Avis : Film sur l’héritage familial et culturel, « ADN » de Maïwenn est une fiction presque documentaire dans laquelle la réalisatrice ne fait pas que tenir la caméra et la précieuse copie de son script original mais où elle occupe aussi la première place dans un rôle principal qui lui ressemble « sang pour sang ». Si elle n’est pas autobiographique, son histoire puise néanmoins sa source dans son propre passé, ses souvenirs et l’affection qu’elle porte à ce grand-père autour duquel se réunisse une famille aimante et extrêmement attachante probablement à l’image de celle dans laquelle elle a grandi. Pudique et contemplatif à la fois, le film de Maïwenn touche au cœur lorsqu’il s’agit d’évoquer la difficulté de partager son deuil, de ne pas se l’approprier et au contraire, le partager. Co-écrit avec Mathieu Demy (qui venait de perdre sa mère Agnès Varda), le scénario et les dialogues transmettent à merveille le désaccord qui s’installe dans les familles, la vitesse de l’administration et des infrastructures et le processus lent de l’acceptation de la perte d’un être extrêmement cher. Mais si « ADN » met au centre de son propos le dernier adieu d’un grand-père que l’on aurait aimé chérir encore des années, la place donnée à la transmission d’un héritage, de la quête de ses racines et de sa propre identité est encore plus appuyée. Très scolaire, le métrage de Maïwenn s’écarte un peu de cette (fâcheuse) manie qu’a la réalisatrice de vouloir afficher ses influences ou de trop en faire pour exister aux yeux de ses pairs. Si elle est de tous les plans, elle existe surtout par l’histoire familiale et culturelle qui est au cœur de son intrigue et offre de jolis rôles à Louis Garrel, Marine Vacth et Alain Françon, ou encore à Fanny Ardant qui nous crève le cœur par l’interprétation très juste de sa douleur. Néanmoins, on ne peut s’empêcher de constater qu’à nouveau, le sujet de son film est légèrement terni par une surexposition de ses comédiens (Maïwenn en tête), présence qui nous ferait presqu’oublier les thèmes principaux : la reconstruction de soi et la quête identitaire (qui supplante bien souvent la génétique)… Si le livre d’Emir Fellah, offert à son grand père dans le métrage, est un beau symbole et l’incarnation parfaite de ce souhait de transmettre une part d’elle-même, « ADN » est sans conteste le plus bel héritage que Maïwenn a pu offrir à ses proches, à ses fans et à tous ces immigrés qui ont les pieds dans un pays, le cœur et les souvenirs familiaux dans un autre. Sorti sous le label « Cannes 2020 », « ADN » est pour certains surcoté, pour d’autres sous-évalué…
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