Résumé du film : À la suite des attentats du 11 septembre, l'agent Daniel Jones (Adam Driver) se voit confier la délicate enquête sur les techniques d’interrogatoires de la CIA. Après plusieurs années d’enquête approfondie, il découvre l’existence de pratiques de torture immorales et cruelles que la CIA a longtemps tenté de passer sous silence. Mais la publication de ce rapport s’avère plus compliquée que prévu. La Maison blanche et la CIA mettent tout en œuvre pour étouffer les révélations de cette enquête. Avis : Avec son casting cinq étoiles et son scénario haletant, « The report » est assurément un des films incontournables de ce moment. L’impeccable Adam Driver brille encore de mille feux et nous guide dans les coulisses d’une affaire pour laquelle on se prend de passion de son générique d’ouverture à sa conclusion. Car si on craignait de découvrir un énième thriller politique aux informations confidentielles et difficilement compréhensibles, il n’en est rien. Le premier long-métrage de Scott Z. Burns est au contraire une réelle réussite et une formidable enquête au cœur du système (politique) américain. The torture report Porté brillamment par un Adam Driver toujours excellent et ultra convaincant, ce Dan Jones n’est pas seulement le guide d’exception de la trame scénaristique étoffée de Scott Z. Burns. C’est aussi un reflet très juste d’une commission qui aura passé près de cinq ans dans un sous-sol éclairé par une lumière artificielle, passé au crible de nombreux rapports trafiqués et rédigé près de 7000 pages d’un condensé aussi effrayant qu’accablant pour une CIA jamais ébranlée. Le manque d’éthique de l’agence de renseignements, ses méthodes d’interrogation musclées, douteuses et infructueuses, les manipulations mises en place pour justifier l’octroi d’un budget de près de 80 millions dollars interpellent, questionnent et effraient qui s’y intéresse un tant soit peu. A la croisée de « Spotlight » et de « Pentagon Papers », « The report » propose un angle efficace et conserve toute notre attention durant les deux heures à tel point que, même si l’on met un peu de temps à comprendre les rapports qui animent nos personnages et les enjeux d’une telle procédure colossale, on s’étonne de voir son générique arriver et de découvrir l’issue du long travail effectué. Six ans, c’est le temps qu’aura mis Dan Jones pour parcourir avec ses collaborateurs bipartites les nombreux documents relatifs aux interrogatoires post 11 septembre 2001. Illustrée par des flash-back bienvenus et parfaitement intégrés, l’intrigue se dénoue peu à peu, nous montrant combien Jim Mitchell, responsable des fameux interrogatoires, n’a non seulement jamais obtenus de résultats probants mais pire, ne disposait d’aucune qualification pour travailler comme il le faisait. Déjà utilisées en 1978, ces pratiques honteuses se sont révélées à nouveau infructueuses et auraient très probablement encore les grâces de la CIA si la sénatrice californienne Dianne Feinstein (époustouflante Annette Bening) ne s’était pas penchée sur leur cas. Véritable travail journalistique particulièrement bien écrit et formidablement dialogué, « The report » surfe sur la vague des films politiques dans la lignée des « Hommes du Président » et parvient à créer une tension grandissante où chaque membre du casting trouve sa place (de choix) et apporte sa pierre à un formidable édifice incroyablement stable malgré sa taille colossale. Et pourtant, qui aurait pu penser que passer deux heures dans les bureaux de la Maison Blanche ou dans les sous-sols d’un bureau déprimant et rebutant nous aurait à ce point passionné ? Dan Jones, au rapport. Mais la qualité du métrage ne vient pas que de son style inégalable. Son interprète principal y est pour beaucoup et c’est peu de dire qu’Adam Driver nous surprend à nouveau dans un rôle taillé sur mesure pour son impressionnante carrure. Membre du « US Select Committee on Intelligence » et chargé de rédiger un rapport sur les anomalies relevées dans les interrogatoires menés par la CIA après les attentats du 11 septembre 2001, Dan Jones a tout de l’Américain moyen. Si on sait peu de choses de sa propre vie (on le sait juste solitaire et célibataire), on s’attache pourtant très vite à cet « employé » en quête de vérité, fidèle à ses valeurs et impliqué malgré le détachement que demandait ce travail obsédant et éprouvant. Ses interventions judicieuses, ses trouvailles révélées au grand jour et son éthique irréprochable (alors que le moindre faux pas s’avèrerait préjudiciable) sont autant d’éléments qui rendent ce Dan Jones chaque minute un peu plus admirable. Défendant la cause de ces 119 détenus torturés pour un semblant de vérité, travaillant de nombreuses années avec la même conviction que celle-ci devait être réajustée, le protégé de la sénatrice Feinstein en impose par ses dialogues passionnés et ses répliques affutées. Soutenu par une série de politiques campés efficacement par Michael C. Hall (« Dexter »), Corey Stoll (« The strain ») ou encore Jon Hamm (« Mad Men »), ce jeune idéaliste désabusé n’a pas fini de nous marquer. Captivant de bout en bout, « The report » se vit plus qu’il ne se raconte. Impeccable dans son fond comme dans sa forme, le premier long-métrage de Scott Z. Burn fait partie de ceux dont on se souviendra longtemps et que l’on redécouvrira avec plaisir et enchantement. Durée du film : 2h00 Genre : Drame/thriller
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