Résumé du film : Les enfants de Holt Farrier, ex-artiste de cirque chargé de s’occuper d’un éléphanteau dont les oreilles démesurées sont la risée du public, découvrent que ce dernier sait voler. Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Avis : Les fans de Tim Burton l’attendaient de pied ferme ce fameux « Dumbo ». Il faut dire que la thématique du film avait tout pour permettre à notre ingénieux cinéaste d’accaparer une histoire un peu sous exploitée lors de sa sortie animée en 1941 et la sublimer durant près de deux heures. Malheureusement, aussi belles soient ses intentions, le « Dumbo » version 2019 a quelque chose d’un peu mollasson… Quand l’anomalie devient magie Qui ne connait pas l’histoire du petit Dumbo, séparé de sa maman et doté du don incroyable de voler grâce à ses oreilles démesurées ? Le pachyderme le plus célèbre des studios Disney revient dans une version live en demi-teinte pour le plus grand plaisir des petits et des grands. Prétexte à évoquer l’exploitation (et la maltraitance) animale, la différence, le rejet des anomalies ou son exploitation cupide, le film revu par Tim Burton recelaient tous les ingrédients pour faire de ce film un concentré de folie, de créativité et d’inventivité. Oui mais voilà, cochant toutes les cases d’un cahier de charges sans doute imposé par les grands studios, le 19ème long-métrage du fantasque cinéaste n’a pas la saveur espérée. Authentique et émouvant dans sa première partie, ce « Dumbo » 2019 marque une rupture dans sa deuxième partie plus froide, plus artificielle, à l’image de ce parc d’attractions impersonnel qui n’a qu’un seul objectif : attirer des visiteurs et remplir les poches de ses investisseurs. Mais le principal défaut du film est de ne jamais donner d’épaisseur à ce petit Dumbo aux yeux clairs, le laissant trop souvent au rang de concept sans jamais véritablement le personnifier, ou en tout cas, lui donner une certaine vraisemblance. On regrette aussi ce côté un peu fake des envols de l’éléphanteau, moments normalement magiques qui ne parvient pas à occulter les ficelles tirées par le prestidigitateur numérique afin de permettre à cet exercice de se réaliser. Si ce Dumbo s’inscrit malgré tout dans la lignée des marginaux présentés depuis des années par Tim Burton, on ne peut s’empêcher de se dire qu’il aurait pu en faire quelque chose de beaucoup plus abouti que ce divertissement à grande échelle qui en mettra plein la vue à qui décidera de se laisser emporter. Plus de corbeaux, plus de petit Timothée, plus de dialogues entre animaux, l’homme tient ici une place centrale et met en lumière un phénomène qu’il est ravi d’avoir découvert. Dumbo ou une histoire de famille (du cinéma) Qui mieux que le visionnaire et ingénieux Tim Burton pour porter l’histoire de cet être différent qui ne demande qu’à être aimé ? Celui qui avait déjà apporté son brin de folie à une « Alice » revisitée peut-il réitérer l’expérience et nous livrer un film live qui nous fera rêver ? Présenté comme plus sombre, plus cruel, plus triste, son « Dumbo » est-il vraiment mis sous prozac ? Nous fera-t-il chavirer ? A cela nous répondant non, cent fois non. Certes le réalisateur américain a développé un scénario plus nébuleux et dénonce quelques dérives d’une société cupide et moqueuse mais il a aussi distillé une belle lueur d’espoir et une entraide indéfectible entre des êtres eux-mêmes blessés dans leur cœur ou dans leur corps. Et pour donner vie à son « Dumbo » 2.0, Burton a recruté quelques membres de sa famille de cinéma préférée, à commencer par son compositeur attitré, Danny Elfman. Absent du générique du génial « Miss Pérégrine et les enfants particuliers », l’Américain vient apporter sa musical touch (parfois un peu trop présente) à l’histoire de son comparse de toujours. En effet, voilà près de 35 ans que Burton et Elfman associent leurs idées pour emporter les spectateurs dans le tourbillon de leurs émotions si larges puissent-elles être. Et puisqu’on évoque la bande originale du film, n’oublions pas d’accorder une mention spéciale au très envoûtant « Baby Mine », interprété avec douceur par Aurora ou sa version finale reprise par Arcade Fire. Côté casting, on retrouve la nouvelle figure de proue du maître Eva Green mais aussi d’autres membres de sa famille de cinéma : Danny DeVito et Michael Keaton, auxquels s’ajoutent Colin Farrell et la jeune Nico Parker. Si ces deux derniers sont mis en avant au même titre que les trois acteurs fétiches de Burton, on regrette la sous-exploitation du petit Joe (Finley Hobbins) et le manque de crédibilité de cette famille qui ne semble pas vraiment faire corps. Les personnages secondaires qui composent la troupe du cirque Medici n’ont pas plus d’existence et sont vite effacés par les enjeux d’une histoire qui les dépasse. Une adaptation live de haute voltige ? Nous aimerions tant pouvoir répondre à cette question par l’affirmative mais il faut bien l’avouer, le film, pris dans son ensemble, manque d’âme, de relief, ou de profondeur. La découverte de l’histoire dramatique de Dumbo lorsque nous étions petits nous avait marqué au fer rouge et telle celle de Pinocchio, nous fendait le cœur et reléguait ces animés dans la catégorie « on les verra plus tard car pour l’instant, ils nous font un peu peur ». Nous espérions donc trouver la magie, l’étincelle, les explications ou les émotions qui nous manquaient lorsque installés en culottes courtes devant notre petit écran, nous prenions au premier degré tout ce qui nous était présenté. Au contraire du « Livre de la jungle » de John Favreau, qui avait su réveiller notre âme d’enfant et faire vibrer la magie qui sommeillait en nous, « Dumbo » nous a paru être un show de grande ampleur sans jamais nous toucher en plein cœur. Les artifices sont beaux, les couleurs chatoyantes, les décors grandioses et les aventures virevoltantes mais que retiendrons-nous de ce grand spectacle à la Disney ? Un beau moment ciné projeté sur la grande toile, le bonheur d’une première partie touchante où on découvre les petits pas de Dumbo avec délice ou les moqueries de ce qu’il représente alors qu’il est, au final, un être si merveilleux. Quand on sait de quoi est capable Tim Burton, on se dit que ce film de commande est bien en deçà de tout son potentiel narratif et que ce Dumbo en demi-teinte ne nous fera pas oublier que c’était mieux avant… Date de sortie en Belgique/France : 27 mars 2019 Durée du film : 1h52 Genre : Drame/Famille
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