Résumé du film : Guatemala. Pablo, 40 ans, est un "homme comme il faut", religieux pratiquant, marié, père de deux enfants merveilleux. Quand il tombe amoureux de Francisco, sa famille et son Église décident de l’aider à se "soigner". Dieu aime peut- être les pécheurs, mais il déteste le péché. Note du film : 8/10 (par Véronique) Avis : « Temblores », c’est le deuxième film du réalisateur guatémaltèque Jayro Bustamante. C’est aussi la traduction latino des tremblements de terre qui frappent le pays mais aussi ceux qui déstabilisent la vie de Pablo. Ce sont les secousses qui effritent peu à peu la façade derrière laquelle ce bon père de famille s’est réfugié durant des années et qui laissent apparaître ce qu’il ressent au plus profond de son être. Une attirance pour un homme, Francisco, avec qui il partage l’amour passion et non l’amour raison prôné par sa famille et dans lequel il s’est engagé. Un interdit qu’il ne peut braver et qui sera sapé par l’autorité religieuse et la société bienpensante dans laquelle il évoluait jusqu’alors. Un film choc qui montre combien, aujourd’hui encore, les libertés individuelles peuvent être bafouées, jugées et dénoncées. Un film nécessaire et esthétiquement superbe. Un film sombre et anxiogène Pour qui n’aurait pas lu les quelques lignes du résumé, la surprise risque bien d’être de taille. En effet, les vingt premières minutes d’ouverture du film de Jayro Bustamante impressionnent autant qu’elles déstabilisent. Arrivé sous la pluie au volan de sa voiture, Pablo gagne la magnifique villa où vit sa petite famille. Mais dès que la porte d’entrée s’est refermée, c’est un poids, une atmosphère malsaine qui imprègne son domicile et notre découverte. Sa famille s’est réunie autour de son épouse, le visage fermé et grave, les traits impassibles, les mots fébriles et acérés à la fois. Quel drame s’est joué dans cette famille bien sous tous rapports ? Que reproche-t-on à Pablo, mal à l’aise devant ce conseil extraordinaire ? La vérité, c’est que Pablo aime un homme et bien plus que l’infidélité, c’est la honte qui secoue cette famille unie et interdite face à cet affront. Impensable, cette relation n’est pas seulement perçue comme toxique mais comme anormale, inhumaine, impensable. Prié de se ranger et de cesser cette folie, Pablo n’a d’autres choix que de fuir. Mais bien vite, ce père aimant se voit privé de ses enfants, l’amalgame entre homosexualité et pédophilie s’invitant dans les débats houleux du couple et le quarantenaire n’a pas d’autre choix s’il veut les resserrer dans ses bras, que suivre une thérapie menée par l’Eglise et retrouver la raison… Pesant, sombre et anxiogène, « Temblores » choisit de se fondre dans une réalisation intemporelle pour montrer à ses spectateurs combien notre société actuelle est finalement encore très archaïque dans ses propos. La photographie volontairement clair-obscur et les plans serrés accentuent le sentiment de carcan dans lequel Pablo se retrouve prisonnier. Si les spectateurs peuvent reprendre leur respiration et sortir la tête de l’eau, il n’en est pas de même pour notre héros aux côtés duquel on s’offusque et on souffre. Mené de main de maître par Juan Pablo Olyslager, le long-métrage à quelque chose de terrible et d’hypnotique à la fois. On cherche inlassablement une porte de sortie, un rai de lumière dans cette vie assombrie mais en vain… on sort de cette histoire le cœur serré et l’esprit marqué. Un drame sans mélo. Au-delà de son esthétisme de qualité et son histoire effroyablement documentée, ce qui fait de « Temblores » une vraie réussite, c’est sa capacité à ne jamais tomber dans le mélodrame. Suivant la même voie que « Boy Erased » de Joel Edgerton, le film de Jayro Bustamante évolue dans une certaine sobriété, ne tombant jamais dans le pathos malvenu et inapproprié. La dimension sociale de ce film presque documentaire déconcerte mais sublime le propos. Peut-on se sacrifier pour l’honneur des autres ? N’est-on pas, au XXIème siècle en droit d’aimer qui l’on souhaite ? Stigmatisé pour ce qu’il est et parce qu’il aime, Pablo est la preuve vivante que quelle que soit sa classe et quelle que soit sa place, l’individualité n’est acceptée que lorsqu’elle entre dans les bonnes cases, celles qui sont approuvées par la société. Troublant et suffocant, « Temblores » est un des films marquants de cette année, un de ceux qu’on n’est pas prêt d’oublier… ► Les bonus Dans les bonus du film, on note la présence de la traditionnelle bande annonce mais surtout, celle du making of de François Silvestre de Sacy et de Juan Sebastian Torales. Durant près d’une demi-heure nous entrons dans les coulisses du tournage un 24 juin 2017. Entre quelques images des coulisses et des préparations des acteurs, nous assistons aux révélations de Jayro Bustamante et découvrons les raisons qui l’ont poussé à développer deux sujets tabous au Guatemala (la religion et l’homosexualité) ainsi que les sujets latents de son film. Reconnaissant de toute l’aide qu’il a reçue, le réalisateur explique combien le soutien des productions et des distributeurs a été primordial dans la conception de son projet mais aussi comment il a pu compter sur la présence d’acteurs de théâtre dans son long-métrage.
Racontée par ses protagonistes, l’histoire permet de comprendre ce qui unit les différents personnages mais aussi ce qui les séparent, les traits de leurs caractères mais aussi de ressentir la bienveillance et la relation de confiance qui les unit. Un joli contenu additionnel qui prolonge la découverte d’un film poignant ! Genre : Drame Durée du film : 1h47
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