Après une contextualisation appuyée par des images d’archives, les premières minutes du film peuvent donner l’impression que nous allons assister à de joyeuses retrouvailles de vétérans sur fond de comédie. Si la bonhommie occupe en effet une bonne partie du métrage, le ton devient tout autre lorsque nos quatre anciens GI arpentent les sentiers d’une jungle qu’ils ont longuement côtoyée. L’humour laisse peu à peu la place à un climax inquiétant et nos anciens frères d’armes finissent par révéler les sentiments qu’ils ont trop longtemps refoulés. Papy ne fait plus de résistance, il retourne au front dans de douloureuses réminiscences… Très dynamique dans sa première heure trente, « Da 5 bloods » nous perd dans son deuxième volet beaucoup trop long et confus, la faute à une histoire abracadabrande que l’on a malheureusement vu poindre à l’horizon. Peu subtil, le film de Spike Lee brosse un portrait trop grossier d’une intention qu’il aurait pu rondement mener. Son montage final n’a pas de cohérence, les images liées au mouvement #Blacklivesmatter sont insérées maladroitement et constituent une énième piqûre de rappel d’un sujet défendu des années durant alors que le dernier tiers de son intrigue devient grotesque et s’avère au final indigne de ce qui était évoqué précédemment. Aussi clichée que les films qu’il prend plaisir à discréditer, l’ultime partie de son récit vient malheureusement ternir un tableau qui avait de nombreux atouts mais qui n’ont pas été correctement utilisés, son casting international savamment présenté se prenant les pieds dans les lianes d’une jungle où tout n’est pas permis et où rien n’est jamais définitivement enterré. Jean Reno et Mélanie Thierry, Paul Walter Hauser et Jasper Pääkkönen (tous deux vus dans « BlacKkKlansman » où ils interprétaient des membres du Ku Klux Klan) sont en effet de passage dans le périple de nos quatre frères de sang (Delroy Lindo, Clarke Peters, Norm Lewis et Isiah Whitlock Jr) secondés par l’un de leur jeune fils (Jonathan Majors). Quatre complices qui, plus quarante ans après leur enrôlement, partent à la recherche du corps de l’un de leurs frères d’armes : Norman (Chadwick Boseman). Mais plus que le corps de leur complice, c’est de l’or qui attire leur convoitise. Un précieux butin qui fera tourner la tête de nos quatre petits copains et les précipitera dans une descente aux enfers sans fin. Si la porte d’entrée choisie et la première heure de film font mouche auprès des cinéphiles, on ne peut cependant pas dire que le dernier long métrage de Spike Lee (annoncé dans la sélection hors compétition du Festival de Cannes où le réalisateur aurait dû présider le jury) soit totalement réussi. Perdu dans un amas d’informations et des longueurs excessives qui finissent par desservir ses intéressants propos, nous ballottant des souvenirs en 4/3 en intrigue 16/9ème, nous finissons par trouver le temps (très) long et attendons le final comme le messie. Noble dans son idée mais trop peu subtil pour réussir ce qu’il aurait voulu réaliser, « Da 5 bloods » n’est pas le genre du film qui, au contraire des autres titres de sa filmographie, nous passionnera au point de vouloir être revu ou conseillé. Date de sortie sur Netflix : 12 juin 2020 Durée du film : 2h34 Genre : Drame
0 Commentaires
Laisser un réponse. |