Résumé du film : Détective de police Rebecca Faraway est récemment divorcée et accro aux médicaments. En charge de sa première grande enquête impliquant un tueur en série satanique, la jeune femme tente de combattre ses propres démons intérieurs. Mais sa santé mentale est mise à l’épreuve et plus l'enquête s'enfonce plus le danger se fait sentir... Avis : Parmi les films dispensables du BIFFF, on note « Charismata ». Malgré ses dialogues truculents/trash, le film du duo de réalisateurs Andy Collier et Toor Mian nous laissera de marbre, surtout après un final rapidement expédié. Si son actrice principale (Sarah Beck Mather) tire clairement son épingle du jeu, la lenteur du film et son enquête piétinante nous lassent bien vite, nous faisant subir cette interminable heure quarante. Et pourtant, les premières minutes étaient prometteuses, les personnages caricaturaux intéressants jusqu’à ce que l’intrigue s’embourbe dans des explications et des hallucinations tirées par les cheveux. Le duo formé par les deux enquêteurs principaux (Sarah Beck Mather et Adonis Anthony) n’est pas sans rappeler ceux que l’on a déjà vu dans de nombreuses séries : un tandem que tout oppose mais que la quête de justice réunit. Sauf que l’instabilité de Rebecca et ses divagations peinent à convaincre son collègue, rustre et peu patient. Persuadée de tenir une piste (et un suspect), la jeune femme se bat entre preuves concrètes et hypothèses fabulées. C’est que lorsque des signes de rites sataniques et des objets vaudous commencent à prendre une place prépondérante sur les scènes de crime, toute rationalité est difficile à garder. Installé petit à petit, le climax d’inquiétude et de méfiance prend de plus en plus d’importance, délaissant totalement le point culminant de tension pour un final aux airs de pétards mouillés. Les scènes de meurtre formidablement plantées se noient dans des verbiages futiles (mais parfois drôles) et des fausses pistes en veux-tu en voilà. Et que dire du personnage risible de Michael Sweet, si peu charismatique qu’on peine à comprendre l’obsession qu’à l’héroïne pour cet homme d’affaire fade et totalement prévisible. Oscillant en permanence entre trouvailles et classicisme, rebondissements et scènes insipides, « Charismata » ne nous a pas convaincu et ne nous marquera que par le jeu concluant de sa comédienne principale. Vite vu, vite oublié ! Durée du film : 1h40 Genre : Horreur
0 Commentaires
Résumé du film : « Jungle » est un film adapté de l'histoire de Yossi Ghinsberg et deux de ses amis, qui vécurent trois semaines dans une partie inexplorée de la jungle amazonienne. Avis : « Jungle » : voilà encore un film qui sort des sentiers battus et caillouteux du BIFFF. Adapté de l’histoire incroyable mais vraie de Yossi Ghinsberg, le film de Greg McLean met en scène un Daniel Radcliffe au poil dans un rôle mémorable. Envie d’aventure ? Chaussez vos plus belles bottines et suivez l’apprenti Bob Morane dans cette jungle hostile où il ne fait pas bon vivre seul… Encore décontenancé par l’histoire que nous venons de vivre, nous sortons groggy et arpentons les allées du festival le plus fantastique qu’il soit. Ce n’est pas tant le choix du film ni sa place dans une programmation où sensations fortes, zombies, exorcismes, meurtres sordides ou science-fiction se côtoient mais la qualité de son récit et le courage incroyable dont ont fait preuve ses personnages principaux. Survivre dans la jungle latine sans vivres ni moyens de défense, sans compagnie ni repères nous semblent impensable et pourtant ! Yossi Ghinsberg l’a fait et Greg McLean lui rend hommage d’une bien jolie façon. Abstraction faite des souvenirs psychédéliques de notre aventurier en herbe, le film de McLean, tient formidablement la route et nous tient en haleine du début à la fin. Adapté du récit biographique de Ghinsberg (intitulé « Back From Tuichi: the Harrowing Life-and-Death Story of Survival In The Amazon Rainforest » ), le long-métrage nous montre le cheminement de Yossi, de la préparation de cette expédition insensée à sa fin presque mystifiée. Si le suspense n’est pas total (on se doute que si le bonhomme a rédigé ses mémoires, c’est qu’il était encore vivant pour le faire), la surprise réside dans les moyens mis en oeuvre pour ne pas sombrer dans la folie de la solitude et dans les façons de faire face à une nature luxuriante et si peu rassurante. Interprété à la perfection par Daniel Radcliffe (faut-il encore le présenter ?), Yossi Ghinsberg nous touche, partageant avec nous ses désillusions, ses minimes victoires et ses lueurs d’espoir. Durant près de deux heures, nous prions pour sa vie, espérons un retour à la civilisation sans encombre, guettons le moindre petit signe de peuplement humain dans cette immense jungle bolivienne. Séparé du reste de son groupe, le téméraire jeune homme n’aura de cesse de suivre la rivière, espérant trouver un village, une tribu capables de venir à son secours et à celui de ses amis (joués admirablement par Joel Jackson et Alex Russell). Entre inconscience, quête d’aventure ou de reconnaissance, nos trois amis partent à l’assaut d’une civilisation recluse au fin fond de la jungle bolivienne... dont ils ne reviendront qu’une vingtaine de jours plus tard ! Impressionnante, l’histoire vraie de Yossi Ghinsberg avait fait l’objet d’un téléfilm documentaire mais la voir sur grand écran, avec cette photographie superbe et ce réalisme déconcertant n’a pas de prix. Véritable « Visa pour le monde », le film de McLean vaut la peine que vous embarquiez à son bord, à conditions bien sûr que l’égarement et la survie ne vous fassent pas peur... Vous en êtes ? Durée du film : 1h55 Genre : Aventure Résumé du film : Une panne de courant généralisée provoque la panique dans la ville de Tokyo. Pour échapper au chaos ambiant, une famille décide de prendre la route pour retrouver des proches vivants à Kagoshima… Avis : Véritable coup de cœur lors de cette édition 2018 du BIFFF, « Survival Family » est une vraie pépite qui nous vient du pays du Soleil-Levant. Pertinent dans sa réflexion sociétale, bien réalisé et formidablement joué, tous les pouces sont levés face à ce spectacle de qualité ! Explications. Récit d’une famille ordinaire… Parfois, ce qu’il y a de drôle avec les films japonais, c’est la qualité de jeu des acteurs ! En effet, certains d’entre eux ont la fâcheuse tendance à surjouer une scène parfois grave rendant l’ensemble comique ! Mais nous tenons à vous rassurer tout de suite, il n’en est rien ici ! L’ensemble du casting est exemplaire, et bien que la culture japonaise soit (heureusement) préservée, jamais nous ne percevons un décalage culturel trop important, bien au contraire ! Inconnus chez nous, les acteurs sont parfaits dans leurs rôles respectifs : Fumiyo Kohinata (le papa), Eri Fukatsu (la maman), Yuki Izumisawa (le fils), Norika Fujiwara (la fille) nous font vivre une aventure exaltante !
“Serons-nous capables de choisir les éléments de la technologie qui améliorent la qualité de vie et d'éviter ceux qui la détériorent ?” David Baltimore, biologiste américain Très vite, nous avons l’impression que l’histoire qui se joue à l’écran a une portée universelle. Après tout, que ferions-nous sans notre technologie ? Sans ordinateur, sans internet ou même sans la possibilité d’allumer une lampe de poche ? Nous ne pouvons que nous imaginer la panique de certains ! C’est que le black out électrique qui s’est abattu sur la ville a des conséquences beaucoup plus durables, larges et pénalisantes pour les habitants ! Et quand cette « panne électrique » se prolonge encore pendant des mois entiers, les individus ne peuvent que retourner à un autre âge qu’ils croyaient révolu ! De cet état de fait vient tout le sel de ce film japonais : mettre en scène de façon brillante les différentes interactions humaines ! Avec la crise électrique, certains manifestent des facilités d’adaptation, d’autres non. Alors, certains coopèrent, d’autres, plus égoïstes, semblent trouver leur compte. Ainsi, des dérives apparaissent comme l’inflation généralisée des bouteilles d’eau ou des bonbonnes de gaz, le vol ou encore les scènes d’énervement collectives. Et dans ce chaos ambiant, nous suivons avec beaucoup d’intérêt (et avec un plaisir coupable) notre petite famille préférée ! Le Tokyo express Ce qui nous interpelle lors de la vision du film, c’est le bel équilibre entre le rythme du récit et l’humour déployé ! C’est très drôle car le comique de situation fonctionne parfaitement ! On rit sincèrement des mésaventures de cette famille et l’on se dit que nous ne ferions pas mieux qu’elle dans pareils cas. Mais la véritable force du film est de nous proposer un road movie des plus convaincant ! C’est que pour rejoindre le grand père qui vit en parfaite autarcie en cultivant ses plantations et en pêchant, nos amis devront traverser le pays en partant de Tokyo pour rejoindre la mer à pied ou à vélo ! Vous imaginez aisément qu’un tel périple n’est pas de tout repos !
Les plans larges des paysages urbains ou ruraux défilent sous nos yeux émerveillés et témoignent de la tranquillité de ce nouveau mode de vie. Quant aux plans rapprochés centrés sur la famille, ceux-ci permettent de resserrer l’action et d’apporter ce qu’il faut de dynamisme à l’ensemble ! Un régal de chaque instant ! N’en jetons plus ! Au vu de ces près de deux heures (1h57 pour être exact), nous avons été conquis par cette pépite sélectionnée par le BIFFF ! Le réalisateur Shinobu Yaguchi prend le pari (gagnant) de sortir des sentiers battus et nous offre un merveilleux film d’anticipation parfaitement réalisé et interprété et qui, en plus, pose de vraies questions. Que demander de plus ? Assurément une large distribution sur nos écrans ! Durée du film: 1h57 Genre: Comédie Titre original: サバイバルファミリー Sabaibaru famirī Résumé du film : Barbara est une adolescente solitaire différente des autres, et en conflit permanent avec son entourage. Ses journées au collège sont rythmées par les allers-retours entre le bureau du proviseur et la psychologue. Aux sources de l’inquiétude des adultes qui veillent sur elle, il y a son obsession pour les Géants, des créatures fantastiques venues d’un autre monde pour semer le chaos. Armée de son marteau légendaire, Barbara s’embarque dans un combat épique pour les empêcher d’envahir le monde… Avis : Il y a souvent un « OVNI » dans la programmation du BIFFF, un film plus classique, moins adapté au jeu habituel de ce curieux festival qui permet à ses spectateur de lancer ses répliques favorites, de commenter et rire de ce qui se trame à l’écran. Si certains ont tout de même ponctué la projection de quelques boutades bordeline, la force du film a dépassé ces interactions, nous permettant de garder le cap et de suivre les aventures de Barbara l’émotion ancrée et le cœur serré. « I Kill giants » s’inscrit donc dans la catégorie des films de genre permettant néanmoins au grand public de trouver un intérêt certain et un joli message caché. Touchant et interpellant, le long-métrage de Anders Walter nous a emmené avec lui et est parvenu à garder notre attention intacte de ses premières images à son générique de fin. Il y a quelques mois de cela, Juan Antonio Bayona avait déjà exploité la thématique de la maladie (et du déni fait par l’enfant) dans son fabuleux film « Quelques minutes après minuit ». La comparaison est très tentante et « I Kill giants » a en effet une thématique de fond assez similaire. Mais le film de Anders Walter a aussi sa petite originalité, son traitement différent, ses héros et son histoire propres. A tel point que nous nous sommes laissés emportés par l’histoire touchante de Barbara, cette chasseuse de géants téméraire et si fragile à la fois. Issu du roman graphique du même nom, « I Kill giants » est une très jolie adaptation de la bande dessinée éditée chez Image Comics. C’est que Joe Kelly (l’un des auteurs du comics), a supervisé le scénario du film afin de garder son esprit intact. Et si la trame est similaire au récit initial, la ressemblance avec certains personnages est tout aussi frappante, à commencer par celle de Barbara, incarnée à la perfection par la jeune actrice Madison Wolfe (Clémentine dans la série « Zoo »). Renfermée sur elle-même, vivant dans son monde imaginaire où des géants menacent sa ville natale, la petite fille n’a pour ainsi dire aucune interaction avec son entourage, qu’elle considère comme naïf et inintéressant. Jusqu’à ce qu’arrive Sophia, une nouvelle camarade de classe (Sydney Wade) et une psychologue scolaire (Zoe Saldana), toutes deux curieuses de comprendre ce qui rend cette Barbara si atypique. Livrée quasiment à elle-même, la petite fille traque la présence des géants dans les forêts environnantes ou sur la plage près de sa maison familiale, laissant traîner des restes de nourriture, des tags magiques ou des pièges inventifs. Son imagination débordante permet d’ailleurs à l’héroïne en herbe de faire abstraction de la situation familiale compliquée dans laquelle son frère et sa sœur aînée (Imogen Poots) sont contraints de subsister. Symboliques, métaphores, expressions ou refoulements des émotions constituent bel et bien le sujet central du film et apporte une lecture poétique du mal-être adolescent et du monde violent dans lequel doivent parfois évoluer des enfants marginaux mais tout aussi désireux de recevoir de la reconnaissance, de l’amour, ou de la tendresse. En marge de la société et pourtant obligés d’en faire partie, ces enfants en quête de repères ne les trouvent-ils pas parfois dans un refuge imaginaire où tout semble plus facile à affronter ? Les géants que chassent Barbara (et qui symbolisent la rage détruisant tout sur son passage) ne sont-ils pas la projection de celle ressentie au plus profond d’elle-même ? C’est dans toutes ces questions (et réponses) que résident toute l’intelligence d’un film (co-produit en Belgique), aussi réussi dans le fond que dans la forme. Un long-métrage sensible à côté duquel il est difficile de passer et qui mérite sincèrement que vous vous y intéressiez. Durée du film : 1h44 Genre : Drame fantastique, aventure Projection au BIFFF : Jeudi 5 avril 20h30 (Ciné 1) et jeudi 12 avril 14h (Ciné 1) Résumé du film : À Madrid, après avoir participé à une séance de spiritisme avec ses amies, une jeune fille est assaillie par des créatures surnaturelles qui menacent de s'en prendre à sa famille. Le seul cas d’activité paranormale officiellement reconnu par la police espagnole. Avis : S’appuyant sur des faits décrits dans un rapport de police en 1991, « Verónica » de Paco Plaza est un film d’épouvante ordinaire voire banal. Annoncé comme « LE film d’horreur espagnol », son dernier long-métrage instaure quelques moments de tension qui feraient palpiter le cœur des plus impressionnables d’entre nous mais sort rarement des sentiers battus. Offrant un spectacle raisonnable, « Verónica » est cependant loin d’être mémorable. Pourtant, il y a quelques petites choses à sauver dans ce film, à commencer par le jeu des jeunes acteurs. Bruna González, Claudia Placer et le craquant Iván Chavero communiquent leur peur avec une aisance remarquable alors que l’héroïne du film, interprétée par une Sandra Escacena convaincante, fait face aux démons qu’elle a libérés bien malgré elle. Tendu, le climax général du film perd souvent en puissance à cause de longueurs dispensables. Bien pensé et particulièrement bien réalisé, « Vérónica » offre un spectacle maintes fois vu, sans parvenir à prendre par la main les spectateurs amateurs de ce genre d’univers déroutant. Et pourtant, la réputation de Paco Plaza n’était plus à faire tant le réalisateur espagnol nous avait impressionné avec son concept novateur : « • Rec » (co-réalisé avec Jaume Balagueró) où, caméra embarquée au poing, il nous entraînait dans un immeuble où de faits étranges s’étaient déroulés. On espèrait retrouver cette patte originale et son savoir-faire dans ce nouveau film mais en vain… Ni bon ni mauvais, « Verónica » remplit le contrat mais n’est assurément pas à la hauteur de sa réputation. A voir mais à oublier aussitôt. Durée du film :1h45 Genre : Horreur Projection au BIFFF : lundi 9 avril 14h (Cine 1) Résumé du film : Dans une maison isolée à la campagne, Carlos et sa femme Ana invitent le frère et le père de Carlos à passer le nouvel an. Mais un étrange petit sans-abri s’introduit dans la maison, prétend être Dieu et annonce que toute l'humanité périra à l'aube à l'exception de deux survivants – qui devront être choisis au cours de la soirée. Avis : Au vu du pitch, on se dit que le film du duo de réalisateurs Albert Pintó et Caye Casas a toute sa place au BIFFF, et quand le générique de fin défile sous nos yeux, nous nous disons que nous ne nous étions pas trompés ! Place à une très belle surprise de la comédie noire made in Spain. « Killing God », c’est avant tout un huit clos à l’humour noir sur fond de jalousie, de désespoir et de fin du monde annoncée ! C’est que les réalisateurs (et scénaristes) s’en sont donnés à cœur joie pour nous livrer un film d’1h30 qui semble passer à la vitesse de l’éclair ! La psychologie des personnages assez bien développée n’y est d’ailleurs pas étrangère ! Un huis clos espagnol apocalyptique « Killing God » plante directement le décor : une route verglacée, une famille en voiture et un étrange bonhomme qui leur bloque la route…et qui leur annonce qu’ils vont mourir ! Vient ensuite, l’autre et unique endroit du métrage : la maison de location. On y retrouve le couple composé d’Ana (généreuse Itziar Castro) et Carlos (le grincheux Eduardo Antuña) préparant le repas du nouvel an destiné au père et au frère de ce dernier. Dans cette cuisine, nous sommes réellement les spectateurs du drame qui les touche. En effet, Carlos est tombé sur un sms tendancieux envoyé par le patron de son épouse. De ce climax tendu, découlera un nouvel an qui ne sera pas piqué des vers… D’ailleurs, l’ambiance de « Killing God » s’installe dès le départ et le rythme ne décélère pas avant la dernière scène car très vite deux autres personnages font leur apparition. Tout d’abord, vient Santini, qui n’est autre que le frère de Carlos et dont la ressemblance est loin d’être frappante ! Incarné à l’écran par le très convaincant David Pareja, ce personnage altruiste est agréable à suivre. Nous scrutons chacune de ses apparitions avec beaucoup d’intérêt ! Véritable coup de cœur à nos yeux, son personnage vit assez mal sa rupture et ne parvient pas à tourner la page. Comment vivre sans celle qu’il a aimée et qui partage désormais la vie d’un autre...ambiance ambiance ! Quant au papa, (très juste Boris Ruiz), il se remet à sa façon de la mort de sa femme, c’est-à-dire en vivant sa vie à fond : call girls, vin, nourriture, tout y passe y compris l’héritage qu’il (ne) laissera (probablement pas) à ses enfants ! Puis, dans la soirée, vient l’inexplicable ! Ou plutôt un nain sans abris, fils de l’Homme ou son père (on ne sait pas très bien) qui s’invite dans les toilettes du premier étage ! C’est alors que le récit reçoit une forte poussée d’humour noir bien senti ! C’est que cette petite personne de taille mais grande d’importance se réfugie derrière ses vêtement crasseux et sa barbe (que n’aurait d’ailleurs pas renié Charlton Heston des « les Dix Commandements ») pour demander à la bande de choisir deux personnes. Les autres (et donc l’ensemble du genre humain) sont donc destinés à disparaitre à l’aube ! Un choix cornélien Vous l’aurez compris, à la lumière de ces évènements, l’ambiance du film ne risque pas de changer, bien au contraire ! C’est alors là que les personnages vont se révéler : jalousie, égoïsme, vieilles rancœurs ou au contraire allocentrisme bienvenu ! Les traits d’esprit ne sont jamais loin et on apprécie la tournure que prend ce huis clos, un peu à la même manière de celui qui a posé ce funeste ultimatum et qui se réjouit du chaos ambiant! On se régale des rivalités, des doutes ou des certitudes de ces personnages responsables de la survie de deux personnes sur l’ensemble de l’humanité. Qui devrait rester ? Ou partir ? Pourquoi ? Ces questions fondamentales ont ici toute leur importance ! Alors bien sûr, les questions philosophiques et théologiques sont passées sous silence mais était-ce finalement le propos ? C’est d’ailleurs l’occasion de se laisser aller à de francs éclats de rires tant l’incompréhension des protagonistes est totale ! Accueilli favorablement par les festivaliers du BIFFF, ce « Killing God » est un vrai plaisir coupable qui dépeint à merveille la nature humaine dans toute sa complexité. Flirtant avec le fantastique, ce film à la très belle facture est porté par de bons comédiens et dissémine çà et là un humour noir du plus bel effet ! Offrez-vous une loge pour jouir de l’Apocalypse ! Durée du film : 1h32 Genre : Comédie fantastique Résumé du film : Trois soeurs entrent dans la maison d'un sénateur avec l'intention de voler un argent obtenu de pots de vin. Mais une fois à l'intérieur, elles commencent à entendre des cris étranges venant du sous-sol. Les sœurs rencontrent la fille paraplégique du sénateur, remplies de coups et attachée à un lit. Décidées à la délivrer de ses tortures, les sœurs ne se doutent pas un seul instant qu’en réalité, la fille est possédée par un démon. Avis : Après avoir scénarisé les glaçants « Knock knock » et « Green Inferno » pour Eli Roth Guillermo Amoedo passe à nouveau derrière la caméra et signe, à 35 ans, son deuxième long-métrage : « El habitante ». Habitué aux univers complètement déjantés, le réalisateur uruguayen y va rarement de main morte et « El habitante » ne déroge pas à la règle. Après une installation presque classique de ses personnages et du lieu où se tiendra l’essentiel de son intrigue, le réalisateur et scénariste nous emmène un peu plus dans la noirceur de cette famille vivant recluse dans une immense maison victorienne. Si son allure austère fait frissonner, ce n’est rien à comparer avec les événements qui vont s’y dérouler durant quelques petites heures. Si « El habitante » semble s’inscrire dans la lignée des films d’horreur sans non plus révolutionner le genre, on note quelques petites subtilités qui feront mouche auprès des amateurs bienveillants. A commencer par cette belle idée de perdre les trois sœurs apprenties cambrioleuses dans leurs souvenirs blessants. S’égarant dans cette maison lugubre comme dans leurs tourments intérieurs, les jeunes femmes n’auront de cesse de revivre la violence de leur enfance. Les déstabilisant, ces réminiscences permettront au Malin de les pousser dans leurs plus violents retranchements et testeront leur vulnérabilité face au désir de vengeance. Comme toujours, l’importance du pouvoir des mots et de la persuasion est mis en exergue d’une belle façon. Le diable manipule en révélant la vérité et elle n’est pas toujours bonne à entendre : Amoedo le représente de façon concluante. Mais que serait « El habitante » sans son trio d’actrices principales mexicaines et colombiennes ? María Evoli, Vanesa Restrepo et Carla Adell tiennent toutes trois des rôles féminins importants (et marquants) et évoluent dans l’univers du jeune réalisateur avec une certaine aisance malgré le peu de surprises émanant de l’intrigue principale. En effet, si la première partie se veut résolument intéressante et captivante, la deuxième nous perd quelque peu et nous laisse parfois sur une pente descendante. Côté lieux communs, on trouve, comme toujours, une petite fille possédée, recluse dans une chambre sans lumière et austère, affublée d’une longue chemise de nuit blanche et de longs cheveux qui occultent la moitié de son visage. Ce dernier, cynique et déformé par la méchanceté habitée, glace le sang mais ne parvient pas à nous faire oublier ce que nous avons vu à maintes reprises. L’arrivée (au bon moment) d’un prêtre exorciste ne semble pas permettre au Malin de faire un retour express dans ses enfers et le dit exorcisme ne sera d’ailleurs pas une mince affaire. Heureusement, pour sauver les meubles de cette deuxième partie plus convenue, on peut compter sur un petit twist final plutôt bienvenu. Intéressant par son angle d’attaque et l’atmosphère inquiétante qu’il distille tout au long de son histoire « El habitante » intrigue autant qu’il déconcerte. Efficace sans non plus être totalement révolutionnaire, le deuxième long-métrage de Guillermo Amoedo pose les jalons de sa future carrière. Durée du film : 1h33 Genre : Horreur Résumé du film : Alors qu'il mène une enquête policière sur un massacre dans une école publique à la frontière du Mexique et des États-Unis, l'agent spécial Emanuel Ritter relie ce cas étrange à la venue et au soulèvement de l'ancien démon Belzebuth. Mais pour arrêter la piste des infanticides à venir, Ritter devra se confronter avant de faire face aux forces du bien et du mal. Avis : Proposé en avant-première lors de la 36ème édition du BIFFF, « Belzébuth » d’Emilio Portes s’inscrit dans le cycle des films mexicains qui ne vous laisseront pas de marbre. A mi chemin entre le thriller policier et le film d’horreur, le long métrage nous entraîne dans les recoins les plus sombres de l’antéchrist, de la magie noire et du satanisme. Pas étonnant qu’Emilio Portes ait planté son décor dans son pays natal. Avec une communauté catholique de grande importance (la deuxième au Monde avec près de 80% de croyants), il aurait été dommage de ne pas faire naître le Messie au Mexique et par la même occasion, attirer les foudres de son pendant machiavélique : Belzébuth en personne ! Habitué à mêler humour et sujet noir, Portes nous offre un film efficace qui ne cesse d’aller crescendo. Son sujet de prédilection ? La comédie d’horreur dont certains sujets ne sont pas sans nous rappeler ceux distillés dans son dernier long-métrage. Dans « Pasterola », le réalisateur mexicain avait déjà présenté une lutte entre des agents de police et des exorcistes de façon humoristique et la sauce avait semble-t-il pris puisque le film avait été couronné de 7 Ariels (l’équivalent des Oscars mexicains). Mais les sujets communs ne sont pas les seules similitudes notoires avec « Belzébuth » : les deux métrages mettent en scène l’excellent acteur Joaquín Cosío. Le comédien charismatique parvient à créer l’empathie pour son personnage torturé et marqué par la perte de son bébé et de son épouse. Point de comédie ici, même si l’humour se distille çà et là pour dédramatiser certaines scènes tendues. « Belzébuth » est un film d’horreur efficace auquel on se prête au jeu de l’intrigue, évoluant (parfois avec crainte) dans une enquête bien moins simple qu’il n’y paraît. Si on regrette que certaines pistes soient trop vite délaissées (on pense aux preuves apportées par la technologie de l’équipe criminelle paranormale que n’auraient pas reniées Specs et Tucker d’ « Insidious »), la tension est constante, l’équilibrage presque parfait. En effet, on apprécie autant les dénonciations des failles du système mexicain (l’importance des cartels et des trafics en tous genres, la lenteur de la bureaucratie, le manque de ressources policières) et de la présence de la trop célèbre frontière Mexique/USA autant que les grandes thématiques propres au genre horrifique. Heureusement pour nous (pauvres pécheurs), Emilio Portes a eu la décence de ne pas nous infliger une figure démoniaque aux effets spéciaux plus que douteux mais une personnification du démon à travers les corps dont il s’empare pour accomplir sa mission. Côté surprise, on applaudit l’idée de confier le rôle du prêtre (catholique ou sataniste ?) à Tobin Bell, THE John Kramer dans la saga « Saw » et l’apparition d’une équipe de yankees hyper équipés et prêts à faire la lumière sur les possessions et meurtres sataniques de la région. L’occasion d’attiser un peu (plus ?) la méfiance envers ces citoyens américains venus avec leurs gros sabots dans les contrées reculées de ce Mexique désolé afin de botter les fesses de ce Belzébuth fourbe et malin. « Belzébuth » ne manque donc pas d’intérêt et convainc par sa réalisation efficace et son casting impliqué. S’il n’est pas exempt de quelques défauts, le dernier film d’Emilio Portes ne manquera pas de divertir les amateurs du genre et vaut le déplacement, ne fût-ce que pour nous rappeler qu’en la matière, les Mexicains savent y faire ! Durée du film : 1h53 Genre : Horreur Projections au BIFFF : mercredi 4 avril 19h (Ciné 2) et mardi 10 avril 14h (Cine 2) |