Résumé du film : Barbara est une adolescente solitaire différente des autres, et en conflit permanent avec son entourage. Ses journées au collège sont rythmées par les allers-retours entre le bureau du proviseur et la psychologue. Aux sources de l’inquiétude des adultes qui veillent sur elle, il y a son obsession pour les Géants, des créatures fantastiques venues d’un autre monde pour semer le chaos. Armée de son marteau légendaire, Barbara s’embarque dans un combat épique pour les empêcher d’envahir le monde… Avis : Il y a souvent un « OVNI » dans la programmation du BIFFF, un film plus classique, moins adapté au jeu habituel de ce curieux festival qui permet à ses spectateur de lancer ses répliques favorites, de commenter et rire de ce qui se trame à l’écran. Si certains ont tout de même ponctué la projection de quelques boutades bordeline, la force du film a dépassé ces interactions, nous permettant de garder le cap et de suivre les aventures de Barbara l’émotion ancrée et le cœur serré. « I Kill giants » s’inscrit donc dans la catégorie des films de genre permettant néanmoins au grand public de trouver un intérêt certain et un joli message caché. Touchant et interpellant, le long-métrage de Anders Walter nous a emmené avec lui et est parvenu à garder notre attention intacte de ses premières images à son générique de fin. Il y a quelques mois de cela, Juan Antonio Bayona avait déjà exploité la thématique de la maladie (et du déni fait par l’enfant) dans son fabuleux film « Quelques minutes après minuit ». La comparaison est très tentante et « I Kill giants » a en effet une thématique de fond assez similaire. Mais le film de Anders Walter a aussi sa petite originalité, son traitement différent, ses héros et son histoire propres. A tel point que nous nous sommes laissés emportés par l’histoire touchante de Barbara, cette chasseuse de géants téméraire et si fragile à la fois. Issu du roman graphique du même nom, « I Kill giants » est une très jolie adaptation de la bande dessinée éditée chez Image Comics. C’est que Joe Kelly (l’un des auteurs du comics), a supervisé le scénario du film afin de garder son esprit intact. Et si la trame est similaire au récit initial, la ressemblance avec certains personnages est tout aussi frappante, à commencer par celle de Barbara, incarnée à la perfection par la jeune actrice Madison Wolfe (Clémentine dans la série « Zoo »). Renfermée sur elle-même, vivant dans son monde imaginaire où des géants menacent sa ville natale, la petite fille n’a pour ainsi dire aucune interaction avec son entourage, qu’elle considère comme naïf et inintéressant. Jusqu’à ce qu’arrive Sophia, une nouvelle camarade de classe (Sydney Wade) et une psychologue scolaire (Zoe Saldana), toutes deux curieuses de comprendre ce qui rend cette Barbara si atypique. Livrée quasiment à elle-même, la petite fille traque la présence des géants dans les forêts environnantes ou sur la plage près de sa maison familiale, laissant traîner des restes de nourriture, des tags magiques ou des pièges inventifs. Son imagination débordante permet d’ailleurs à l’héroïne en herbe de faire abstraction de la situation familiale compliquée dans laquelle son frère et sa sœur aînée (Imogen Poots) sont contraints de subsister. Symboliques, métaphores, expressions ou refoulements des émotions constituent bel et bien le sujet central du film et apporte une lecture poétique du mal-être adolescent et du monde violent dans lequel doivent parfois évoluer des enfants marginaux mais tout aussi désireux de recevoir de la reconnaissance, de l’amour, ou de la tendresse. En marge de la société et pourtant obligés d’en faire partie, ces enfants en quête de repères ne les trouvent-ils pas parfois dans un refuge imaginaire où tout semble plus facile à affronter ? Les géants que chassent Barbara (et qui symbolisent la rage détruisant tout sur son passage) ne sont-ils pas la projection de celle ressentie au plus profond d’elle-même ? C’est dans toutes ces questions (et réponses) que résident toute l’intelligence d’un film (co-produit en Belgique), aussi réussi dans le fond que dans la forme. Un long-métrage sensible à côté duquel il est difficile de passer et qui mérite sincèrement que vous vous y intéressiez. Durée du film : 1h44 Genre : Drame fantastique, aventure Projection au BIFFF : Jeudi 5 avril 20h30 (Ciné 1) et jeudi 12 avril 14h (Ciné 1)
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