Résumé du film : Lorsque Ellen, matriarche de la famille Graham, décède, sa famille découvre des secrets de plus en plus terrifiants sur sa lignée. Une hérédité sinistre à laquelle il semble impossible d’échapper. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Présenté comme LE film de genre et d’horreur de l’année, « Hérédité » a en effet de quoi décontenancer son public. Entre hommage aux films d’épouvante des années 70 et 80, inventivité, génie et naufrage, le premier long-métrage de Ari Aster risque bien de surprendre autant qu’il pourrait décevoir. Loin des blockbusters estampillés Blumhouse Productions, « Hérédité » se veut plus proche de « The witch » et « It comes at night » (deux films de genre également produits par A24) que d’ « Annabelle » ou de n’importe quel dossier Warren. Avec son climax pesant et son suspense constant, le film de Ari Aster mise autant sur son fond que sur sa forme, du moins, dans un premier temps. Prenant son temps pour installer l’intrigue, nous laissant nous perdre dans la demeure familiale et dans les révélations des membres de la famille Graham, « Hérédité » nous fait peu à peu prendre conscience des multiples secrets qui se tapissent derrière les apparences. Le mystère omniprésent et la paranoïa de Annie (le personnage principal du film) parviennent peu à peu à nous inquiéter et nous laisser présager du pire. Mais ce que nous avions imaginé est loin du chemin que l’intrigue a emprunté. Alors qu’il aurait pu faire la part belle à la folie et aux conséquences de lourds secrets de famille, le scénario d’Aster va petit à petit nous emmener dans une direction plus farfelue, aussi surprenante que déconcertante. Oppressant, le film nous emporte progressivement dans une noirceur dont on sort péniblement, nous coupant le souffle et nous faisant vibrer sous le coup des surprises que personne n’aurait imaginées. Savamment réalisé et très contemplatif, du moins dans un premier temps, le film est techniquement maîtrisé jusqu’à ce que toute cette mécanique parfaitement huilée vienne s’enrayer. S’il ne comble pas toutes nos attentes et nous laisse parfois coi (dans une dernière demi-heure totalement ahurissante), « Hérédité» a su trouver sa force dans une multitude de références et de codes propres au film de genre autant que dans son casting concluant. En tête de la famille Graham, on trouve ainsi Toni Collette (Annie) et Gabriel Byrne (Steve), deux comédiens chevronnés et particulièrement bien castés pour tenir ces rôles majeurs. Toni Collette nous bluffe d’ailleurs une fois de plus par sa force d’interprétation et son jeu sans concession, et entre dans la peau de cette mère de famille anéantie et totalement instable dont la colère n’a de pareil que le calme dont elle s’arme pour réaliser, avec dextérité, ses petites miniatures. Centrales durant tout le film, ses maquettes sont des représentations très imagées des grands événements de sa vie, cristallisés à une échelle infinitésimale, brillant ! Reflet de ses pensées et de son passé, son travail exulte les émotions refoulées et rappelle inlassablement les tragédies qui se sont jouées dans sa vie et qui vont peu à peu l’emmener vers un spiritisme discutable. Bien sûr, plutôt que de l’aider à affronter ses démons et à effacer l’ardoise du lourd tribut familial, cette pratique va ouvrir la porte à des forces mystérieuses qu’il aurait été bon de ne jamais solliciter. Loin d’être un « Exorciste » 2.0, « Hérédité » est avant tout un film de genre très maîtrisé, de ceux qui inquiète et qui nous laisse dans l’expectative d’une tension que seuls les films d’horreur peuvent nous apporter. S’il réussit à inclure le spectateur durant une bonne partie de son intrigue et à installer un cadre propice au mystère, le film d’Ari Aster s’embourbe aussi dans un dernier chapitre abracadabrantesque qui annihilerait presque tous les efforts mis en place pour faire d’ « Hérédité » un incontournable en la matière, le rendant un peu fade voire complètement surfait. Au surnaturel, nous préférons la folie. A la banalité l’originalité. A trop vouloir en faire, Ari Aster a peut-être raté la fin d’un film qui se voulait plein de promesses… et qu’on espérait pouvoir encenser. Dommage ! Date de sortie en Belgique : 27 juin 2018 Date de sortie en France : 13 juin 2018 Durée du film : 2h06 Genre : Horreur Titre original : Hereditary
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