Note du film : 7/10 (par Sally) Résumé du film. Thérèse Belivet est vendeuse dans le grand magasin Franckenberg de New York. Simple et introvertie, elle fait la rencontre d’une cliente élégante : Carol Aird. Cette dernière, venue acheter une poupée à sa fille pour Noël, est marquée par la rencontre avec la jeune employée et en oublie ses gants. Thérèse voit alors la possibilité de recontacter cette stupéfiante cliente et ne se doute pas un seul instant que sa vie prendra un tournant inattendu. Mais dans les années 50, la société n’est pas prête à tout accepter et la complicité qui naîtra entre les deux femmes bouleversera entièrement leur vie et leurs repères de façon considérable… Avis : « Carol » a déjà fait couler beaucoup d’encre lors des différentes projections de presse avant-première ou festivals en tous genres. En lice pour les Golden Gobe dans de nombreuses catégories, nous attendions de pied ferme sa sortie dans nos salles. Impatients de découvrir le dernier film de Todd Haynes, nous n’avons pas hésité une seule seconde à entrer dans l’univers new-yorkais des années 50 et dans la vie des deux héroïnes. En sommes-nous sortis marqués ? Pas autant qu’espéré. Car si « Carol » reste un bon film savamment réalisé et interprété, nous n’avons jamais réussi à nous immerger totalement dans cette romance pourtant audacieuse. Avec « Carol », Todd Haynes a choisi d’adapter le roman (quasiment autobiographique) de Patricia Highsmith, publié dans les années 1952. Auteur du « Talentueux Mr.Ripley » (lui-même adapté au cinéma), on lui reconnaît une plume de qualité et une inspiration importante pour les metteurs en scène hollywoodiens. Si le réalisateur américain a opéré ce choix c’est sans aucun doute parce qu’il est totalement impliqué dans la défense de l’homosexualité. Dans sa vie privée tout d’abord, mais aussi dans son cinéma puisqu’il abordait déjà le même sujet (et la même époque) dans son film « Loin du paradis » (sorti en 2002 et dans lequel jouaient Julianne Moore, Dennis Haysbert, Dennis Quaid et Patricia Clarkson). La thématique, abordée quelques fois au cinéma, montre combien le monde de l’Après-guerre tolérait mal la « différence » et considérait l’homosexualité comme une déviance, une maladie à soigner voire un danger pour l’équilibre familial inculqué à l’époque. Rappelez-vous la triste fin d’Alan Turing, magnifiquement mis en scène dans l’excellent « Imitation Game » de Mortem Tyldum. Mais ne nous éloignons pas trop du sujet qui nous occupe. Todd Haynes s’est entouré d’un casting hautement performant pour mettre en images son adaptation. Dans les rôles principaux, on peut applaudir Cate Blanchett (avec qui il a déjà tourné dans « I’m not there »), qui interprète avec une classe inouïe, le rôle délicat de Carol, bourgeoise au mariage triste. Très ancrée dans l’époque où elle évolue, la comédienne nous bluffe tout au long des deux heures, passant de la certitude à la tristesse, de la colère au dépit avec une aisance remarquable. Celle qui nous avait déjà éblouie dans « Blue Jasmine » montre combien la palette d’émotions qui est la sienne n’a pas fini de nous étonner. A ses côtés, la tout aussi performante Rooney Mara, bien plus pudique et introvertie que sa nouvelle amie. Vue dans l’adaptation de « Millénium » de David Fincher (où elle campait le rôle de Lisbeth Salander) ou dans plus récemment dans « Pan » (Lili la Tigresse, c’est elle !), la comédienne de tout juste trente ans envoie du lourd et se synchronise au jeu de Cate Blanchett avec un professionnalisme déconcertant. Elle a d’ailleurs été récompensée dans ce rôle par le prix de l’interprétation féminine lors du dernier festival de Cannes. Si elles occupent le devant de la scène de façon probante, on déplore cependant le manque d’émotions réelles. Voulue ou non, la froideur (ou la pudeur exacerbée) des deux jeunes femmes créent un blocage et nous empêche d’entrer totalement dans leurs histoires personnelles de telle sorte que l’on reste spectateurs de la situation sans jamais réellement croire en leur romance. L’immersion superficielle et les petits problèmes de rythme nous font émettre quelques réserves sur la réalisation de Todd Haynes. La « rupture » créée à la moitié du film, vient redonner un peu de boost à une histoire qui semblait un peu trop lisse dans un premier temps. Cette fracture est d’ailleurs double : au niveau scénaristique, on entre dans un road-movie où les sentiment vont prendre une ampleur que l’on ne percevait pas jusque là. Mais elle s’observe aussi au niveau de la vie des deux femmes qui laissent leur famille et leurs projets derrière elles pour se consacrer pleinement l’une à l’autre. Cela fonctionne une dizaine de minutes et l’on retrouve ensuite un rythme ordinaire pour parvenir jusqu’au dénouement. Par ses petites failles notoires, « Carol » nous a donc laissé un peu de côté à différents moments et bien qu’il soit intéressant, interprété brillamment et très beau visuellement (les décors et les costumes sont d’un réalisme époustouflant), il n’est pas totalement à la hauteur de nos espérances et nous regrettons que la ritournelle ne nous ait pas emporté comme on l’avait imaginé. Date de sortie en Belgique et en France: 13 janvier 2016 Durée du film : 1h58 Genre : Romance
0 Commentaires
Laisser un réponse. |
|