Résumé du film : C'est le début des années 1970, et Ron Stallworth est le premier détective afro-américain à servir dans le Colorado Springs Police Department. Déterminé à se faire un nom, Stallworth se lance courageusement dans une mission dangereuse : infiltrer et exposer le Ku Klux Klan. Le jeune détective recrute rapidement un collègue plus expérimenté, Flip Zimmerman, dans l'enquête secrète d’une importance primordiale. Note du film : 8,5/10 (par Véronique) Avis : Signant le grand retour de Spike Lee dans ce qu’il sait faire de mieux, « BlacKkKlansman » est sans conteste un des films attendus de cette fin d’été. Récompensé par le Grand Prix du dernier Festival de Cannes, le long-métrage allie subtilement polar et humour, ce qui n’est pas pour nous déplaire, que du contraire ! « BlacKkKlansman », c’est le récit d’une enquête incroyable menée dans les années 70 par Ron Stallworth, policier noir de Colorado Springs. Moqué par ses collègues blancs, la nouvelle recrue propose une mission ambitieuse : infiltrer le Ku Klux Klan local. Impossible lorsque l’on connaît ses origines ethniques et pourtant… avec l’aide de Philip, son co-équipier blanc, Ron va déjouer les actes de la célèbre organisation et empêcher un terrible attentat de se produire… « BlacKkKlansman », un film engagé En ouvrant son film sur des images de « Autant en importe le vent » et le clôturant avec les archives de l’émeute de Charlottsville survenue alors qu’il était en plein tournage, Spike Lee annonce clairement la couleur. Celui qui s’était perdu dans un cinéma moins percutant ces dernières années semble avoir retrouvé l’inspiration depuis l’élection de Donald Trump et ne se cache pas de vouloir dénoncer les dérives de cette suprématie blanche revenue au pouvoir. Les « America First » et autres « Make America great again », anachroniques de l’époque présentée, confirment les intentions du réalisateur et viennent s’insinuer subtilement dans les réunions du KKK local. En plus d’être une comédie savoureuse et intelligente, « BlacKkKlansman » est aussi l’occasion de s’immerger dans les années 1970, période durant laquelle le racisme est encore bien présent, malgré la mobilisation Marthin Luther King et de toute une frange de la population luttant pour les droits civiques des afro-américains. Régulièrement mis en lumière dans le septième art, cette thématique avait-elle encore des choses à nous offrir ? Oui, mille fois oui car en plus d’évoquer le militantisme de certains groupes locaux ou les activités des suprémacistes blancs, le dernier film de Spike Lee est l’occasion de découvrir, non sans humour, l’incroyable mais véritable histoire de Ron Stallworth. Ron Stallworth, c’est un nom pour deux visages. Celui de Ron, policier noir, discutant au téléphone avec les grands manitous du Ku Klux Klan et celui de Philip, policier (juif) blanc, doublure sur le terrain allant à la rencontre des interlocuteurs afin de mener une enquête délicate sur les agissements de l’organisation. Ce petit jeu habile et subtil est formidablement mis en scène par Lee. Les aller et retour dans la vie des deux protagonistes, les réunions malsaines auxquelles se rend Flip et les échanges téléphoniques passés par Ron viennent dynamiser une enquête (et une intrigue) de façon presque ludique. Si on peine à croire que cela a été réellement possible, nous ne pouvons que nous rendre à cette évidence puisque le scénario est basé sur des p***** de faits réels, comme l’écrit en introduction le cinéaste réactionnaire. Basée sur le récit de Stallworth (publié dans le livre « Black Klansman » en 2014) l’idée de cette adaptation ne vient pas de Spike Lee lui-même mais de Jordan Peele (réalisateur du très bon « Get out ») qui revêt ici le costume de producteur du film. Si le titre n’est pas sans nous rappeler celui du film de Ted V.Mikels, sorti en 1966, ce n’est pas la seule petite similitude entre les deux récits. En effet, dans le film de Mikels, on suit l’histoire de Jerry, jazzman noir se faisant passer pour un blanc afin d’intégrer le Ku Klux Klan local et venger la mort de sa fille… Si la comparaison s’arrête ici, elle démontre que de tous temps, noirs comme blancs ont lutté, avec les moyens qu’ils possédaient pour leurs droits civiques et la liberté de vivre pour tous. Un tandem de choc L’idée (surréaliste) de Ron Stallworth d’infiltrer le KKK, est non seulement audacieuse mais aussi un parfait terreau pour une comédie policière. On se régale des échanges téléphoniques entre Ron et les membres du Ku Klux Klan, durant lesquels il change sa façon de parler, opte pour des expressions et un accent très américanisés, émet des propos haineux envers les noirs, les juifs, les homosexuels pour que sa couverture soit totale… Cela n’aurait pas été possible sans John David Washington, que l’on découvre pour la première fois sur grand écran. Son interprétation sans faille est magistrale et on s’amuse des différentes attitudes adoptées. Bientôt à l’affiche du dernier film de David Lowery : «The old man and the gun », le comédien est sans aucun doute voué à une belle carrière cinématographique et on lui souhaite le même succès que son célèbre papa Denzel, acteur fétiche de Spike Lee (avec qui il a tourné quatre long-métrages parmi lesquels « Malcolm X »). Sa doublure blanche de terrain n’est pas en reste puisqu’il s’agit de l’excellent Adam Driver, impeccable comme toujours et parfaitement taillé pour le rôle. Le tandem fonctionne à merveille et même si les face à faces sont plutôt rares, chacune de leur apparition commune est un petit délice et s’inscrit dans la veine d’un buddy movie, plaisant ! Si les propos de « BlacKkKlansman » ne sont pas réjouissants, le film, lui, s’équilibre entre humour, enquête, romance à l’eau de rose et suspense haletant, faisant passer ces deux heures de film à toute vitesse. Seuls bémols ? La sous-exploitation de certains personnages secondaires (on pense notamment à celui de Patrice, la présidente des étudiants, interprété par Laura Harrier) et la caricature parfois trop appuyée de quelques situations. De comédie, on passerait vite à la parodie et Spike Lee s’est arrêté juste à temps avant de verser dans un film trop saugrenu, surtout dans sa deuxième partie. A côté de cela, on retiendra les prestations admirables de Topher Grace, Michael Buscemi, Jasper Pääkkönen ou encore Alec Baldwin (si, si,si) et une liberté de ton chère au réalisateur. En définitive, « BlacKkKlansman » est certes un film engagé mais aussi et surtout un vrai bon moment de cinéma, avec un casting quatre étoiles et une histoire hallucinante que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Drôle et prenant à la voir, le dernier film de Spike Lee est un must see (à voir bien évidemment en version originale pour en mesurer tout le potentiel) qui signe le retour gagnant du cinéaste dans le monde du septième art. Date de sortie en Belgique : 19 septembre 2018 Date de sortie en France : 22 août 2018 Durée du film : 2h16 Genre : Comédie/Policier/Biopic
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