En ce temps là… Les désormais tristement célèbres émeutes de Chicago remontent à l’année 1968, époque où de nombreuses voix s’élevaient pour le retrait des troupes américaines du Vietnam. Mais cette année correspond également à l’assassinat de Martin Luther King. Au lendemain de cet événement, les premières émeutes éclataient dans les ghettos afro-américains pour enflammer très vite la ville entière. Au moins 10500 policiers furent envoyés pour protéger les pompiers dans certains quartiers sensibles. Bientôt, ce seront 6700 gardes nationaux qui seront dépêchés pour rejoindre leurs compagnons d’armes dans ce brasier à venir. La situation s’envenime rapidement à un point tel que le maire de la ville ordonne à la police de tirer pour tuer ceux qui tentent d’allumer un feu criminel ! Alors que les pillages et autres agressions continuent, les victimes sont toujours plus nombreuses. Onze afro-américains ont trouvé la mort et cinq cents personnes ont été blessées… C’est dans ce contexte extrêmement agité que la ville verra d’autres émeutes se profiler lors de la convention démocrate puisque le candidat anti-guerre Eugene McCarthy fut écarté au profit d’Hubert Humphrey, candidat pour l’élection présidentielle de 1968. Un départ en fanfare D’emblée, le décor est planté en présentant l’ensemble des protagonistes de cette farce judiciaire. Et le spectateur devra se montrer attentif s’il ne veut pas être quelque peu perdu par tous ces nouveaux visages à l’écran. C’est que, aux Etats-Unis et lors du changement d’administration provoqué par la venue du nouveau président, tout le staff change afin de marquer la rupture politique. Et c’est précisément dans ces transformations profondes que les hautes sphères décident de faire tomber quelques têtes qui ont participé aux fameuses émeutes. Parmi elles, un membre des Black Panther étranger à ces événements et des responsables pacifistes (membres de groupes estudiantins et autres militants non-violents) dont deux hippies ! A la barre, un juge que l’on sait totalement partial et acquis à la cause de l’accusation ! Pendant tout le temps de ce procès chaotique ressemblant à une chasse aux sorcières, nous suivons la reconstitution de cette extra-ordinaire affaire judiciaire. Le rythme rapide des débuts fait place à des temps nécessaires pour comprendre cette farce pénale et la sombre machination qui vise à enrayer « ces agitateurs » hostiles à la guerre du Vietnam ! Car précisément, tout l’enjeu est là ! Derrières les inculpés se trouve des idéaux de liberté et une volonté profonde de changement politique. En cela, le film du formidable scénariste Aaron Sorkin (« The Newsroom », « Le grand jeu ») est fabuleux d’audaces, de maitrise technique et de clarté scénaristique à condition d’être attentif aux enjeux et rebondissement présentés. Visuellement somptueux, les « Sept de Chicago » est un film très bien reconstitué tant on se croirait véritablement évoluer dans les rue de Chicago. La réalisation, toujours parfaitement maitrisée, comprend une photographie qui captive et qui cultive, auprès des spectateurs, une fascination pour cette époque. The Magnificent Seven (plus un !) Et comme si cela ne suffisait pas, le film est porté par un casting enchanteur ! Jugez plutôt : Sacha Baron Cohen - méconnaissable et grandiose- ; Joseph Gordon Levitt ; Michael Keaton ; Frank Langela dans le rôle du juge extrêmement partial ; John Caroll Lynch ; Eddie Redmayne (« Les Animaux Fantastiques ») ; Mark Rylance, et bien d’autres acteurs, peut-être moins connus, mais qui assurent parfaitement la défense ! Tiré d’une histoire vraie, ce film nous apparait aujourd’hui comme étant un cas d’école dans le domaine judiciaire et on se demande si certains éléments n’ont pas été extrapolés tant le procès fait songer à une caricature outrancière ou à une mauvaise plaisanterie d’un système judiciaire totalement défaillant et incompétent à être impartial! La justice est-elle aveugle ? Peut-être pas dans une république bananière, mais on pensait qu’aux Etats-Unis, nous n’aurions jamais vu cela ! Il faut croire que la société de 1968, malgré ses aspirations de libertés, était en proie à ses propres démons qu’il a fallu exorciser à la fois dans la rue, mais aussi dans un tribunal. Quelle franche réussite ! Avec son film, Aaron Sorkin nous livre un film captivant, beau et terriblement bien joué ! Les acteurs semblent sortir leurs meilleures notes pour nous toucher au plus profond de notre être et atteindre notre conscience. Du tout grand Cinéma qui ne se refuse pas ! Date de sortie sur Netflix : 16 octobre 2020 Genre : Drame judiciaire Durée du film : 2h10 Titre original : The Trial of the Chicago 7
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