Les projecteurs éteints assombrissant un décor coloré dans lequel s’inscrivent une multitude d’objets, de détails filmés habilement, le silence des déplacements inlassables effectués par la maîtresse (de maison) et son chien ne parvenant pas à rompre l’angoisse d’un retour inespéré résonnent dans les cœurs à défaut de le faire dans les salles ou dans la vie de son unique intervenante. Si la musique de Alberto Iglesias ponctue à merveille les émotions diverses de notre héroïne du jour, la force du film vient assurément du jeu magistral d’une comédienne à la palette aussi large que le camaïeu de tons des tenues survolées le temps d’un instant, une actrice tragicomique habitant à la perfection le désespoir de cette femme qui ne se sent plus dans la fleur de l’âge. Deux ans après « Douleur et Gloire » dans lequel Antonio Banderas crevait l’écran, « The human voice » offre une rampe d’accès phénoménale aux sujets de prédilection du cinéaste espagnol qui excelle tant dans les longs que dans les courts métrages, rappelant combien la nostalgie et l’importance des traces du passé ont une place primordiale dans le parcours du réalisateur hispanique. Présenté lors de la Biennale de Venise 2020, le film reprend bien sûr l’intrigue de la pièce de Cocteau et la remet au goût du jour, mais il est également l’occasion toute trouvée pour faire le triste constat de ce qu’est devenu le cinéma en quelques mois à peine… un hangar vide de techniciens, d’équipes et d’acteurs… un lieu de vie devenu désuet et dont beaucoup se languissent, à l’image de cette femme qui patiente des jours durant aux côtés de valise et de souvenirs, symboles douloureux de ce qu’était sa vie d’avant… Une comédienne récitant son monologue face au vide, à un correspondant audible par elle-seule, et faisant le bilan d’une histoire où amour et haine se liaient jusque dans la torture d’une absence qu’elle subit à présent…
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★★★★★: Coup de coeur ★★★★: Excellent film ★★★: (Très) bon film ★★: Peu mieux faire ★: Passable ○: On en parle? |