Gangs of Philadelphia Avec « Sons of Philadelphia », le réalisateur français a voulu faire un film sur l’univers de la mafia de Philadelphie où Irlando-américains et Italo-américains se font la guerre pour le contrôle de territoires. Cependant, l’accent est davantage mis sur le poids de l’héritage familial et une certaine obligation morale à privilégier les liens du sang même si la conscience dicte le contraire. Jérémie Guez en dit d’ailleurs qu’" au cœur même du livre, quelque chose devenait de plus en plus actuel : un personnage dans un fantasme de loyauté se rend compte que les gens qu’on lui a présentés comme des héros loyaux ne le sont pas du tout. Peter se rend compte qu’on l’a trompé : il avait le fantasme d’une famille unie, de la relation entre son oncle et son père et il découvre les jeux d’alliance." Et toute la force de ce film noir réside dans cet élément précis. Encore fallait-il que de puissants acteurs puissent s’emparer de rôles suffisamment complexes et parvenir à y insuffler de l’émotion. Et à ce petit jeu, Matthias Schoenaerts (« De rouille et d’os », « Le fidèle », « Suite française » ) et Joel Kinnaman (« Altered Carbon ») sont parfaits ! Les liens rompus du sang Alors que le jeune Peter (Matthias Schoenaerts) est témoin de la mort de sa jeune sœur et voit sa mère dépérir jour après jour, son père (Ryan Phillippe) ne parvient pas à faire le deuil du drame qui le frappe. Un peu après la mort de celui-ci dans de mystérieuses circonstances, Peter n’a d’autre choix que d’être élevé par son oncle et grandir avec son cousin (Joel Kinnaman) qu’il considérera comme le frère qu’il n’a jamais eu. Alors que Peter, jeune garçon sensible, est hanté par son passé et tiraillé par sa conscience, son cousin lui, devient brutal et totalement imprévisible. Pourtant, il n’est pas aisé de se défaire des liens difficiles du sang dans cette famille qui lutte au quotidien contre la mafia italienne. Avec son dernier film, Jérémie Guez ne cherche pas à défier Coppola ou Scorsese. Au contraire, il nous propose une aventure plus intimiste et tourmentée à la réalisation classique, sans esbroufe. D’ailleurs, dès les premiers instants, le spectateur averti connait la direction proposée par l’intrigue mais l’intérêt pour lui sera d’assister aux évènements dramatiques familiaux menant à la conclusion. Bien que classique, « Sons of Philadelphia » saura captiver le spectateur en quête d’un film de gangster davantage contemplatif que démonstratif où les non-dits, les gestes lents et les regards témoignent plus que les mots. Et dans cet exercice, le Belge Matthias Schoenaerts est impérial de force et de retenue. Il parvient à jouer un personnage déchiré et se sentant condamné à évoluer dans la ville de Philadelphie où il a grandi, dans une famille qu’il n’a pas choisie et sans avoir la force d’échapper à son destin. Ce film très fort, d’apparence classique est aussi le combat d’un personnage nuancé pour faire entendre, enfin, le droit d’exercer son libre arbitre… "Il y a une constante du genre : dès le début on connaît un peu la fin, mais on reste quand même pour le voyage. C’est la grande leçon du roman noir depuis Chandler : tu prends un type désabusé qui toute sa vie en a pris plein la tronche et il arrive quand même à se réenchanter pour quelque chose, à tomber amoureux, à se dire, tiens, il y a cette chose, là, que je peux faire bien. Et bien sûr ça rate, et peut-être va-t-il retomber encore plus bas ? C’est beau, un type battu d’avance qui va essayer de faire au mieux" Jérémie Guez Dans ce drôle de jeu où la défaite semblait sonner dès le premier round, un personnage crève l’écran : celui d’un Matthias Schoenaerts qui s’implique dans un film de mafia contemplatif aux nombreux retournements.
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