Note du film : 5,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Ils ne se connaissent pas, mais tous ont rendez-vous pour décider du sort d’un de leurs semblables. Avant d’être juges, avocats ou jurés, ils sont d’abord des femmes et des hommes au tournant de leurs existences, avec leurs rêves et leurs secrets, leurs espoirs et leurs limites, tous sous un même soleil, chacun avec sa part d’ombre. Dans une jolie ville de province, le temps d’un festival de jazz, la vie va jongler avec les destins… Avis : Oui oui, vous avez bien lu notre note : 5,5/10. En tant que fan inconditionnelle du cinéma de Claude Lelouch, c’est le cœur lourd que cette note faiblarde est attribuée au dernier film du cinéaste français. D’autant plus que nous nous faisions une joie de nous asseoir dans les sièges du cinéma français le plus proche de chez nous, à défaut de pouvoir le faire dans notre plat pays (le film n’est en effet pas distribué en Belgique pour l’instant). Le verdict est difficile à admettre mais réel : avec « Chacun sa vie », Claude Lelouch ne nous propose pas son meilleur film et tend le bâton à ses détracteurs pour qu’ils le battent. Le problème principal du film est que l’on sent dès le départ que nous sommes dans l’univers lelouchien sans en reconnaître vraiment le cadre. Lui qui nous a habitué à nous offrir une histoire liénaire (trop diront certains) part ici dans tous les sens, délaissant sa sobriété légendaire pour des scènes « comiques » poussées et parfois sans réel intérêt. On en veut pour preuve le rôle de Jean-Marie Bigard en médecin du rire franchement lourdingue. Pincez-nous… ce n’est pas possible que ce réalisateur que nous chérissons tant soit tombé dans la facilité… Et pourtant ! Le constat est alarmant. L’explication de ce désappointement est à chercher dans les propos tenus par le cinéaste lors de la promotion du film. Instigateur d’une école de cinéma à Beaune, Lelouch a voulu utiliser son dernier film pour enseigner le cinéma aux treize étudiants de ses Ateliers. Il explique d’ailleurs que « le mélange entre les stars et ces débutants contribue à la magie et à la réalité dynamique du film. Ce sont ainsi des gens de 18 à 41 ans qui ont complètement participé à la fabrication de Chacun sa vie, de l'écriture au montage en passant par tous les postes, y compris devant la caméra ». Voilà ce qui explique cela ! On se disait bien qu’il ne pouvait pas condenser dans son film, toutes les erreurs qui lui sont reprochées depuis tant d’années! Quelques éléments nous avaient d’ailleurs mis la puce à l’oreille. Dans le générique final, Claude Lelouch crédite très rapidement les étudiants de ses Ateliers du cinéma pour finir par ces mots, figurant déjà sur l’affiche : « filmé par Claude Lelouch ». Malheureusement, s’il a un casting de feu de Dieu, son idée originale perd une bonne partie de sa substance dans un scénario abracadabrantesque, instable et parfois ennuyeux. Le pitch était pourtant intéressant : découvrir que les membres du jury et les représentants d’un tribunal sont peut-être mal placés pour juger un des leurs quand on sait de quoi est constitué leur propre vie. Le souci, c’est que Claude Lelouch nous propose un très (trop ?) long prologue où de multiples saynètes s’enchaînent les unes après les autres. Si la scène de la place de Beaune nous rappelle vaguement celle du plateau de « La nuit américaine » de Truffaut, on est un peu trop embarqué ici et là, passant d’un personnage à l’autre dans un tourbillon nerveux. Tout est découpé, assemblé, rapiécé et le patchwork de vies qu’il nous présente perd le spectateur en chemin. Et c’était sans compter sur une poignée de scènes dispensables car très peu utiles à l’intrigue principale. Vous l’aurez compris, on a beau être un fervent défenseur du réalisateur, on a bien du mal à continuer notre plaidoyer cette fois… Mais assez parler de ce qui fâche, il y a tout de même de jolies chose à tirer de « Chacun sa vie », à commencer par son excellent casting. A l’instar de « La belle histoire » ou « Les uns et les autres », Claude Lelouch nous propose de retrouver un large panel de comédiens qui sont passés devant sa caméra : Jean Dujardin, Francis Huster, Elsa Zylberstein, Johnny Hallyday, Mathilde Seigner en sont quelques exemples. Impossible de les lister tous ici tant le nombre d’acteurs qui se succèdent est impressionnant. Certains ont de petits rôles discrets, d’autres de plus imposants mais quelque soit la place qui est la leur, chacun d’entre eux sait livrer ce qu’il a de mieux et se mettre au service du metteur en scène avec brio. Et parmi eux, il y en a quelques-uns qui retiendront notre attention. A commencer par Christophe Lambert, totalement perdu et extrêmement touchant. Déjà (re)mis en lumière dans « Un + Une », le comédien français tient sans aucun doute le rôle le plus difficile du film. Et puis il y a Eric Dupond-Moretti, grand pénaliste français et comédien débutant. Véritable révélation du casting, le célèbre avocat impressionne par sa justesse et son charisme cinématographique ! Complice de toujours, Francis Lai signe une petite partie de la bande originale du film dans laquelle on retrouvera aussi des morceaux de Johnny et un duo Stéphane de Groodt/Nadia Farès étonnant. La réalisation, tantôt maîtrisée, tantôt confuse ne convainc pas toujours et résume à elle seule le tangage de « Chacun sa vie ». Les adeptes du cinéma lelouchien lui pardonneront ce petit pas de côté après une belle lignée de films colorés. Les autres, prendront sans aucun doute un malin plaisir à relever tout ce qu’ils n’ont jamais vraiment aimé. Il est tout à son honneur que Claude Lelouch ait offert une situation réelle à ses étudiants pour qu’ils fassent leurs premières armes. On salue sa générosité mais on regrette tellement que « Chacun sa vie » ne soit pas un aboutissement mais un brouillon difficilement défendable. La bonne humeur qui se dégage des promotions télés en tous genres et de l’équipe complète du film n’est pas proportionnelle à celle que nous avons ressenti lors de la vision du film, que du contraire. On reconnaît que l’idée de base était intéressante, la musique toujours bien ajustée au propos, les comédiens hors pairs… mais le reste peine à suivre et nous laisse un petit goût amer. On se dit que le prochain long-métrage des Films 13 nous permettra peut-être de retrouver ce qui nous est cher chez Claude Lelouch…Du moins, on l’espère. Date de sortie en France : 15 mars 2017 Durée du film : 1h53 Genre : Comédie
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