Note du film : 8/10 (par François/Stanley) Résumé du film: Deux amis : Thomas et Thomas, Parisiens, comédiens et loin d’avoir une vie stable. Un beau jour, ils décident de partir pour Kullorsuaq, petit village du Groenland où vit Nathan, le père d’un des deux Thomas. Ce voyage sera l’occasion de renouer les liens père-fils et de découvrir le quotidien de cette petite communauté reculée. Avis : Charmante petite curiosité découverte lors du dernier FIFF, « Le voyage au Groenland » est un film qui, sous des airs faussement légers, nous fait voir une belle amitié. Sébastien Betbeder, le réalisateur français de « 2 automnes 3 hivers », nous livre un film qui nous fait penser à « Rendez-vous en terre inconnue » avec beaucoup d’humour ! Heureusement car si ce film est si particulier, c’est parce que ce dernier est justement dosé et jamais moqueur ! Nous rigolons souvent de bon cœur en voyant les mésaventures de ces deux jeunes amis très touchants. Lors de l’interview de Thomas Blanchard recueillie dans le cadre du FIFF (et retranscrite sur notre site), nous apprenions que ce long métrage est la suite d’un court métrage : « Inupiluk ». Ce dernier mettait également en lumière les deux comédiens : Thomas Blanchard et Thomas Scimeca qui accueillaient pour l’occasion des Inuits à Paris. Ce film est un peu une boucle qui se termine en permettant aux Thomas de découvrir la culture de leurs invités et de beaux paysages polaires. « Le voyage au Groenland » magnifie des étendues de glace à perte de vue, et présente d’une bien belle façon ce petit village inuit aux maisons colorées. Thomas et Thomas seront d’ailleurs invités à suivre les activités de chasse et de pêche des ainés. Ce qui amènera naturellement le spectateur à sourire tant la rencontre et le choc des cultures sont fortes. Mais, comme nous le disions précédemment, cela se fera toujours dans le respect des uns et des autres. Ici, pas de jugement ou d’interprétation hâtive, juste une immersion bienveillante vers l’autre avec son quotidien, ses joies et ses difficultés. Ce film participe aussi à la lecture de notre propre société où le temps, la rentabilité et les distractions (parfois futiles) l’emportent bien trop souvent. Aussi, nombreuses sont les scènes où le réalisateur prend le temps de nous montrer la vie et de nous interroger sur nos propres pratiques. Les deux comédiens sont brillants et remplissent à merveille ce registre de la douce comédie existentielle. Mention spéciale pour Thomas Blanchard qui opère ici un virage à 180 degrés depuis l’excellent « Préjudice » d’Antoine Cuypers. C’est simple : cet acteur nous prouve sa capacité à changer de registre pour irradier une nouvelle fois l’écran. L’autre Thomas (Scimeca) n’est pas en reste et se montre à la hauteur de son rôle. Quant à Nathan, le père du premier Thomas, il est très justement interprété par François Chattot, figure bien connue du cinéma français. Alors bien sûr, il serait réducteur que de n’y voir qu’une comédie tant les sujets développés sont riches. En filigrane nous sommes témoins de la relation parfois compliquée entre un père et son fils. Mais pas seulement, on aborde aussi le départ des jeunes Inuits pour les grandes villes, engouement motivé par l’explosion de l’accès à Internet et aux réseaux sociaux, et donc la découverte d’une autre vie que la leur. C’est aussi l’occasion de montrer les ravages qu’a pu faire jadis l’alcool dans ces communautés ancestrales. Nous ne pouvons clôturer notre avis sans évoquer la musique, absolument sublime et envoutante du compositeur de musique électronique Minizza (Franck Marguin & Geoffroy Montel) qui, au moyen de quelques notes au synthé, nous transporte véritablement vers de froides contrées avec le risque de garder en mémoire longtemps encore leurs très belles mélodies. Véritable coup de cœur du FIFF 2016, « Le voyage au Groenland » est un film réussi, beau et porté par des comédiens talentueux qui mérite amplement notre trajet vers le cinéma le plus proche ! Retrouvez notre compte-rendu de la rencontre avec Thomas Blanchard sur cette page Date de sortie en France : 30 novembre 2016 Durée du film : 1h38 Genre : Comédie
0 Commentaires
Festival International du Film Francophone de Namur – 31ème édition Avis écrit par Sally/Véronique Résumé du film : Jacques, un acteur de théâtre avec d'importantes dettes de jeu, se sauve à la campagne pour échapper à un dangereux créancier. Il se retrouve en pleine tempête de neige à la ferme isolée de Simon avec qui il n'a pas d'autre choix que d'accepter un « contrat » de travail forcé, afin de l'aider à livrer aux motards sa récolte de fleurs de cannabis. Malgré des débuts pénibles, Jacques et Simon s'apprivoisent tranquillement. L'amitié des deux hommes sera troublée par l'intrusion de Francesca, une jeune femme dégourdie qui finit par s'imposer dans « l'entreprise » Avis : Présenté dans la catégorie « Regards du Présent » lors du FIFF 2016, le dernier long métrage de Louis Bélanger a de quoi surprendre. En effet, « Les mauvaises herbes », film québécois, présente l’histoire de trois personnes d’horizons totalement différents, contraints de cohabiter ensemble et de s’adonner à la culture de cannabis. Jacques, acteur de théâtre, se réfugie chez Simon après une course poursuite avec les hommes de main de son créancier. Détenteur du secret de Simon, il se voit victime d’un chantage important : aider le vieux fermier à mener à bien sa récolte de cannabis en échange de son silence. Un coup de fil suffit pour que ses poursuivants déboulent dans la ferme isolée et retrouvent l’endetté. Et puis arrive Francesca, releveuse de compteurs électriques pour la compagnie Hydro-nord. Sa curiosité lui vaut d’être elle- aussi prise en otage en échange de belles rémunérations pour ses bons et loyaux services…il faut dire que la jeune femme a bien besoin d’un petit coup de pouce financier. Le décor est planté, voilà donc nos trois protagonistes, réunis pour le meilleur… et pour le pire. Louis Bélanger a choisi de tourner ce film pour deux raisons principales. La première est qu’il voulait réaliser un film sur fond d’hiver vigoureux, comme seul le Canada peut en offrir. Le réalisateur explique que « beaucoup de films se tournent dans le pays mais combien se font sur fond d’hiver ? C’est pourtant un temps fort de l’année ! ». L’isolement de la ferme accentue les paysages blancs, offrant une vue sur la désolation et le silence des contrées du Grand Nord. La deuxième raison est qu’il souhaitait présenter l’économie parallèle que constitue la culture de cannabis. Plus répandue qu’on ne le pense, cette activité fait (bien) vivre quelques canadiens audacieux et entreprenants et ce, depuis de nombreuses années. Si le sujet peut sembler grave de prime abord (deux personnes retenues contre leur gré et contrainte de travailler dans un champ de marijuana), il n’en est rien. Louis Bélanger a eu la bonne idée de ponctuer son histoire de touches d’humour récurrentes et de dédramatiser des situations plutôt inquiétantes (on pense à l’étrange discussion qui a lieu entre Francesca et Simon lorsque celui-ci est alité). Loin d’être une grosse comédie, le film canadien a aussi de beaux messages porteurs : la solidarité qui se met en place entre les différents personnages, la générosité des uns, la confiance des autres… Leur relation évolue à un point tel qu’ils forment presque une bande d’amis (ou une famille), ce qui était inimaginable si on suit le postulat de départ. Pour que l’équilibre fonctionne, Bélanger (qui est un habitué du festival) s’assure les services de son ami et co-scénariste Alexis Martin (également acteur principal du film). Issu du monde du théâtre, ce dernier a le sens de la mise en scène et apporte une belle valeur ajoutée à ce (presque) huit- clos maîtrisé. Notons par ailleurs que les deux comparses s’étaient déjà retrouvés sur le précédent long-métrage de Bélanger où ils arpentaient la « Route 132 » l’un avec l’autre. « Les mauvaises herbes » est une belle ouverture sur le cinéma québécois que l’on connaît finalement mal, exception faite du travail de Xavier Dolan qui fait beaucoup parler de lui. Et tant que nous sommes à citer quelques grands noms de vedettes locales, évoquons le casting de choix de ce film. Alexis Martin (dont nous venons de parler), est celui par qui tout démarre. Fuyant les gros ennuis, il atterrit au milieu de nulle part, en habits de marquis. Son jeu comme son attitude non verbale servent à merveille l’histoire incongrue du duo de scénaristes. Son séquestreur est interprété par Gilles Renaud. Sorte de Jonathan Banks (Mike dans la série « Better Call Sall »), il a une gueule, un style bien à lui. Distant sans vraiment être méfiant, il exerce une pression morale sur ses « victimes » presque consentantes. Le charisme du bonhomme est impressionnante et ses touches d’humour d’autant plus surprenantes. Enfin, Emmanuelle Lussier-Martinez est Francesca, femme fragile et téméraire. Complètement paniquée dans les premiers instants, elle finira par devenir la tête bien pensante du trio inattendu. En arrière plan, Luc Picard (comme les surgelés), vient çà et là ajouter une petite dose de stress dans la vie des protagonistes. Le réalisateur de 52 ans a déjà une jolie filmographie derrière lui. « Post mortem », « Lauzon Lauzone », « Gaz Bar Blues », « Génie du crime » en témoignent. Ce premier contact avec son univers cinématographique nous donne l’envie de nous plonger dans ses films passés et voir si ses autres réalisations sont dans la même veine et de la même qualité. Si l’on ne sait pas encore si « Les mauvaises herbes » sera distribué chez nous, une chose est certaine : cette brève rencontre (permise par le biais du FIFF), aura au moins eu l’avantage de nous ouvrir de nouvelles portes d’un cinéma que nous n’aurions peut-être jamais abordé… et rien que pour cela, on se devait de vous en parler. Durée du film : 1h47 Genre : Comédie dramatique Festival International du Film Francophone de Namur – 31ème édition
Avis écrit par Sally/Véronique Résumé du documentaire : Au service de gériatrie de l’hôpital Charles Foix d’Ivry, Thierry Thieû Niang, chorégraphe de renom, anime un atelier de danse avec des patients malades d’Alzheimer. Par la danse, des vies se racontent, des souvenirs s’égrènent plein de regrets, d’amertumes, d’éclats de joie, de solitudes. Blanche Moreau a 92 ans. Pendant le tournage, elle est tombée amoureuse du chorégraphe Thierry. Le simple fait de tomber amoureuse étant en soi une chose folle, Blanche n’a plus rien de délirant: sa maladie est devenue tout simplement la maladie de l’amour Avis : Le FIFF de Namur, c’est aussi l’occasion de découvrir des documentaires venus des quatre coins de la francophonie. Parmi eux, « Une jeune fille de 90 ans », proposé par la réalisatrice renommée Valeria Bruni Tedeschi et son acolyte Yann Coridian. Les quelques lignes présentant ce documentaire laissaient présager une belle histoire entre Thierry, chorégraphe, et les pensionnaires de la maison de retraite d’Ivry. Mais on était loin de s’imaginer combien toutes les personnes que nous croiserions durant presqu’une heure trente, apportaient une telle touche de tendresse et d’humanité dans cette soirée festivalière. Dès les premières minutes, nous sommes conquis pas l’angle choisit par les deux réalisateurs : loin d’être intrusifs, ils filment l’échange naturel qui se met en place entre Thierry et ses spectateurs. Les uns ont l’esprit qui se perd, d’autres sont incapables d’exercer le moindre mouvement, celles-ci sont affectées par un passé un peu trop présent alors que celles-là voient dans ces danses, une occasion de revivre une jeunesse perdue. Thierry Thieû Niang est incroyable ! Sa façon de faire, son écoute, sa délicatesse, son attention vis-à-vis de ces personnes âgées montrent combien, si elles sont d’apparence fragiles, elles ont encore le souhait de vibrer dans les limites autorisées par leur corps. L’évolution de certaines personnes âgées est tout simplement surprenante et n’est due qu’à leur motivation et au soutien du jeune danseur. Mais le travail de Thierry n’est finalement qu’un prétexte au documentaire. Le microcosme dans lequel il évolue dépeint la vieillesse sous bien des angles : malicieuses, amoureuses, revêches, fermées… toutes les personnalités se côtoient dans un espace clos qui ne semblent s’ouvrir qu’en présence des infirmières ou du chorégraphe dynamique. Et puis, subitement, la magie d’une histoire d’amour (à sens unique) entre Blanche et Thierry naît sous nos yeux. Elle est atteinte d’Alzheimer et pourtant, son visage s’illumine à chacune de ses visites. Celle qui n’a jamais eu d’enfant et qui semble n’avoir connu que des amourettes, s’éprend de son danseur. Blanche est attendrissante et surprenante. On comprend d’ailleurs aisément le choix de Valeria Bruni Tedeschi et Yann Coridian de mettre en exergue ces sentiments naissants, la beauté du visage de la vieille dame lorsqu’elle échange avec « son » Thierry. C’est tendre, poétique, touchant sans être indécent ! « Une jeune fille de 90 ans », c’est un documentaire émouvant rempli d’humour et d’affection pour les personnes qu’ils met en scène. Mais peut-on vraiment parler de mise en scène puisqu’il livre une vérité non truquée ? Récompensé par le Prix du public et par le Prix spécial du jury, l’incroyable documentaire devrait être diffusé prochainement sur Arte. En effet, les deux réalisateurs ont fait le choix de le présenter à la télé plutôt que dans les salles ciné car, comme le dit Valeria Bruni Tedeschi, « ca permet de toucher plus de monde, de faire entrer le sujet chez vous ». Il y a fort à parier que ce petit bijou fera encore parler de lui et touchera en plein cœur les spectateurs qui auront fait le choix de rencontrer cette jeune fille de 90 ans et tout ceux qui gravitent autour d’elle. Durée du film : 1h25 Genre : Documentaire Festival International du Film Francophone de Namur – 31ème édition Avis écrit par Sally/Véronique Résumé du film : Vincent n’est pas arrivé au tiers de sa vie qu’il a déjà tatoué la moitié de son corps et endurci sa voix avec son groupe de post-hardcore. Depuis la mort de sa mère, il partage son existence entre Bastille et Porte de Clignancourt, entre un boulot de perceur qui ne l’enchante guère et un père poissonnier qui tente de refaire sa vie avec une femme plus jeune. Et ça le rend malade… Avis : Sur papier, le scénario ne semblait pas très vendeur et pourtant ! « Compte tes blessures » est une vraie claque cinématographique par son sujet dur, sa réalisation impeccable et par son interprétation irréprochable. Proposé dans la catégorie « Première œuvre de fiction », le premier- long métrage du tout jeune Morgan Simon (qui n’a que 26 ans !) est un incontournable de la 31ème édition du FIFF de Namur ! En tête de ce film poignant, Kevin Azaïs (qui nous avait déjà bluffé dans « Les combattants » de Thomas Cailley, où il partageait l’affiche avec Adèle Haenel, actrice très présente au FIFF2016). Le comédien de 24 ans a une maturité de jeu que les plus expérimentés peuvent lui envier. Et pourtant, son rôle est loin d’être évident. Vincent a 24 ans. Sa mère est décédée d’un cancer il y a quelques années et il vit désormais seul avec un père distant, qui le connaît peu et qui se désintéresse totalement de lui. Pour échapper à son quotidien morose, il peut compter sur son groupe de hardcore où il est chanteur et qui constitue l’occasion rêvée pour hurler la douleur qui le ronge chaque jour. Et puis, il y a ses nombreux tatouages : le jeune homme se couvre le corps d’images et de phrases, faisant entrer les visages de ses parents dans les pores de son peau comme pour rappeler chaque jour son identité, ceux qui l’ont forgé. Quand arrive Julia, la nouvelle copine de son père, il entrevoit la possibilité d’aimer et d’être enfin considéré pour ce qu’il est vraiment. Nathan Willcocks, le père de Vincent, a lui aussi un rôle bouleversant. Aigri, il rejette tout de son passé (son fils le premier) et vit ses journées sur les marchés. Malgré les efforts consentis par Vincent pour attirer son attention et partager des moments de complicité, le jeune veuf évite tout les pas qui sont faits vers lui. Envie-t-il la vie « bohème » de son fils ? Cet handicapé de l’amour aime maladroitement ceux qui l’entoure et préfère s’isoler plutôt que de s’ouvrir, à l’exception faite de Julia, sa nouvelle petite amie. Monia Chokri est géniale elle aussi ! Elle interprète donc celle qui gagne le cœur de la maisonnée, l’élément déclencheur de la bombe à retardement, alimentée par les non-dits, les jalousies, la passivité et le manque de dialogue entre le père et le fils. Trait d’union entre les deux hommes, elle fait exploser cette violence latente par sa seule présence. Ce qui unit tous ces personnages, c’est qu’ils sont tous perdus dans leurs sentiments, dans leur vie et s’autodétruisent à force de se côtoyer. Impassibles dans des situations qui les dépassent, ces trois cœurs blessés trouveront-ils une issue favorable à ce triangle amoureux sombre et douloureux ? « Compte tes blessures » livrera la réponse. Morgan Simon, qui signe aussi sa première œuvre de fiction, nous bluffe par son savoir-faire ! Il maîtrise toutes les techniques de la réalisation et ne décroche pas notre attention d’une minute ! Les a priori que nous avions sur son histoire ont volé en éclats à tel point que nous invitons quiconque à se rendre dans les salles du FIFF pour découvrir cette petite pépite inattendue de toute urgence ! Date de sortie en France : 1 février 2017 Durée du film : 1h29 Genre : Drame Extrait du film: Festival International du Film Francophone de Namur – 31ème édition Avis écrit par Sally/Véronique Résumé du film : Far’Hook, jeune rappeur parisien est contraint de quitter la ville pour quelques temps suite à des déboires importants. Par chance, le père de son ami Bilal veut faire un tour des côtes françaises pour peindre les tableaux de Joseph Vernet (un artiste du XVIIIème siècle) et ce dernier est à la recherche d’un chauffeur. Far’Hook voit l’opportunité de se mettre au vert durant quelques jours avant son concert à Marseille et accepte la curieuse proposition. Avis : Rachid Djaïdani indique à la fin de la projection publique de ce dimanche 2 octobre « qu’il est plus difficile de faire un film sur ce qui rassemble que sur ce qui divise ». Pari réussi : l’ancien boxeur nous livre un « Tour de France » rempli d’humanité et de tolérance à travers un film de très grande qualité ! Loin d’être moralisateur, son deuxième long-métrage montre combien les peuples de la France peinent à se comprendre, vivant de clichés et d’appréhensions. Le tandem que le réalisateur nous propose ici, reflète à merveille le discours de tolérance qu’il souhaitait nous livrer. D’un côté, nous avons Serge, un entrepreneur raciste et bourru. De l’autre, Far’Hook, rappeur cultivé qui tente de percer gentiment dans le métier. L’un comme l’autre ont énormément de préjugés sur leur compagnon de route et ce tour de France est l’occasion de mettre à mal toutes leurs idées préconçues sur une communauté qu’ils évitent de côtoyer. Perdu dans un quartier où les jeunes immigrés ont élu domicile, Serge pense qu’il est devenu la minorité française et peine à accepter la conversion de son fils Mathias à l’Islam. Mal informé, il catalogue son jeune compagnon de route et garde une distance difficile à réduire. Far’Hook n’a pourtant rien de radical. Né en France, élevé par sa grand-mère, il a un grand respect pour le père de son ami, et ce, malgré les réflexions cinglantes qui fusent en permanence. Peu à peu, Serge et Far’Hook s’écoutent et apprennent à connaître véritablement l’autre, sans faire fi des stéréotypes venus polluer leur cerveau par leur vécu personnel. C’est la rencontre de deux univers à laquelle nous assistons et le résultat vaut véritablement le déplacement ! Serge, c’est le Grand Gérard Depardieu. Excessivement touchant dans ce film, il revient dans nos salles en conquérant. Celui qui était déjà parti sur les routes avec « Saint Amour », reprend les chemins de France dans un rôle qui lui sied à merveille. L’ogre du 7ème art interprète en délicatesse un père blessé en perte de repères. Sa seule accroche ? Les tableaux maritimes de Vernet qui ont une importance capitale à ses yeux. Tantôt bougon, tantôt drôle, son personnage nous livre aussi ses failles et nous émeut. Merci Rachid de nous avoir offert un rôle à la hauteur de son talent et de sa bonté ! Far’Hook est incarné par Sadek, un acteur débutant, vierge de toute expérience cinématographique. Rappeur à ses heures, le jeune comédien impressionne par la justesse de son jeu. Les deux héros s’accordent et offrent un échange exquis, dans l’émotion ou dans l’humour, sans que l’un ne vienne jamais écraser l’autre. Le ping-pong qui se joue sous nos yeux est délectable et prouve que la célébrité et le charisme de Gégé est à la hauteur de son humanité et de sa bienveillance. Rachid Djaïdane confie d’ailleurs que « Tonton » (comme il se plait à l’appeler) à un grand cœur et qu’il est complice à l’écran comme en dehors du cadre. « Généreux, il a été présent tout au long du film » et a fortement aidé à faire de ce film la réussite qu’il incarne véritablement. Sadek, coaché par une équipe talentueuse, fait donc ses premiers pas au cinéma et ouvre les portes d’une carrière qu’on lui souhaite fructueuse. Les textes proposés dans ses chansons (un rap quelque peu différent de ce qu’il a l’habitude de faire), sont porteurs d’espoir et donnent de belles leçons de vie. Seuls moments d’improvisation du film, ils révèlent les émotions et les états d’âmes des différents personnages et subliment le scénario de qualité du réalisateur. Celui qui a déjà réalisé « Rengaine » il y a quelques années, nous propose ici un film intelligent et très actuel. « Le cinéma est là pour véhiculer un message, si mon film a pu vous changer un tout petit peu votre regard, j’en suis content. » Très applaudi à la fin de la projection, « Tour de France » avait déjà créé des émules lors du dernier Festival de Cannes… On comprend maintenant pourquoi ! Rachid Djaïdane nous fait d’ailleurs la confidence que Cineart distribuera très probablement « Tour de France » en décembre 2016 et on vous invite à monter à bord de la camionnette de Serge pour un voyage indulgent et émouvant. Date de sortie en Belgique : 14 décembre 2016 Date de sortie en France : 16 novembre 2016 Durée du film : 1h35 Genre : Comédie dramatique Festival International du Film Francophone de Namur – 31ème édition Avis écrit par Sally/Véronique Résumé du film : Jenny, jeune médecin, remplace un généraliste depuis presque trois mois lorsqu’on sonne à la porte du cabinet. Les consultations sont terminées depuis une bonne heure et un rendez-vous professionnel l’attend. Lorsque la police vient lui annoncer la mort d’une jeune femme à quelques mètres de là, Jenny comprend qu’en ouvrant la porte, elle aurait pu éviter ce drame. Rongée par la culpabilité, elle se met en quête de l’identité de la défunte. Avis : A la sortie de la projection publique de l’Acinapolis ce vendredi, les spectateurs n’étaient pas unanimes sur le dernier film des frères Dardenne. Certains trouvant que « ce n’est pas peut-être le meilleur d’entre eux », d’autres que c’est le plus intimiste… Ce qui revient pourtant sur beaucoup de lèvres, c’est cette capacité qu’ils ont à filmer un quotidien avec un réalisme déconcertant. « La fille inconnue », un film lent ? Bien évidemment, la vie ne l’est-elle pas ? Nos jours sont-ils rythmés comme ceux des héros de blockbusters américains ? Pas du tout ! C’est d’ailleurs pour cela qu’on apprécie le choix des deux cinéastes de toujours prendre le temps de connaître leurs héros, d’aborder leur psychologie et comprendre ce qui les anime. Ici, c’est la vie de Jenny qui est au centre de nos préoccupations, cette jeune médecin en quête de l’identité d’une femme qu’elle n’a pu sauver. Mais ne nous méprenons pas. Le sujet central du film n’est pas tellement l’enquête menée par la doctoresse. C’est plutôt la façon dont elle tente de se décharger de sa culpabilité de ne pas avoir ouvert sa porte un soir d’après garde, celle de garder une distance avec ses patients, de ne pas trop s’impliquer émotionnellement dans les événements de son quotidien. Etrangement, le personnage interprété par Adèle Haenel l’est physiquement. Elle semble détachée de tout, intériorisant ses sentiments et ne dévoilant jamais rien de ses émotions. C’est un paradoxe qui peut déconcerter les spectateurs : comment un personnage si placide peut-il être autant affecté par ce qu’il vit ? « La fille inconnue », c’est aussi et surtout l’occasion de retrouver quelques membres de la famille des « Films du Fleuve » et d’entrer dans l’univers du cinéma social des deux cinéastes de chez nous. Ainsi, on prend plaisir à retrouver: Fabrizio Rongione, Jérémie Renier, Olivier Gourmet, Christelle Cornil, Jean-Michel Baltazar ou encore Thomas Doret (« Le gamin au vélo » qui a bien grandi depuis). Au milieu de cette fratrie, on se surprend à retrouver Marc Zinga, acteur et chanteur belge, vu dans « Les rayures du zèbre » ou « 007 : Spectre ». Et au milieu de ce casting belgo belge, on découvre la figure de proue de ce nouveau long-métrage: Adèle Haenel. La comédienne française de 27 ans a fait ses débuts sur grand écran en 2002, avec « Les diables » de Christophe Ruggia. Depuis, la parisienne a enchaîné les (seconds et premiers) rôles souvent dramatiques (on pense aux films « Suzanne » ou « Les combattants »). La comédienne est d’ailleurs très sollicitée cette année puisqu’elle est également à l’affiche de « Orpheline » d’Arnaud des Pallières, en compétition officielle. Dans « La fille inconnue », elle apparaît le visage marqué par la fatigue de son métier et par la culpabilité qui l’assaille. Qui est cette jeune femme à qui elle n’a pas ouvert la porte ? Cette question est au centre de toute ses attentions mais pas seulement. Elle chercher à comprendre le mutisme de son stagiaire, à qui elle a conseillé de prendre de la distance avec ses patients, la réaction de certains de ses patients et la raison qui pousse les habitants du coin à ne rien révéler de l’identité de la jeune fille. Malheureusement, malgré les bonnes intentions de la comédienne, on peine à s’identifier à son personnage, restant extérieur à son enquête qui, très vite, piétine sur place, tout comme le rythme du film. Loin d’être un polar (il est plus que cela), « La fille inconnue », dernier film de Luc et Jean-Pierre Dardenne divise, c’est un fait certain ! Mais cela n’enlève rien à la sympathie de leur équipe qui a honoré le Festival de sa présence, même à l’autre bout de Namur, où 170 spectateurs attendaient impatiemment de découvrir leur dernière réalisation à presque 22 heures. Date de sortie en Belgique : 5 octobre 2016 Durée du film : 1h53 Genre : Drame Festival International du Film Francophone de Namur – 31ème édition Avis écrit par Sally/Véronique Résumé du film : Icare, « Courgette », petit garçon de 9 ans est pris en charge par un orphelinat suite au décès de sa maman. Là, il fera la rencontre d’autres enfants au passé douloureux et devra réapprendre à vivre à leurs côtés. Avis : « Ma vie de courgette ». Voilà un titre qu’on n’est pas prêt d’oublier. Innovant, drôle et émouvant, le film de Claude Barras sait nous toucher en plein cœur. Présenté dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2016 et récompensé de bien belles façons lors du Festival d’animation d’Annecy et celui d’Angoulême, ce court long-métrage épatant est à découvrir cette semaine au FIFF avec toute votre petite famille ! Adapté du roman « Autobiographie d’une courgette » de Gilles Paris, le court long-métrage offre 66 minutes de pur plaisir aux petits comme aux plus grands ! Réalisé en stop motion (une succession de scènes où l’on filme des objets déplacés petit à petit leur donnant une impression de mouvement), le tournage a demandé un énorme temps de travail à l’équipe artistique et le résultat est vraiment épatant ! A l’heure où les studios d’animation privilégient les images de synthèse, il est bon de voir que ce type de savoir-faire ne se perd pas et au contraire, continue de nous livrer des petits bijoux dans la lignée de « Panique au village ». L’univers de « Courgette » est coloré (seul la scène du drame présentera un ciel gris) et met en exergue une histoire touchante excessivement bien écrite. L’histoire, justement, raconte l’arrivée de Courgette à l’orphelinat « Les fontaines ». Là, il fait la rencontre de cinq autres enfants, eux aussi blessés par la vie et l’horreur du monde des adultes. Il y a Simon, une brute sensible ; Jujube le gourmand bien portant ; Béatrice, qui attend chaque jour le retour de sa maman ; Alice, jeune fille introvertie et Ahmed le petit farceur toujours de bonne humeur. Malgré leurs fêlures, ces jeunes enfants se reconstruisent jour après jour et forment une fine équipe. Mais c’était sans compter sur l’arrivée de Camille, qui viendra bouleverser leur petite vie bohème. Claude Barras, le réalisateur du film, dit de « Ma vie de courgette » que « ce film est aussi et avant tout un hommage à tous les enfants maltraités, qui survivent tant bien que mal à leurs blessures. Avoir une bande de copains sur qui compter, tomber amoureux, et pourquoi pas, même, être heureux, mais il restera encore bien des choses à apprendre de la vie. C’est ce message, à la fois simple et profond, qu’il m’a semblé essentiel de transmettre à nos enfants ». Celui qui nous est un habitué des courts métrages (« Chambre 69 », « Au pays des têtes », « Le génie de la boîte de raviolis ») nous livre ici un film remplit de belles valeurs comme celle du courage, de l’empathie, de l’amitié et de la tolérance. Aidés dans leur reconstruction par la bienveillance des personnes du centre et de Raymond, l’ami policier de Courgette (doublé par le comédien Michel Vuillermoz), ces enfants s’accordent une deuxième chance de repartir sur le sentier de la vie sans jugement de leur passé (si ce n’est les quelques moqueries et paroles maladroites venues de la part de Simon), avec toute la naïveté infantile qu’ils sont en droit de posséder. Touchants, ces personnages le sont davantage grâce au doublage subtil des comédiens en herbe qui prêtent leur voix: Gaspard Schlatter, Sixtine Murat, Paulin Jaccoud, Raul Ribera…, aucun d’entre eux n’avaient jamais fait ce type de travail mais la justesse de leur interprétation donne une touche d’humanité supplémentaire aux fragiles petites marionnettes. Même la musique de Sophie Hunger, pudique et très à propos, vient apporter son lot de tendresse dans cette histoire qui nous emporte en l’espace de quelques minutes. Sa reprise de Noir Désir « Le vent nous portera » est à l’image du long-métrage : aérien ! « Ma vie de courgette », en compétition pour cette 31ème édition du FIFF, trouve tout à fait sa place dans la « séance famille ». Sur nos écrans en octobre prochain, le film vaut véritablement la peine d’être vu avec vos petites têtes blondes ou vos élèves ! Réussi et touchant, il véhicule un message d’amour tendre et présente le monde de l’enfance avec une justesse incroyable. Son univers artistique et son sujet ouvriront les portes d’un autre cinéma à bien des publics et raviront toutes les générations de spectateurs ! Pour l’heure, il est à découvrir le dimanche 2/10 à l’Eldo 1 et le lundi 3/10 au Caméo 1 Date de sortie en Belgique/France: 26 octobre 2016 Durée du film : 1h06 Genre : Film d’animation |
|