Résumé du film : Encore profondément marqué par le traumatisme qu'il a vécu, enfant, à l'Overlook Hotel, Dan Torrance a dû se battre pour tenter de trouver un semblant de sérénité. Mais quand il rencontre Abra, courageuse adolescente aux dons extrasensoriels, ses vieux démons resurgissent. Car la jeune fille, consciente que Dan a les mêmes pouvoirs qu'elle, a besoin de son aide : elle cherche à lutter contre la redoutable Rose Claque et sa tribu du Nœud Vrai qui se nourrissent des dons d'innocents comme elle pour conquérir l'immortalité. Formant une alliance inattendue, Dan et Abra s'engagent dans un combat sans merci contre Rose. Face à l'innocence de la jeune fille et à sa manière d'accepter son don, Dan n'a d'autre choix que de mobiliser ses propres pouvoirs, même s'il doit affronter ses peurs et réveiller les fantômes du passé… Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Son prédécesseur avait été la cible de nombreuses critiques à commencer par celle de son auteur : Stephen King. Le « Shining » de Stanley Kubrick était une relecture très personnelle et sociétale de l’œuvre du plus célèbre des écrivains américains. Ses larges libertés, ses nombreux oublis, ses choix contestés avaient déçu lors de sa sortie en 1980. Mais des années plus tard, son onzième long-métrage est passé dans les rangs de film « culte » et passionne les foules et les cinéphiles tout en divisant les fervents lecteurs du roman de King. « Doctor Sleep » souffrira-t-il du même regard controversé ? Pas si sûr… Alors que beaucoup abjurent ce nouvel opus, d’autres y trouvent un bon compromis entre deux univers qui s’étaient jusqu’ici difficilement conciliés. Nous faisons partie de ces derniers. En s’offrant de très larges libertés par rapport au roman initial, Mike Flanagan réussit le pari risqué de rendre à Stephen ce qui lui appartenait (et notamment le destin de l’Overlook qui avait jusqu’ici été totalement esquivé) et de s’inscrire dans la lignée de ce que Kubrick avait déjà proposé. Trait d’union diplomate (mais aussi maladroit) entre ces deux mondes qui se répondaient ou se réfléchissaient dans le miroir de leurs sentiments profonds, le travail de Flanagan prend un peu de King et un peu de Kubrick pour en faire une conclusion certes différente de ce que l’on s’était imaginé mais logique et finalement pas si honteuse que supposée. Car si l’épilogue est à cent lieues de celle du précieux roman, on peut se réconforter en disant que la boucle est bouclée et qu’il fallait forcément sortir des sentiers battus pour y arriver. Entre feuilles mortes et Easter Eggs Des premières notes du thème de Wendy Carlos & Rachel Elkind et ses premières images aériennes à son final totalement revisité, « Doctor Sleep » de Mike Flanagan n’en finit plus d’étonner. Madeleine de Proust à la recette largement modifiée, son nouveau long métrage parvient à mixer les ingrédients des atmosphères généralement réussies de ses précédents films (on pense à « Pas un bruit » et « Ouija : les origines »), celles de celui de Kubrick et éléments phares du roman d’origine. Premier fan de la version ciné de « Shining », et de l’univers de King en particulier (Flanagan avait déjà adapté "Jessie" il y a quelques années), le réalisateur n’a cessé de nous emmener sur les traces des univers qui entourent le grand romancier, quitte à parfois sombrer dans la parodie maladroitement amenée. On pense notamment aux scènes rejouées à l’identique pour mettre en abîme les émotions et souvenirs de Danny. Si Roger Dale Floyd, Alex Essoe et Henry Thomas sont de pâles copies des mémorables Danny Lloyd, Shelley Duvall et Jack Nicholson (mais ne confondons-nous pas ce dernier avec quelqu’un d’autre ?), Carl Lumbly est lui la réplique déstabilisante de Scatman Crothers, notre bon Dick Halloran. Dispensables, ces piqûres de rappel pourtant amenées de façon subtile, ne semblent être là pour faire vibrer la corde sensible des fans de la première heure qui esquisseront quelques petits sourires en coin plutôt que d’en ressentir l’émotion. On s’étonne aussi de voir que le lien entre Abra et Danny n’est pas identique à celui qu’on leur connait mais on comprend les raisons qui ont poussé Flanagan à agir de la sorte, de même que l’on adhère à la mise en scène des jeux de pouvoir entre Rose et la fillette pourtant plus « féroces » dans sa version littéraire ou à celle des rites accomplis par la tribu du Nœud Vrai, plus « grand public » que ce qui a parfois été écrit. A côté de cela, les amateurs de l’univers littéraire et cinématographique apprécieront d’autres jolis clins d’œil disséminés çà et là pour leur plus grand bonheur. Les références à la « Tour Sombre », le numéro de maison de la jeune Abra (1980) ou l’importance d’une chaudière vrombissante parleront à bon nombre d’entres nous. On s’amusera aussi de voir la fillette descendre à l’arrêt de bus de Elm Street (rue au nom prémonitoire d’autres grands classiques du cinéma d’horreur) et Danny retrouver quelques fantômes du passé. En ne reniant aucun des matériaux qui ont construit nos références populaires et notre propre vision du shining, Mike Flanagan réussit à faire un film qui tient la route aussi sinueuse soit-elle. D’ailleurs, si ce « Doctor Sleep » fonctionne plutôt bien, c’est aussi grâce à son trio de tête plutôt convaincant (nous n’oublions pas non plus le personnage de Billy Freeman interprété brillamment par Cliff Curtis). Kyliegh Curran, la jeune Abra Stone, prend à bras le corps cette histoire peu évidente à porter sur de frêles épaules tandis que Ewan McGregor et Rebecca Ferguson (choix étonnants mais sans aucun doute plus bancables) parviennent à attirer nos faveurs au fil de ces deux grosses heures. Honnête réinterprétation d’une oeuvre et transition plutôt réussie de deux univers qui semblaient difficilement se (ré)concilier, « Doctor Sleep » n’est pas le film de série b que l’on craignait voir arriver. S’il sera vu et peut-être un peu oublié, le long-métrage de Mike Flanagan n’a pas à rougir de honte et a contraire, aura eu le mérite d’explorer le terrain du compromis plutôt bien aménagé. « Doctor sleep » est-elle la sortie toute indiquée en cette période de l’année ? A vous de juger. Date de sortie en Belgique/France : 30 octobre 2019 Durée du film : 2h32 Genre : Horreur/thriller
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