Résumé du film : Le charmant Forrest Tucker a dépassé l'âge de la retraite depuis belle lurette mais il reste l'un des braqueurs de banque les plus doués du 20e siècle. Et lorsqu'il rencontre la femme de sa vie, plus rien ne semble lui manquer. Mais alors que le jeune détective John Hunt lance une chasse à l'homme pour retrouver Forrest et ses complices, un véritable jeu du chat et de la souris se met rapidement en place. Hunt lui-même ne peut résister aux charmes de Forrest. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : David Lowery nous avait bouleversé il y a deux ans à peine avec son « A ghost story » poétique et mélancolique. Cette fois encore, le réalisateur américain parvient à mettre son lyrisme au service d’un récit plutôt convenu, sublimant certains instants de cinéma dans lesquels prend place un Robert Redford au crépuscule de sa carrière d’acteur. Pas étonnant dès lors que les couleurs dorées et chatoyantes d’une fin de journée viennent illuminer notre écran et la vie de cet incorrigible braqueur. Entre nostalgie et fureur de vivre, « The old man and the gun » évoque le parcours de Forrest Tucker et son besoin insatiable de braquer les banques le cœur léger et le sourire aux lèvres. Gentleman braqueur Il y a 45 ans, Robert Redford marquait les esprits et le 7ème art en incarnant un braqueur de banque et de train aux côtés de Paul Newman dans « Butch Cassidy et le Kid ». Près d’un demi-siècle plus tard, David Lowery lui offre une jolie façon de tirer sa révérence en lui confiant le rôle d’un vieux gentleman braqueur qui, avec ses deux acolytes, pillent les banques de différents états des USA. Les sourires et les rides qui marquent son visage, son élégance et sa démarche assurée malgré le poids des années marquent les dernières images en 16 :9 de cet acteur de légende qui, après près de 60 ans sur la toile s’apprête à prendre sa retraite, que l’on pensait déjà entamée l’an dernier après le tout aussi crépusculaire « Nos âmes la nuit » où il partageait l’affiche avec Jane Fonda, sa complice de toujours. Basée sur la vie du vrai Forrest Tucker, « The old man and the gun » rappelle quelques épisodes hallucinants de la vie du sympathique malfrat. Parmi les flashbacks proposés, on assiste à ceux de son enfance, de ses premiers larcins et de ses premières fugues mais aussi son évasion impressionnante de la prison de San Quentin (en Californie) à l’aide d’un kayak fabriqué dans les ateliers du centre pénitencier. C’est précisément après cet épisode cocasse que nous faisons la connaissance de Forrest, cheveux grisonnants et chapeau vissé sur la tête. En solo ou à l’aide son gang, Tucker sème l’incompréhension des policiers qui comprennent bien vite qu’ils traquent une bande de pépés braqueurs n’usant jamais de la violence mais préférant largement le pouvoir de persuasion. On s’amuse de suivre les aventures de Forrest, Teddy et Waller (tout aussi touchants Danny Glover et Tom Waits) qui n’ont aucun besoin de l’argent volé mais continuent de braquer par pur plaisir, par passion et par besoin de se sentir vivant. Parmi ces policiers, l’inspecteur John Hunt (Casey Affleck que David Lowery avait déjà mis en scène dans son précédent métrage) qui établit le profil de notre chef braqueur et comprend bien vite les mécanismes inhabituels de ses vols à défaut de savoir où Tucker va frapper. Tout comme dans « La mule » de Clint Eastwood, on apprécie le respect qu’à le jeune policier pour le bandit qu’il traque et on se délecte de leur brève rencontre. Passage de relais ? Simple plaisir de rencontre ? Confrontation courtoise entre la justice et la marginalité ? C’est un peu de tout cela réunit. Cette année-là… En posant son intrigue au début des années 80, le cinéaste nous plonge dans un univers qui fait place à une reconstitution d’époque admirable et des images très léchées. La petite musique jazzy de la bande originale procure une allégresse qui colle au plus près du récit, rendant le tout bien plus léger qu’il n’y parait. On apprécie la nostalgie distillée tout au long de la petite heure trente de film, dans laquelle on suit les frasques de Forrest Tucker mais aussi ses souvenirs et son besoin viscéral de revivre l’adrénaline d’un braquage préparé avec minutie. Si on sait combien David Lowery est capable de bien mieux en termes d’innovation scénaristique ou de mise en scène, on apprécie la sobriété choisie pour nous conter l’histoire de ce vieux monsieur au pistolet. Bien sûr, on aurait aimé un peu plus d’audace ou d’originalité mais la douceur de cette fin de vie professionnelle excuse bien vite ce manque de prise de risque. Attaché à l’idée du temps qui passe, le réalisateur américain utilise un nouvel angle pour évoquer les thèmes qui lui sont chers. Après l’importance de l’enfance et de son imaginaire, d’un ancrage physique et des traces que l’on laisse au fil de notre vie, David Lowery évoque la mélancolie d’une vie bien remplie et l’arrivée du crépuscule d’une vie. La jolie romance partagée avec Sissy Spacek vient apporter une touche de douceur, une envie de rédemption ou de sagesse, difficile à tenir lorsqu'on a toujours arpenté les routes en solitaire. Son nouveau medium est à nouveau on ne peut mieux choisi pour sensibiliser le public aux idées que Lowery voulait nous présenter et c'est avec pudeur et respect des sentiments qu'il le fait. Avec son casting de vedettes d’autrefois et son amour de la vie au jour le jour, « The old man and the gun » est un savant mélange qui enjouera ses spectateurs et leur fera passer un petit instant de bonheur (cinématographique), un moment suspendu qui permettra à Robert Redford d’assister à son baroud d’honneur. Date de sortie en Belgique : 20 février 2019 Durée du film : 1h31 Genre : Drame
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