Offrant de très jolies scènes mémorables et des rôles de choix pour son formidable casting, « Eté 85 » est sans conteste l’un des films les plus aboutis d’un François Ozon qui n’a eu de cesse de performer et qui une fois de plus, a réussi son pari de nous emporter dans un autre genre, dans une autre histoire, dans une autre aventure ciné. « Tu crois qu’on invente les gens qu’on aime » ? Ode aux premières amours et aux sentiments bouleversants que peuvent provoquer des rencontres inattendues, « Été 85 » est un film qui fait battre notre cœur à tout rompre sur le même rythme effréné que celui qu’a pu dicter notre première grande histoire d’Amour. Des papillons dans le ventre ressentis par l’envolée des émotions naissantes à la douleur viscérale qu’une rupture peut provoquer, le métrage du cinéaste français parvient à nous faire ressentir l’incroyable ascenseur émotionnel de son personnage principal, Alexis. Miroir de notre âme qui renvoie les regards amoureux ou douloureux de son héros, il est le parfait reflet de nos propres élans passionnés ou ressentiments refoulés, celui qui sublime une réalité que l’on s’est peut-être inventée. En transposant à l’écran le roman de Chambers avec une telle minutie et un tel souhait de fidélité, en l’ancrant dans les 80’s et rendant pop une histoire intemporelle et ô combien universelle, Ozon nous ravit, nous transporte dans les souvenirs et les traces du temps qui passe, nous fait suivre une multitude d’empreintes semées sur le sable de Normandie autant que dans notre mémoire de spectateurs sensibilisés par son récit. Car à l’image de l’écriture frénétique de son jeune héros, Ozon parvient à transmettre toutes les intentions qui étaient les siennes et le fait de la plus belle des façons. Sa bande originale (et ses musiques subliminales) fait ressurgir, telle une madeleine de Proust, une multitude de points d’amarrage auxquels nous attachons le sublime éveil des sens que chaque morceau procure, qu’il soit du premier ou second plan… Car qu’importe la place qu’occupe chacun des éléments du métrage, il confère à la réalisation un éclat qui éblouit le spectacle qui se déroule sur la toile et au plus profond de nous-mêmes. Il en va de même pour son formidable casting, si impliqué dans les rôles qui leur sont confiés qu’il est difficile de croire qu’ils sont interprétés, Benjamin Voisin (décidément très à l’aise dans le rôle « fantomatique » omniprésent - voir "Un vrai bonhomme") et Félix Lefèbvre en tête. Le duo de jeunes comédiens joue à la perfection les émotions de ces Henry et Barry dont les prénoms ont été francisés pour les besoins du film et charment par leur séduction et leur belle relation amour/amitié. Usant peu (et à raison) d’une voix off, François Ozon a ainsi misé sur les partenaires d’un jeu idéal, ceux qui parviennent à faire passer les émotions dans les regards et les attitudes de leurs personnages sans jamais tomber dans la démonstration outrancière ou grossière. Si le cœur a ses raisons que la raison ne connait point, le cinéaste français a, quant a lui, eu celle d’attendre que les années passent pour transposer à l’écran ce roman qui l’a totalement bouleversé adolescent... Et on le comprend! Parfaite illustration de l’amour absolu, inconditionnel, passionnel et irrationnel, « Été 85 » nous marque comme l’ont fait avant lui nos propres histoires d’amour, celles qui nous arraché des sourires et des larmes, celles qui continuent de nous hanter… comme le métrage une fois la porte de notre cinéma poussée. Date de sortie en Belgique : 15 juillet 2020 Durée du film : 1h40 Genre : Drame
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