Résumé du film: Victor, un sexagénaire désabusé, voit sa vie bouleversée le jour où Antoine, un brillant entrepreneur, lui propose une attraction d’un genre nouveau : mélangeant artifices théâtraux et reconstitution historique, cette entreprise propose à ses clients de replonger dans l’époque de leur choix. Victor choisit alors de revivre la semaine la plus marquante de sa vie : celle où, 40 ans plus tôt, il rencontra le grand amour... Note du film : 9/10 (par François) Avis : Pour son second film et après l’excellent « Monsieur et Madame Adelman », le trublion Nicolas Bedos parvient, grâce à son énergie et sa passion débordantes, à révolutionner encore un peu plus la comédie française! Avec cette belle intrigue sur le temps qui passe, nous avons eu l’impression de goûter, par procuration, un peu de la madeleine décrite par Proust. « La Belle Epoque » ravive les souvenirs que l’on a des années 70 et l’intelligence du scénario tient de ce postulat. Aucune intention de recréer une époque, mais bien de faire revivre ses souvenirs et de se replonger dans sa mémoire, que l’on sait jadis heureuse. « Non, non rien n’a changé » - Les Poppys De loin, on pourrait penser à un film hybride du cinéma français qui s’est nourri des excellents « Un jour sans fin », « The Game » et de « Truman Show ». Pourtant, très vite, en entrant dans cet univers singulier, nous nous rendons compte que « La Belle Epoque » possède sa propre personnalité ! D’ailleurs, si nous l’aimons autant, c’est parce que le film sait se montrer généreux envers le spectateur. Truffé de tendresse et de charme, il est à l’image du regard que se porte un couple jadis follement amoureux en quête de retrouvailles. Les véritables forces du film sont nombreuses. Bien sûr, nous ne pouvons que saluer l’intelligence d’un scénario extrêmement bien écrit et qui offre à ses comédiens des dialogues savoureux ! Dans leurs bouches, les situations gagnent en intensité et en justesse. Nicolas Bedos parvient même à faire voler en éclat la fameuse distinction liée aux premiers, seconds ou même troisièmes rôles ! Et que dire de la mise en scène ? Le jeune metteur en scène parvient à penser sa réalisation en fonction des états d’âme de son personnage principal incarné avec force et justesse par Daniel Auteuil. La caméra à l’épaule fonctionne en plein pour montrer les doutes du personnage quant à la modernité. Par contre, celle-ci sera beaucoup plus posée et offre des mouvements plus amples (car montée sur une grue), lorsque le personnage, désormais serein, traversera le plateau pour retrouver une époque qu’il affectionne particulièrement. L’idée géniale du scénario permet cette reconstitution théâtrale qui nous immerge, physiquement et émotionnellement dans l’histoire racontée. Le réalisateur aurait pu épouser une idée ancrée dans l’ère du temps en utilisant la réalité virtuelle comme échappatoire (un beau clin d’œil est d’ailleurs présent). Pourtant, la technique employée est de s’échapper par le théâtre, avec des coulisses, des comédiens, des décors, et en mobilisant une vraie équipe pluridisciplinaire faite d’habilleurs, de machinistes, de décorateurs et d’assistants. « Ma femme est une actrice » Que serait un film scénaristiquement audacieux s’il n’était pas porté par des comédiens fabuleux ? Cette question a du certainement obséder Nicolas Bedos qui nous livre un film choral extrêmement convaincant. En tête d’affiche, nous retrouvons Daniel Auteuil : véritablement impliqué dans son rôle. En rejet de la société moderne dans laquelle nous vivons, il aime se réfugier dans ses anciens dessins, ceux qui ont fait son succès dans les précédentes décennies lorsqu’il travaillait pour un journal. Mais ça, c’était avant la révolution numérique qui a tout balayé sur son passage, y compris son métier. N’ayant pu rebondir par manque d’envie, il aime rêvasser et se réfugier dans le passé au grand dam de son épouse qui souhaite le voir rebondir. Il y a plus de vingt ans, lui et sa moitié se dévoraient des yeux, une époque où on fumait dans les cafés et où des « Renaud » vêtus de blousons en cuir et portant santiags haranguaient les jeunes femmes. Nous avons été conquis par ses « amours » à l’écran jouées par les très belles et touchantes Fanny Ardant et Dora Tillier (dans la version fantasmée des années 70). Les actrices semblent prendre un réel plaisir dans leur rôle respectif et cela se ressent à l’écran. Guillaume Canet est parfait dans son personnage d’entrepreneur perfectionniste et très pointu en Histoire et on aime le détester. Mais ces réjouissances sont beaucoup plus larges car d’autres comédiens développent tout leur talent pour nous émouvoir. Pierre Arditi s’en donne d’ailleurs à cœur joie pour notre plus grand plaisir ! Son rôle est sensible et l’acteur parvient à nous toucher grâce à une large palette d’émotions véhiculées. « Je reviens te chercher…Tu vois, j'ai pas trop changé. Et je vois que de ton côté, tu as bien traversé le temps » - Gilbert Becaud Nicolas Bedos, en plus d’avoir développé deux thèmes magistraux qu’on retrouve dans le film, a fait une nouvelle fois confiance à la violoniste Anne-Sophie Versaeyen pour en composer d’autres. Il dira à ce propos: " Notre difficulté consiste à se maintenir en permanence entre émotion et ironie pour respecter le ton du film. Même chose pour les chansons qui passent dans le bar. Quel niveau de lyrisme peut-on s’autoriser ? C’est pour cela que Billie Holiday, par exemple, m’a semblé idéale. Son The man I love charrie une émotion subtile, pas racoleuse." Vous l’aurez compris, la playlist de grande qualité sublime ce voyage dans le temps ! En fin de compte, « La Belle Epoque » est une comédie qui nous a fait forte impression ! Moins transgressive que « Monsieur et Madame Adelman », elle demeure très drôle car bien écrite, et laisse la place au talent des acteurs pour nous emmener dans le temps en délivrant une belle nostalgie. Véritable déclaration d’amour au théâtre et excellent héraut de la comédie française, gageons que le film parvienne à vous transporter dans la joie et l’émotion. Date de sortie en Belgique/France : 6 novembre 2019 Durée du film : 1h55 Genre : Comédie dramatique
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