Résumé du film : Deux officiers de police sont suspendus à la suite de la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle leur méthode musclée est montrée au grand jour. Sans argent et sans avenir, les deux policiers aigris s’enfoncent dans les bas-fonds du crime et vont devoir affronter plus déterminés qu’eux… Note du film : 7,5/10 (par François) Avis : Découvert récemment grâce au très particulier « Section 99 » avec le polymorphe Vince Vaughn en tant que anti-héros, le réalisateur S. Craig Zahler nous revient avec un polar tout aussi sombre et sans concession. Particulièrement âpre et long, le film se mérite autant qu’il se vit de l’intérieur mais vous pourriez ne pas en ressortir indemne… Mel Gibson : pas trop vieux pour ces conneries ! Tout comme le film précédent (« Section 99 »), la particularité du film est de mettre en lumière des héros qui n’en ont pas toutes les caractéristiques. Résolument réaliste, ce thriller policier fort sombre dépeint une ville fictive américaine, miroir de la pluralité des situations de vie de ses habitants. Société multiculturelle, difficultés économiques de la classe moyenne et réseaux sociaux sont quelques uns des thèmes abordés avec beaucoup de réussite par le réalisateur. En filigrane, on peut y voir une critique fort habile de la société américaine avec ses travers et ses mirages. Le casting, vraie force du film, met en scène un Mel Gibson certes rattrapé par le poids des années, mais toujours aussi diaboliquement efficace. A défaut d’être très loquace dans le film, son corps parle pour lui. C’est que Brett Ridgeman en a vu dans sa vie de flic et il est désormais fatigué et aigri. En l’observant, nous somme attendris par la vivacité de son regard azur et ses rides qui s’inscrivent sur son front comme pour nous signifier les blessures du temps. Bien qu’il puisse compter sur un partenaire loyal et fiable en la personne d’Anthony Lurasetti, la situation se complexifie rapidement. Tous les deux sont englués dans les difficultés financières suite à la tourmente soufflée par les réseaux sociaux montrant leurs méthodes… pour le moins brutales et d’un autre temps. Vince Vaughn retrouve le réalisateur qui l’a déjà fait tourner et se montre tout aussi convaincant que le grand Mel. De même, le réalisateur offre une superbe scène à Mel Gibson et à son supérieur hiérarchique, joué par Don Johnson un autre habitué de son cinéma qui lui donne la réplique de manière extrêmement convaincante. Et si cette scène est lourde de sens, c’est parce que les vérités se disent à demi-mot. Désormais, la politique, les courbettes et les réseaux sociaux priment sur le reste. Entrecoupées par le silence, ces vérités résonnent encore longtemps après avoir été prononcées. La caméra, finement placée pour les plans larges, est souvent fixe et continuera de filmer quelques secondes après la scène, comme pour capter les moments réalistes et sincères tout en permettant aux spectateurs d’en ressentir les effets. La réalisation, sans faille, n’est jamais tape-à-l’œil même dans les moments de grande tension. Très 70’s dans son approche (on pense à « Serpico » et à « Un après midi de chien »), la noirceur s’installe à tous les niveaux. Bien sûr, on peut (à raison ?) reprocher quelques longueurs excessives (2h39 tout de même !) mais c’est le prix à payer pour développer l’ensemble des personnages représentés dont le quotidien nous est palpable et en cela c’est une réussite. Désillusions du temps qui passe L’autre grande force du film est de traiter les thèmes présents sans surligner le trait. Chacun des héros semble être imbriqué dans la grande toile de la vie et jamais nous ne condamnons leurs choix. Contrairement aux « vrais méchants » parfaitement identifiables car monstrueux de noirceur. D’ailleurs, peu sont visibles car ils portent un masque et des lunettes, comme pour nous dire que le Mal est partout et peut revêtir bien des visages. Extrêmement violentes, les scènes de braquages font froid dans le dos et mettent le spectateur dans une situation très inconfortable durant la majeure partie du film. Cette chape de plomb est renforcée par le destin des différents protagonistes qui se battent tous les jours avec leurs espoirs, leurs doutes et les conséquences des chemins qu’ils prennent. Parfaitement conscients d’appartenir à un monde violent qui peut les broyer à tout l’instant, il y a quelque chose de triste et d’amer dans ce film… comme le reflet d’une larme se perdant dans la pluie et la grisaille. Date de sortie en Belgique : 12 juin 2019 Date de sortie en France : 3 juillet 2019 Durée du film :2h39 Genre : Policier
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