Résumé du film : « The lighthouse » raconte l'histoire hypnotique et hallucinatoire de deux gardiens de phare sur une île mystérieuse et reculée de Nouvelle-Angleterre dans les années 1890 Avis : Vu lors du deuxième week-end du dernier festival du film américain de Deauville, « The Lighthouse » est un film qui divisera le spectateur ! Alors que certains seront sensibles à l’esthétique particulière du film et au jeu des acteurs, d’autres s’insurgeront devant cette réactualisation du mythe de Prométhée. De notre côté, nous devons avouer que nous faisons partie de la première catégorie ! « The Lightouse » : jamais un phare n’avait été aussi bien filmé ! Quels sont les points communs entre « The Witch » sorti en 2016 et « The Lighthouse » ? Le réalisateur ? Vous avez raison ! Le réalisateur de 36 ans Robert Eggers est de nouveau aux commandes de ce duel psychologique. Mais la dernière ressemblance est plus difficile à établir. Dans les deux cas, le réalisateur semble intéressé par transposer sur grand écran un mythe en jouant un maximum sur les codes. D’emblée, ce qui frappe avec « The Lighthouse », c’est le choix du format.Le 4/3 est employé avec beaucoup de pertinence pour renforcer la promiscuité entre les personnages, véritablement prisonniers de ce phare. Ne parlons même pas de l’échelle des plans qui permet de filmer les visages et les émotions tout comme cette île lointaine battue par les vents et la pluie. Nous ressentons en permanence une forme d’oppression et de solitude, échantillon de ce que doivent également ressentir les personnages. La mise en scène y est excellente et le soin a été mis sur la photographie qui flatte véritablement la rétine. D’ailleurs, le film est dans son ensemble, visuellement très beau et les images sont très fortes. L’utilisation du noir et blanc donne un cachet unique au film. A cela, nous devons aussi saluer le formidable travail sur le son (spatialisation et minimalisme lorsque la situation l’exige) qui permet de déstabiliser le spectateur et de jouer avec ses sens. Pattinson/Dafoe : Opposition de deux vraies personnalités Si notre impression du film est aussi bonne, c’est parce que, outre la direction artistique fabuleuse, le spectacle se passe aussi dans la confrontation permanente de ces gardiens de phare. Willem Dafoe est le personnage le plus expérimenté, et, en tant que tel, s’occupera de la lumière du phare. Très vite, nous mesurons son obsession pour sa tâche qu’il ne veut pas laisser à son jeune collègue. Tout naturellement, Robert Pattison devra s’occuper de toutes les tâches ingrates et lourdes à accomplir en nourrissant le désir d’entretenir la lumière. Le soir, les deux compères se retrouvent, mangent et boivent en chantant de veilles chansons de marins… comme pour oublier les difficultés de la journée. Réellement impressionnants dans leurs rôles, les comédiens sont investis comme jamais dans des rôles finalement assez complexes à jouer. Tous deux ont un passé et des failles que le réalisateurs nous propose de découvrir au fur et à mesure du récit. De ces failles naitront la folie, les hallucinations et la paranoïa que l’alcool consolidera dans un destin tragique. Finalement, le scénario est assez simple sans être non plus simpliste. Il se proposera de présenter deux gardiens aux personnalités antagonistes dans un lieu isolé et très rude. A ce récit, se mêle les contes et légendes des marins que nos (anti)-héros chanteront de toutes leurs tripes. A travers les joutes verbales qu’ils se livreront, nous mesurons pour le réalisateur l’importance des mots comme vecteurs d’émotions. Pourtant, nous pouvons tout de même pointer un récit qui tourne en rond malgré une folie qui progresse. Cela pourra en refroidir certains. Tout comme la dernière scène assurément très choquante qui poussera la modernisation du mythe de Prométhée à son effroyable terme. Ames sensibles s’abstenir… En conclusion, « The Lighthouse » est avant tout une expérience de cinéma magnifiée par une technique sans faille et de brillants comédiens. Le recours au noir et blanc et au format 4/3 donne une vraie identité à cette confrontation psychologique qui ne fera que monter vers un final cruel, à l’image du destin de Prométhée. Voilà un réalisateur qui va au bout de ses intentions, quitte à susciter de vives réactions. Durée du film: 1h49 Genre: Thriller psychologique
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