Résumé du film : Sept étrangers, chacun avec un secret à planquer, se retrouvent au El Royale sur les rives du lac Tahoe ; un hôtel miteux au lourd passé. Au cours d’une nuit fatidique, ils auront tous une dernière chance de se racheter… avant de prendre un aller simple pour l’enfer. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Une affiche et une bande annonce qui claquent, Jeff Bridges et Jon Hamm dans les rôles principaux, une atmosphère 70’s bien plantée dans les visuels promotionnel et dans sa bande originale, voilà plus d’un argument pour attirer les cinéphiles curieux dans les salles. Mais derrière les néons blinquants de l’hôtel El Royale se cache un motel aussi miteux que son scénario n’est creux. En grattant un peu le plâtre de sa belle façade, en soulevant quelques lattes de son plancher et observant ses fondations, nous comprenons bien vite que El Royale de Drew Goddard ne tient pas toutes ses promesses et se réfugie derrière un casting presque épatant pour remplir un contrat (de location) bancal. Sonnez la cloche et déposez vos bagages, nous vous enregistrons avec plaisir dans le registre du film le plus décevant de cet automne… N’est pas Tarantino qui veut Avec ses petits faux airs de « Huit Salopards » (film ingénieux signé Quentin Tarantino), de « Psychose » ou encore d’ « Identity », « Sale temps à l’hôtel El Royale » aurait pu fonctionner si son réalisateur, Drew Goddard, ne s’était pas pris les pieds dans le tapis des chambres du Nevada et de Californie ou perdu en chemin dans les couloirs sombres des arrière chambres où on peut observer les voyageurs à travers des vitres sans tain. Ingénieux dans un premier temps, le scénario (grand point fort de Goddard, du moins, habituellement) semblait prometteur. Celui qui a signé la trame de « Cloverfield », « World War Z », « Seul sur Mars » ou quelques épisodes de la série « Lost » avait révolutionné le genre du film d’horreur grâce à sa première réalisation, celle de « La cabane dans les bois » sorti six ans plus tôt. Au vu de sa filmographie, on s’attendait donc à des intrigues, des faux semblants et à un twist fort de la part du cinéaste. Bien mal nous en a pris. Sa réalisation impeccable dans ses débuts, ses mécanismes de présentation des personnages et ses dialogues incisifs font place à un méli-mélo d’événements aussi appréciables que condamnables, d’autant que certains viennent véritablement ternir ce huit-clos dans un dernier tiers franchement dispensable. Chris Hemsworth au placard. En poussant la porte du El Royale aux côtés d’un prêtre mystérieux (Jeff Bridges) et d’une chanteuse soul charismatique (Cynthia Erivo), on ne s’attendait pas à assister à une succession accélérée de situations plus surprenantes les unes que les autres. Très vite après la rencontre de nos principaux protagonistes, auxquels on ajoute un vendeur d’aspirateurs irritant (Jon Hamm) et un réceptionniste peu compétent (Lewis Pullman), on se rend compte que la nuit risque d’être interminable et qu’il vaut mieux la passer pénard dans sa chambre louée pour la modique somme de 8 dollars. Mais un orage s’abat rapidement sur la région et il n’y a pas que les éclairs qui seront violents lors de cette soirée extraordinaire. La première partie du casting que nous venons d’évoquer, remplit tout à fait son rôle et nous fait réellement croire à l’existence de ses personnages. Grâce à des flash-back savamment orchestrés, nous en apprenons plus sur chacun d’entre eux et comprenons à présent ce qui a poussé ces voyageurs à venir s’installer dans cet hôtel jadis luxueux mais à présent totalement désolé. Car que serait un film noir sans ses mystères ? Evoluant dans cet hôtel/motel étonnant, nous comprenons peu à peu que bien qu’ils soient tous plus ou moins lisses en surface, nos héros d’un soir, sont au contraire bien plus épais qu’il n’y parait. Mais en déliant la pelote de laine aux gros fils et en détricotant les histoires de chacun de ces clients de passage, nous en oublierions presque les nœuds qui viennent gâcher l’ouvrage déjà bien entamé de l’ami Goddard. Parmi les mauvaises surprises, on note la présence arrogante et totalement insupportable de Chris Hemsworth. Plus caricatural que jamais, l’acteur semble prendre malin plaisir à donner des coups de canif dans sa carrière, déjà bien entaillée par des rôles tout aussi saugrenus que celui de Kevin dans « SOS Fantômes ». Totalement dispensables, les quarante dernières minutes du film auraient mieux fait de ne jamais avoir été validées au montage et auraient peut-être sauvé le film du naufrage dont nous étions prisonniers. Que retenir du deuxième long-métrage de Drew Goddard ? Qu’après des débuts plutôt prometteurs, « Sale temps à l’hôtel El Royale » s’embourbe dans un scénario qui s’essouffle. Les rouages intelligemment actionnés dans sa première partie auraient dû permettre à la machine bien huilée scénaristiquement de foncer droit dans les années 70 et nous proposer une lecture originale d’un suspense noir où le spectateur se prête au jeu de l’enquête avec délice. Mais dès l’arrivée de Billy Lee, tout dérape et nous fonçons droit dans le mur d’un film creux et insipide qui nous ferait presque regretter le déplacement. Fort heureusement, nous retiendrons l’excellent jeu de Cynthia Erivo, Jeff Bridges, Jon Hamm et Lewis Pullman, la qualité d’un huit-clos qui avait tout pour plaire mais qui, à force de se pavaner devant le miroir, fini par n’être que le reflet d’un génie gâché par un sérieux manque de sobriété. Date de sortie en Belgique : 24 octobre 2018 Date de sortie en France : 7 novembre 2018 Durée du film : 2h21 Genre : Thriller / Suspense Titre original : Bad times at the El Royale
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