En compétition – 7 septembre 2017 (par Véronique) Résumé du film : Après la mort de son frère, le jeune Dayveon, âgé de treize ans, passe ses journées d'été à traîner sans rien faire dans sa petite ville du fin fond de l'Arkansas. L'esprit de camaraderie et la violence qu'il découvre alors au sein des membres du gang local vont attirer Dayveon et l'inciter à rejoindre à son tour la bande. Avis : Cette année, la programmation du Festival de Deauville a fait le choix de nombreux films contemplatifs : « A ghost Story », « They » ou « The rider » en sont quelques exemples. Mais l’autre constante dans les thématiques abordées est la violence d’une jeunesse en perte de repères. « Stupid things » l’illustre très bien ici. En suivant quelques jours de la vie de Dayveon, on mesure combien la solitude et l’ennui sont deux terreaux de choix pour faire germer la graine d’une violence sourde ou affirmée. Derrière la caméra, on trouve Amman Abbasi, jeune réalisateur d’origine pakistanaise. Véritable artisan de son film, il cumule les casquettes de scénariste, monteur, réalisateur et… signe même la bande originale du film! Homme complet, il livre ici un long métrage subtil, poétique et relativement réussi. Sa petite heure quart évite les longueurs ennuyeuses et nous fait entrer au cœur du sujet dès les premières minutes. Dayveon, qui a perdu son frère récemment, n’a plus vraiment goût à la vie. Son vélo, ses mains, les arbres, les maisons de son quartier, tout lui parait stupide et sans intérêt. Sa pulsion de vie, l’adolescent la trouvera dans les activités d’un petit gang local : les Blood. Aussi délaissés que lui, ses membres partagent leur temps ensemble, laissant filer les factures impayées et ne s’adonnant qu’à quelques larcins pour renflouer les portefeuilles bien vides. Criant de vérité, le film d’Abbasi ne se perd pas dans d’innombrables détours. Ses images (très poétiques par moment) se mettent au service de son scénario particulièrement bien ficelé et démontrent que le cinéma est bien un art à part entière. Ses couchers de soleil orangés, les atmosphères qu’il dépeint à travers l’objectif de sa caméra donnent un peu de lumière dans la noirceur du monde économique où évoluent ses personnages plus vrais que nature. Pour leur donner vie, Amman Abassi a fait appel à de jeunes acteurs étonnants ! Leurs interprétations convaincantes nous font vivre un beau moment de cinéma, nous faisant oublier la fiction présentée et nous entraînant dans la dure réalité de nombreux jeunes afro-américains que des documentaires ne pourraient mieux relater. En tête de ce casting de choix, Devin Blackmon, qui mérite toute notre attention et à qui on souhaite une belle carrière. Le jeune Dayveon, qu’il incarne, se remémore chaque jour l’absence de son frère. Les photos qu’il survole sur son téléphone sont peut-être les seuls souvenirs qu’il garde de lui. Vivant chez sa sœur et son beau-frère, l’adolescent ne semble plus avoir goût à la vie. Errant sans but, il semble comprendre que son avenir se résume à vivre dans cette petite ville désolée du fin fond de l’Arkansas où seules les fumettes et les petits braquages donnent une impulsion de vie à d’autres jeunes paumés. S’il filme l’ennui et l’attente de ses personnages, Abbasi ne lasse jamais les spectateurs. Au contraire, il les inclut dans son histoire et parvient à les captiver. Simple et efficace « Stupid Things » n’a pas démérité sa place dans cette compétition et sortira peut-être gagnant de l’un ou l’autre prix. C’est en tout cas tout le bien qu’on lui souhaite. Date de sortie en France: 27 septembre 2017 Durée du film : 1h15 Genre : Drame Titre original : Dayveon
0 Commentaires
Laisser un réponse. |