Résumé du film : Joseph et ses deux fils, Joachim et Ivan, formaient une famille très soudée. Mais Ivan, le plus jeune, collégien hors norme en pleine crise mystique, est en colère contre ses deux modèles qu’il voit s’effondrer. Car son grand frère Joachim ressasse inlassablement sa dernière rupture amoureuse, au prix de mettre en péril ses études de psychiatrie. Et son père a décidé de troquer sa carrière réussie de médecin pour celle d’écrivain raté. Pourtant, ces trois hommes ne cessent de veiller les uns sur les autres et de rechercher, non sans une certaine maladresse, de l’amour… Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Avis : Acteur montant de sa génération, Félix Moati est parvenu en quelques années à faire sa petite place dans le monde du cinéma français. Après quelques rôles plus ou moins importants dans divers métrages (parmi lesquels le très solaire "Gaspard va au mariage" où il se démarque véritablement), il était déjà passé derrière la caméra pour nous offrir un "Après Suzanne", un court métrage plutôt réussi où il mettait déjà en scène son ami Vincent Lacoste. "Deux fils". Son premier long métrage fait étrangement écho à ce court, sorti il y a quelques années (et présenté en septembre 2017 au Festival International du Film Francophone de Namur en sa présence): même prénom de héros, même comédien principal, même mal-être amoureux, même errance dans sa vie, on y retrouve des sujets de prédilection qui avaient posé les jalons d'une "suite" qui s'affirme un peu plus dans un format plus long. Concis à l'époque, Félix Moati a, en plus d'avoir pris de l'assurance, augmenté les faisceaux amoureux, familiaux et amicaux de cette nouvelle famille où l'équilibre et la place de chacun est à revoir sans cesse.
Joseph, le père, vient de perdre son frère et ne se remet pas de sa nouvelle situation de doyen: "il y a le monde des vivants, celui des morts et moi, je suis entre les deux à présent...", cette phrase résonne et parle pour ce père attristé par la perte d'un être cher et décide de réaliser ses rêves. Fausses écoutes, interprétations des gestes de chacun, admiration, dérives et comiques de situation s'enchaînent pour alléger un sujet finalement dramatique. Cette chronique familiale, qui n'est pas sans nous rappeler quelques grands films de la Nouvelle Vague française, aurait pu aboutir sur un drame pudique où non-dits et soutien indéfectible tiennent une place de choix. On regrette cependant que le jeune réalisateur n'ait pas su faire le tri dans ses idées, ou dans ses propres états d'âme, à tel point qu’il nous livre un sac de noeuds scénaristiques dans lequel il est difficile de s'y retrouver. On s'emmêle les pieds, on chute à côté de ces personnages attachants qui errent sans but et on ne peut s’empêcher d’espèrer que le dénouement sera à la hauteur de la (longue) attente... A l'image des écrits de l'écrivain amateur qu'est le père Joseph, l'intrigue survole de nombreuses thématiques, les cite et les illustre (bien) mais pourrait perdre une partie de son public par manque de clarté et de simplicité. Pourtant, nombreux sont les arguments pour faire de ce premier long un essai à moitié transformé. Félix Moati met en scène des comédiens complices (Vincent Lacoste et Anaïs Demoustier se retrouvent après "A trois on y va") et révèle la tendresse et la sobriété qui sommeillent en Benoit Poelvoorde ou le talent du jeune Mathieu Capella, petit sosie irrésistible de son grand frère de fiction. On s'amuse du déclin d’Ivan, enchaînant clopes et verres d'alcool sous les yeux de son aîné, du surjeu de Joachim lorsqu'il confie ses peines de coeur, on entre fébrile dans cette famille 100% masculine où le dialogue est rompu et les responsabilités mal réparties. Comme ses personnages principaux, "Deux fils" paraît avoir beaucoup de difficultés à trouver sa place, sa voie, et finit par être un rapiècement de (bons) sentiments, de moments de vie, de sauvetage et de naufrage sur fond de mots maladroits. Mais cette maladresse est attendrissante et le côté burlesque du film permet d’assumer le décalage qui nait entre les adultes aux comportements puériles et l’ado de 13 ans, seule personne mature de la famille à s’ancrer dans la réalité. La discrétion de la caméra, la valse dans les rues de Paris où chacun erre en quête d’un but et certaines scènes familiales (comme les confidences faites à travers une porte de cet immense appartement) s’apprécient à sa juste valeur. On sourit face aux situations parfois grotesques et les relations de tendresse qui unissent chacun des membres de la tribu. On apprécie la bande originale du groupe "Limousine" et la réalisation maîtrisée, et on fait fit de l’excès d’idées venues à profusion se greffer sur une histoire ordinaire où grotesque et dramaturgie s’accordent le temps d’un instant. Félix Moati à des choses à dire et il le fait plutôt bien ! Malgré la longueur (voire la lenteur) et les quelques erreurs de jeunesse d'un réalisateur en devenir, "Deux fils" a bon nombre d'arguments pour que l'on s'intéresse au parcours (un peu plus épuré) de ce futur réalisateur tombé dans la marmite de la cinéphilie quand il était petit. Sa comédie dramatique remplie de charme n’est qu’un premier rendez-vous et malgré sa timidité, fait qu’à seulement 28 ans, Félix Moati parvient à faire du pied à qui se laisserait séduire par sa sensibilité. Date de sortie en Belgique : 20 février 2019 Date de sortie en France : 13 février 2019 Durée du film : 1h30 Genre : Comédie dramatique
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