus parmi lesquelles les excellents Denis Ménochet et Tchéky Karyo. De l’appel à la Passion Finalement, le principal reproche que l’on pourrait adresser au film est sa lenteur. Mais tout cheminement vers la foi demande du temps et Garth Davis l’a bien compris. D’un appel profond et sincère, Marie est le témoin des baptêmes et des leçons de Jésus mais aussi de ses miracles, comme celui de Lazare et de nombreuses personnes souffrantes. Mais ce rythme est aussi l’occasion de prendre le pouls d’une société malade et vivant dans l’espoir d’un avenir meilleur. De la Passion à la Résurrection A la vue du Christ sur la croix, les yeux de Marie se brouillent à l’image du résultat à l’écran. Dans cette œuvre, il y a beaucoup de non-dits mais doit-on justement tout expliquer ? Certains « passages » sont juste suggérés ou n’apparaissent pas ou encore sont modifiés. Mais nous sentons la volonté du réalisateur de ne pas entrer dans un film théologique pour aborder plutôt la dimension spirituelle. On quittera cette belle aventure filmée aux côtés de Madeleine, premier témoin de la résurrection et porteuse de la Bonne Nouvelle. Avec ce point de vue original, « Marie Madeleine » est assurément un beau film à l’esthétique soignée qui n’a d’égal que la qualité de son interprétation et la spiritualité qui s’en dégage. Réhabilitation d’un personnage controversé, nous retiendrons un film résolument moderne qui hélas souffre de quelques longueurs. Mais c’est sans doute le revers d’une pourtant bien jolie médaille. ► Les bonus : Très courts, ceux-ci font le minimum syndical et abordent à peu de choses près les mêmes sujets. D’une durée de deux minutes chacun, « les acteurs » et « le tournage » sont intéressants et donnent la parole au réalisateur et aux acteurs qui partageront leur point de vue sur l’importance de Marie Madeleine dans les Ecrits et le déroulement du tournage. Genre : Drame Durée du film : 2h Titre original : « Mary Magdalene » Bonus : Deux petits bonus de deux minutes chacun.
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