S’il s’est (malheureusement) rendu disponible sur Disney + dans une partie de notre pays, « Nomadland » DOIT se voir sur un grand écran pour mesurer la beauté de ses paysages et des crépuscules, pour cueillir au plus profond de nous les expériences de vie et les rencontres faites durant cette grosse heure trente de voyage dans l’intime mais aussi pour s’éblouir de la lumière douce et parfois chaleureuse des grands espaces américains magnifiquement filmés et sublimés par la photographie de Joshua James Richards (le fidèle comparse de Chloé Zhao) et la musique de Ludovico Einaudi. Taillé pour la grande toile, le film de Chloé Zhao peut pourtant sembler minimaliste dans son approche. On croise la route de Fern, le personnage fictif interprété avec brio par la toujours excellente Frances McDormand mais aussi celle de Linda May, de Bob Wells, de Swankie Weels, des témoins que l’on a déjà pu rencontrer dans l’ouvrage terriblement humain de Jessica Budler et on s’assied au coin du feu où l’on prend un immense plaisir à retrouver ceux qui ont toujours bataillé pour leur (sur)vie et qui ont gardé un éternel optimisme quelque soir leur propre parcours. On les écoute, rempli par l’empathie que transmet la caméra pudique et bienveillante de la réalisatrice cino-américaine et on se pose avec une oreille attentive à la découverte de témoignages tous instructifs. Lent, le film de Chloé Zhao est un nouvel hommage aux oubliés, aux invisibles, aux gens que l’on a déjà pu croiser mais que l’on n’a pas toujours correctement regardés, une mise en lumière (orangée) de vies que l’on n’est pas près d’oublier. Après nous avoir emmené dans l’univers du rodéo (« The rider ») et dans les réserves indiennes (« Les chansons que mes frères m’ont apprises »), la réalisatrice nous entraîne sur les routes, parfois cabossées, d’une Amérique qui a parfois eu du mal à se relever mais où l’entraide n’a jamais cessé de se manifester. C’est beau, d’une immense humanité, d’une bienveillance que l’on ne peut qu’apprécier. C’est un film fort qui honore les fragilisés, ceux qui partagent leurs derniers biens et leur tendresse avec ceux qui croisent leur chemin, des Américains moyens que l’on a appris à observer et qui nous font relativiser sur ce qui constitue notre quotidien.
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