Note du film : 8/10 (par François et Véronique) Résumé du film : Pendant dix années idylliques, la jeune Mija s'est occupée sans relâche d'Okja, un énorme animal au grand cœur, auquel elle a tenu compagnie au beau milieu des montagnes de Corée du Sud. Mais la situation évolue quand une multinationale familiale capture Okja et transporte l'animal jusqu'à New York où Lucy Mirando, la directrice narcissique et égocentrique de l'entreprise, a de grands projets pour le cher ami de la jeune fille. Sans tactique particulière, mais fixée sur son objectif, Mija se lance dans une véritable mission de sauvetage. Son périple éreintant se complique lorsqu'elle croise la route de différents groupes de capitalistes, démonstrateurs et consommateurs déterminés à s'emparer du destin d'Okja, tandis que la jeune Mija tente de ramener son ami en Corée. Avis : Son affiche sombre donne le ton. « Okja » est loin d’être un film familial où humains et animaux magiques se côtoient dans un univers idyllique. Présenté au dernier Festival de Cannes, le film du génial Bong Joon-Ho (« Snowpiercer, le transperceneige », « The Host » ou encore « Memories of murder » qui ressort en salles cet été) a beaucoup fait parler de lui : pour sa thématique, sa maîtrise mais aussi et surtout pour le support choisi par le réalisateur: Netflix. Si nous ne souhaitons pas revenir sur la fameuse polémique des dernières semaines, nous insisterons sur un point : « Okja » est indéniablement un des films de cet été et peu importe son mode de distribution, espérons qu’il touchera le plus large public possible ! Derrière ses allures de « Peter et Elliott le dragon », « Okja » est un film terriblement conscientisant, sombre et critique envers notre société de consommation. A l’heure où sept milliards d’habitants doivent chaque jour satisfaire leurs besoins primaires, il est bon de se poser la question : quel consommateur voulons-nous être au quotidien ? Sa réponse, le réalisateur coréen nous la fait parvenir, d’abord subtilement et de plus en plus directe au fil de son film engagé. Et pourtant, Bong Joon-Ho n’est un vegan radicalisé, mais un mangeur de viande modéré. En tout cas, depuis le tournage de son dernier long-métrage. En effet, il s’est rendu dans plusieurs abattoirs du Colorado pour les besoins de son film, et s’est renseigné sur les exécutions animales à la chaîne… ce qu’il n’a pas manqué de nous présenter de façon terrible dans un final glaçant. Avec ses scènes franchement choquantes, « Okja » nous fera réfléchir un peu plus encore sur notre mode de consommation et sur les traitements réservés à l’espèce animale. Ames sensibles s’abstenir. Mais ce n’est pas une dénonciation pure et dure du système alimentaire que met en scène Bong Joon- Ho. Par le biais ce drame fantastique, touchant et très beau visuellement, le réalisateur nous inclus dans une réflexion sur la tolérance et les limites de la barbarie faite à l’encontre des animaux, de l’abus des OGM dans notre nourriture quotidienne, du besoin d’acheter des produits à bas prix (incluant dès lors une surproduction démentielle). Et pour dédramatiser un sujet franchement terrifiant, il a eu la bonne idée de faire appel à une panoplie de personnages clichés et décalés, présents pour colorer un peu son univers sombre. On pense notamment au troublion Jake Gyllenhaal qui semble tout droit sorti de Daktari. Véritablement névrosé, il ne lésine par sur le kitsch et nous propose une interprétation totalement déjantée. Bong Joon- Ho nous propose également un double visage du « mal », incarné à l’écran par la talentueuse Tilda Swinton (qu’il retrouve après une première collaboration dans « Snowpiercer »). Quant à l’héroïne, Mija (Ahn Seo-hyeon) celle-ci semble suivre son chemin, son combat mû par l’amour qu’elle porte pour l’animal qu’elle a vu grandir. A travers les yeux de ce super cochon génétiquement modifié, c’est nous que nous voyons. Et par sa vulnérabilité et l’action des Hommes, c’est notre propre comportement de consommateur qui nous est donné à voir. Autre pierre angulaire de l’histoire, les membres de la FLA (Front de la Libération des Animaux, un groupe qui existe réellement) mené par un Paul Dano totalement investi dans son rôle. Ces activistes (ici pacifiques), dont certains écologistes vegan, se battent pour une noble cause mais ne seront malgré tout pas épargnés par la critique. En cela, le film offre véritablement une richesse des points de vue traités à l’écran. Notons au passage que les fans de « The Walking Dead » ne manqueront pas de reconnaître parmi eux le jeune Glenn (Steven Yeun). Fable écologique et économique, « Okja » poursuivra ses spectateurs longtemps encore. Sous ses airs colorés faussement naïfs, le film met le doigt sur notre propre consommation alimentaire de façon très habile. Nullement manichéen et vraiment intelligent, il dresse le portrait d’acteurs de notre société de consommation et nous invite à devenir des consommateurs responsables. L’industrie agro-alimentaire apparaît en ligne de mire et comme nous pouvons nous en douter, est régie par la productivité (mortelle animale). Soulevant les consciences sans non plus les juger, « Okja » invite à la réflexion et il serait dommage de la refuser… Date de sortie sur Netflix : 28 juin 2017 Durée du film : 2h01 Genre : Drame fantastique Titre original : 옥자
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