Avant-première Date de projections : 13 octobre à 20h (Kinepolis 3) – 14 octobre (Kinepolis 8) à 14h30 – 18 octobre (Kinepolis 1) à 14h30 – 19 octobre (Kinepolis 10) à 9h30 Résumé du film : 1972. La championne de tennis Billie Jean King remporte trois titres du Grand Chelem. Mais loin de se satisfaire de son palmarès, elle s'engage dans un combat pour que les femmes soient aussi respectées que les hommes sur les courts de tennis. C'est alors que l'ancien numéro un mondial Bobby Riggs, profondément misogyne et provocateur, met Billie Jean au défi de l'affronter en match simple… Note du film: 9/10 (par Véronique et François) Avis : Présenté en avant-première au « Fest Film Gent » en présence de son duo de réalisateurs, « Battle of the sexes » est un grand, grand film…et assurément l’un de ceux qui feront partie du top 10 2017. Si nous attendions avec enthousiasme de découvrir le tandem Emma Stone/ Steve Carell dans une comédie dramatique basée sur des faits réels, nous n’espérions cependant pas en sortir aussi marqués. « Battle of the sexes » a smashé nos cœurs de cinéphiles et risque bien d’en faire tout autant auprès de ses futurs (et on le souhaite nombreux) spectateurs. « Little Miss sunshine », « Elle s’appelle Ruby » c’était eux. Valérie Faris et Jonathan Dayton. Adeptes de leur univers cinématographique, nous avons saisi le rendez-vous au bond pour découvrir les dernières frasques de ce tandem talentueux : « Battle of the sexes ». Après « Borg/Mc Enroe », la tendance serait de dire « encore un film sur le tennis » ? Que nenni. Bien plus qu’évoquer quelques tournois d’anthologie, le film traite de sujets bien plus profonds : l’égalité des femmes et la reconnaissance de leurs compétences dans une société bien trop machiste encore. Il faut dire que nous sommes dans les années… 1970 et que depuis, peu de choses ont changé. « Ridicule ! » s’exclameront certains. Et pourtant… Le film démarre en 1972, cette année où les tenniswomen les plus performantes de leur époque se voient attribuer une misérable prime de 1500$ en cas de victoire en simple (contre 12 000$ pour ces messieurs), « Battle of the sexes » mettra en images le formidable combat de ces athlètes féminines désireuses d’être égales à leurs collègues masculins. Cela ne vous rappelle rien ? Il y a quelques semaines à peine, un fait « divers » défrayait la chronique de nos journaux nationaux. Une prime de 1000€ a été accordée au vainqueur du marathon de Bruxelles alors que la première arrivée, elle, empochait la modique somme de 300€ … Le tir a vite été rectifié face à la polémique qu’elle a engendrée… Il faut dire qu’en 2017, on ne s’attendait plus à revivre ce que le film de Faris/Dayton dépeint de façon brillante. Mais trêve de bavardages, pourquoi « Battle of the sexes » est LE film à voir ces prochaines semaines ? Abordant le thème de l’égalité (de la femme et de l’homme alors qu’en substance, se dessine une autre égalité, celle homo/hétéro), le dernier long-métrage du duo fantastique le fait de façon intelligente et rafraîchissante. Teinté d’humour, « Battle of the sexes » se savoure, pour ses répliques, sa mise en scène, son jeu d’acteurs, sa réalisation, sa reconstitution et sa musique… bref, pour tout ce qui fait qu’un film peut devenir en quelques heures à peine, un véritable chef d’œuvre. « Le macho affronte la féministe aux jambes velues… Tu es toujours féministe, Billie Jean ? » Billie Jean King est une jeune tenniswoman américaine. En tête des classements, elle décide de tout plaquer et de créer son propre tournoi féminin pour répondre au manque de considération de Jack Kramer, qui refuse de payer équitablement les joueuses et les joueurs de tennis. Nous sommes en 1972. Un an plus tard, plus déterminée que jamais à montrer que le tennis féminin est aussi captivant et performant que le tennis masculin, elle affrontera Bobby Riggs (un retraité du tennis) dans un tournoi d’exhibition anthologique et ultra médiatisé à l’époque. « Battle of the sexes », nous montre l’évolution de sa cause, de ses prémisses à sa reconnaissance. Avec son rôle féminin/féministe déterminé, Emma Stone tient ici sa meilleure performance ! Investie, sobre, touchante, la comédienne, qui n’a pas peur d’apparaître sous un nouveau jour, moins apprêtée, fidèle à l’image de la championne de tennis, fait preuve ici d’un talent d’interprétation que l’on récompenserait aisément ! Valerie Faris confie d’ailleurs qu’elle a dû faire un travail considérable pour retrouver une musculature sportive après sa silhouette chétive de « La la land », qu’elle a regardé de nombreux documentaires sur Billie Jean. Le travail paie tant la jeune femme nous bluffe par son interprétation tirée à quatre épingles de cette Billie Jean King plus vraie que nature ! En face, on trouve le truculent Steve Carrell, ce troublion du rire made in America parvient à composer un rôle riche avec beaucoup de nuance. Entretenu par sa femme fortunée (interprétée par Elisabeth Shue – « Leaving Las Vegas », « Hollow Man », « Le Saint »), travaillant pour son beau père, il aura à cœur de « glisser » sur les courts de tennis, revêtant ses plus beaux habits de macho afin de s’émanciper lui aussi et d’atteindre enfin son quart d’heure de gloire ; très touchant ! Chacune de ses apparitions précéderont nos sourires ou plus souvent nos rires soutenus ! Quel clown émouvant !! Les acteurs de « Battle of sexes » possèdent tous de « vrais » rôles, bien écrits, une sorte de bac à sable créatif dans lequel ils injectent avec beaucoup de plaisir leur talent ! Les seconds couteaux n’en sont pas ici ! Parmi ces acteurs qui apportent tout le sel à cette belle histoire nous pouvons compter sur Bill Pullman (« Independence Day »), Jack Kramer, ancien joueur de tennis, animateur de télévision et surtout homme influent sur les circuits professionnels. Macho pur jus, il ne reconnaît aucunement l’égalité homme/femme dans la société. Bill Pullman se montre extrêmement convaincant et ne tombe jamais dans une approche grossière et caricaturale de ses convictions. Vrai opposant de Billie Jean King, il refusera jusqu’au bout le changement souhaitable de la société dans laquelle il vit. Austin Stowell, l’acteur aux huit années de carrière nous bluffe dans un rôle pas évident à jouer : celui de Larry King, l’époux de la joueuse. Celui qui la soutient envers et contre tous, se veut disponible, compréhensif, aimant et…conscient de l’attirance de sa femme pour l’autre sexe. L’acteur nous surprend dans son interprétation et parvient à insuffler beaucoup de justesse et de relief dans cet homme de l’ombre. Gageons que nous le reverrons très vite sur nos écrans. Du côté des femmes, notons les rôles de Andrea Riseborough, qui interprétera d’une bien belle façon le rôle de Marilyn Barnett, la coiffeuse de l’équipe de tennis et amante de l’héroïne ou de Sarah Silverma (Gladys Heldman dans le film). Celle-ci aura la lourde charge de coacher tout ce petit monde et les emmener vers la victoire. Lorsqu’on vous disait que tous les rôles sont bien sculptés, celui-ci en fait évidemment partie ! Les répliquent fusent et la bonne humeur qui s’en dégage devient vite contagieuse. Enfin comment ne pas évoquer la composition d’Alan Cumming dans le rôle de Ted, le costumier. Avec beaucoup de clairvoyance, il soutient et encourage Billie Jean. Sentant bien que le vent tourne, il est heureux de se battre pour la considération et la parité entre les hommes et les femmes en attendant un autre combat. En effet, en filigrane la « bataille des sexes » esquissera d’autres réalités sur la différence ; mais la lutte des homosexuels n’est pas encore d’actualité. Toutefois nous serons émus d’écouter ses confidences et de l’entendre parler avec beaucoup de vérité et de sagesse sur la société telle qu’il la rêve. La musique de Nicholas Britell (et son superbe thème principal) apporte une très belle dynamique à l’univers photographique de Linus Sandgren (« Les recettes du bonheur », « Joy » et … « La la land »). La reconstitution dans les 70’s est magistrale et avec ce film, c’est un aller simple pour les Etats-Unis d’antan que nous prenons pour notre plus grand bonheur. Le film est très lumineux et ses couleurs chaudes nous font beaucoup de bien ! Le plaisir visuel est total ! En effet, la réalisation mêle avec beaucoup de pertinence et d’efficacité les images d’archives et les prises de vues réelles. Les parties de tennis sont très bien retranscrites à l’écran et nous prenons également une belle claque à ce niveau là. Bien sûr, pour arriver à ce niveau de jeu, des doublures feront le job mais nous n’y voyons que du feu ! La scène finale vaut d’ailleurs à elle seule son ticket puisqu’elle parvient à reconstituer avec beaucoup d’authenticité le combat de ces deux légendes. Si le tennis semble par moments passer au second plan, il n’en reste pas moins un de sujets centraux du film. A l’heure de Trump, la sortie d’un tel film était tout indiqué pour démontrer qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire et que les causes (peu entendues) peuvent être défendues avec panache et classe face à un machisme peu élégant. A tous ceux qui craignent de découvrir un film féministe dans tous ses excès nous leur répondons que non, « Battle of the sexes » n’est pas donneur de leçon mais bel et bien un savoureux film totalement maîtrisé évoquant un combat noble et déterminant pour le monde du sport (et la société entière ?). La preuve ? Nous écrivons cet avis à quatre mains, tout comme le film l’a été par son équipe de réalisateurs. Mais la bande annonce vous convaincra peut-être un peu plus si nous n’avons pas pu le faire ? S’il aborde bien sûr un point de vue féminin, le film ne veut pas être un vengeur accablant. Le féminisme n’est d’ailleurs déplaisant que lorsqu’il se hisse à la hauteur du machisme… Ici, rien de tout cela. Le film est véritablement familial, offrant de beaux moments de rire, de joie, jouant avec notre ascenseur émotionnel à de multiples reprises et nous livrant l’incroyable histoire de Billie Jean et de ses co-équipières. A l’heure où de nombreux films brassent du vent, « Battle of the sexes » est un investissement intelligent. Un incontournable, vraiment ! Date de sortie en Belgique : 8 novembre 2017 Date de sortie en France : 22 novembre 2017 Durée du film : 2h01 Genre : Biopic
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