Dilili à Paris

Résumé du film : Dans le Paris de la Belle Epoque, en compagnie d’un jeune livreur en triporteur, la petite kanake Dilili mène une enquête sur des enlèvements mystérieux de fillettes. Elle va d’aventure en aventure à travers la ville prestigieuse, rencontrant des hommes et des femmes extraordinaires, qui l’aident, et des méchants, qui sévissent dans l’ombre. Les deux amis feront triompher la lumière, la liberté et la joie de vivre ensemble.

Avis : On le sait, Michel Ocelot est autant un excellent faiseur qu’un formidable conteur. Après nous avoir proposé les aventures du jeune « Kirikou », celles de « Azur et Asmar » et enchanté avec les ombres chinois de « Princes et princesses », le réalisateur français nous entraîne dans les rues de Paris aux côtés de Orel et Dilili.

Utilisant une nouvelle technique qui consiste à faire vivre des dessins animés sur des clichés pris dans les hauts lieux de la capitale française, « Dilili à Paris » propose une nouvelle facette de l’animation pour enchanter petits et grands. Son esthétique irréprochable se met ainsi au service d’une enquête policière inédite dans laquelle nos deux jeunes enquêteurs vont rencontrer de nombreuses personnalités ayant révolutionné la science et les arts du début du siècle dernier : Marie Curie, Louise Michel, Colette, Debussy, Toulouse Lautrec, Chocolat, Proust, Rodin ou encore George d’Angleterre vont croiser la route sinueuse de Dilili et Orel, enchantés d’approcher ceux qui ont déjà une jolie renommée.

Ludique, le dernier long-métrage de Michel Ocelot comporte comme toujours des messages explicites, des réflexions sur les cultures et les différences de chaque être humain.  Tendre et drôle à la fois, le film évoque pourtant des sujets graves comme la maltraitance des enfants, le racisme et les préjugés. Comment cette petite fille qui se produisait jadis dans le zoo humain de Paris peut-elle avoir autant de vocabulaire ? Comment deux enfants d’origine différentes peuvent-ils traquer les « Mâles-maîtres », secte sombre qui enlève des jeunes filles alors que la police ne semble rien faire ?

Intelligent, très joli visuellement, « Dilili à Paris » ne déconcerte que par sa diction très appuyée et lente, utilisée pour que le très jeune public puisse maîtriser toutes les idées qui sont celles du génial cinéaste français. Décomposée en deux parties très différentes, le film d’animation nous émerveille d’abord par la découverte de ce Paris grandiose et à l’architecture extraordinaire avant de nous sensibiliser aux arts et nous faire rencontrer le panthéon des Femmes et Hommes célèbres. Et puis il y a l’enlèvement de la jeune fille, qui permet alors d’exploiter une face plus sombre du récit, de transformer l’enquête en une recherche dans le sous-sol glauque de ce Paris si fastueux en surface.

N’oubliant pas de montrer la misère et la campagne moins rutilante environnante, « Dilili à Paris » croque la vie sous la Belle Epoque de façon admirable et fera le bonheur de nos petites têtes blondes, les fait s’évader dans une période de l’histoire qui faisait rêver, tout comme la dernière réalisation de Michel Ocelot.

► Les bonus
Après avoir chanté les paroles de « Le soleil et la pluie », le thème enjoué du film, les enfants pourront découvrir le diaporama « Mais c’est qui ?» qui permet de rencontrer les nombreuses personnalités rencontrées tout au long du récit des aventures d’Orel et Dilili. 

Mais ce qui parlera davantage aux adultes, c’est le making of, le « Film du film » dans lequel Michel Ocelot explique qu’avec ses filles, il explore les pays, les couleurs, les cultures et qu’il est donc normal que « Dilili à Paris» montre ce qui se passe aux femmes et aux enfants partout dans le monde.  Si le sujet est grave, il est abordé avec légèreté et permet en plus, de découvrir le Paris de 1900 et sa civilisation sensationnelle, son concentré d’arts et de génie que l’on connait encore. 

Tourné vers l’humain, comme bon nombre de ses autres métrages, le film évoque la maltraitance envers les petites filles qui souffrent autant que lorsqu’elle est faite aux femmes. 

Si beaucoup d’éléments historiques ponctuent le récit, on apprend que les enlèvements évoqués n’ont jamais eu lieu, la secte des « Mâles-Maîtres » n’a pas existé mais elle représente les hommes maltraitants qui piétinent les autres par leurs actes ignobles. Loin d’être féministe, Michel Ocelot explique que son film place des femmes célèbres au centre du propos pour qu’elles reflètent la lumière qu’elles commençaient à prendre à cette époque.

Mais au-delà du bonheur que le réalisateur a eu de découvrir les musées, les égouts, les hauts lieux cultures de Paris dans lesquels il a réalisé toute une série de clichés, on découvre le travail effectué par ses équipes techniques sur base de ses photographies. Même en réalisant quelques modifications, toute l’équipe a souhaité garder une authenticité précise, et a travaillé sur une tri-dimension numérisée pour donner vie à ces lieux qui sont toujours sublimes à découvrir. Les procédés de réalisation numérique, autant pour les décors que pour les personnages en 3D, leurs mouvements et ceux de leurs vêtements, le caractère et les réactions des personnages, rien n’est laissé au hasard.
 
Genre : Animation
Durée du film : 1h35
Bonus : Trois bonus pour un total d’un peu moins de 30 minutes​