Avant-première Dates de projection : 11 octobre à 20h (Kinepolis 1) – 13 octobre (Kinepolis 1) à 17h30 – 15 octobre (Kinepolis 8) à 11h Résumé du film : « Wonderstruck » présente, à travers deux époques distinctes, des parcours de Ben et Rose. Ces deux enfants souhaitent secrètement que leur vie soit différente. Ben rêve du père qu'il n'a jamais connu, tandis que Rose, isolée par sa surdité, se passionne pour la carrière d'une mystérieuse actrice, Lillian Mayhew. Lorsque Ben découvre dans les affaires de sa mère, Elaine, l’indice qui pourrait le conduire à son père et que Rose apprend que son idole sera bientôt sur scène, les deux enfants se lancent dans une quête à la symétrie fascinante qui va les mener à New York... Avis : Dans les autres grosses attentes de ces prochains mois : « Wonderstruck », le dernier long métrage de Todd Haynes (réalisateur de « I’m not there » ou plus récemment de « Carol ») tenait une place de choix. Présenté en avant-première au Film Fest de Gent, l’adaptation du roman de Brian Selznick (« Hugo Cabret » déjà adapté au cinéma par Martin Scorsese) a attiré un large public d’enfants et d’adultes, curieux d’entrer dans ce « Musée des merveilles » (titre choisi pour la distribution française). La visite a-t-elle enjoué son public ou l’a-t-elle, au contraire, perdu en chemin ? Tout cela dépendra de la sensibilité du spectateur et ce qu’il est venu y chercher. Là où les amateurs de grandes aventures à la T.S Spivet seront a priori déçus, les autres, ceux qui feuillettent avec délectation des livres d’images, apprécieront tourner les pages de cette histoire incroyable. Attention, film non conventionnel droit devant. « Nous sommes tous dans le caniveau mais certains regardent vers les étoiles ». Cette phrase vient appuyer régulièrement l’ambition dissimulée du film. Durant près de deux heures, « Wonderstruck » nous fait découvrir les histoires de Rose, évoluant dans les années 1920 et celles de Ben, petit garçon vivant dans les années 70. Leur quotidien un peu morose et les relations familiales compliquées, font qu'un jour, chacun de nos deux jeunes héros s'est mis en quête d’une étoile. Rose, part pour New York afin de retrouver sa mère, véritable star du cinéma muet alors que Ben, atteint la Grosse Pomme dans le but d’en savoir plus sur son père qu’il imagine astronome. Remplis de rêves et d’espoirs, nos deux enfants que cinquante ans séparent, font un long périple pour toucher du doigt leur chimère, plus seul que jamais, du moins, dans un premier temps. Tous les deux sourds, nos deux rêveurs, doivent appréhender le monde qui les entoure et parvenir à se faire comprendre… Mais si l’enfance fait la part belle à l’innocence, elle est aussi jalonnée de désillusions et d’attentes. Les émotions vécues par ces deux gamins « différents » deviennent les nôtres et parviennent à nous toucher par leur sincérité. Avec ses deux histoires parallèles, le terrain de jeu de Todd Haynes était relativement large et permettait de jolies tentatives cinématographiques. Le cinéaste américain ne s’est d’ailleurs pas gêné pour réaliser un exercice de style admirable, celui de rendre hommage au roman de Selznick mais aussi et surtout au 7ème art. Le « Musée des merveilles », c’est en réalité le film de Todd Haynes en lui-même. Grâce à ses reconstitutions prodigieuses des années vingt et septante, le réalisateur a tout le loisir de nous plonger dans le cinéma de l’époque, usant de stratagèmes pour rendre vivantes et authentiques ces images d’antan. Le cinéma muet, celui de l’animation (qui illustre le récit de l’histoire familiale de Ben) ou des années 70 prennent vie sous nos yeux grâce à photographie 35 mm où couleurs et noir et blanc se succèdent de scène en scène. Le travail d’Edward Lachman est indéniablement l’une des plus belles réussites du film. Pour nous plonger au plus près dans l’histoire de ses héros, Haynes a aussi eu la formidable idée d’user (et abuser ?) d’un jeu de ruptures sonores, permettant de nous emparer de la surdité de Rose et de Ben et de découvrir le monde tel qu’ils l’ont vécu eux-mêmes. La fabuleuse musique (de cinéma muet) de Carter Burwell vient appuyer l’évolution de la jeune Rose, suscitant des émotions et dynamisant certaines scènes. Les régulières absences de dialogues appuient également le souhait de nous faire vivre les aventures de Ben et Rose sans parasites verbaux ni dialogues banals… Et cela fonctionne plutôt bien ! La jeune Millicent Simmonds (qui joue Rose), est sourde depuis l’âge de douze mois. Habituée à communiquer par la langue des signes, la toute jeune actrice échange avec les autres personnages (et le spectateur) à la seule force de son regard, délaissant la gestuelle pour des interpellations muettes et pourtant si « loquaces ». Son pendant des années 70 est interprété avec brio par le jeune Oakes Fegley, découvert récemment dans « Peter et Elliott le Dragon » version 2016. Convaincant, touchant et on ne peut plus crédible dans la peau de ce petit Ben, l’acteur de 13 ans a un réel talent et donne la réplique aux plus grands avec une justesse de jeu que l’on ne peut qu’apprécier. Dans les adultes qui l’entourent, on trouve notamment la délicieuse Julianne Moore (aux rôles très différents mais ici tous marquants) ou encore Michelle Williams. Et pour que l’aventure soit totale, il fallait un bon camarade de jeu, l’ami qu’on voit venir et qui apporte un peu de douceur infantile : Jaden Michael. S’il est indéniablement très beau, « Wonderstruck » est aussi malheureusement très creux. L’impatience des petits enfants venus assister à la séance est bien la preuve que le film de Haynes ne s’adresse finalement pas à un jeune public mais a pour but d’éveiller l’âme d’enfant de ses spectateurs adultes. L’adaptation du roman est-elle réussie ? Difficile de statuer sur ce point puisque nous n’en avons pas été les lecteurs. L’exercice de style est-il abouti ? Plutôt oui, même si l’ennui à tendance à poindre à quelques reprises. Les émotions qu’il délivre, l’incroyable performance de jeunes acteurs et le travail fait sur la photographie et la reconstitution d’époques sont véritablement intéressants mais l’impression générale nous laisse un arrière goût amer et une sensation de trop peu … "Wonderstruck' est un cabinet de curiosité qui au final, ne parvient pas à toujours l'attiser. Date de sortie en Belgique : 20 décembre 2017 Date de sortie en France : 15 novembre 2017 Durée du film : 1h57 Genre : Drame
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