En compétition – Mardi 4 septembre (par Véronique) Résumé du film : À Brooklyn, le meurtre d'un Afro-Américain par un policier blanc bouleverse la vie de trois habitants d'un quartier déjà marqué par des tensions raciales : le témoin du crime qui filme la scène avec son smartphone, un officier de police hésitant à affronter sa hiérarchie et un jeune lycéen joueur de baseball. Doivent-ils prendre le risque de s'engager pour tenter de réparer l'injustice ou se préserver en gardant le silence ? Avis : La question raciale aux USA n’est pas une nouveauté, on le sait. Malgré la Présidence de Barrack Obama et les indignations de la population à chaque fait divers scandaleux, les choses ont peu évolué dans le Nouveau Monde où beaucoup cherchent encore leur place. C’est à cela que s’attaque Reinaldo Marcus Green à travers son premier long-métrage : « Monsters and Men ». Le film s’inspire du drame qui a touché la communauté de Staten Island, lorsqu’en 2014, Eric Garner est victime d’un tir mortel porté par un officier de police. Staten Island, c’est précisément là que Reinaldo Marcus Green a grandi. Fils de policier, il voit quotidiennement ce qu’il dénonce dans son long-métrage : les contrôles abusifs et la « persécution » des Américains de couleur. En citoyen engagé, il s’interroge sur la façon de sensibiliser ses compatriotes et livre ici trois regards croisés sur un même fait d’actualité. Il y a d’abord celui de Manny (Anthony Ramos), un jeune père de famille, devenu récemment garde de sécurité. Spectateur privilégié d’un contrôle de police qui a dégénéré, le jeune homme filme l’interpellation musclée et publie les images troublantes sur Internet. Les ennuis pour lui ne font dès lors que commencer. Privé de liberté, il se voit accusé d’avoir vendu une arme de petit calibre à un adolescent de 13 ans. Une nouvelle bavure qui s’ajoute à une longue liste d’abus de l’état policier, pour lequel travaille Dennis (John David Washington, à l’affiche de l’excellent « BlacKkKlansman »), policier noir. Personnage sans doute le plus intéressant de l’intrigue, Dennis est partagé entre sa fonction et les injustices faites à la communauté dont il est issu. Lui-même victime de sa couleur de peau, il se fait régulièrement contrôlé par d’autres officiers, comprenant ainsi plus que personne le statut délicat dans lequel sont rangés les afro-américains. Et il y a Zyric, un futur sportif en plein questionnement alors que les portes d’une belle carrière s’ouvrent à lui. Doit-il s’engager dans une association des défenses des droits civiques ou se lancer tête baissée dans un avenir radieux ? Prendre part aux manifestations de son quartier ou écouter son père, défaitiste et entrer dans les rangs ? Reinaldo Marcus Green, absent pour la présentation de son film, propose une vraie idée narratrice, mise à mal par une réalisation parfois trop appuyée et des mouvements de caméra souvent trop instables… comme le choix donné à son métrage. N’aurait-il pas mieux valu se focaliser sur une ou deux histoires plutôt que d’abandonner un protagoniste pour s’intéresser aussi vite à un autre. S’il reflète au mieux l’époque confuse dans laquelle évolue de nombreux citoyens, on regrette que de nombreuses pistes soient délaissées au profit de son concept original. Habitué à l’univers des cours métrages, Green juxtapose des récits et les lie grâce à celui de Big D, abattu en pleine rue sous les yeux de nombreux témoins. Parfois lent, « Monsters and Men » ne manque pas d’interpeller le public et lui fait prendre conscience qu’il est loin le temps où l’égalité et la fraternité s’appliqueront au grand nombre, quelles que soient leur origine ethnique, leur religion ou leurs convictions. Triptyque indispensable pour réveiller les consciences, le film de Reinaldo Marcus Green cristallise les états d’âme, les actes et les audaces de citoyens américains et nous offre quelques moments forts, comme celui de la manifestation organisée pour dénoncer le cas Big D ou le final vibrant montrant le choix de Z, ce joueur de baseball particulièrement affecté par les images qu’il a vu circuler sur le net, banalisées par les uns, révoltant les autres. Avec son approche intéressante et son message limpide, « Monsters and Men » donne à réfléchir et ouvre la discussion sur des faits, finalement très proches d’une réalité, qu’on aimerait ne plus jamais avoir à évoquer. Durée du film : 1h35 Genre : Drame
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