Résumé du film : Édith, 45 ans, ouvrière dans une usine textile, voit sa vie bouleversée par un plan social. Loin de son fils et sans attache, plutôt que le chômage, elle est la seule à choisir de rejoindre son usine délocalisée au Maroc… Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Prendre le large c’est, dans le langage courant, partir loin, s’éloigner d’un endroit que l’on veut fuir. Mais ça peut aussi vouloir dire prendre l’air, se retrouver, apporter un regard neuf sur sa vie. Dans le film de Gaël Morel, il y a un peu de tout cela. A travers son cinquième long-métrage, le réalisateur français propose une relecture intéressante d’une thématique malheureusement trop actuelle : celle de la délocalisation. Edith, veuve et solitaire, travaille depuis des années dans une usine de textile. A sa fermeture, elle se voit proposer un poste équivalent dans la ville de Tanger où elle sera reclassée et payée sur base du salaire local. Alors que de beaucoup accepteraient des indemnités de départ et un renouveau professionnel (incertain), Edith décide d’accepter et traverse la Méditerranée pour s’installer dans la ville marocaine. Certains spectateurs associeraient le résumé du film à un autre long-métrage sorti cette année : « Crash Test Aglaé », mais il n’en est rien. Là où le film de Eric Gravel nous proposait un road movie sur fond comédie, « Prendre le large » nous emmène dans le parcours réaliste d’une femme déterminée et admirable par son courage. Confrontée à une culture qui n’est pas la sienne, à un mode de vie presque archaïque à côté de celui qu’elle connaissait, Edith évolue dans une société dont elle ne connait ni les règles ni les repères. Surnommée « La Française », l’ouvrière tenace va de métier en métier, survivant à l’austérité du pays et affrontant le regard de ses habitants méfiants, du moins, dans un premier temps. Heureusement pour elle, Edith fera la rencontre de Mina et de son fils Ali (interprétés respectivement par Mouna Fatou, véritable star au Maroc, et Kamal El Mari). Son sujet, Gaël Morel le connait bien car son père travaillait dans une usine de textile. Pas étonnant dès lors, qu’il ait opté pour ce point de départ de son histoire et qu’il rende, par la même occasion, hommage au monde ouvrier. Pour incarner son héroïne, le cinéaste a eu l’excellente idée de proposer le rôle à une actrice qui connait également bien cet univers : la lumineuse Sandrine Bonnaire. Naturelle et investie, la comédienne prend à bras le corps l’histoire d’Edith, la fait évoluer et lui donne vie, avec une grâce toute naturelle et une force de caractère remarquable. Touchante et convaincante, Sandrine Bonnaire retrouve ici un rôle taillé sur mesure, de ceux qui nous font prendre conscience (mais faut-il encore le rappeler ?) de l’étendue de son talent. La lumière du Maroc éclaire son visage, les sourires abondent, les relations humaines la font grandir, Edith renait un peu plus chaque jour et semble enfin avoir trouvé un sens à sa vie. Si le film évoque bien sûr la différence, l’acceptation et le fossé qui existe entre nos deux cultures, c’est avant tout le parcours d’une ou plusieurs femmes que Gaël Morel met en avant. D’Edith à Mina, une mère marocaine résolument moderne et libérée, en passant par Karima, c’est la (sur)vie de ces combattantes qui est mise en lumière d’une bien jolie façon. Non, « Prendre le large » n’est pas exempt de défauts mais l’espoir qui réside dans le scénario et l’atmosphère générale du film, le jeu impeccable de ses acteurs (de premier ou second plan) et la chaleur (humaine) qui se dégage de cette grosse heure trente de film comblent nos attentes, marquent nos esprits quelques jours encore après la sortie de notre salle et, cerise sur le gâteau, nous font aimer un peu plus encore cette actrice prodigieuse qu’est Sandrine Bonnaire ! Pour notre part, vous l’avez compris, nous avons été conquis. Et vous ? Date de sortie en Belgique : 22 novembre 2017 Date de sortie en France : 8 novembre 2017 Durée du film : 1h43 Genre : Drame
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