Résumé du film : Début du XVIIIème siècle. L’Angleterre et la France sont en guerre. Toutefois, à la cour, la mode est aux courses de canards et à la dégustation d’ananas. La reine Anne, à la santé fragile et au caractère instable, occupe le trône tandis que son amie Lady Sarah gouverne le pays à sa place. Lorsqu’une nouvelle servante, Abigail Hill, arrive à la cour, Lady Sarah la prend sous son aile, pensant qu’elle pourrait être une alliée. Abigail va y voir l’opportunité de renouer avec ses racines aristocratiques. Alors que les enjeux politiques de la guerre absorbent Sarah, Abigail quant à elle parvient à gagner la confiance de la reine et devient sa nouvelle confidente. Cette amitié naissante donne à la jeune femme l’occasion de satisfaire ses ambitions, et elle ne laissera ni homme, ni femme, ni politique, ni même un lapin se mettre en travers de son chemin. Note du film : 8/10 (par Véronique) Avis : Avec ses douze nominations aux BAFTA 2019, son Grand Prix du Jury à la dernière Mostra de Venise et son Golden Globe de la meilleure actrice décerné à Olivia Colman, « La favorite » démarre l’année cinématographique d’une bien belle façon. C’est que Yorgos Lanthimos n’a jamais fait dans la demi-mesure et que cette fois encore, le réalisateur grec parvient à réussir un bel exercice de style : concilier Histoire et modernisme. Cynique, sombre, malsain mais aussi terriblement drôle, son dernier long-métrage parvient à réaliser le sans-faute en termes de mise en scène. Bienvenue à la Cour d’Angleterre et dans tout ce qu’elle a de singulière. Arnaques, crimes et botanique Un an et des poussières après sa « Mise à mort du cerf sacré », Yorgos Lanthimos revient plus déterminé que jamais à nous faire vivre une satire affutée mettant en lumière la cupidité et la soif de pouvoir de deux femmes qui n’ont qu’un désir : s’attirer les faveurs d’une Reine, lunatique et complètement écrasée sous le poids de ses responsabilités. Pour se faire, le réalisateur grec ponctue son récit de dialogues tranchants, de répliques cinglantes, de jeux d’influence et de complots sur l’oreiller, ceux menés par deux femmes de caractère : Lady Sarah Marlborough et sa cousine désargentée Abigail. Découpée en huit chapitres (dont les titres rappellent quelques répliques phares de chacun d’entre eux), l’intrigue se situe au XVIIIème siècle, à la Cour de la Reine Anne Stuart. Souffrant de la maladie de la goutte, la Reine se coupe du monde, ne prenant aucun plaisir à participer aux soirées festives organisées au Palais et balayant d’un cri strident, toute tentative d’activité enjouée. Souvent isolée dans ses appartements, totalement détachée des préoccupations politiques qui devraient la concerner, elle a, pour seule compagnie, celle de l’influente (et manipulatrice) femme du Duc de Marlborough et celle ses dix sept lapins, chacun représentant un enfant qu’elle a perdu. Fort heureusement pour elle, la jolie Abigail, bien décidée à prendre sa part du gâteau, va entrer dans sa vie et rendre le sourire à cette Reine solitaire et bipolaire. La soulageant de ses maux grâce à ses remèdes végétaux, la douce future courtisane s’approche dangereusement de la souveraine par l’entremise de sa cousine Sarah, favorite de la Reine et conseillère attitrée du monarque. De l’ombre à la lumière, il n’y a qu’un pas et l’intelligente Abigail le sautera. Des femmes d’influence Si l’histoire est plutôt classique et le jeu de pouvoir, de manipulations et d’évictions déjà vu, l’originalité du film de Yorgos Lanthimos est à chercher dans sa mise en scène extravagante. Mêlant humour et drame politique, il revisite le genre des films d’époque pour offrir un résultat quelque peu rock and roll. Les décors, grandioses, respectent l’époque mais à bien y réfléchir, nombreux sont les anachronismes et libertés prises pour décaler le ton et faire de « La favorite » un objet cinématographique loin de toute reconstitution strictement historique. Les danses modernes auxquelles s’adonnent les courtisans, Abigail et la Reine, les robes baroques aux matières et motifs géométriques modernes, le ton décomplexé et les joutes verbales des trois héroïnes, tout concorde pour faire de ce drame ironique et cruel un film à part. Si la distance entre le spectateur et le récit se fait sentir à diverses reprises (notamment par un traitement d’images parfois brut ou au contraire très courbe, comme si on observait les scènes à travers l’œil d’un judas), le plaisir est total. Pour dénoncer les méthodes utilisées pour accéder à ses objectifs, Yorgos Lanthimos met en avant trois comédiennes de talent : Emma Stone (aussi étonnante et concluante que dans « Battle of the sexes »), Rachel Weisz (à qui les films d’époque vont formidablement bien- on pense à « My cousin Rachel ») et Olivia Colman ( future Elisabeth II dans la suite de « The Crown »). Singulier dans sa forme plus que dans son fond, « The favourite » en version originale, révolutionne véritablement le genre et permet à trois comédiennes de renom de montrer l’étendue de leur talent dans une comédie dramatique girl power, cruelle et méchante qui fera assurément le bonheur de ses spectateurs. A bon entendeur… Date de sortie en Belgique : 9 janvier 2019 Date de sortie en France : 6 février 2019 Durée du film : 2h Genre : Film historique Titre original : The Favourite
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